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25 juillet 2016 1 25 /07 /juillet /2016 15:44

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          J’ai étudié cette pièce à la fac et, avouons-le, je n’avais pas accroché plus que ça à l’univers racinien. Je me suis fait la promesse, il y a peu, de la relire. C’est chose faite.

          C’est la pièce des dilemmes : Andromaque doit choisir entre la vie de son fils Astyanax et la fidélité à feu son mari, Hector. Hermione, de son côté, aime Pyrrhus qui ne le lui rend pas du tout puisqu’il est épris d’Andromaque. Quant à Oreste, il est fou amoureux d’Hermione.

          Résumer cette pièce archi connue n’a que peu d’intérêt. De ma relecture, je garderai deux choses. La première, c’est la terrible violence qui régit les personnages. L’amour côtoie sans cesse la mort, les passions sont sauvages et destructrices. Ensuite, plus qu’à l’époque des mes vingt ans, il me semble, c’est le couple Hermione-Oreste qui m’a interpellée. Cette femme mal aimée qui demande à celui qui l’aime d’aller tuer Pyrrhus puis qui l’accable d’insultes et d’imprécations ! Bon sang, quelle force ! Et quand Oreste perdu, fou, maudit, est poursuivi par les Erinyes, la fonction cathartique de la pièce prend tous ses droits.

           Certes, j’ai pris du plaisir à relire cette pièce présentée pour la première fois au roi Louis XIV en 1667, plus que je ne l’aurais cru, mais je persiste et je signe, ce n’est pas ma tasse de thé. J’ai choisi une édition destinée aux lycéens, assez sympathique, où j’ai pu en apprendre un peu sur la mise en scène signée Louis Jouvet (donnant des leçons de jeu très pertinente !). L’édition est également agrémentée d’un dossier Images consacré aux fureurs d’Oreste.

 

 

Pyrrhus à Andromaque :

« Je vous le dis, il faut ou périr ou régner.

Mon cœur, désespéré d'un an d'ingratitude,

Ne peut plus de son sort souffrir l'incertitude.

C'est craindre, menacer et gémir trop longtemps.

Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j'attends. »

 

La dernière réplique d’Oreste, l’avant-dernière de la tragédie :


« Quoi ! Pyrrhus, je te rencontre encore ?
Trouverai-je partout un rival que j'abhorre ?
Percé de tant de coups, comment t'es-tu sauvé ?
Tiens, tiens, voilà le coup que je t'ai réservé.
Mais que vois-je ? A mes yeux Hermione l'embrasse ?
Elle vient l'arracher au coup qui le menace ?
Dieux ! Quels affreux regards elle jette sur moi !
Quels démons, quels serpents traîne-t-elle après soi ?
Hé bien ! Filles d'enfer, vos mains sont-elles prêtes ?
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
A qui destinez-vous l'appareil qui vous suit ?
Venez-vous m'enlever dans l'éternelle nuit ?
Venez, à vos fureurs Oreste s'abandonne.
Mais non, retirez-vous, laissez faire Hermione :
L'ingrate mieux que vous saura me déchirer ;
Et je lui porte enfin mon cœur à dévorer.
 »

 

Je participe, encore une fois, au challenge théâtral d’Eimelle !

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22 juillet 2016 5 22 /07 /juillet /2016 21:04

 

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               Jiri et Polka sont deux compagnons animaliers (une cigogne et… une souris ? … aucune idée !) errant dans le désert. Ils ont soif, ils en ont assez de marcher, ils cherchent désespérément un point d’eau. On ne sait pas pourquoi ils sont là. Les rencontres qu’ils vont faire sont plus insolites et plus loufoques les unes que les autres : des poissons volants (un espoir de trouver de l’eau, mais non, ils volent dans les airs !), une autruche perchée au sommet d’un palmier, un énorme éléphant dans une minuscule voiture ou encore un cirque ne comprenant qu’un seul saltimbanque, très susceptible par-dessus le marché. L’errance de nos deux compagnons est semée d’embûches et par moments, ils ne se supportent plus, il faut bien le dire. L’un s’est pris d’amour pour une noix de coco, l’autre ne quitte pas sa cithare.

