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26 février 2016 5 26 /02 /février /2016 10:02

 

 

          Découvert en livre audio, ce thriller psychologique retrace aussi la vie d’une femme blessée, ou plutôt celle de deux femmes meurtries par l’existence.

          Nous sommes en Argentine, en 1987. Vittorio Puig est un psychanalyste qui retrouve, un soir en rentrant chez lui, sa femme Lisandra défenestrée. C’est la thèse du meurtre qui est privilégiée par la police et c’est le mari qui est immédiatement accusé. Eva-Maria, une patiente de longue date, se prend de passion pour cette affaire et va enquêter de son côté parce qu’elle croit en l’innocence de son médecin. Elle se rend à l’enterrement de Lisandra, elle écoute les cassettes où Vittorio avait enregistré les séances avec ses patients, elle va interroger les gens qui côtoyaient Lisandra… Le lecteur va de révélations en révélations, de doutes en surprises : Lisandra a-t-elle eu des amants ? Et Vittorio aurait-il été infidèle lui aussi ? Parallèlement, on apprend à connaître une Eva-Maria fragilisée par la disparition de sa fille liée à la dictature argentine, une femme qui vit avec son fils mais qui ne lui prête plus aucune attention, une femme qui décidément s’intéresse vraiment beaucoup (trop ?) à cette histoire de meurtre…

        J’ai trouvé ce roman d’une grande violence, elle est parfois implicite mais toujours insidieuse et perfide. Les séances enregistrées nous permettent d’entendre (magie du livre audio !) quelques patients complètement torturés du Dr Puig. Le témoignage d’Alicia m’a particulièrement bousculée car c’est celui d’une femme mûre aigrie par la vie, par son âge, par ses déceptions. Les parcours de femmes sont de toute manière tous bouleversants et dérangeants dans ce livre. Sur un air de tango, les personnages sont malmenés, manipulés et pourtant, c’est le lecteur qui se fait avoir avec une surprise finale de taille mais qui reste dans cette même lignée du sordide et de l’abject. Voilà un savant mélange d’amour, de jalousie, de psychanalyse, de vengeance ! Le suspens, déjà apprécié dans Le confident, est de la partie également.

        Le fait d’avoir choisi plusieurs lecteurs (chose que je réclame silencieusement avant d’entamer n’importe quel livre audio !) renforce la cruauté et la puissance de cette œuvre. Je cite les lecteurs en les applaudissant : Elsa Lepoivre, Danièle Lebrun, Jennifer Decker, Thierry Hancisse, Michel Favory et Thierry Frémont. Une belle réussite de livre audio qui n’a fait qu’accentuer les qualités évidentes de ce roman.

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23 février 2016 2 23 /02 /février /2016 11:08

 

 

             Chose promise, chose due. Je savais qu’après la lecture du très bon La Petite cloche au son grêle, je lirai encore cet auteur.

             Nous sommes dans les années 60, Tom est un garçon de dix ans, légèrement autiste. Pour le résumer rapidement, il n’arrive à exprimer aucune émotion et il a une mémoire extraordinaire ; deux particularités qui font de lui un être à part, rejeté des autres, seul dans la cour de récréation. Conscient de sa différence, il voit un jour sa vie changer grâce à la lecture d’un comic book. Il comprend alors qu’il a des superpouvoirs et que sa mission, ici-bas, est d’aider les autres. Ça commence par un chien maltraité, ça continue avec ses parents sur le point de divorcer. Oui, mais tout ne se passe pas exactement comme le rêve Tom qui va aller de désillusions en désillusions.

            Ce roman sur la différence pourrait presque être un roman pour la jeunesse. Roman d’apprentissage, il nous projette dans un monde finalement pas si différent du nôtre où la naïveté et la bonté d’un petit garçon peuvent faire des merveilles. Je n’ai pas tout aimé dans ce livre, j’y ai trouvé des incohérences et des invraisemblances mais j’ai envie de dire que la jolie fin rattrape le reste. Sans être un de ces romans feel good, il donne néanmoins le sourire, se lit très facilement. Certains passages sont touchants, celui où la mère de Tom crie sa joie parce que son fils a des notes qui baissent (il tendrait donc à devenir « normal »), celui où Tom essaie de tout faire pour rabibocher des parents au bord de la rupture.

           N’oubliez pas de lire La Petite cloche au son grêle, petit bijou !

