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21 janvier 2021 4 21 /01 /janvier /2021 18:22

Casterman - Seules à Berlin

 

       Nous sommes à Berlin, en avril puis mai 1945. La ville est détruite, les Allemands encore vivants rescapés dans un bunker où on crève de faim. Ingrid fait partie du groupe où on ne parle plus que d’Hitler et de l’arrivée imminente des Russes. Et effectivement, les Russes débarquent avec leur gouaille et leur excès d’assurance. Parmi eux, Evgeniya, une jeune femme de 19 ans qui travaille au N.K.V.D., un organisme qui gérait les goulags. Les deux femmes, qui parlent à la fois allemand et russe, vont se rencontrer, confronter leurs croyances et leurs désillusions. Chacune tient un journal intime qui sera lue par l’autre. Dans celui d’Ingrid, les croix se multiplient, … autant de croix que de viols. Pendant ce temps-là, on cherche le cadavre d’Hitler, les Russes ont découvert des dents qui pourraient être les siennes ; et on s’empare du Reichstag.

       Pour une BD choisie par hasard, la claque fut magistrale ! Le dessin, d’emblée, heurte. Les visages se rapprochent des squelettes, les traits simplifiés renvoient soit à l’horreur et l’inhumanité, soit à la candeur du visage d’Evgeniya. Les premiers mots donnent le ton « Berlin est un champ de gris », le gris est sale et sans espoir, pourtant la couleur apparaîtra en dernière planche. La dimension féministe m’a frappée également, pour une BD créée par un homme… la guerre est masculine et, dans les abris, les hommes déblatèrent inutilement pendant que les femmes se taisent et travaillent. Il est question de résilience et de renaissance, loin des hommes. Un bel ouvrage qui propose une vision apocalyptique de la fin de la guerre. Il est nécessaire parfois de se faire bousculer, cette BD y contribue largement avec une force assez incroyable. Bravo !

Seules à Berlin, bd chez Casterman de Juncker

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20 janvier 2021 3 20 /01 /janvier /2021 11:17

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         C’est la nuit à la fête foraine, le public s’en est allé ravi, le gardien des lieux a éteint les lumières, les forains ont quitté leurs installations. La place est libre pour les bêtes de la forêt. Ours, faons, renards, lapins, cerfs, hérissons ou biches ont redonné vie aux manèges, aux stands de confiserie, aux distributeurs de pop-corn, aux tasses, aux auto-tamponneuses, aux stands de tir, à la grand roue… Mais le ciel s’éclaircit et les animaux vont céder leur place aux humains, rejoignant leur bois en catimini, dans la brume matinale.

         Quel bel album ! Sans aucun dialogue, les sublimes aquarelles suffisent à créer une ambiance féérique et magique. La dimension clandestine fascine le lecteur, ces animaux qui vivent leur vie en profitant des mêmes joies que les humains sans déranger personne ; au petit matin, tout est à sa place. J’ai aussi voulu voir un peu plus loin : ces bêtes de la forêt bien réels qui s’assoient sur de faux chevaux, qui gagnent de faux ours en peluche : homme et animal sont mis sur un même pied d’égalité. Et puis cette délicieuse image finale, ce petit renard qui a gagné un poisson rouge à la pêche aux canards et qui va le relâcher dans le lac. Ou quand quiétude et festivité s’entrelacent, quand le monde des hommes vit en harmonie avec celui de la nature. A admirer à tout âge.

La Nuit de la Fête Foraine - (Gideon Sterer) - Animaux-Nature-Écologie  [BDNET.COM]

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16 janvier 2021 6 16 /01 /janvier /2021 10:22

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         Déçue par Animal, je n’étais pas sûre de vouloir lire encore Collette. C’était sans compter l’insistance de deux copains qui m’ont convaincu de découvrir ce roman apocalyptique.