            Hum… je vais commencer par ce que j’ai aimé : les dessins sont superbes, malgré un paysage souvent épuré (le désert, forcément…), le souci du détail de Dillies et la finesse de son trait rendent ces bêtes-là accessibles et touchantes : des pattes extrêmement fines, une pipe évanescente, des feuilles de palmier comparables à de la dentelle, des motifs orientaux et des personnages qui ont dû faire escale auparavant chez Alice et son pays des merveilles. Oui, c’est un conte et c’est peut-être cela qui m’a empêchée d’aimer à 100% ce récit truffé d’apparitions absurdes et de personnages fantastiques. Le mélange des genres dans une histoire où il ne se passe finalement pas grand-chose. C’est joli mais pour moi, ça s’arrête là. J’ai trouvé le scénario inconsistant. Désolée pour les fans inconditionnels (je sais déjà que je vais me faire taper sur les doigts)!

 

« 15/20 »

 

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19 juillet 2016 2 19 /07 /juillet /2016 21:22

 

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            Cela faisait un petit moment que j’avais envie de découvrir cet auteur. N’oublions pas qu’elle a écrit son premier roman à 17 ans et celui-ci à 22…

             Thomas Hogan est né dans une famille ordinaire, obéissant en tous cas à un schéma assez classique : une mère, Mary, aimante et tendre, un père, William, souvent absent et distant, des parents qui s’éloignent l’un de l’autre. Lorsque Thomas est petit, son père est en rogne car son fils est chétif et muet. C’est l’apparition d’un serpent qui donne la parole à Thomas. Silencieux et solitaire, la vie de Thomas va se briser par la mort accidentelle de son père. Et pourtant, Thomas essaye de se couler dans le moule, d’avoir un semblant de vie sociale, d’avoir des amis. Il faut dire que les choses vont de mieux en mieux, des années plus tard, sa mère retrouve l’amour avec le docteur du village, Thomas le permet, dans une ambiance pacifique, presque heureuse. Et puis, un drame va faire basculer cet équilibre déjà fragile…

            Ce court roman, je n’en ai fait qu’une bouchée ! En situant l’histoire dans un temps indéterminé (les années 60 ?), dans un cadre imprécis (les Etats-Unis sans doute…), Cécile Coulon frappe juste et la rend quasi mythique. Sa force réside dans sa simplicité. Ce roman se lit avec une fluidité déconcertante et donne l’impression que l’écrivain l’a écrit d’une seule traite, d’un seul souffle. Elle nous raconte une histoire, voilà. Une histoire qui connaît ses grands malheurs et ses petits bonheurs, une histoire toute en nuances autour d’un enfant maudit,  sans clichés ni préjugés. J’ai adoré ce petit livre, adoré la concision et l’efficacité de la narration. Et j’ai bien envie d’en lire plus de Cécile Coulon…

 

Après la mort de William, le père : « Ils parlaient peu. Thomas ne demandait rien, il restait près d’elle, semblable à un lièvre qui protège son terrier. Parfois, au moment des premières pluies, Mary faisait un détour par la vallée pour admirer les prés mouillés ; de gros nuages gris, qui ressemblaient à ces gigantesques colonnes de fer abandonnées dans les champs, moussaient au-dessus des herbes ; des rongeurs fendaient l’air et couraient se cacher dans l’ombre des bois. »

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16 juillet 2016 6 16 /07 /juillet /2016 16:08

 

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             Dans une petite banlieue tranquille de Boston, Jason Jones rentre chez lui, après une nuitée de travail au journal du Boston Daily. Sa fille Ree de quatre ans est seule, sa femme Sandra a disparu ! La dynamique et solitaire D.D., commandant, mène l’enquête. Il faut dire que le mari a une attitude bien étrange, il met des heures et des heures à prévenir la police et ses réactions sont dénuées de sentiments. Petit à petit, on apprend à connaître une famille vraiment spéciale. Jason n’est pas le véritable père de Ree mais s’en occupe avec tendresse et attention, Sandra, à 23 ans,  a déjà un passé sulfureux. Finalement, ces deux-là s’entendent pour le strict minimum mais ne font que cohabiter. Rajoutons à cela un voisin plutôt détraqué soupçonné de pédophilie, un étudiant qui a aidé Sandra à épier l’ordinateur de Jason, des mensonges, des mensonges, et encore des mensonges, et nous obtenons le tableau de ce polar qui nous manipule du début à la fin.

