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8 juin 2021 2 08 /06 /juin /2021 15:35

Dernières nouvelles des oiseaux, Erik Orsenna, Santiago Morilla | Livre de  Poche

J’ai acheté ce livre à sa sortie poche, c’est-à-dire en 2007 !

Un certain président qui aime prendre des décisions a l’idée de récompenser des élèves qui sortent du lot, ceux qui n’ont pas l’habitude d’être mis sur un piédestal, qui ne sont pas élèves modèles mais se laissent guider par une passion qui bien souvent les isole des autres. Sept enfants se distinguent : Javier le passionné d’escaliers, Morwenna qui adore les ailes, Victoria la spécialiste de mécanique, Etienne qui adore déménager, Thomas un expert des colles, Hillary fan des boîtes et des cylindres et Hans le passionné des nuages. Ces sept jeunes atypiques sont amenés sur une île où on leur laisse la liberté de s’adonner à leur passion. Mais le président constate qu’il n’y a ni cohésion ni entente entre les sept, il va tenter de les réunir. Une tempête spectaculaire les isole encore un peu plus du reste du monde et, pour pouvoir fuir, un projet commun - construire un avion - va enfin fédérer les qualités de tous.

J’étais un peu sceptique au départ comme souvent avec de la littérature jeunesse (ce livre n’est d’ailleurs nulle part affiché comme tel !?) mais finalement, je me suis prêtée au jeu et j’ai aimé cette histoire un peu poétique, un peu farfelue et très douce. L’univers est naïf et sans doute un peu désuet mais on apprécie cette morale qui dit que les originaux ont leur place dans le monde et que chacun a une qualité bien à lui. Est-ce que ça peut plaire à un enfant ? Ma fille y a prêté quelques secondes d’attention mais n’est pas sûre de vouloir le lire. Certaines images sont vraiment jolies, cette vieille carcasse de baleine protégée par les algues et qui constituera le corps de l’avion… et le texte est accompagné des illustrations de Santiago Morilla.

« Une passion isole. Isole de tout, des autres, de la vie, isole du reste du monde tout autant que la mer. »

« Personne ne s’était rendu compte du miracle : malgré la diversité des langues, tout le monde se comprenait. Sans doute que les vents, les vents terribles avaient, dans les têtes, redistribué les mots. »

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5 juin 2021 6 05 /06 /juin /2021 00:07

Livre: L'Inconnu de la poste, Florence Aubenas, Éditions de L'Olivier,  Essais, 9782823609851 - Leslibraires.fr

 

        Gérald Thomassin est un homme étrange. Elevé (ou pas vraiment justement…) par une mère alcoolique et dépravée, il devient acteur à partir du moment où il décroche - par hasard - le rôle principal dans Le Petit Criminel de Jacques Doillon en 1990, il a alors 16 ans. Mais ce n’est pas ce qui nous intéresse. L’essentiel réside dans ce gros bourg de l’Ain, Montréal-la-Cluse, où Thomassin a élu domicile en 2007, et plus précisément dans un minuscule bureau de poste où Catherine Burgod, une quarantenaire enceinte, a été assassinée à coups de couteau. L’enquête piétine. Thomassin a mal tourné, il vit de quelques euros, est souvent ivre, sous Subutex. Ses deux copains, Tintin et Rambouille, trouvent qu’il parle souvent du crime de la poste. Deux dames croisées près de la tombe de Catherine, s’inquiètent pour les mêmes raisons, et en plus il sait décrire la scène du crime avec précision. Mais Thomassin n’a ni mobile ni indices ni ADN qui le confondraient. Il continue à tenir des propos bizarres, très souvent en lien avec le meurtre. Puis il fuit la petite ville pour Rochefort.

       On l’a entendu souvent, Florence Aubenas n’est pas seulement journaliste, elle est aussi écrivaine. Il est vrai que les qualités d’écriture du roman sont indéniables, elle sait happer le lecteur, trouver le mot juste, ménager le suspense. Au-delà de cette affaire digne effectivement d’un récit policier, c’est une photographie d’un coin de France rurale qui nous est donnée à voir, avec ses ragots, son apparente tranquillité, ses habitants pas si banals qu’il n’y paraît à première vue (ben oui…). On sent un travail de recherche poussé et abouti, des recherches minutieuses. J’émettrais un petit bémol, une légère lassitude a point mi-parcours, liée sans doute au personnage tête à claques, un looser de premier ordre, qui oscille entre bêtise, folie et cruauté. Mais c’est aussi sa complexité qui rend l’ouvrage intéressant.