         Corentin n’a pas eu d’enfance heureuse. Né d’une mère qui ne l’aimait pas et voulait se débarrasser de lui, il a trouvé refuge chez une arrière-grand-mère, Augustine, qui a su, petit à petit, le procurer le confort et l’attention dont a besoin un enfant. Si Corentin aime son aïeule et ces forêts où elle vit, le travail de la terre et la nature qui les entoure, il cède à la tentation de la grande ville, y fait des études, fait la fête avec des amis. Une nuit, alors que ses copains et lui se retrouvent dans des catacombes pour se saouler, « la chose » survient. Un immense souffle a balayé toute vie sur Terre, brûlant humains, animaux et végétaux. Il ne reste rien que des carcasses et des squelettes et les rares hommes qui avaient eu la chance (ou la malchance) de se trouver dans une cave ou un sous-sol au moment de la catastrophe. Corentin n’a qu’une idée en tête : retrouver Augustine. Il va voyager seul dans un paysage lunaire où la couleur n’existe plus (la couverture est mensongère - il n'y a plus de ciel bleu), où tout n’est que cendres et désolation ; l’eau est empoisonnée, la pluie est acide et les températures chutent. Le cycle des saisons n’existe plus. C’est accompagné d’un chien aveugle que Corentin parviendra à retrouver Augustine, fonder une famille et vivre des années dans cet enfer.

          Commençons par les aspects positifs : la narration, parfaitement menée, captive d’emblée le lecteur. Le roman se lit vite, dans une urgence de survie. L’engagement de l’autrice est évident, voyez à quel désastre le réchauffement climatique peut aboutir. Les relations entre les personnages m’ont paru très justes et c’est peut-être le plus triste à remarquer : l’amour n’a plus vraiment de place dans un monde apocalyptique. Pourtant, des enfants naîtront et, ne connaissant rien d’autre que le gris et la stérilité, ils parviendront à jouer et à rire, « heureux parce qu’ignorants ». Le dénouement, surprenant, m’a vraiment plu. Pour le côté négatif, eh bien, j’ai eu du mal à lire du noir, du sombre, du sordide de la première à la dernière page. Les étincelles d’espoir et de joie fugaces et vaines ne m’ont pas suffi, la lecture m’a déprimée. Mais elle restera mémorable, sans aucun doute, à la manière de La Route de McCarthy.

Le chef d'oeuvre de Collette reste pour moi Les larmes noires sur la terre.

« La seule couleur était celle du sang. Corentin s’en aperçut en s’écorchant la main à un morceau de bois, un soir qu’il faisait du feu. Cela roula sur sa paume. Cela coula sur ses doigts. Dans son esprit chaviré, cela prit des teintes d’automne flamboyantes, des lueurs de rubis, des incandescences d’un vermillon inouï. Cela refléta le soleil disparu. Il fut émerveillé. »

Les enfants : « Ils inventaient sans rien connaître d’avant, ils partaient de quelque chose de neuf, de ce que leurs esprits vierges pouvaient agréger, supposer, imaginer. C’était à la fois ridicule et superbe. »

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12 janvier 2021 2 12 /01 /janvier /2021 18:25

Mon chien stupide - John Fante - Babelio

J’avais hâte de découvrir enfin de roman de ce cher Monsieur Fante !

          Le narrateur, Henry Molise, est un écrivain (tiens donc) qui vit en Californie avec sa femme Harriet, ses trois fils et sa fille. L’intrigue prend forme avec l’apparition surprise d’un gros chien : un akita dort paisiblement à côté de la vaste demeure, sous la pluie. Alors qu’il ne semble pas vouloir décamper, sa « carotte » turgescente se dresse vers le petit ami de Tina, la fille d’Henry. Ce chien homosexuel obsédé, balourd, va être le centre de l’attention des membres de la famille, déclenchant hostilités ou amour profond. Henry va finalement décider de le garder, l’appelant Stupide, parce qu’il symbolise tout ce qu’il n’a jamais été : force, virilité et impertinence.  Le plan initial d’Henry et Harriet est de doucement se débarrasser de leurs enfants sacrément encombrants. L’un après l’autre, ils prennent en effet la poudre d’escampette mais les parents, une fois seuls, seront-ils plus heureux pour autant ?

        Je me suis beaucoup amusée en lisant ce court roman ! John gratte le thème de l’amour parents-enfants pour en extraire un récit où la progéniture n’est pas composée d’êtres magnifiques devant lesquels on bave d’admiration. Le parent lui-même est plutôt égoïste, lâche et mesquin. Cette liberté de ton jouissive se retrouve dans les réflexions sur le couple : Harriet se complaît dans un chantage malsain quand Henry prend ses propres décisions. Cette lecture est un remède efficace pour lutter contre la morosité ambiante !