           L’écrivain a fait son boulot, on tourne les pages sans réfléchir, la tension monte doucement, la lecture est fluide et facile, les personnages sont originaux et cohérents. Pourtant, je sens que je deviens de plus en plus critique face à ces lectures dites « de plage ». C’était long malgré la rapidité de lecture et j’ai regretté la petite place de la policière qui pourtant avait l’air d’avoir un beau potentiel –on aurait pu faire le bouquin sans les flics, finalement, Sandra prend souvent la parole pour nous expliquer son passé. M’enfin, une lecture qui a réussi à me satisfaire parce qu’elle a permis d’extraire un pavé de ma PAL ! Et une idée de lecture de plage, pour ceux que ça intéresse!

 

L’incipit : « Je me suis toujours demandé ce que ressentaient les gens pendant les toutes dernières heures de leur existence. Savent-ils qu’un drame est sur le point de se produire ? Pressentent-ils la tragédie imminente, étreignent-ils leurs proches ? Ou bien est-ce que ce sont juste des choses qui arrivent ? »

   

 

Une belle et juste définition de ce qu’est un enfant : « un fardeau insensé qui était aussi son principal but dans la vie. »

« Le monde obéissait à des règles et c’étaient ces règles qui en faisaient un lieu sûr. »

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13 juillet 2016 3 13 /07 /juillet /2016 13:53

 

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BD jeunesse que j’avais repérée deci delà.

           Un grand-père et son petit-fils se séparent. Le grand-père s’apprête à faire son « dernier voyage » parce qu’il est vieux, ridé et qu’il porte sur son dos les montagnes du monde. Le petit garçon se fait la promesse d’aller chercher le vent, celui qui peut tout, même soulever des montagnes. Et il s’en va, tout seul, petit bonhomme courageux. Il rencontre un arbre bavard, il traverse divers paysages, il discute avec des cailloux facétieux, et, enfin, il réussit à gravir la montagne où se trouve le vent, aidé de bouquetins aux cornes d’or. Le vent est un oiseau polymorphe, un être bienveillant et rassurant pour l’enfant abandonné.

          Ce livre a plusieurs lectures possibles et les thèmes sont aussi riches que les dessins : transmission, mort, apprentissage de la vie, confiance … Ce récit initiatique est à la fois philosophique et poétique. Je l’ai lu à ma demoiselle de sept ans, elle a beaucoup apprécié même si elle a eu un peu de mal à entrer dans l’histoire. Elle a adoré l’oiseau-vent et s’est identifiée au petit garçon plein de témérité. Les dessins sont sublimes, raffinés, admirables ; par des couleurs pastel, Amélie Fléchais, nous emmène au pays des contes, mettant en valeur l’innocence et la pureté de ce petit être démuni face à la puissance des éléments qui l’entourent. Un monde onirique qui fait un peu grandir…

 

« toi qui as l’habitude de voyager, tu sais qu’il arrive toujours un moment où il faut s’en aller. »

« Certaines promesses sont parfois impossibles à tenir. »

 

« 19/20 »

 

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10 juillet 2016 7 10 /07 /juillet /2016 10:04

 

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           Ce roman a une histoire toute particulière. Irène Némirovsky, juive, a 39 ans quand elle est arrêtée, en juillet 1942, puis déportée à Auschwitz où elle mourra, un an plus tard. Elle laisse derrière elle une trilogie inachevée dont nous ne possédons que les deux premiers tomes réunis sous ce titre, Suite française.