 

« N’est-il pas comme tous ces super-héros un être jeté dans un monde qui ne semble pas être fait pour lui ? Pourquoi ne serait-il pas comme eux, dont les superpouvoirs constituent aussi le revers d’un handicap secret ? Dont les actions masquent souvent une profonde solitude ? Mais pour quels exploits ? Pour quelles missions ? Pour quels superpouvoirs ? Thomas ne le sait pas encore. »

« Une soudaine révélation : oui, son acceptation par les autres, sa participation au monde passe par une certaine normalité. Au moment où la craie se brise, il comprend enfin que le fait d’être différent n’est pas apprécié par ses camarades de classe. Sa différence l’éloigne d’eux. »

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20 février 2016 6 20 /02 /février /2016 12:23

 

 

           Il fallait que j’attende 2016 pour découvrir enfin cet auteur, bon sang !

           C’est l’histoire d’une petite famille heureuse, un père, une mère, un petit garçon Joachim, qui vit au sommet d’une colline dans une maison isolée en pleine campagne. Tout n’est que jeu, baignade, jardinage, lecture et rigolades. Jusqu’à un soir où Joachim vient se plaindre auprès de ses parents parce qu’il a « peur des ombres ». Son père se moque de lui, il n’y a donc rien d’inquiétant… avant de découvrir par lui-même trois ombres au loin, trois cavaliers sombres. Leur présence est étrange et inconfortable. Et ils vont revenir, jour après jour, s’immiscer dans la vie de cette famille épanouie. La mère, Lise, va consulter une rebouteuse-guérisseuse en ville qui lui dit que les ombres veulent s’emparer de Joachim, le père préfère l’ignorance au savoir, il se voile la face et emmène son fils loin, très loin, là où les ombres ne pourront l’atteindre.

          Métaphore de la mort, ces ombres personnifient aussi le destin, l’inévitable destin qu’on ne peut fuir et qu’il faut savoir accepter. Difficile thème que celui de la mort d’un enfant ! Une mère qui a compris bien avant son mari, un père éperdu d’amour pour son fils mais aussi empli de colère… et le tout parfaitement mis en image par le trait torturé de l’auteur, les méandres inextricables d’un noir et blanc terrifiant… Et avec une histoire pareille, Pedrosa aboutit à une fin positive, mais quel exploit ! Que d’émotions qui prennent aux tripes !  Quelle leçon d’espoir ! Je ressors de cette lecture complètement retournée et amplement convaincue de la nécessité de lire encore cet auteur de talent !

 

« La peur et la colère ne protègeront pas Joachim »

« Tenir debout. Rester du côté des vivants. »

 

« 20/20 »

 

 

 

           Je me reprends, mais si mais si, j'ai déjà lu Pedrosa, pour Autobio ! Mais ça n'a tellement rien à voir que je n'ai pas fait le rapprochement!

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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 15:35

 

 

 

              Très médiatisé, ce roman a obtenu le prix du roman Fnac en septembre 2015 et le prix Interallié en novembre 2015.

               Roland Barthes sort d’un déjeuner avec François Mitterrand, nous sommes le 25 février 1980, à Paris, à quelques semaines des élections présidentielles où Giscard d’Estaing est donné favori. Roland Barthes se fait écraser par une camionnette, il se retrouve à l’hôpital, terrifié ; il semblerait qu’on lui aurait volé quelque chose. La piste de l’assassinat est ainsi privilégiée et c’est le commissaire Bayard qui est chargé de l’enquête. Oui mais Roland Barthes est un sémiologue et le flic ne comprend à peu près rien à cette science obscure. Il a donc besoin d’un assistant, d’un traducteur qu’il trouve en la personne de Simon Herzog, sémiologue lui aussi.

             Rapidement, les enquêteurs vont se rendre compte que le secret d’une septième fonction du langage de Jakobson existe bel et bien, traîne dans la nature et que les assassins de Barthes tentent de mettre la main dessus à n’importe quel prix. Pourquoi ? Parce que cette septième fonction détiendrait tous les pouvoirs, celui de convaincre n’importe quel auditoire, celui de se mettre le monde entier dans sa poche ! Alors que Barthes meurt brutalement et mystérieusement un mois après son accident, le lecteur croise les plus grands linguistes et sémiologues des années 80 et chacun en prend pour son grade : Foucault se fait sucer dans un sauna gay, Umberto Eco se fait pisser dessus, Philippe Sollers se fait purement et simplement couper les couilles ! Les politiciens ne sont pas en reste, les deux ennemis, Giscard « ce gros bourgeois fasciste », et Mitterrand se retrouvent face à face lors du célèbre débat télévisé de mai 1981.