Le père de Catherine – à plaindre, évidemment : « Plusieurs fois par semaine, les gendarmes ont pris l’habitude de passer aux nouvelles chez Raymond Burgod, dans le vieux village. Ils le trouvent rarement seul. Sa cuisine a été surnommée « le QG », il y a toujours un visiteur, journaliste, voisin, collègue. »

 

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1 juin 2021 2 01 /06 /juin /2021 13:35

Des diables et des saints - Jean-Baptiste Andrea - Babelio

C’est à la fois émue et excitée que j’ai démarré la lecture de ce roman, j’avais tellement aimé Cent millions d’années et un jour que la barre était haut placée.

Joseph est un vieux monsieur qui joue sur les pianos mis à disposition dans les lieux publics. Il joue divinement bien, surtout dans les aéroports et les gares. Un jour, il raconte son histoire. Petit, il a vécu une tragédie qui a bouleversé le cours de sa vie : ses parents et sa sœur ont péri dans un crash d’avion. Issu d’une famille très aisée, il s’est pourtant retrouvé dans un orphelinat, Les Confins, qui porte bien son nom : isolé de tout, proche de la frontière espagnole, c’est un microcosme coupé du reste du monde. Ses deux tortionnaires, l’abbé Sénac et le surveillant surnommé La Grenouille, rendent le quotidien sombre et austère. Joseph finit par intégrer un groupe secret, la Vigie, qui se réunit régulièrement, de nuit, sur la terrasse du bâtiment. Une amitié faite aussi de rivalités et parfois de trahisons, naît là-haut entre la Fouine, Sinatra, Edison et le petit Souzix, sur fond d’émission de radio. La routine est aussi brisée grâce à Rose, fille d’un mécène, qui a besoin de cours de piano. Joseph, une fois par semaine, va se rendre dans une vaste demeure qui lui rappellera l’opulence qu’il a connue autrefois. Mais Rose, entre froideur et arrogance, est tout ce qu’il déteste. Leurs sentiments de haine réciproque ne vont peut-être pas durer mais tout ce qui compte pour les garçons est de s’échapper de leur enfer.

Complètement conquise, j’ai été portée et emportée par cette histoire qui aurait pu durer 500 pages de plus. Romanesque à souhait, l’intrigue prend aux tripes, réveille nos désirs de justice, accompagne ces orphelins si fiers et si vaillants. Il est question de résilience, de témérité adolescente, d’amour naissant et de possibilité de pardon. On s’attache forcément à ces adultes en devenir en pensant au vers de Victor Hugo « Innocents dans un bagne, anges dans un enfer. » Et puis il y a l’écriture de Jean-Baptiste Andrea, belle et savoureuse, imagée et juste, elle m’a encore une fois complètement séduite. Des passages entiers que je voudrais garder au creux de ma poche comme cette nuit de tempête où les garçons hurlent fort sans qu’on les entende, « un flot d’or pur, dévastateur, qui se changerait en comète et s’en irait chatouiller des galaxies lointaines. »

Un beau coup de cœur de lecture !

« tu ne joueras jamais comme moi, mon garçon. Mais si ça continue, il y a plus grave. Tu ne joueras jamais comme toi. »

« Je n’étais pas un saint, je l’admets. Ceux de la Vigie encore moins, mais eux avaient une excuse. Quand on croise un enfant qui titube sous le poids d’un cartable ou un vieux qui peine à tirer une valise, on se précipite pour les aider. Ces gamins-là – je dis gamins mais, à l’exception de Souzix, c’étaient presque des hommes -, personne n’avait jamais offert de porter leur colère. On les laissait buter contre les trottoirs, et on regardait ailleurs. Tant pis s’ils tombaient. Ça valait mieux que d’être écrasé par ce qu’ils charriaient. Ils étaient durs, ils étaient drôles, ils étaient sans victoires. Mes amis. Les soirs de tristesse, les soirs de vin aigre, je pense encore à eux. »