           Dans le premier opus intitulé « Tempête en juin », l’auteur raconte l’exode massif des Parisiens vers la province en ce mois de juin 1940. La peur, la précipitation, l’angoisse de l’inconnu, l’art de gérer les priorités, le chapardage pour survivre… et surtout cette image d’une grande envolée désorganisée et empressée. Les personnages sont nombreux, certains se révèlent dans cette situation critique, dans le bon sens comme dans le mauvais sens, se montrant égoïstes ou au contraire, généreux.

         Dans le deuxième livre, « Dolce », l’atmosphère est plus posée. L’ennemi a envahi les maisons, les villages, les chambres. Il faut cohabiter avec les Allemands dans ce petit village de Bourgogne. Mais l’Allemand n’est pas toujours un rustre, n’est pas toujours un homme inculte, n’est pas toujours un hôte irrespectueux. Lucile va le découvrir très vite. Vivant seule avec sa belle-mère alors que son mari (qu’elle n’aime pas) est absent, elle va apprendre à connaître ce commandant Bruno von Falk, apprécier sa sensibilité, son tact, sa culture.

         Des deux romans, c’est le second que j’ai préféré. Cette vie à côté de l’ennemi est décrite avec finesse et subtilité, on comprend bien que, même s’il s’agit de l’ennemi, après des semaines et des mois de cohabitation, c’est l’humain qui prime. Le thème est également évoqué par Vercors, presque simultanément, dans l'excellent Silence de la mer. L’Allemand est - lui aussi - un mari, un père, un amant, un nostalgique…, une victime.  Il s’agit d’hommes et de femmes. La fin du roman est extrêmement touchante, très juste et empreinte d’un triste espoir quand on connaît les circonstances de la mort de l’écrivain.
 

         C’est la fille d’Irène Némirovsky qui a lu pour la première fois le manuscrit caché dans une petite valise, en 1998, qui ne sera publié qu’en 2004. L’écriture est belle, la précision dans la description des sentiments, le portrait des personnages m’a fait penser au style de Stefan Zweig dont on pourrait reprendre un titre, « La confusion des sentiments »  qui siérait si bien à Lucile.

 Une belle découverte en livre audio, même si j’aurais tendance à dire qu’il faudrait privilégier la version papier pour mieux goûter aux qualités de ce texte si riche.

« Les êtres passionnés sont simples, se dit-elle encore; elle le hait, et tout est dit. Heureux sont ceux qui peuvent aimer et haïr sans feinte, sans détour, sans nuance. »

« Ils se disaient que la raison, le cœur lui-même pouvaient les faire ennemis, mais qu'il y avait un accord des sens que rien ne pourrait rompre, la muette complicité qui lie d'un commun désir l'homme amoureux et la femme consentante. »

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7 juillet 2016 4 07 /07 /juillet /2016 08:37

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             De Jean Echenoz, j’avais plutôt gardé un mauvais ancien souvenir de Je m’en vais, lu à sa sortie (donc il y a longtemps, en 1999). Mon appréhension s’est muée en intérêt avec Courir que j’avais beaucoup aimé mais avec ce roman surprenant et foisonnant, cet écrivain remonte en flèche dans mon estime, pour atteindre des sommets !

             Constance se fait enlever en douceur, au coin discret d’une rue parisienne, par trois hommes dont un qui l’attire beaucoup. Sans la maltraiter, les ravisseurs l’emmènent dans la Creuse, lui fournissant nourriture et lecture. Pourquoi ce rapt ? Le lecteur ne le comprendra pas tout de suite mais d’emblée, le ton est donné, celui du décalage, de la surprise et de l’humour. Prenons par exemple Lou Tausk. C’est le mari de Constance. Il a créé un tube interplanétaire interprété par Constance elle-même (entre autres) et, quand il reçoit une demande de rançon pour pouvoir récupérer son épouse, nullement affolé, il s’en va demander conseil à son demi-frère, Hubert. Au passage, il séduit sa très belle assistante, Nadine, avec qui il va couler quelques jours heureux (voir extraits ci-dessous). Personne ne s’inquiète réellement de la disparition de Constance, en fait. Et la jeune femme découvre la vie creusoise avec plaisir, finit par s’attacher à ses ravisseurs qui eux aussi, pris d’affection pour elle, vont la cacher dans un cockpit d’éolienne pour contrer les exigences de leur commanditaire.

