Hakan et Linus sont deux jeunes frères suédois envoyés par leur père aux Etats-Unis pour fuir la misère. Même avant de mettre un pied en Amérique, Hakan perd son grand frère et mentor. Il débarque en Californie et n’a plus qu’un seul objectif : retrouver son frère qu’il croit à New-York. Dans un road trip rocambolesque, celui qui est craint parce qu’il est immense va souvent affronter les cruautés d’une nature impitoyable mais également les plus grands vices et mauvaisetés des hommes. Parmi les diverses rencontres hautes en couleur : des pionniers, des fanatiques religieux, des scientifiques (et Hakan va vite savoir soigner une plaie, recoudre un animal, désinfecter une blessure), des shérifs, des escrocs, un ami sincère, des originaux en tous genres. Parce qu’il sera obligé de tuer des ennemis, il va revêtir bien malgré lui, la légende d’un géant sauvage et dangereux. Sur sa route, peu d’âmes généreuses vont l’aider et l’accompagner et c’est ainsi qu’il finira par choisir la solitude.
C’est vraiment depuis sa sortie que je lorgne ce roman que je me suis finalement offert en poche. Première remarque : je savais qu’il s’agissait d’un récit d’aventures faisant cheminer un héros aux Etats-Unis mais je ne m’attendais pas à une telle écriture. Epiques, tranchantes, crues, les phrases nous emportent complètement dans ce vaste pays hostile à l’époque de la grande ruée vers l’Ouest. Le roman exhale une puissance faisandée et aride propre au désert américain et la dureté de la nature associée à la sauvagerie de certains hommes m’ont fait penser au film The Revenant d’Alejandro González Iñárritu. Le personnage central, Hakan, m’a, lui, fait songer au Garçon de Marcus Malte par ses dimensions hors normes, son état d’esprit ingénu et si peu matérialiste. A noter aussi que certaines descriptions sont dignes d’un Zola… Et pourtant, pourtant, c’était les montagnes russes pour moi, tantôt en admiration devant un passage brillamment écrit, je me suis aussi parfois ennuyée par le côté répétitif des moments de solitude liés à une chasse avisée et cruelle (âmes sensibles, abstenez-vous !) et puis, il y a des répétitions au sens strict du terme, deux-trois phrases répétées mot pour mot à quelques pages d’intervalle, l’avez-vous remarqué ? Est-ce une coquille ? Bon, finalement, un roman très riche, d’excellente facture, rude et dépaysant mais – assurément – pas un coup de cœur, pour moi.
Pourquoi enterrer un mort ? « Est-il plus grand hommage que de devenir un festin pour ses semblables ? Quel monument pourrait être plus noble que la tombe palpitante de souffle d’un coyote ou l’urne planante d’un vautour ? Quel autre mode de conservation serait plus fiable ? Quelle résurrection serait plus littérale ? Savoir que toutes choses vivantes sont indéfectiblement liées – la voilà, la religion pure et sans tache. Quand on a compris cela, il n’y a rien dont on dût porter le deuil, car même si rien n’est permanent, rien n’est jamais perdu. »