Du même auteur, j'avais adoré Demande à la poussière, un peu moins Pleins de vie.

« Stupide était la victoire, les livres que je n’avais pas écrits, les endroits que je n’avais pas vus, la Maserati que je n’avais jamais eue, les femmes qui me faisaient envie. (…) Stupide incarnait le triomphe sur d’anciens fabricants de pantalons qui avaient mis en pièces mes scénarios jusqu’au jour où le sang avait coulé. Il incarnait mon rêve d’une progéniture d’esprits subtils dans des universités célèbres, d’érudits doués pour apprécier toutes les joies de l’existence. »

Les quatre enfants ont été conviés à manger mais ils ont disparu sur la plage : « Nous avons allumé les bougies pour le repas funèbre, le cercueil des lasagnes posé entre nous. Manifestant une parfaite sobriété d’émotion, nous n’avons pas pleuré le deuil qui nous accablait. Nous avions besoin l’un de l’autre en cette heure d’épreuve, et sommes restés courageusement cois. Harriet avait quelque chose d’héroïque, une sorte d’élégance tragique quand, à longues goulées, elle a bu le vin frais et n’a pas eu honte de sourire. »

Encore un enfant qui s’en va : « Il m’a vraiment dit ça. Merci pour tout. Merci pour l’avoir engendré sans lui en demander la permission. Merci pour l’avoir fait entrer de force dans un monde de guerre, de haine et de fanatisme. Merci pour l’avoir accompagné à la porte d’écoles qui enseignaient la tricherie, le mensonge, les préjugés et les cruautés en tous genres. Merci pour l’avoir assommé d’un Dieu auquel il n’avait jamais cru, de la seule et unique Église – que toute les autres soient damnées. Merci de lui avoir inculqué la passion des voitures qui provoquerait peut-être un jour sa mort. »

          J’ai regardé le film d’Yvan Attal qui a placé en France les personnages (Charlotte Gainsbourg joue Harriet et leur fils un des quatre enfants), l’intrigue et les lieux. Bon, ce n’est pas le plus grave. S’il a essayé d’être fidèle au roman, j’ai trouvé le film moins caustique, moins captivant et même presque ennuyeux. Il y a du banal là où on aurait voulu du peps. Le chien est très bon, quant à lui…

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9 janvier 2021 6 09 /01 /janvier /2021 10:45

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         Ana et Zeno, d’un âge bien avancé, se retrouvent enfin après 40 ans de séparation pour s’aimer librement. Voilà le début de l’album mais la fin de l’histoire. C’est en vingt tableaux et à rebours que Jordi Lafebre nous conte l’histoire de ce couple atypique. Ana est maire d’une grande ville et le principal projet de ses deux mandats a été de bâtir un pont qui relierai les deux rives de la cité. Zeno est, quant à lui, un instable. Marin physicien, aventurier dans tous les sens du terme, il parcourt le monde avant de revenir s’installer dans la librairie paternelle. Ana et Zeno ne se voient presque jamais mais gardent contact avec une constance admirable.

         Oh ciel, quelle merveille ! D’une élégance folle, le trait de Jordi Lafevre nous emporte dans un monde où tout est possible. Pour ces deux-là, c’était une évidence et leurs retrouvailles sont d’une simplicité magnifique. Tout m’a plu. A la fois le contraste entre cette mère de famille virevoltante et pleine d’énergie qui ne se voyait pas ne pas fonder une famille (même si elle est plus maire que mère au final…) et ce vieux beau tellement charmant qui se moque un peu des clichés et du bien-pensant. J’ai aussi adoré le flirt avec l’imaginaire qui m’avait déjà tellement touchée dans Lydie. Et puis cette légèreté, cette impression de toucher à l’essentiel comme si être heureux était tout simplement le plus important même si l’humour n’est pas en reste… le message est proche de celui des Beaux étés. A lire, à offrir, à relire, à donner ! Coup de cœur.