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29 mai 2021 6 29 /05 /mai /2021 15:34

 

Les cinq conteurs de bagdad de Fabien Vehlmann, Frantz Duchazeau -  BDfugue.com

 

« Il y a de cela bien longtemps, le calife de Bagdad, qui adorait les contes, eut l’idée d’organiser un grand concours. » Voilà le point de départ d’un récit riche en aventures et en dépaysement. Les cinq conteurs les plus prometteurs sont amenés à collaborer. Il y a le grand Nazim qui émerveille les auditeurs sur les marchés en improvisant ; Wahid qui officie plutôt dans les cafés et fascine les clients ; Tarek, ancien gamin des rues, qui fascine son public entre deux larcins ; Tarek tient à inscrire son vieux maître Anouar et ses récits indécents et provocateurs. Enfin, le petit Ahmed, fils du calife lui-même, tient à concourir. Le défi n’est pas anodin, celui qui perd y laisse sa vie… Avant de partir à travers le monde cueillir les plus histoires, les cinq consultent une devineresse qui leur prédit tragédies et surprises.

C’est une BD qui fait voyager ! Les cinq conteurs sont assez drôles, il se trouve que l’un d’eux est une femme, que le gros costaud est celui qui doit assassiner un autre alors qu’il est gentil comme un nounours… Les dessins sont très diversifiés, même un peu trop, il en ressort un côté brouillon qui perd un peu le lecteur. Sachez que la belle couverture aux oiseaux multicolores est un leurre : chaque volatile raconte son propre conte et la cacophonie qui en résulte est une séance de torture pour ceux qui l’entendent ! Un bon moment de lecture sur l’art du conteur.

De Fabien Vehlmann, j’avais lu – il y a bien longtemps – l'effrayant Jolies ténèbres.

Les cinq conteurs de bagdad de Fabien Vehlmann, Frantz Duchazeau -  BDfugue.com

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26 mai 2021 3 26 /05 /mai /2021 17:25

Aller aux fraises - Éric Plamondon - Babelio

Dans ce recueil de trois nouvelles, l’écrivain québécois explore la fin de l’adolescence et ce passage délicat à l’âge adulte.

« Aller aux fraises » : un ado et ses potes, avant de démarrer les études supérieures, font encore quelques conneries, le narrateur abîme notamment la voiture de son père. Ce dernier, plutôt que d’entrer dans une colère noire, lui réplique qu’il est sans doute aller aux fraises.

Dans « Cendres », trois copains de toujours réunis par leurs deux passions : la bière et le billard. Mais l’un d’eux meurt prématurément et les deux autres, un soir de neige, tentent d’aller respecter la promesse de disperser les cendres au cimetière de Sainte-Irénée. Mais ils sont ivres, mêmes plus qu’ivres !

Dans la dernière nouvelle, « Thetford Mines », on retrouve le narrateur du premier texte quelques années plus tôt alors que sa mère et son nouveau « chum » se sont installés dans cette région réputée pour ses mines d’amiante. Il les rejoint tous les week-ends en train avant d’avoir sa propre voiture et de faire, un soir de neige, une découverte enchanteresse qui lui confirme qu’il a bien 18 ans et que tout est possible…

 

C’est vraiment très court, même pas 100 pages au total mais c’est le seul reproche que j’aurais à faire à ce livre que j’ai dévoré et adoré. C’est la première fois que je découvre l’écriture d’Éric Plamondon et mon adhésion fut immédiate et totale. Entre langage familier, expressions bien de chez lui et poésie, c’est un vrai plaisir de lecture ! Même si le sujet n’est pas tout frais, ce passage à l’âge adulte, quand on a l’impression d’être invincible, est joliment traité. Entre humour et émotion, ces quelques photographies (et leur arrière-plan enneigé !)  de ce moment-clé vont certainement marquer durablement le lecteur. Ou quand même croquer le réel avec justesse et finesse. Hâte de lire autre chose de l’auteur, quel titre en priorité ?