              Sans vouloir en dire trop, je peux tout de même rajouter qu’à Constance est destinée une mission top secrète d’espionne en Corée du Nord, pays qu’on va découvrir (un peu à la manière de Guy Delisle dans Pyongyang). On s’imagine (enfin moi en tous cas) qu’Echenoz nous raconte des cracs quand il nous parle des mœurs et des dirigeants de ce pays si étrange, ben non, vérifications faites, tout est vrai et servi à volonté pour nous régaler encore et encore. Le style ? Un « on » récurrent qui permet au lecteur de prendre part à l’action, des interventions de l’auteur tout aussi plaisantes et quelques zeugmes, chers à mon cœur. Un roman d’espionnage qui n’en est pas vraiment un, du loufoque savamment dosé, des personnages pittoresques, bref : un gros bonheur de lecture que ce bouquin !!

 

L’histoire d’amour entre Nadine et Tausk  - au début : « C’est allé très vite avec elle, on ne se quitte guère, on se parle beaucoup, la plupart du temps au lit où l’on conçoit le projet classique de filer au bout du monde pour y couler, en paix des jours heureux. Où donc filer au juste, eh bien nous verrons bien. »

… et quelques chapitres plus tard : « Ces derniers jours, du côté de Lou Tausk et de Nadine Alcover, rien n’est advenu de très neuf sauf que l’idée de partir au bout du monde s’est un peu estompée. C’est qu’à la réflexion, le monde avec ses guerres actives et larvées, ses raideurs ethniques, politiques, religieuses, tribales, raciales, claniques, ses fractures nucléaires, sa mise en coupe réglée, son terrorisme et son tourisme et ses mêmes magasins partout, eh bien ce monde on en reparlerait plus tard, on est très bien ensemble et on n’est pas plus mal chez soi, et allons donc baiser. »

 

« Il s’y remettra vite à fumer ainsi que de ses désillusions »

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4 juillet 2016 1 04 /07 /juillet /2016 21:37

 

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              Je n’allais pas m’arrêter en si bon chemin alors qu’on m’avait déjà vanté tous les mérites des vacances au soleil dans le premier magnifique tome de la série…

              On regarde par-dessus son épaule, on se retourne, on fait marche arrière, bref, on revient quatre ans plus tôt dans la famille Faldérault, en juillet 1969. Encore une fois, on s’apprête à partir en vacances mais il faut attendre le dessinateur de père, qui peaufine sa BD « Four ». Pépé Buelo gardera la maison et s’occupera des plantes. Et le départ se fait sous une pluie battante toute belge (on lui a fait fortement concurrence au printemps dernier !) dans la magnifique 4L. Les enfants ne sont encore que trois mais Mado couve tendrement le quatrième sous le regard fou amoureux de son mari. On est partis, et sachez que dans la famille, peu importe la destination, l’essentiel est d’y trouver quiétude et soleil. L'auto-stoppeur hippie qui embarque dans la 4L surnommée "mam'zelle Estérel" ne tient pas longtemps parce que les petites routes, les arrêts intempestifs, vraiment, il n'en peut plus ! Après une nuit de camping impromptue dans le potager d’un charmant couple, voilà nos vacanciers rudement bien conseillés et guidés : c’est dans une calanque qu’ils séjourneront. L’endroit est sublime, c’est un pêcheur qui cherche tout le monde en bateau pour aller faire les courses. Julie l’aînée s’adonne à sa passion : se cacher le plus loin possible pour faire pipi, Louis, le plus jeune triche aux cartes et à la pétanque parce que c’est le plus petit, et qu’il a « le droit à un nandicape ! c’est papa qui l’a dit ! » La bonne humeur est omniprésente, on se marre, on bronze, on pêche, on fait du cerf-volant, on s’aime, tout simplement. Ce qui m’a surprise moi qui aie pour habitude de tout gérer, contrôler, minuter, c’est le laisser-aller si enivrant, l’absence totale de contraintes. Les conflits et les courses contre la montre n’ont rien à faire dans ce coin de paradis.