           Laurent Binet propose une version bien personnelle de l’Histoire. Irrévérencieux, il fait la satire d’un milieu d’intellectuels aux prises avec leurs travers, leurs mesquineries, leurs défauts. C’est souvent délicieux. J’ai beaucoup apprécié les joutes verbales du Logos Club, les mises en abyme sont tout aussi délectables, j’ai souvent souri et même ri, j’ai trouvé le binôme Bayard/Herzog très réussi, j’ai adoré me plonger au début des années 80, on ne peut qu’admirer l’érudition et le travail de recherche de l’auteur mais je l’ai trouvé un peu pédant parfois, cet auteur, en pleine démonstration de toutes ses compétences intellectuelles (car des longueurs, il y en a !) et quand j’entends, deci delà que tout le monde peut lire ce livre, je me marre doucement…

 

« Tout laisse supposer, en effet, que la sémiologie est en réalité l’une des inventions capitales de l’histoire de l’humanité et l’un des plus puissants outils jamais forgés par l’homme, mais c’est comme le feu ou l’atome : au début, on ne sait pas toujours à quoi ça ser, ni comment s’en servir. »

« la langue ne dit pas  tout. Le corps parle, les objets parlent, l’Histoire parle, les destins individuels ou  collectifs parlent, la vie et la mort nous parlent sans arrêt de mille façons diffé-  rentes. L’homme est une machine à interpréter et, pour peu qu’il ait un peu d’ima-  gination, il voit des signes partout : dans la couleur du manteau de sa femme, dans  la rayure sur la portière de sa voiture, dans les habitudes alimentaires de ses voi-  sins de palier, dans les chiffres mensuels du chômage en France, dans le goût de banane du beaujolais nouveau (c’est toujours soit banane, soit, plus rarement,  framboise. Pourquoi ? Personne ne le sait mais il y a forcément une explication et  elle est sémiologique), dans la démarche fière et cambrée de la femme noire qui arpente les couloirs du métro devant lui, dans l’habitude qu’a son collègue de bureau de ne pas boutonner les deux derniers boutons de sa chemise, dans le rituel  de ce footballeur pour célébrer un but, dans la façon de crier de sa partenaire pour  signaler un orgasme, dans le design de ces meubles scandinaves, dans le logo du  sponsor principal de ce tournoi de tennis, dans la musique du générique de ce  film, dans l’architecture, dans la peinture, dans la cuisine, dans la mode, dans la  pub, dans la décoration d’intérieur, dans la représentation occidentale de la femme  et de l’homme, de l’amour et de la mort, du ciel et de la terre, etc. Avec Barthes, les  signes n’ont plus besoin d’être des signaux : ils sont devenus des indices. Mutation décisive. Ils sont partout. Désormais, la sémiologie est prête à conquérir le  vaste monde. »

« la vérité, Kristeva la connaît, c’est que Sollers a peur de ne pas finir ans la Pléiade. »

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14 février 2016 7 14 /02 /février /2016 10:38

 

 

          L’histoire se passe en Mongolie. Yeruldelgger est un flic meurtri parce qu’il a perdu sa petite fille faute d’avoir su abandonner une enquête. Et dans cette nouvelle affaire, il s’agit encore d’une petite fille qu’on a trouvée morte enterrée avec son tricycle. Mais ce n’est pas tout, trois cadavres de Chinois sont découverts peu à après ainsi que ceux de deux prostituées pendues. Les affaires se mêlent et s’en mêlent, les policiers s’entraident et s’affrontent. Un gamin courageux, Gantulga, va apporter son secours et ses conseils avisés aux flics.

          Je vais être franche (comme toujours d’ailleurs !) : je n’ai pas aimé la première moitié du roman, j’ai même été très étonnée de tout l’engouement qu’a suscité ce polar récompensé plusieurs fois… mais qu’est-ce que c’est noir, sordide et violent ! Puis, je l’admets, je me suis attachée aux personnages, au pays mongol et à ses coutumes, on boit du thé salé (j’aimerais en goûter!), on mange des ravioles de mouton gras et on n’entre pas dans une yourte comme dans un moulin ! D’ailleurs le rustre de Yeruldelgger nous fait la leçon. Le Gavroche mongol alias Gantulga m’a vraiment beaucoup plu ainsi que la légiste avec qui Yeruldelgger tente d’avoir une relation amoureuse à peu près normale dans cette sauvagerie asiatique.