« C’était la fin de quelque chose. Je me dirigeais tout droit vers les responsabilités, les histoires d’amour compliquée, les haines partagées, les collègues insignifiants, le mariage, le divorce, avoir un enfant, voir ses parents vieillir, changer d’idée, douter, chercher des réponses, sombrer, se relever, tenter, recommencer et, souvent, me souvenir de la fois où mon père m’avait dit : « On dirait que t’es allé aux fraises. »

Après l’émotion, place à l’humour :

« - Niaise pas là-d’sus, Finger. Veux-tu une autre gorgée de vin.

   -Envoye donc, j’commence à être tanné de rôter juste d’la bière. »

 

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23 mai 2021 7 23 /05 /mai /2021 09:28

Les roses fauves : que dit le web du roman de Carole Martinez ?

 

Lola Cam travaille au bureau de poste de Trébuailles, en Bretagne, et elle adore jardiner. Elle vit seule, garde des photos de ses fleurs et ses plantes dans son portefeuille et elle est heureuse. Seule et heureuse. Mais un jour, elle se pose cette question : à se croire toujours heureuse, n’est-elle pas passée à côté du bonheur ? La narratrice est une écrivaine qui, parce qu’elle est tombée sur une carte postale qui l’a inspirée, est allée vivre trois mois dans un petit village breton, tiens, à Trébuailles justement. Elle y rencontre Lola, la même femme boiteuse de la carte postale. Une amitié aussi inattendue que rapide lie les deux femmes et s’associe à la lecture des petits secrets des aïeules de Lola. Ces confessions ont trouvé refuge dans des cœurs en tissu soigneusement cousus et transmis de mère en fille, dissimulés dans une armoire de noces. La personne de Lola, sa vie et son entourage pourraient bien constituer la matière première de l’écrivaine …

Il est original d’intervenir dans le récit en tant qu’autrice et de rencontrer ses personnages. La frontière entre réalité et fiction est ainsi constamment malmenée. Ses contours si flous nous font croire que Carole Martinez a écrit ce qu’elle a vécu dans ce petit village breton, souvent entourée des paroles des petites vieilles qui tiennent leur quartier général au bureau de poste. Il est beaucoup question d’amour et de transmission mais aussi de renaissance. Lola revit, s’ouvre, s’épanouit comme les fleurs qu’elle chérit tant. J’ai beaucoup aimé m’installer dans ce roman, il est parfumé, sensuel et confortable. Je me suis parfois un peu perdue dans les entrelacs des histoires de femmes, j’aurais souhaité davantage de simplicité et je n’ai pas toujours adhéré au romanesque si concentré, omniprésent – je n’ai pas cru à l’histoire d’amour, par exemple. Mais j’ai adoré les va-et-vient entre réalité et fiction, les réflexions sur l’écriture et sur la création d’un roman. C’est un livre qu’on emporte un peu avec soi une fois terminé et cet argument vaut son pesant d’or. Et puis, quelle belle écriture ! De la dentelle !

J’avais lu Le cœur cousu comme tout le monde à l’époque… c’était il y a douze ans déjà !

Merci à Tiphanie pour ce prêt !

« Je cherche déjà à la transformer en héroïne, je commence à la bricoler. J’aimerais savoir ce qui l’anime, comment elle emplit sa vie, ce qu’elle ait de toute cette solitude. Mais je me contente de l’interroger sur son armoire de noces. »

« Les roses fauves poussent de nouveau quelque part, leur parfum de chair tiède me monte à la tête. »

« Je vis entre deux mondes et il m’arrive de ne plus distinguer l’un de l’autre. »

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20 mai 2021 4 20 /05 /mai /2021 17:28

Ce genre de petites choses, de Claire Keegan - Convergences révolutionnaires

 

Bill Furlong est un marchand de bois et de charbon. Nous sommes en 1985 dans un petit coin d’Irlande bien campé sur ses traditions catholiques. Furlong est né d’une mère célibataire pauvre mais la patronne de sa mère, Mrs Wilson, ne l’a jamais maltraité et lui a permis de grandir heureux et équilibré. Aujourd’hui, débordé par ses activités de gérant, il est père de cinq filles. A quelques jours de Noël, il découvre par hasard que le couvent tout à côté de chez lui exploite les filles qui travaillent à la blanchisserie. Lorsqu’il découvre une pauvre adolescente enfermée dans un hangar, une pauvre fille à qui on a pris le bébé, il s’interroge et, même si son entourage lui conseille de fermer les yeux parce que les sœurs ont un certain pouvoir dans la région, il n’écoute que son cœur et son instinct.

