Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 décembre 2019 7 01 /12 /décembre /2019 14:45

Résultat de recherche d'images pour "au loin diaz"

            Hakan et Linus sont deux jeunes frères suédois envoyés par leur père aux Etats-Unis pour fuir la misère. Même avant de mettre un pied en Amérique, Hakan perd son grand frère et mentor. Il débarque en Californie et n’a plus qu’un seul objectif : retrouver son frère qu’il croit à New-York. Dans un road trip rocambolesque, celui qui est craint parce qu’il est immense va souvent affronter les cruautés d’une nature impitoyable mais également les plus grands vices et mauvaisetés des hommes. Parmi les diverses rencontres hautes en couleur : des pionniers, des fanatiques religieux, des scientifiques (et Hakan va vite savoir soigner une plaie, recoudre un animal, désinfecter une blessure), des shérifs, des escrocs, un ami sincère, des originaux en tous genres. Parce qu’il sera obligé de tuer des ennemis, il va revêtir bien malgré lui, la légende d’un géant sauvage et dangereux. Sur sa route, peu d’âmes généreuses vont l’aider et l’accompagner et c’est ainsi qu’il finira par choisir la solitude.

            C’est vraiment depuis sa sortie que je lorgne ce roman que je me suis finalement offert en poche. Première remarque : je savais qu’il s’agissait d’un récit d’aventures faisant cheminer un héros aux Etats-Unis mais je ne m’attendais pas à une telle écriture. Epiques, tranchantes, crues, les phrases nous emportent complètement dans ce vaste pays hostile à l’époque de la grande ruée vers l’Ouest. Le roman exhale une puissance faisandée et aride propre au désert américain et la dureté de la nature associée à la sauvagerie de certains hommes m’ont fait penser au film The Reve­nant d’Alejan­dro Gonzá­lez Iñár­ritu. Le personnage central, Hakan, m’a, lui, fait songer au Garçon de Marcus Malte par ses dimensions hors normes, son état d’esprit ingénu et si peu matérialiste. A noter aussi que certaines descriptions sont dignes d’un Zola… Et pourtant, pourtant, c’était les montagnes russes pour moi, tantôt en admiration devant un passage brillamment écrit, je me suis aussi parfois ennuyée par le côté répétitif des moments de solitude liés à une chasse avisée et cruelle (âmes sensibles, abstenez-vous !) et puis, il y a des répétitions au sens strict du terme, deux-trois phrases répétées mot pour mot à quelques pages d’intervalle, l’avez-vous remarqué ? Est-ce une coquille ? Bon, finalement, un roman très riche, d’excellente facture, rude et dépaysant mais – assurément – pas un coup de cœur, pour moi.

Pourquoi enterrer un mort ? « Est-il plus grand hommage que de devenir un festin pour ses semblables ? Quel monument pourrait être plus noble que la tombe palpitante de souffle d’un coyote ou l’urne planante d’un vautour ? Quel autre mode de conservation serait plus fiable ? Quelle résurrection serait plus littérale ? Savoir que toutes choses vivantes sont indéfectiblement liées – la voilà, la religion pure et sans tache. Quand on a compris cela, il n’y a rien dont on dût porter le deuil, car même si rien n’est permanent, rien n’est jamais perdu. »

Partager cet article
Repost0
28 novembre 2019 4 28 /11 /novembre /2019 18:49

Résultat de recherche d'images pour "FEEL good gunzig diable vauvert"

            D’un côté : Alice, maman célibataire, pauvre car remerciée au magasin de chaussures où elle a travaillé pendant vingt ans, elle n’a jamais eu vraiment de chance dans sa vie. Le père de son enfant l’a laissée tomber quand elle était enceinte, ses parents sont morts prématurément. Elle voulait à tout prix ne pas offrir la même vie « un peu juste » à son fils Achille.

           De l’autre côté : Tom, le gars qui a toujours été un peu à part. Enfant, était-il précoce ou attardé ? En tous cas, il n’a jamais réussi à séduire la jeune fille qu’il convoitait et s’est contenté d’une femme qu’il n’a jamais vraiment aimé…  Il se réfugie dans l’écriture mais après quelques maigres publications à très petit budget et sans succès, c’est la période des vaches maigres.

          Ces deux-là vont bien sûr se rencontrer et d’une manière complètement insolite (je ne veux rien dévoiler, mais en rencontres originales, on a difficilement trouvé mieux) et l’écriture va les rapprocher … ou les éloigner. Le but étant, pour les deux, de s’enrichir.