         Alors voilà, je ne sais pas si je vais continuer les aventures de ce flic mongol. L’auteur nous promet au moins trois tomes. Peut-être écouterai-je la suite, surtout si elle est racontée par l’excellent Martin Spinhayer, peut-être pas : les carnages, le sang qui gicle, les éviscérations et les émasculations, c’est pas trop mon truc. A noter que le livre audio se clôt sur un très intéressent entretien avec Ian Manook (dont le nom véritable est Patrick Manoukian) qui évoque son travail d’écriture mais aussi son amour des voyages.

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11 février 2016 4 11 /02 /février /2016 11:34

 

             Cerise a maintenant douze ans. Un âge important que sa mère tient à fêter dignement. Pour cela, elle emmène sa fille une semaine dans un chalet breton, au bord de l’océan. La surprise ne s’arrête pas là, elles iront également, toutes les deux, faire un jeu de piste un peu particulier. C’est dans un imposant manoir qu’il s’agit de résoudre une énigme tout au long d’un parcours semé d’indices. Le petit séjour se passe comme dans un rêve, alors que les mouettes tournoient autour du beau manoir, mère et fille découvrent l’énigme qui leur est destinée « Quand Monsieur Loyal s’envolera-t-il jusqu’à Vénus ? »

           Alors que Cerise rencontre Marvin, le fils de la propriétaire du manoir, sa mère lui prépare une surprise en conviant ses deux meilleures amies, Line et Erica. Les trois filles vont s’associer pour tenter de résoudre l’énigme. Elles découvrent un tableau s’intitulant « La Belle Vénus » d’une femme à qui il manque la tête, elles vont tomber sur le costume de Monsieur Loyal, Cerise va interroger un libraire qui va lui raconter une étrange histoire autour d’une Anna et d’une Eva… Et les apparences sont bien trompeuses, Cerise va le découvrir à ses dépens.

          Cerise a grandi, les sujets traités dans la série ont évolué avec elle. Elle pense souvent à son père disparu, elle se confronte souvent à une mère qui reste son seul parent. Ma fille a très justement remarqué que le visage de Cerise a changé depuis le premier tome. Ce dernier opus est très émouvant, j’ai l’impression qu’il était plus mûr et plus adulte que les précédents et pourtant, mes enfants l’ont aimé aussi. A l’unanimité, c’est notre préféré avec le premier tome. On a même droit à un petit rappel avec ce cher peintre Michel qui vient faire un coucou à Cerise. Le voyage en Bretagne en valait bien la peine, Cerise revient plus lucide et plus ouverte pour affronter une adolescence qui nous promet encore de belles surprises !

 

« 20/20 »

 

 

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8 février 2016 1 08 /02 /février /2016 09:50

 

 

             Cyrano de Bergerac est une de mes pièces préférées, chaque fois que je la relis, je m’émerveille.

             Faut-il résumer la pièce ? Dire que Cyrano est le plus grand des bretteurs, le plus grand des poètes, le plus grand des amoureux… mais qu’il est aussi affublé du plus grand des nez ? Si le physique de Christian séduit d’abord la belle Roxane, son cœur va doucettement pencher pour l’esprit, les mots, l’âme de Cyrano à travers le corps de Christian. Ce que j’adore dans cette pièce, c’est qu’elle mêle différents registres ici parfaitement retranscrits par la troupe : le comique, le pathétique, le tragique.

               Le Grenier de Babouchka propose une version musicale, virevoltante et rythmée de la pièce de Rostand. Musicale car accompagnée d’un violoniste de talent, Petr Ruzicka qui se veut un double, une ombre de Cyrano ; dansante car les Cadets proposent un numéro drôle et énergique qui prouve leur cohésion. Mention spéciale aux hommes de la troupe et extra-spéciale à Stéphane Dauch qui est un Cyrano splendide. Il entre en scène, il est le plus petit, pas très épais non plus (on est loin du physique imposant de Depardieu) et pourtant, panache et sublime l’emportent très vite sur le reste, il court, il chante, il parle avec un naturel déconcertant, il émeut, il vole, il danse !  Voilà un prix du Off du Festival d'Avignon 2014 de la révélation masculine bien bien mérité ! Les costumes sont d’époque alors que le décor est minimaliste, un banc, un balcon, une petite table. Les deux heures de spectacle filent. Car il s’agit bien d’un spectacle complet, on en prend plein les yeux, plein les oreilles, on rit et on frémit d’émotion. Merci pour ce beau moment !