Ce petit récit d’une centaine de pages pourrait être un conte de Noël. Parfaitement construit, il se lit avec plaisir et illustre à merveille le psaume biblique « Rendez justice au faible et à l’orphelin » - Furlong s’est souvenu de l’éducation et de la bienveillance de Mrs Wilson. C’est un beau petit roman qui, malgré sa brièveté (c’est vraiment trop court quand on aime !), fait mouche. Sans grandiloquence ni mièvrerie, il fait le portrait d’un homme bon.

J’avais déjà aimé Les trois lumières de la même autrice.

« Il était facile de comprendre pourquoi les femmes craignaient les hommes avec leur force physique, leur concupiscence et leurs pouvoirs dans la société, mais les femmes, avec leurs fines intuitions, étaient beaucoup plus profondes : elles pouvaient prédire ce qui allait arriver longtemps à l’avance, en rêver au cours de la nuit, et lire dans vos pensées. »

 

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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 09:12

Un Été sans maman, bd chez Delcourt de Panaccione

Après le formidable Océan d’amour, je ne pouvais pas résister à lire un autre album du même auteur. 

Lucie, une fillette toute mignonnette, part en vacances, sans sa mère, chez un couple d’amis. Elle va vivre dans une maison sur la plage, en face de l’île Gallinara. Un peu mal à l’aise, seule et en manque d’occupation, elle découvre une pâquerette qui pousse sous un lavabo puis un petit bonhomme caché dans un mur de la maison… puis des poissons avec des chaussures ! Lucie se lie d’amitié avec un garçon de la plage, ensemble ils vivent des aventures assez incroyables : ramener le petit Roberto sur son île, apprivoiser les poissons qui sont capables de devenir géants, se suspendre très haut au cerf-volant.

C’est un album sans paroles, presque complètement muet. Comme vous pouvez vous l’imaginer, l’apparition du fantastique dans le récit surprend. Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris mais il est question d’un petit garçon mort par noyade, de pouvoirs qui permettent de se replonger dans le passé mais aussi de pénétrer le futur puisqu’on voit parfois Lucie et son copain adultes et même vieillards. Cette partie onirique m’a laissée perplexe mais j’ai aimé les dessins, le décor, l’été (toujours … vous me plantez sur une plage en pleine canicule et je suis heureuse), les personnages avec une mention particulière au gros balourd de type, maladroit mais tellement attendrissant. La petite fille qui change le quotidien de ce couple sans enfants est aussi une belle réussite. On retrouve donc l’humanité et la tendresse d’Un Océan d’amour.

Un été sans maman de Gregory Panaccione - BDfugue.com

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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 21:55

Les enfants sont rois - Delphine de Vigan - Gallimard - Grand format -  Librairie Gallimard PARIS

       Sous prétexte de ne pas être particulièrement attirée par cette thématique des réseaux sociaux, j’ai failli ne pas vouloir lire ce roman ; ça aurait été une grave erreur !

        Sammy et Kimmy sont des stars. Respectivement âgés de 8 et 6 ans, ils ont une chaîne YouTube créée par leur mère Mélanie. A longueur de journée, ils déballent des jouets (c'est l'unboxing, "mes chéris") commentent ce qu’ils mangent, relèvent des défis plus absurdes les uns que les autres, expriment toute leur joie au quotidien. Ce monde merveilleux (en apparence) s’effondre le jour où Kimmy disparaît. Un soir où les enfants jouaient, très exceptionnellement, avec les enfants du quartier, on ne retrouve plus la petite fille dans la résidence pourtant sécurisée. Les parents sont désespérés et Clara, la procédurière, enquête. Un lien avec les vidéos, cette activité devenue l’unique source de revenus de la famille, est immédiatement établi. Ennemis potentiels, concurrents de première ligne ou encore farouches opposants (comme le Chevalier du net) vont être interrogés. Clara, petite bonne femme solitaire, va entrer dans ce monde à part qui génère tellement d’enthousiasme et d’argent.