          Critique sociale, parodie d’un roman feel good tout en étant un roman feel good décalé, ce livre se lit très bien, se dévore même. On sourit beaucoup, on a hâte de connaître la suite, on s’attache aux personnages. Des sujets sérieux comme la précarité, le travail de l’écrivain, l’amour maternel sont évoqués de manière légère et même survoltée je dirais, dans une petite ambiance malicieuse voire grivoise. Voilà pour les aspects positifs. Je rajoute que je l’ai lu en période de deuil et qu’il m’a fait du bien, c’est indiscutable. Pourtant, faire de cette lecture un coup de cœur ne me viendrait pas à l’esprit, l’écriture est plate et je trouve que la première moitié du roman souffre de longueurs dues au récit d’un quotidien parfois sans intérêt. Je reviendrai vers cet auteur, je sais maintenant à quoi m’en tenir : une petite déprime et hop ! un Gunzig. Est-ce que ça ne vaut pas son pesant d’or ?

La vision du métier d’écrivain selon la femme de Tom : « Chez un bûcheron, à force de couper des arbres, les mains deviennent de très grosses mains, des mains déformées, des mains qui ne peuvent plus faire que ça : couper des arbres. Chez un écrivain, l’esprit se déforme. Il passe trop de temps dans des endroits qui n’existent pas en compagnie de gens qui n’existent pas et à un moment, il éprouve des difficultés à revenir. »

Le genre d’images qu’on peut trouver dans le roman : « Le visage de Tom avait pris une couleur gris clair de sable pollué. »

Partager cet article
Repost0
25 novembre 2019 1 25 /11 /novembre /2019 13:26

Résultat de recherche d'images pour "Les Indes fourbes d’Alain Ayroles et Juanjo Guarnido"

              Au XVIème siècle, don Pablos de Ségovie a été élevé pour devenir un escroc, un opportuniste, un brigand, tentant de suivre la recommandation de son père : « Tu ne travailleras point. » Entre l’Espagne du Siècle d’or et l’Amérique du Sud, notre filou débrouillard se grime, ment, joue, change de tête et de statut, voyage, boit, tout en poursuivant, comme beaucoup, sa conquête de l’Or. Souvent manipulateur, rarement manipulé, ce personnage picaresque va nous surprendre jusqu’à la dernière page.

              Je n’ai pas été déçue : l’album est grandiose à tous points de vue : les dessins sont une pure beauté, j’ai préféré les quelques planches dénuées de texte, celles aussi dédiées à l’Eldorado et à la jungle sudaméricaine sont une splendeur. Le scénario étonne par ses récits enchâssés, ses bouleversements chronologiques, ses dialogues justes et ciselés, l’abondance et la diversité de ses personnages. Réécriture de L’Odyssée avec un Don Quichotte flamboyant et retors. C’est du grand art, du spectaculaire, du truculent où l’humour se fait une jolie place, de l’Aventure avec un grand A. On comprend pourquoi il a fallu dix ans aux auteurs pour en arriver là.

J'étais une grande fan des dessins de Blacksad !

« A force de constance dans la fourbe et d’invention dans la friponnerie, un obscur lève-tard peut y devenir le souverain d’un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais ! »

Résultat de recherche d'images pour "Les Indes fourbes d’Alain Ayroles et Juanjo Guarnido"

 

Résultat de recherche d'images pour "Les Indes fourbes d’Alain Ayroles et Juanjo Guarnido"

Partager cet article
Repost0
22 novembre 2019 5 22 /11 /novembre /2019 16:15

Résultat de recherche d'images pour "Les étoiles s’éteignent à l’aube de Richard Wagamese zoe"

             Frank Starlight a 16 ans. Il a été élevé par un « vieil homme » qui lui a appris la chasse, la pêche, la survie dans cette contrée âpre et sauvage de la Colombie britannique mais aussi le courage, la droiture, la prudence, la patience et la loyauté. Quand Eldon, son père mourant, le réclame, Frank ne se montre pourtant guère enjoué car l’homme l’a abandonné, rarement vu, souvent mésestimé, se saoulant à longueur de journée. Il accepte pourtant de l’accompagner jusqu’à la montagne pour qu’il puisse être enterré comme un guerrier, selon les traditions indiennes ojibwés. Durant le voyage éprouvant pour le père, le fils va en apprendre davantage sur ses origines et le passé honteux de son père.