Une jolie métaphore de nos deux tourtereaux : « Il y a très longtemps, la Lune et la Terre suivaient chacune leur propre trajectoire. Un jour, elles se sont croisées et se sont attirées mutuellement, mais ni l’une ni l’autre n’est parvenue à s’arrêter. Elles ont poursuivi leur course, chacune exerçant une attraction sur l’autre… et les forces se sont conjuguées… si bien que la Lune s’est mise à tourner autour de la Terre, encore et encore… même si elles n’ont pas réussi à s’accrocher… leurs trajectoires sont à jamais liées. »

« Tu ne dois pas avoir peur d’aimer, mon garçon. Un cœur qui n’aime pas est une lumière qui ne voyage pas. »

Malgré tout, bd chez Dargaud de Lafebre, Sapin

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5 janvier 2021 2 05 /01 /janvier /2021 10:20

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Une fois n’est pas coutume, c’est l’(excellente) émission Popopop sur France Inter qui m’a donné envie de lire ce roman.

Benjamin Grossman a réussi. Producteur de séries à succès, il fait partie de la haute sphère des privilégiés de BeCurrent, cette plateforme mondialement connue. Un soir, alors qu’il revient d’une visite chez sa mère à Belleville, visite aussi froide que brève, il fait une pause dans un restaurant chinois avant de se rendre compte qu’il n’a plus son portable. Il poursuit celui qu’il pense être le voleur, le violente et s’enfuit. Ce petit événement constituera la clé du roman et le déclencheur des nombreux bouleversements pour chacun de ses personnages. Il y a le jeune retrouvé mort, Camille l’ado qui filme Sam, une femme flic, qui donne un coup de pied au cadavre pensant qu’il ne s’agit que d’un ivrogne, le Chinois qui a besoin d’argent, celui qui prêche la paix tout en soulevant des émeutes, … tous sont liés.

Quel roman ! Tenant à la fois de la série télé (Djavadi est aussi scénariste), de la fresque sociale et du polar, il nous emmène courir, haleter, crier dans ce quartier parisien avec une force époustouflante. La ville est un personnage à part entière et se dresse, à la fois fière et titubante, à côté des autres protagonistes qui ne contrôlent plus grand-chose. Ce Zola du XXIème siècle captivant et « électrique » (c’est Antoine de Caunes qui le dit, à juste titre) m’a beaucoup plu au point d’en faire un coup de cœur. Le titre, parfaitement choisi, renvoie à ce lieu où tout se joue, ce huis clos infernal qui n’a d’autre issue que la mort. Les personnages fourmillent, s’affolent et tourbillonnent en un cercle infernal et vertigineux. Racisme, réseaux sociaux, violences policières comptent parmi les thèmes évoqués. J’apprécie ces autrices contemporaines (j’ai pensé à Karine Tuil) qui apportent une vision juste et lucide sur la vie d’aujourd’hui, prenant des risques, évitant les clichés, appuyant sur nos travers avec brio. Excellente découverte.

Sam venue de Strasbourg, étouffée par une famille turque omniprésente s’est réjouie de rejoindre Paris : « elle n’avait jamais rêvé de la tour Eiffel ou du Quartier latin, mais, de Liberté, d’Anonymat, de Mouvement. Ne plus être que soi, sans passé, ni attache, ni entraves, son propre maître et son propre sauveur. Se fondre dans le flot des vies arrachés à d’autres destins, venues là des quatre coins du monde ; des femmes et des hommes préoccupés du matin au soir par la nécessité d’être à la hauteur de quelque chose, quelque chose qui avait à voir avec la verticalité, mais ne relevait ni de l’ambition ni de la réussite, tout en les comprenant. »

« Quand les Blancs pouvaient exploiter des gens comme moi, les faire trimer sans les payer, ils n’avaient pas besoin de manifester leur racisme. Ce n’est que quand ils ont compris que nous ne voulions plus être des esclaves, que nous étions capables de faire des études, d’obtenir des diplômes, d’avoir le même travail qu’eux, et même de les dépasser, que tout a commencé. »

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1 janvier 2021 5 01 /01 /janvier /2021 14:29

2021 !

Est-ce bien utile d’évoquer 2020 ? Le bilan collectif sera le même pour tout un chacun. Pourtant, malgré le manque de sorties, de vie sociale, de rencontres, d’évasion, de découvertes, de théâtre, l’année ne fut pas si mauvaise que ça en grande partie grâce aux livres (mais comment font ceux qui ne lisent pas ?)