              Cet album aurait aussi pu s’appeler « Vacances idylliques » parce que c’est bien le cas. Ce n’est que rigolade, chansons, baignades, farniente et câlins. Si vous rajoutez à cela les premiers pas de l’Homme sur la lune (eh oui, en juillet 1969), c’est de l’or en barre que vous lisez avec un sourire aux lèvres constant. C’est tellement de bonheur que ça file la chair de poule. Mais je bavarde alors que « le bonheur, ça ne se raconte pas» alors plongez-y vite fait en lisant ce cocktail de soleil à l’air iodé.

 

Merci, « c’est un mot qui rend la vie jolie ».

« Avant on habitait en Belgique, maintenant on habite en vacances ».

« Vous savez ce que c’est ! … les rêves, on les coupe, on les met dans un vase, ça fait joli sur la table du salon !... mais t’as beau changer l’eau tous les jours, tes rêves, ils finissent par se faner. »

 

« 20/20 »

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1 juillet 2016 5 01 /07 /juillet /2016 21:13

 

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            Je vous dirais bien que c’est pour préparer l’agrég’ de lettres que j’ai lu ce roman (au programme en littérature comparée) mais non, point de mensonges, c’est une agrégée qui me l’a prêté.

            C’est sur trois générations que nous suivons les hommes de la famille von Trotta. Il y a le grand-père d’abord, celui qui fait figure de déclencheur d’intrigue. Presque par hasard, il va s’interposer entre l’empereur François-Joseph et une balle qui lui était destiné, en 1859, sur le champ de bataille de Solferino. C’est en prenant cette balle qu’il va se voir anoblir. Lui-même a du mal à comprendre et à accepter cet honneur et sa notoriété. Son fils, lui, renoncera à une carrière militaire et sera préfet. Son petit-fils, Charles-Joseph, voue à son aïeul une vénération qui l’empêche de vivre, il se sent toujours dans l’ombre du grand homme, le « héros de Solferino ». Le portrait, suspendu dans le salon familial, l’envoûtera jusqu’à l’obséder. Sous-lieutenant, sa carrière dépérira pour disparaître complètement puisqu’il quittera l’armée quelques heures avant le début de la Première Guerre mondiale.

           De la Bohême à la frontière russe en passant par Vienne, ce roman est l’histoire d’un déclin. Celui de l’empire austro-hongrois. Et Joseph Roth ponctue son texte de métaphores, de remarques récurrentes concernant la fin de cette époque. L’air de « La Marche de Radetzky » de Strauss résonne à nos oreilles pendant toute la lecture. L’écrivain a parfaitement su retranscrire cette chute de la monarchie en nous emmenant dans une grande parenthèse, dans un univers figé qu’on sent révolu, côtoyant des personnages surannés voire sclérosés. Et on retient son souffle en connaissant l’issue, cet assassinat de François-Ferdinand d’Autriche qui va déclencher la Première Guerre mondiale.

            Il serait faux de dire que j’ai tout aimé, l’omniprésence de l’univers militaire m’a parfois gênée, mais l’atmosphère de cette fin d’époque est tellement bien rendue, avec une telle subtilité et une grande sensibilité, qu’on s’attache à ces personnages devenus des anti-héros (les considérations de l’empereur seul, vieillissant, sont incomparables), qu’on partage leur solitude et leur mélancolie, qu’on apprécie vivre les dernières minutes de ce monde oublié à leurs côtés. Et on pense à Zweig ou à Thomas Mann et sa Montagne magique. Une belle expérience de lecture en somme !