            C’est un roman bien particulier pour moi puisque j’ai perdu mon papa en cours de lecture, alors que cette histoire évoque un fils qui emmène son père mourir. Le hasard n'arrive jamais par hasard... Mon papa n’était pas un guerrier parce qu’il détestait tout ce qui a trait à la guerre et aux armes mais un battant courageux, stoïque et valeureux, ça oui ! Je ne lui dédie pas ce pauvre billet parce qu’il vaut bien mieux, tellement plus, mais je lui fais la promesse de lire ou relire Christian Bobin et Blaise Cendrars, ses écrivains préférés. Je n’ai pas l’habitude de me confier ici mais je ne pouvais parler de ce roman de manière froide et objective. Et puis si je lis beaucoup, si j’écris (si peu), c’est bien grâce à mon papa, poète et artiste à ses heures perdues, rêveur et tellement optimiste à temps complet.

           C’est la première fois que je lisais cet auteur mais son style et son univers m’ont plu d’emblée. Nature writing certainement, le livre met aussi en valeur les traditions indiennes en voie de disparition, l’amour filial qui n’est pas toujours celui du sang, mais surtout, surtout, il évoque cette douloureuse question du pardon de manière poétique et sublime. Certains passages sur la guerre sont magnifiques aussi et la fin est une belle réussite qui clôt une lecture à la fois éprouvante et apaisante.

(Surtout zappez les condoléances, à l’avoir trop entendu, le mot me débecte – je précise aussi que ce billet a été écrit il y a presque trois semaines)

Frank : « Seul. Il n’avait jamais su ce qu’était la solitude. Même s’il y réfléchissait bien, il n’arrivait pas à donner une définition du mot. Il était en lui, indéfini et inutile comme l’algèbre – la terre, la lune et l’eau établissaient la seule équation qui donnait de la perspective à son monde et il le traversait à cheval revigoré et rassuré de sentir ces terres autour de lui comme le refrain d’un hymne ancien. »

« La guerre, c’était savoir que des choses pouvaient t’être enlevées. »

« Parfois quand on t’enlève quelque chose, t’as l’impression d’un trou au milieu de toi, dans lequel tu sens souffler le vent. »

Partager cet article
Repost0
19 novembre 2019 2 19 /11 /novembre /2019 19:42

Résultat de recherche d'images pour "Le Porteur d’histoire d’Alexis Michalik"

         « L’homme » rencontre Alia et sa fille Jeanne dans le désert algérien. Il se met à raconter son histoire, celle d’un type paumé qui, à la mort de son père, découvre un cercueil très ancien rempli de livres. De ces livres naissent des histoires qui seront pour le personnage principal des sésames qui lui ouvriront d’autres portes et d’autres histoires. Un formidable voyage onirique va conduire des dizaines de personnages à travers les siècles et les continents.

        Depuis son formidable Edmond, on ne présente plus Alexis Michalik, metteur en scène, écrivain, acteur… génie ? Cette pièce est sa première création, partie de l’idée d’une tombe recelant un trésor. Fantasque, joyeuse, foutraque, cette histoire comporte de nombreux récits enchâssés, des digressions, des sauts dans le temps allant de l’Antiquité à nos jours, plaçant sur une même scène Marie-Antoinette, Alexandre Dumas, Eugène Delacroix ou encore notre narrateur-guide à travers le Temps. Au croisement de la fantaisie d’un Timothée de Fombelle et du talent de conteur d’un Antoine Bello, Alexis Michalik emprunte le concept du feuilleton aux Mille et une nuits, poussant le lecteur-spectateur sur un tapis volant qui l’emmène faire un long et beau voyage. Une ode à la transmission des lectures, un hommage aux grands écrivains. Lire le texte est un délice mais la frustration de ne pas voir la pièce jouée est grande !

« En ce monde, celui qui détient l’information, celui qui détient les clés du récit, celui qui sait mieux que les autres raconter une histoire devient le maître. Peu importe les titres de noblesse et les privilèges, l’homme qui raconte bien peut lever des armées et embraser des nations. »

Partager cet article
Repost0
17 novembre 2019 7 17 /11 /novembre /2019 10:33

Résultat de recherche d'images pour "Le pays où l’on n’arrive jamais d’André Dhôtel"

             J’ai récupéré ce bouquin dans une cabane à livres et je crois me souvenir qu’une copine m’accompagnant m’avait dit qu’elle l’avait lu et aimé.