           La Compagnie du Grenier de Babouchka jouera Cyrano en février, en avril et en automne au théâtre du Ranelagh à Paris et propose quelques dates en province (Orvault, Chasseneuil-du-Poitou, Lucé, Roanne)

 

« Roxane n'aura pas de désillusions!

Dis, veux-tu qu'à nous deux nous la séduisions?

Veux-tu sentir passer, de mon pourpoint de buffle

Dans ton pourpoint brodé, l'âme que je t'insuffle! »

 

« Puisque tu crains, tout seul, de refroidir son coeur,

Veux-tu que nous fassions--et bientôt tu l'embrases!--

Collaborer un peu tes lèvres et mes phrases?. . . »

 

« C'est une expérience à tenter un poète.

Veux-tu me compléter et que je te complète?

Tu marcheras, j'irai dans l'ombre à ton côté:

Je serai ton esprit, tu seras ma beauté. »

 

 

 

 

 

 

Et je participe au challenge théâtral d’Eimelle !

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5 février 2016 5 05 /02 /février /2016 21:51

 

 

 

             La narratrice est née de parents comiques ; durant son enfance, elle a sillonné la France tantôt dans une valise pour les besoins d’un numéro, tantôt à distribuer des tracts. C’est peut-être de là que naît son excentricité qu’elle nommerait plutôt imperfection. Car elle se compare souvent à sa voisine, Julie, qu’elle trouve parfaite à tous points de vue : mère idéale, femme d’affaires hors pair, elle est toujours très bien maquillée, très bien coiffée, très bien habillée. La femme parfaite quoi. Jusqu’au jour où Julie pète une pile et se retrouve à l’hôpital. Notre narratrice imparfaite, photographe, s’attache à travailler sur un projet : celui de présenter quelques clichés de femmes parfaites. Des rencontres vont en amener d’autres et, au final, ces femmes qui semblaient toutes parfaites au départ, révèlent bien des failles.


           J’ai trouvé le début de ce roman extrêmement frais et stimulant, c’est presque une invitation à aller danser et chanter. Ensuite, je me suis un peu lassée. Les portraits de femmes sont originaux et sympathiques, pourtant l’effet répétitif m’a ennuyée. La quête de la narratrice (retrouver cette Georgia avec qui elle a passé une nuit) m’a paru artificielle et superflue. La morale est claire : aucune femme n’est parfaite, aucune femme ne doit chercher à l’être. Rien de bien neuf sous le soleil et pourtant, l’évolution des mœurs se fait-elle vraiment ? J’en doute de plus en plus. Un exemple tout frais : je vais au cinéma avec mes enfants, dans la même salle se trouvent une mère et sa petite fille. En sortant je me rends compte qu’elles vont attendre le père qui est allé voir un autre film (pas destiné aux enfants sans aucun doute). La femme doit donc toujours se sacrifier et passer en 2ème, en 3ème, ... en dernier. Ça je le savais déjà, et ce livre en faisant la démonstration ne me semble donc pas indispensable… sauf pour les hommes ! Rahhh me revoilà persifleuse. Ce roman se lit bien, il est drôle, déculpabilisant, féministe (vous l’aurez compris) et distille même au compte-gouttes quelques réflexions intéressantes sur le thème de la photographie.

« Nos mères ont cru faire la révolution. Mais en fait, elles nous ont précipitées, tel le joueur de flûte, au bord du précipice ! Car non seulement nous devons désormais être performantes dans tous les domaines : travail, famille et couple. Non seulement nous devons avoir toutes les qualités, mais il faut les posséder ad vitam aeternam »

« Si vous n’allez pas bien, il vaut mieux se confier à une femme comme Julie qui connaît les phrases réconfortantes, celles qui soulagent. Moi non. Au contraire, quand les gens me parlent de leurs problèmes, je suis embêtée pour eux, voilà tout, mais malheureusement je ne vois pas pourquoi j’aurai plus d’imagination qu’eux pour trouver des solutions à leur propre vie. »

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2 février 2016 2 02 /02 /février /2016 12:09

 

 

          Cette BD a pour sous-titre « Biographie dessinée », ainsi les choses sont claires dès le départ. Enfin… comment résumer la vie et l’œuvre d’un si grand homme en 54 planches ?