J’ai lu beaucoup d’excellents livres et il a fallu faire un choix, voici les coups de cœur et les lectures les plus marquantes :

Les romans : Les Choses humaines de Karine Tuil, Un pays à l’aube de Dennis Lehane, Anima de Mouawad, Martin Eden de Jack London et N’essuie jamais de larmes sans gants de Jonas Gardell (coup de cœur absolu pour ces deux derniers).

Les BD : La longue marche des éléphants, Le Chanteur perdu, The End, Puisqu’il faut des hommes, Ar-Men.

Les nouvelles : Une vie à coucher dehors de Tesson, La rêveuse d’Ostende de Schmitt.

Le théâtre (ni assez lu ni assez joué !) : j’ai découvert l’excellent dramaturge Hanokh Levin (que vous avez tous boudé puisque c’est le seul billet avec zéro commentaire !)

Jeunesse : Capitaine Rosalie de Timothée Fombelle, les Sauveur & fils bien sûr.

Enfin, des auteurs que j’ai continué d’aimer et de lire : Jean-Paul Dubois, Marie-Aude Murail, Wallace Stegner, Henning Mankell, Silvia Avallone, Laurent Gaudé.
Et des classiques que j’ai aimé lire ou relire : Zola, Emily Brontë, Autant en emporte le vent.

Contrairement à trop de blogueurs, je n’ai pour l’instant aucune envie d’arrêter mais il est vrai que je prends moins le temps de me promener sur les autres blogs, à mon grand regret, le mauvais pli a été pris lors du premier confinement, trop d’ordi en télétravail (et des lunettes !) m’a coupé l’envie d’y retourner pour mes loisirs…

 

Belle année 2021 à toutes et à tous, sans mauvaises nouvelles ni malheurs mais une année emplie de sourires, de belles actions, de bon sens, d’innovations écologiques, d’entraide, de douceur et de bonnes idées.

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31 décembre 2020 4 31 /12 /décembre /2020 10:20

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-Saison 6-

Entre des patients tellement atteints au point d’être hospitalisés et d’autres qui savent désormais vivre heureux sans Sauveur, le cabinet fourmille de vie et la petite maison de Sauveur et Lazare n’est pas en reste. Que retenir de ce 6ème tome ? Jovo va jouer aux psys, Koslo va vivre de sacrées aventures impressionnantes pour les lecteurs, Grégoire est un petit garçon de 4 ans qui apporte une touche de mignonattitude et le chat Miaou nous a bien fait penser à notre chat Comète.

Encore une lecture entre filles ! Je passe la main à Danaé qui vous donne son avis. « Je pense que ce nouveau livre fut et restera un de mes livres préférés de Sauveur & Fils. Il y a beaucoup de rebondissement et on s’attache très vite aux nouveaux patients et encore plus aux anciens. Ce nouveau livre, dis-je donc, et plein de rebondissements et d’actions. L’auteur a un vrai pouvoir pour nous mettre à la place des personnages : quand ils ont un coup de stress, nous sentons notre cœur battre. Quand ils pleurent, nous sentons des larmes perler sur nos joues, etc… en bref, ce nouveau livre Sauveur & Fils de Marie-Aude Murail est un de ces livres où il y a des actions intenses ! »

Ce qui m’a surprise, peut-être parce que c’est déjà le 6ème tome, c’est la constance dans la qualité des récits. Jamais une fausse note n’a été déplorée, jamais un bâillement d’ennui n’a été entendu. J’irais même plus loin, je crois que ce 6ème tome est mon préféré. J’ai ri et presque pleuré à la fin (Danaé ne vous le dira pas mais elle a sauté deux fois de joie à la fin) Et pour Danaé et moi, c’est pas loin de 2000 pages (!!!) lues ensemble avec un grand grand plaisir. Il fallait bien un dernier coup de cœur de lecture pour terminer cette année pourrie au plus haut point (même si, personnellement, 2019 était encore nettement un cran au-dessus). Voilà une série devenue un classique à la maison, qu’on recommande souvent, qu’on offre parfois.

 

Réveillonnez bien !