            Gaspard est recueilli dès la naissance par sa tante parce que ses parents, forains, ne pouvaient ni ne voulaient vraiment s’occuper de lui. Il se distingue par une grande maladresse et une poisse assez remarquable qui le poursuit dans chacun de ses faits et gestes. Sa vie monotone est brisée le jour où il rencontre un enfant de son âge qui a détalé de chez lui parce qu’il cherchait son pays… Gaspard va tout faire pour le retrouver et l’aider. Il s’enfuit sur le dos d’un cheval sauvage, monte clandestinement à bord d’un bateau vers les Bermudes. L’enfant rebelle s’avère être une fille, Hélène, qui, toujours en quête de ce pays merveilleux, fera de Gaspard un formidable complice.

            Malgré sa ressemblance avec Le Grand Meaulnes, ce roman a un peu vieilli et paraît maintenant désuet. Certains passages m’ont fait bâiller, d’autres -invraisemblables- m’ont fait sourire. Pourtant l’atmosphère onirique et bohème se laisse apprécier, l’ode à la nature est plus que louable et on bourlingue avec plaisir avec ce petit gars attendrissant, ingénu et gauche. Je crois que le livre m’aurait plu enfant mais j’étais enfant dans les années 80 et je ne suis pas sûre qu’il puisse plaire encore aujourd’hui aux petites têtes blondes…  

Le hasard (!) jette Gaspard sur le dos d’un cheval pie : « Dès lors, le garçon n’eut plus aucun désir de sauter, et il lui semblait qu’il était comme attaché au cheval, et qu’il ne devait sous aucun prétexte lâcher prise. Après avoir parcouru une immense futaie de hêtres, ils arrivèrent dans une allée bordée de chênes dont les feuillages énormes s’élevaient vers un ciel maintenant nuageux. Après les chênes, il y eut des taillis obscurs, puis d’autres taillis clairsemés qui étaient peuplés de sorbiers et ornés de chèvrefeuille. Plus loin, des genêts avec des bouleaux. On traversa aussi une forêt d’épicéa où le cheval glissa sans bruit dans un sentier couvert d’aiguilles. Gaspard apprit donc qu’il n’y a pas une forêt mais mille forêts dont pas une ne ressemblait à celle de Lominval. »

Résultat de recherche d'images pour "Le pays où l’on n’arrive jamais d’André Dhôtel"  Résultat de recherche d'images pour "Le pays où l’on n’arrive jamais d’André Dhôtel j'ai lu"

Partager cet article
Repost0
14 novembre 2019 4 14 /11 /novembre /2019 14:44

Résultat de recherche d'images pour "vanyda entre ici ailleurs dargaud"

              Coralie, à 28 ans, sort d’une rupture douloureuse. Après quelques mois d’hibernation, elle apprécie à nouveau les sorties, rencontre du monde, s’est initiée à la capoeira. Mais son métissage laotien-français lui occasionne bien des questions et son amitié avec Kamel d’origine algérienne va l’éclairer sur cette double culture. Entre racisme, clichés (Coralie sait forcément faire des nems et du riz gluant !), Asiatiques qui se retrouvent entre Asiatiques, Coralie commence à savoir ce qu’elle veut et ce qu’elle rejette. La capoeira lui apprend à se battre et à ne pas baisser les bras et un voyage en Algérie avec Kamel va, paradoxalement, la remettre sur la voie de ses ancêtres…

           C’est une grosse BD, bien fournie et dense, qui nous emmène dans la vie de Coralie, une fille dynamique et intelligente. Entre légèreté et questions existentielles, celles de nos origines, de notre héritage culturel, de la mixité et du chemin de vie, l’album se lit bien et divertit. J’ai trouvé la fin un brin feel good et trop bisounoursienne. Mais il est intéressant de savoir que Vanyda est d’origine laotienne par son père comme son personnage et qu’elle a largement puisé dans son vécu pour nous raconter l’histoire de Coralie. Je crois que j’avais ressenti à peu près la même chose à la lecture d’Un petit goût de noisette… joli, léger, frais mais avec une petite saveur d’inachevé et de superficiel tout de même.