           L’enfance de Freud est marquée par l’amour inconditionnel et réciproque pour sa mère. Juif, né dans une famille nombreuse et aisée, il s’entête à vouloir épouser Martha. La famille de la jeune femme s’y oppose un moment avant d’accepter. Ils auront six enfants. Freud s’insurge contre l’absence de réponses face aux maladies nerveuses. Quelques cas spécifiques sont exposés, ceux traités dans le « cabinet du Docteur Freud » qui allonge ses patients sur un divan. Certains auront déjà entendu parler d’Anna O., de Dora, de l’homme à rats, du petit Hans… et du complexe d’Œdipe. L’Anschluss de 1938 a exilé Freud et Martha à Londres.

          Commençons par le positif parce qu’il faut bien en trouver. J’ai eu envie de me replonger soit dans les œuvres de Freud, soit dans une de ses biographies. Par contre, je n’ai rien appris que je ne savais déjà. Etudié au lycée et la à la fac, ce psychanalyste me semble assez connu pour éviter les évidences et les banalités. Peut-être que cet album s’adresse à des gens qui n’ont jamais entendu parler de Freud (hum…) ? Les dessins sont originaux, fantaisistes et mettent en valeur l’époque tourmentée de Freud, ses hésitations et les méandres de ses recherches. D’ailleurs certaines planches m’ont fait penser au style de Lucie Durbiano ou celui de Joann Sfar. Pour le reste… c’est à me freiner quant aux hypothétiques futures autres « biographies dessinées » que je pourrai croiser à l’avenir ! Une déception, oui ! Je n’avais qu’à aller chez Mo’ avant d’ouvrir cette BD, n’est-ce pas ?

« 13/20 »

 

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30 janvier 2016 6 30 /01 /janvier /2016 21:27

 

 

          Ce livre est le doudou de mon enfance. J’ai des souvenirs précis de ma maman me racontant cette histoire-conte de fée et qui me faisait tant rêver.

          Militaire, le jeune Moutier découvre deux garçonnets cachés à l’abri d’un vieux chêne. Ils ont été abandonnés. Moutier les prend sous son aile et se rend à l’auberge de l’Ange-Gardien où il découvre des hôtesses chaleureuses et accueillantes, Madame Blidot et sa sœur Elfy. Les femmes, seules, n’hésitent pas un instant à adopter Jacques et Paul. Les années passent, les enfants grandissent et Moutier vient régulièrement les voir ; il tombe amoureux d’Elfy. Le général Dourakine, un Russe qui était hébergé dans l’auberge voisine, tenue par les méchants Bournier, croise leur chemin et, telle une bonne fée, va jeter un coup de baguette magique sur tous ces êtres et leur rendre la vie magnifiquement belle !

          J’ai lu ce roman à mes enfants. Quelle déception ! Alors que je croyais les subjuguer, je les ai ennuyés comme jamais ! Des longueurs et des répétitions alourdissent cette histoire. Ce qui m’a personnellement le plus refroidie, c’est le caractère désuet de l’intrigue, évidemment machiste mais aussi prompte à donner des coups de fouet aux garçons désobéissants et surtout manichéenne, terriblement manichéenne ! Patriotisme exacerbé, religion comme ligne directrice… et le tout saupoudré d’une bonne dose de naïveté ! Je lui poserai la question mais je crois me souvenir que ma maman lisait un chapitre puis me le résumait l’agrémentant de commentaires personnels. Je ne sais pas si c’est pour ça ou si j’ai vraiment trop vieilli et que la magie de l’enfance n’opère plus sur moi mais je suis ressortie attristée d’avoir si peu aimé.

 

Une image dont je me souviens bien et qui m’a encore fait sourire. Moutier était accompagné de son chien Capitaine : « L’homme et l’enfant suivis de Capitaine qui portait le petit Paul sur son dos, se mirent en route. L’enfant apprit à son bienfaiteur que sa mère était morte après avoir été longtemps malade, que les meubles avaient été vendus et que leur papa, toujours triste, cherchait en vain de l’ouvrage… Un jour les gendarmes l’avaient emmené et promis aux enfants de revenir. En vain. »

 

Que d’éditions différentes !!!

               ...

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