 

« On était le petit-fils du héros de Solferino, son unique petit-fils. On sentait constamment peser sur son dos le sombre et énigmatique regard du grand-père ! On était le petit-fils du héros de Solferino. »

« La maladie n’était qu’une tentative de la nature pour habituer l’homme à mourir. »

« Et maintenant, il s’en revenait, seul, de chez son fils, qui restait, de la frontière où l’on voyait déjà le monde sombrer aussi nettement que l’on voit un orage se former aux confins d’une ville dont les rues s’allongent encore, heureuses, sans se douter de rien, sous le ciel bleu. »

« L’empereur était un vieil homme. C’était le plus vieil empereur du monde. Autour de lui, la mort traçait des cercles, des cercles, elle fauchait, fauchait. Déjà le champ était entièrement vide et, seul, l’Empereur s’y dressait encore, telle une tige oubliée, attendant. »

 

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28 juin 2016 2 28 /06 /juin /2016 08:38

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            J’ai retardé la lecture de ce roman à la mode. Un pressentiment, peut-être.

            Deux voix se côtoient : celle du petit garçon, le fils de Louise et Georges, un couple d’extravagants, et celle du père, Georges. Louise est atteinte de « folie douce » ; lorsqu’elle rencontre Georges, elle rencontre aussi celui qui va non seulement comprendre ses excentricités mais entrer dans son univers marginal. Le narrateur enfant voit ses parents danser et faire la fête à longueur de temps dans un grand appartement où il y a du monde tout le temps. La télé est une punition et le fils unique est souvent sommé de raconter à sa mère sa journée imaginaire, non pas celle de l’école (qu’il manque d’ailleurs régulièrement) bien trop soporifique, mais une journée très amusante et loufoque qu’il aurait pu vivre… Tout se passe à merveille dans une enfance bercée par le tube de Nina Simone « Mr Bojangles ». Georges attribue à Louise un prénom différent chaque jour, la dame boit des cocktails du matin au soir, les envols et les cris d’un oiseau de Numidie ponctuent cette vie non-conformiste. Mais un jour, Louise met le feu à leur appartement. Les impôts n’étaient pas payés depuis des années, le courrier s’accumulait jusqu’à former un immense tas et Louise ne supportait plus cet amas de papiers. C’est à ce moment-là que Georges a réellement compris que Louise était à la fois hystérique, schizophrène et bipolaire ; c’est en tous cas le diagnostic qui a été posé à l’hôpital psychiatrique où Louise est internée. Là-bas, elle règne en prêtresse sur les autres patients. Mais elle ne peut y rester, mari et fils organisent un kidnapping digne d’un film américain pour la sortir de là.

           Evidemment que j’ai aimé cette lecture qui a l’avantage d’être bipolaire, elle aussi : le lecteur peut s’éclater comme un fou dans la première partie avant de fondre en larmes dans la 2ème. C’est d’ailleurs cette seconde partie que j’ai préférée, plus juste, plus sensible. Le début du livre m’a même légèrement agacée, une vie folle, ça n’est pas difficile à imaginer et ça sent le réchauffé (Boris Vian, J.M. Erre, Malzieu, ou encore Beckett seront d’accord avec moi). Cette mince frontière entre lucidité et folie, entre normalité et maladie est subtilement évoquée et pourtant, je n’ai pas totalement adhéré à cette histoire qui m’a plu, je le répète, sans que j’en ressente aucune extase particulière. J’en attendais trop, ça n’est pas impossible. Je serais néanmoins bien curieuse de lire ce que ce joli Monsieur Bourdeaut pourrait écrire par la suite…

« D’elle, mon père disait qu’elle tutoyait les étoiles, ce qui me semblait étrange car elle vouvoyait tout le monde, y compris moi. »

« Depuis notre pétaradante rencontre, elle faisait toujours mine d’ignorer la réalité d’une façon charmante. Du moins, je faisais mine de croire qu’elle le faisait exprès, car c’était chez elle si naturel. »

« Je ne regrettais rien, je ne pouvais pas regretter cette douce marginalité, ces pieds de nez perpétuels à la réalité, ces bras d’honneur aux conventions, aux horloges, aux saisons, ces langues tirées aux qu’en-dira-t-on. »

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