Résultat de recherche d'images pour "vanyda entre ici ailleurs dargaud"

Partager cet article
Repost0
11 novembre 2019 1 11 /11 /novembre /2019 15:35

Résultat de recherche d'images pour "pyongyang 1071 schwartzmann"

            L’auteur, au détour d’une soirée créole, décide de participer au Marathon de Pyongyang. On peut parler d’un coup de tête puisque le monsieur n’est pas un grand adepte de la course à pied et qu’il n’a pas vraiment couru depuis des années… Il se prépare donc, prend un congé de six mois, respecte le programme de course élaboré par un site internet. Au moment du départ, l’angoisse monte : celle de ne pas réussir à parcourir les 42 kms mais surtout celle de ne jamais revenir de cette Corée du Nord si particulière. Après un voyage d’une longueur admirable (relier Pékin à Pyongyang met une trentaine d’heures de train…), une nuit courte, un inévitable décalage horaire, c’est le Marathon dans les rues de la capitale, pour un aller-retour plutôt solitaire puisqu’il n’y a que 2000 participants. Je vous passe les détails de la course, vous vous en doutez bien que notre ami réussit haut la main son défi. Reste une petite dizaine de jours à passer dans la dictature ; aucune place pour l’improvisation, les étrangers sont baladés et bien cadrés entre les différents monuments officiels, toujours à la gloire des dictateurs. Il faut se prosterner, admirer, ne pas faire n’importe quelle photo, n’énoncer aucun commentaire désobligeant, ne pas faire d’humour, ne pas parler aux gens que d’ailleurs on ne rencontre pas vraiment. Un séjour hyper organisé, surveillé de près par des « guides » qui font plutôt figure de flics. Un couvre-feu à 22h, un tramway qui ne fonctionne que pour les étrangers, une absence totale de fantaisie ou d’improvisation et une bonne indigestion auront eu raison de notre écrivain.

       Le récit a été pour moi doublement passionnant : je cours régulièrement mais n’ai jamais dépassé les 15 bornes et je suis toujours admirative des marathoniens ! Et puis ce pays renfermé sur lui-même, communiste et cinglé, où toute religion est proscrite, a un potentiel de fascination et d’effroi assez élevé. Je me suis régalée à accompagner le narrateur dans ce voyage ubuesque d’avant course, à courir avec lui dans les rues de la capitale nord-coréenne, à participer à ses dégoûts, ses craintes, ses étonnements. Bon, j’aime de toute façon le franc-parler de Jacky Schwartzmann alors je manque peut-être d’objectivité mais le témoignage ne peut être qu’intéressant !

 

« La course à pied est un sport chiant, il faut le dire. Peut-être le moins ludique et certainement le plus crevant, il a tout contre lui. Du coup, c’est un sport de cérébral. Quand vous courez, votre esprit vagabonde, vous laissez la fission nucléaire de la caboche s’accomplir et évitez ainsi de mourir d’ennui. Petit plus : penser à toute autre chose vous sort de votre corps et de la difficulté, si bien que vous pouvez parcourir plusieurs kilomètres avant de vous souvenir de la souffrance physique. »

Le restaurant de l’hôtel : « Au rez-de-chaussée, la salle de restaurant ressemble à une salle de mariage qu’aurait décorée le Michel Serrault de La Cage aux folles. La hauteur sous plafond, je ne saurais dire. Les murs ? Rose. Rose pute, pour être précis. D’immenses tables rondes, sur lesquelles ont tient à dix ou quinze, et munies d’un plateau central tournant. »

« On me trimballe au milieu des Coréens comme s’ils étaient des fauves, je passe devant eux, je passe parmi eux, mais je ne les rencontre pas. Ce pays accepte de nous recevoir, mais il ne nous accueille pas. Ils veulent qu’on les voie, mais pas qu’on les regarde. »

« La dynastie des Kim a transformé ce pays en un furoncle dont on ne saurait que faire en cas s’effondrement du régime. »

Une visite d’une cascade est annoncée – en plus d’être décevante, les visiteurs remarquent des inscriptions communistes sur des pierres : « Le fanatisme, c’est quand on veut coller la grille de ses valeurs sur le réel, quitte à le tordre, à le casser. Si le réel ne correspond pas à ce que je pense, plutôt que de m’adapter, je modifie le réel. Je grave mes conneries dans la pierre, par exemple… »

Partager cet article
Repost0
8 novembre 2019 5 08 /11 /novembre /2019 10:22

Résultat de recherche d'images pour "Une bête au paradis de Cécile Coulon"