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29 décembre 2020 2 29 /12 /décembre /2020 17:16

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Dans les environs de Metz. Le narrateur, veuf depuis peu, agent SNCF, est père de deux garçons. Frédéric alias Fus, un génie du ballon rond a toujours fait sa fierté. Pas vraiment doué pour les études, il est cependant un gamin très bien. Gillou, le cadet, s’entend bien avec lui et les trois hommes parviennent petit à petit à combler le vide laissé par la mort de la mère. Mais un jour, le père découvre que Fus traîne avec des gars du FN. Lui qui a toujours été à gauche, même très à gauche, ne comprend pas. Lorsqu’il apprend que son aîné va jusqu’à coller des tracts fachos, le lien est rompu, les deux ne se parlent plus. Ils vivent ensemble, s’évertuent à trouver un logement à Paris pour Gillou qui va poursuivre ses études, ils se côtoient sans vraiment s’estimer. Ils se tôlèrent, s’évitent et gardent leurs distances. Quand la tragédie survient, le père ne sait plus où se situer entre ses valeurs fondamentales et l’amour pour son fils.

Quel bonheur de tomber sur ce livre ! Voilà un court roman prenant, parfaitement ficelé, intelligent, et subtil. En tant que parent, on ne peut qu’être fortement chamboulé par cette réflexion sur un père qui ne reconnaît plus son fils. Les thèmes de la responsabilité, de l’amour paternel et fraternel, du soutien face au pire et même de l’embrigadement des jeunes dans les mouvements extrémistes sont traités de manière juste et sensible. Je n’ai pu m’empêcher de penser à Nicolas Mathieu car le lieu – cette Lorraine oubliée - ainsi que la dimension réaliste rapprochent les deux écrivains aussi bien que cette écriture simple mais tellement efficace. Et le ton monte, et l’écriture gagne en puissance, et le beau titre inspiré de Supervielle s’explique si joliment à la fin. Pour un premier roman : chapeau !

C’est un coup de cœur !

Parce que j’habite juste à côté : « Août, c’est le meilleur mois dans noter coin. La saison des mirabelles. La lumière vers les cinq heures de l’après-midi est la plus belle qu’on peut voir de toute l’année. Dorée, puissante, sucrée et pourtant pleine de fraîcheur. Déjà pénétrée de l’automne, traversée de zestes de vert de bleu. Cette lumière, c’est nous. Elle est belle, mais elle ne s’attarde pas, elle annonce déjà la suite. Elle contient en elle le moins bien, les jours qui vont rapidement refroidir. Il y a rarement des étés indiens en Lorraine. »

« Est-ce qu’on est toujours responsable de ce qui nous arrive ? Je ne me posais pas la question pour lui, mais pour moi. Je ne pensais pas mériter tout ça, mais peut-être que c’était une vue de l’esprit, peut-être que je méritais bel et bien tout ce qui m’arrivait et que je n’avais pas fait ce qu’il fallait. »

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26 décembre 2020 6 26 /12 /décembre /2020 19:31

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       D’un côté, Blanche de Rigny, une jeune femme atypique : petite nana énergique affublée d’un exosquelette, elle élève seule sa fille Juliette ou plutôt avec l’aide de sa meilleure amie, Hildegarde qui, elle, est une géante. Cet étrange trio va s’attacher à enquêter sur les ancêtres de Blanche, des ancêtres très riches…

       D’un autre côté, nous nous retrouvons en 1870 dans cette famille de Rigny « où il est interdit d’être pauvre », si riche donc, qu’elle peut se permettre de ne pas envoyer le grand fiston maladroit à la guerre mais un remplaçant qu’elle aura payé. Mais Auguste souffre de savoir que quelqu’un est allé au casse-pipe à sa place.

       C’est à se demander si je ne souffre d’un trouble de l’attention (les élèves déteindraient-ils sur leur prof ?) Ce roman m’est, comme La langue et le couteau, tombé des mains ! Je n’ai pas accroché à l’histoire, n’y ai pas cru, j’ai eu un mal fou à m’ancrer dans ce récit.  Pourtant, j’ai trouvé que la partie historique rejoignait parfois les qualités d’un Pierre Lemaitre, la comparaison est flatteuse n’est-ce pas ; que la partie contemporaine avec ses loufoqueries pouvait faire penser à la fantaisie d’un Pierre Raufast. Mais ça n’a pas pris du tout… il se passait plein de trucs qui ne m’ont pas paru crédibles et je me suis ennuyée. Je vais personnellement me méfier de cette autrice car, si j’avais bien apprécié La Daronne, je n’en avais pas fait un coup de cœur comme certains.

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