        Aussi incroyable que cela puisse paraître, Delphine de Vigan parvient à se renouveler à chaque parution de livre. Ici, on est la croisée de plusieurs genres : la chronique sociologique, le récit policier, le roman d’anticipation – le tout enrobé dans une analyse psychologique fine et de la société actuelle et des personnages. Le suspense et la tension qui règnent de bout en bout font qu’on ne lâche pas cet excellent roman ! Edifiant et intéressant, le livre creuse un phénomène de société grandissant et effrayant. La dernière partie est aussi surprenante que réussie. J’ai vu dans ce texte un curieux mélange entre un bon Benacquista et un roman de Karine Tuil, sans oublier la plume inégalable  et la justesse de ton de Delphine de Vigan, bien sûr ! Un régal et un coup de cœur pour moi.

Des points communs de ces vidéos : « La gaieté du ton, la multiplication des jeux stupides et parfois avilissants, l’adhésion sans réserve et sans discernement à la consommation ou à l’acte d’achat, la malbouffe accueillie avec extase, les mêmes phrases répétées jusqu’à la nausée. »

Mélanie défend sa chaîne, Happy Récré : « La plupart des gens nous aiment. Ils nous le disent, nous l’écrivent, ils font des centaines de kilomètres pour nous voir… C’est fou, tout cet amour qu’on reçoit. Vous ne pouvez pas imaginer. » 

Merci Michaël ! 

 

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10 mai 2021 1 10 /05 /mai /2021 10:51

Le château des Carpathes de Jules Verne - Editions Flammarion

J’ai toujours freiné des quatre fers pour lire cet auteur mais je ne regrette absolument pas cette lecture-là !

        Le petit village de Werst est perdu quelque part en Transylvanie. Les habitants y vivent heureux même si l’image, au loin, du château des Carpathes – immense édifice abandonné - les fascine autant que les effraie. Un jour, le berger Frik voit au loin, grâce à une longue-vue achetée à un marchand ambulant, de la fumée sortir du château. Les conversations vont bon train à l’auberge du Roi Mathias et aboutissent à la décision d’un homme courageux : le garde-forestier Nic Beck décide d’aller voir qui vit au château. Il emmène le récalcitrant Dr Patak. Mais peu avant de partir, une voix surgie de nulle part, promet qu’il arrivera malheur à Nic. Après des heures de marche, les deux hommes arrivent épuisés au pied du château. D’étranges phénomènes : sons de cloche, rugissements, vive clarté effraient les hommes mais Nic décide d’escalader la chaîne du pont-levis ; ses mains la lâchent brusquement de manière inexplicable. Les deux hommes retournent au village où la panique règne : le château est hanté, c’est le Chort - le diable - qui y vit ! On ne fréquente plus l’auberge du Roi Mathias où la mystérieuse voix s’est fait entendre. Jusqu’au jour où le comte de Télek arrive au village et se moque de ces superstitions. Il pénètre dans le château car il pense y retrouver un rival d’autrefois, Rodolphe de Gortz, celui qui a aussi aimé la belle cantatrice, la Stilla, morte sur scène cinq ans plus tôt.

        C’est une histoire assez prenante qui nous emmène dans cette contrée onirique entre Hongrie et Roumanie. Le roman a pour mérite de croiser les genres : le récit d’aventures tend vers le fantastique sans l’être vraiment, on le comprendra à la fin ; certains passages comiques s’immiscent parfaitement dans ce roman gothique et finalement, la science-fiction, si chère à Jules Verne, fait son apparition dans les dernières pages. Je le répète parce que ça me surprend moi-même, j’ai vraiment beaucoup aimé ce roman !

Au village de Werst, même le maître d’école croit au surnaturel et enseigne aux enfants « que les loups-garous courent la campagne, que les vampires, appelés stryges, parce qu’ils poussent des cris de strygies, s’abreuvent de sang humain, que les « staffii » errent à travers les ruines et deviennent malfaisants, si on oublie de leur porter chaque soir le boire et le manger. Il y a des fées, des « babes », qu’il faut se garder de rencontrer le mardi ou le vendredi, les deux plus mauvais jours de la semaine. »

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