          Gabriel et Blanche Émard ont perdu leurs parents morts dans un accident de voiture. D’emblée et avec une vivacité incroyable pour son âge, c’est la grand-mère Emilienne qui a pris la relève dans cette ferme isolée. Tandis que Gabriel peine à surmonter le choc du deuil, reste maigre et effacé, Blanche se démarque par son franc-parler, son énergie et sa beauté solaire. Louis, c’est le commis qu’Emilienne a recueilli alors qu’il fuyait un père violent ; secrètement attiré par Blanche, il sait qu’il n’aura jamais aucune chance. Alexandre, c’est le petit ami de Blanche qui préfère la ville à la campagne, à tel point qu’il la quitte pour faire ses études ce qu’elle n’accepte pas. Reviendra-t-il à la ferme des Émard ?

          Roman de la terre, âpre et sans concession, il fleure bon un parfum de tragédie qu’on sent imminente dès les premières pages. Et la tension monte encore d’un cran au retour d’Alexandre, des années plus tard. Quelque chose d’étouffant et d’acéré poursuit la plupart des personnages formidablement présentés par l’autrice qui raconte avec brio cette histoire captivante. On sent qu’elle sait où elle va, c’est costaud, franc, poétique et à l’état brut un peu comme cette Émilienne… J’aurais pu lire le roman d’une traite. Alors oui, je peux vous trouver un bémol de rien du tout : les titres des chapitres m’ont dérangée parce qu’ils m’ont un peu coupée dans mon élan de lecture. Mais le plaisir était là, vif, intense, sans cesse renouvelé. Merci Cécile Coulon !

Mes autres lectures de l'autrice : 

Trois saisons d'orage

Le roi n'a pas sommeil

Le coeur du pélican

« les deuils répétés avaient fait d’elle une puissance humaine dont le pouvoir grandissait dans l’imagination de ceux qui la côtoyaient. Emilienne avait toujours été une vieille femme. Pas une vieille dame, une vieille femme. »

« Louis comprit qu’ici la mort était une affaire de famille que l’on réglait naturellement, ainsi qu’on plie un drap propre. »

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2019 2 05 /11 /novembre /2019 16:23

Résultat de recherche d'images pour "Formica  de Fabcaro"

 

« pourquoi ne demanderions-nous pas aux voisins de quoi ils parlent à leur repas ? ça nous donnerait des idées… »

        Le problème est bien là, la famille se réunit un dimanche et personne ne trouve le moindre sujet de discussion, l’angoisse monte, conflits et rancunes voient le jour mais, pas de panique, le groupe est soudé, même s’il faut tuer l’un ou l’autre enfant, la discussion raciste, la politique et le repas lui-même sauvent la mise… bientôt il est trois heures et à part Julien qui est sorti fumer et qui s’est fait écraser par un réacteur d’avion (mais il était prévenu !), tout le monde est content et surtout soulagé.

        Fabcaro a dû être sacrément traumatisé par des repas familiaux… il en parle déjà dans Le discours ! J’ai tout de même l’impression que dans cet album qui se lit le sourire aux lèvres, il y est allé encore un peu plus fort que d’habitude. C’est un gloubiboulga de poncifs, un melting-pot de clichés, un amas de conneries qu’on peut dire ou penser mais aussi un bel étalage de tout ce que personne n’ose jamais dire… Le tout est bien sûr servi avec une bonne couche d’absurdités et une sorte d’insouciance inconsciente dont on aimerait tous faire preuve et c’est certainement tout ça qui fait tant rire. Rajoutons quelques célèbres vers d’Amel Bent, un kébab géant, des témoins de …François Bayrou qui font du porte-à-porte, des mises en abyme loufoques. Il faut tout de même admettre que l’humour noir peut créer le malaise, ça meurt à tour de bras et ma fille, toujours à fouiner dans mes lectures a murmuré un « N’importe quoi » en voyant la planche où un type fou de joie se défenestre (en chantant « Pooopolopopopooopoo » what else). Les dessins sont d’une finesse qui n’ont rien à voir avec le texte, c’est du Fabcaro, on en veut, on en redemande.

« Vous trouvez pas que les noirs ils jouent du djembé ? »

Résultat de recherche d'images pour "Formica – une tragédie en trois actes – de Fabcaro"

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Violette
  • : Un blog consignant mes lectures diverses, colorées et variées!
  • Contact

à vous !


Mon blog se nourrit de vos commentaires...

Rechercher

Pages