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9 septembre 2023 6 09 /09 /septembre /2023 11:11

Hypericon

                 Teresa, une brillante étudiante en archéologie, se rend à Berlin pour accompagner l’installation de l’exposition du trésor de Toutankhamon. Elle y rencontre Ruben qui est son parfait opposé tant il est épicurien, désinvolte là où elle est hésitante et anxieuse. En parallèle, quelque part en Egypte, en 1922, un archéologue nommé Howard Carter, malgré le maigre budget restant, s’obstine à fouiller une parcelle restée inexplorée... et y trouvera la fameuse tombe du pharaon Toutankhamon. Son journal de bord devient le livre de chevet de Teresa et son occupation lors de ses nombreuses nuits d’insomnie.

En croisant deux époques tellement éloignées, l’autrice y trouve des points communs et insiste aussi sur la brièveté de la vie et la fugitivité de l’instant présent. L’hypericon, c’est le nom latin du millepertuis, cette plante qu’utilise Teresa et qu’on retrouve aussi dans le tombeau du pharaon. J’ai apprécié ce roman graphique, d’une part il y a cette découverte extraordinaire en Egypte (c’est ce que j’ai préféré) et d’autre part ce couple en devenir, leurs parties de jambe en l’air, leurs jeux du chat et la souris, la découverte de cette formidable ville de Berlin (décrite avec justesse) à une époque où l’attentat du 11 septembre va bouleverser la population. Les dessins, simples mais élégants (la couleur or domine dans les planches réservées à Toutankhamon) m’ont plu et les deux histoires ne se contentent pas de suivre une trame linéaire mais, par des ellipses et des tâtonnements, apportent un peu de magie et de poésie à cette grande Histoire toujours en train de s’écrire.

La fameuse découverte de Carter : « Puis, au fur et à mesure que mes yeux s’habituent à l'obscurité, je vois une chambre. A l'intérieur, quelque chose scintille à la lueur de la bougie. Des statues aux formes étranges. De l'or partout. Des merveilles. »

Berlin : « cette ville dans laquelle je viens de débarquer est un méli-mélo inextricable, un labyrinthe sans murs mais parsemé d’indices dispersés qui permettent de passer d’un endroit à un autre, à chaque fois différente, et absolument unique, délirant, inclassable. »

Hypericon, bd chez Dargaud de Fior

Hypericon - (Manuele Fior) - Comédie [CANAL-BD]

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13 novembre 2022 7 13 /11 /novembre /2022 10:47

Un poulpe à la gorge de Zerocalcare - BDfugue.com

L’auteur-narrateur se remémore sa jeunesse et notamment ses années collège. Un jour particulièrement a été marqué au fer rouge : suite à un « T’es pas cap », trois copains, Zero le narrateur, Secco et Sarah bravent l’interdit et se rendent dans le petit bois à côté du collège. Là-bas, ils découvrent une tête de mort. A leur retour, pris sur le fait, Zero dénonce Sarah en l’accusant d’être à l’origine de la bêtise. Ce mensonge qu’il ne révélera jamais et vaudra une punition corsée à Sarah sera son poulpe qui lui sert le cou, sa culpabilité qu’il va porter des années durant. Les ados grandissent, les bêtises changent : les copains vont voler des revues porno dans une maison abandonnée ou bien plus tard, faire le bazar lors de l’enterrement de la prof honnie.

J’ai emprunté cette grosse BD roborative à la bibliothèque complètement au hasard. Perplexe devant la couverture et les premières planches, j’ai pourtant été très agréablement surprise. L’intrigue est prenante, les personnages attachants et il y a beaucoup de tendresse et d’empathie dans la narration de ces souvenirs. L’épisode des Chevaliers du Zoodiaque qu’il faut absolument avoir vu à la télé sous peine de disgrâce éternelle dans la cour de récré, les « T’es pas cap », la game boy confisquée, les moqueries entre élèves, leur mauvaise foi pour ne pas perdre la face… qui n’a pas vécu ces petits et grands drames ? Entre humour et gravité, l’auteur revient sur ces moments de vie pas si anodins que cela et qui construisent l’adulte à venir. J’ai beaucoup aimé cette découverte tendre et amusante et je n’en resterai pas là.  Zerocalcare est un jeune bédéiste italien qui connaît un énorme succès dans son pays.

                                                                                                                             

La prof qui passait son temps à confisquer les affaires des élèves sans jamais les rendre est morte. Secco essaie de convaincre son pote de l’accompagner à l’enterrement :

« -  Il y aura des gens qu’on n’a pas vus depuis dix ans. Si ça tombe on peut pécho.

  -  (…) Je ne rentre pas dans l’église, moi. On va tellement se faire chier. Plutôt m’arracher les yeux avec une cuillère à thé. »

Un Poulpe à la Gorge - (Zerocalcare) - Comédie [LIBRAIRIE M'ENFIN, une  librairie du réseau Canal BD]

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