Cela fait à peu près un an que lire cette histoire tellement connue me tente. J’ignorais que le roman, dans sa totalité, faisait pas loin de mille pages. Voici donc une première partie.
En Géorgie, en 1861, Scarlett O’Hara est l’aînée de trois enfants et, à 16 ans, elle fait ce qu’elle veut. Elle séduit les hommes des alentours, établit de fins stratèges pour être la plus jolie, mène son cher père par le bout du nez mais, malheureusement, n’arrive pas à s’opposer aux fiançailles du seul qu’elle aime : Ashley qui s’entête à épouser une frêle cousine timide. Le conflit entre Yankees et Sudistes gronde et les rumeurs d’une bataille enflent. Peu importe, ce sera l’histoire de quelques jours. Scarlett avoue son amour pour Ashley et, par défi, épouse Charles qu’elle n’aime pas du tout. Il mourra deux mois plus tard, faisant de Scarlett une veuve qui peut désormais oublier les robes colorées, la danse, les fêtes et les jeux de séduction. La victoire garantie n’arrive pas et les combats se durcissent, obligeant Scarlett à rejoindre la ville d’Atlanta, fraîchement fondée, où elle retrouve un peu les joies de la convivialité. C’est Rhett Buttler, un bel homme fort et critiqué qui va la pousser à s’émanciper davantage. Alors que la Guerre de Sécession atteint son acmé, une étrange relation faite d’ironie, de séduction, d’orgueil va lier les deux êtres.
Après un début un peu lent, le roman prend de l’ampleur, le contexte historique conjugué à l’histoire personnelle de cette demoiselle O’Hara devient passionnant. Scarlett est agaçante par certains côtés, trop capricieuse, égoïste, à l’« esprit retors », parfois méchante, presque toujours hypocrite (mais dans une société qui le réclame bien !), pourtant, elle est souvent une des plus lucides, se moquant de cette « Cause » si chère aux Sudistes, se révoltant contre ces traditions sclérosées qui enferment la femme dans une cage qui n’est même pas dorée. La femme mariée est reléguée dans un coin, elle n’a que peu de liberté mais la veuve peut carrément mettre une croix sur sa vie, contrainte de porter un voile noir pendant trois ans (au terme desquels, ce voile noir, atteignant les pieds, peut être raccourci au niveau des genoux !)
Une chaîne américaine a retiré le film suite aux mouvements anti-racistes de juin 2020. J’admets que certains passages sont insupportables, les Noirs sont relégués aux tâches inférieures, on le savait, mais ils sont constamment mis tous dans le même sac (par exemple « avec la fourberie aimable propre à sa race » …). Tous ces ingrédients réunis font de cette lecture un passe-temps très agréable et captivant !
La femme ne doit montrer aucune étincelle d’intelligence face à un homme et Scarlett s’interroge : « Pourquoi faut-il donc qu’une jeune fille soit si bête pour dénicher un mari ? » / « Tu ne crois pas qu’après leur mariage les hommes sont tout étonnés de voir que leurs femmes ne sont pas sottes ? »
La première rencontre : « A l’écart, dans un coin du vestibule, il la dévisageait avec une insolence qui lui procura en même temps ce plaisir qu’éprouve toute femme remarquée par un homme et la sensation gênante que sa robe était trop décolletée par-devant. Il avait l’air vieux ; il portait au moins trente-cinq ans. Il était grand, bâti en force. Scarlett pensa qu’elle n’avait jamais d’épaules si larges, si musclés qu’elles en étaient presque trop fortes pour appartenir à un homme du monde. »
« Avec les vieilles dames, il s’agissait d’être gentille et naïve, de paraître aussi simple d’esprit que possible, car les vieilles dames avaient l’œil vif et guettaient les jeunes filles comme des chats, toutes prêtes à bondir au moindre écart de langage ou de tenue. Avec les vieux messieurs, il s’agissait d’être hardie, bavarde, un tantinet coquette, afin de chatouiller la vanité de ces vieux fous. Ça les rajeunissait, ils se sentaient tout ragaillardis, alors ils vous pinçaient la joue et déclaraient que vous étiez une coquine. »
« la vertu est bête »