Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 09:59

Yasmina et les mangeurs de patates Tome 0, Yasmina et les mangeurs ...

       J’ai testé pour vous … la BD dans sa version numérique. C’est Dargaud qui propose quelques titres gratuits (il suffit de cliquer sur "Feuilleter cet album" pour le lire en entier). J’ai choisi celui-ci au hasard. Il s’avère que c’est une BD jeunesse.

       Yasmina vit seule avec son père qui bosse dans un fast-food et empeste l’odeur des frites. Elle adore cuisiner, imaginer des plats insolites et surtout aller chaparder ou emprunter des légumes et fruits chez la voisine ou dans les potagers de deux amis. L’un, Cyrille, ne jure que par les pesticides, l’autre Marco, son ennemi juré en apparence, prône le naturel. Notre petite chef cuisto s’entend bien avec les deux hommes jusqu’au jour où ces deux potagers se voient exterminés par des pelleteuses : Tom de Perre, un entrepreneur peu scrupuleux, met en place la culture d’une patate toute particulière. Sa saveur unique rend les gens addictifs et complètement fous. Yasmina, avec l’aide des deux jardiniers et de son père va essayer de démanteler ce commerce frauduleux né d’une transformation chimique.

       C’est coloré, vif et sympathique. J’ai eu du mal à lire sur ma tablette donc de ce côté-là l’expérience fut plutôt ratée mais la BD transmet des ondes positives et enthousiasmantes qui devraient booster les jeunes lecteurs. Certaines images sont savoureuses : Yasmina prépare une gamelle emplie de bons produits bien cuisinés pour le midi de son père… qui mange entouré de gros collègues vulgaires se moquant de lui alors qu’ils se remplissent de hamburgers et de frites.

Yasmina et les mangeurs de patates" de Wauter Mannaert chez ...

Partager cet article
Repost0
14 mai 2020 4 14 /05 /mai /2020 19:34

Un pays à l'aube - Dennis Lehane - Babelio

       Le confinement a ça de bon qu’on sort les gros pavés (plus de 800 pages en format poche pour celui-ci !)

       1918 aux Etats-Unis. Luther Laurence, un Noir, se fait renvoyer de l’usine de munitions où il travaillait pendant la guerre ; les Blancs vont revenir d’Europe et veulent retrouver du travail. Danny Coughlin, lui, est Blanc et flic. Il a pour mission d’infiltrer un groupe de flics syndicalistes et se laisse de plus en plus convaincre par leurs revendications tellement justifiées. A Boston, la grippe espagnole sévit. Luther doit quitter sa femme enceinte après avoir commis un meurtre, il travaillera pour la famille Coughlin où règnent puritanisme et rigidité. Danny et Luther vont s’apprécier et se soutenir dans un climat raciste, plombé par les projets de grèves et aussi leur anéantissement. Nora est une jeune Irlandaise recueillie par la famille Coughlin, son histoire d’amour avec Danny n’est pas possible car elle a déjà été mariée avec un rustre violent par le passé. Et quand ce passé remonte à la surface, le père de Danny la chasse brutalement. Il y a aussi Babe Ruth, un formidable joueur de base-ball qui est comme un fil directeur dans le roman.

       Pas évident de résumer un tel pavé ! Le contexte historique occupe la place centrale mais les deux personnages principaux, Danny et Luther, rendent cette page d’Histoire passionnante. On s’identifie à eux et les émeutes dues à cette volonté de faire grève dans un climat extrêmement tendu n’en deviennent que plus vivaces. On se croirait dans les rues de Boston. Les références à la grippe sonnent terriblement actuelles, le comble, c’est qu’il semble qu’il y ait plus de masques disponibles en 1918 qu’en 2020 ! Belle pioche pour ce roman dont j’ai déjà lu et aimé Mystic River du même auteur.

       C’est une première – très agréable : nous avons fait une lecture commune avec ma copine Tiphanie, ex-blogueuse (qui ne veut plus revenir malgré mes relances régulières). Elle nous le dira en commentaire, je pense que nos avis sont assez proches.

 

« Mais là, il s’agissait d’une menace complètement différente, susceptible de s’abattre sur n’importe lequel d’entre eux. Peut-être même sur tous. »

Le Bedeau, un roi d’une mafia locale : « Le grand amour, on le reconnaît toujours quand il est plus là. Et après, après on se dit : « Merde, c’était chouette, c’était authentique… » Mais sur le coup ? Ce qui nous façonne est aussi ce qui nous fait mal. C’est cher payé, je vous l’accorde. »

« Le monde est…  Comme il l’a toujours été. Et les choses ne changeront pas juste parce qu’on le souhaite. »

Danny, Nora et Luther sur le toit d’un immeuble : « … il avaient choisi de s’installer là-haut avec deux bouteilles de vin et un jeu de cartes car il n’y avait pas beaucoup d’endroits où un Noir et un Blanc pouvaient se montrer ensemble, et où une femme pouvait se joindre à eux pour boire trop de vin. Lorsqu’ils étaient tous les trois réunis ainsi, Danny avait l’impression de remporter une victoire sur le monde. »

Partager cet article
Repost0
11 mai 2020 1 11 /05 /mai /2020 09:53

Capitaine Rosalie - Timothée de FOMBELLE et Isabelle ARSENAULT ...

       Après m’être laissée enchanter par Quelqu’un m’attend derrière la neige, voici un autre petit roman jeunesse de ce même auteur si talentueux.

       Rosalie, la narratrice, est une petite fille de cinq ans et demi, elle vit seule avec sa maman parce que son papa est parti à la guerre. Nous sommes en hiver 1917. Rosalie reste à l’école dans la classe des grands pour que sa maman puisse travailler à l’usine. Le papa soldat écrit régulièrement des lettres que lui lit sa mère : il parle de ruisseau et de truites et du moment où il reviendra. Rosalie n’aime pas tellement ces lettres mais elle ne sait l’expliquer. Plus tard, une nouvelle lettre arrive, elle n’est pas du père mais c’est une enveloppe bleue qui change radicalement l’attitude de la mère… On comprend qu’une tragédie est arrivée mais la mère se tait et la petite fille continue son étrange combat personnel…

       C’est encore une belle réussite que ce petit album plein de pudeur et de douceur. On le comprend, la mère tait le pire à sa petite fille mais son silence ne fait qu’envenimer la situation. Prononcer les mots vrais ou ne pas prendre une enfant perspicace pour une andouille. Les illustrations d’Isabelle Arsenault, tout en finesse, retranscrivent parfaitement à la fois la détresse de ce petit être mais aussi sa combativité si impressionnante pour ses cinq ans. Je vous laisse découvrir son petit secret, il vaut le détour.

       Danaé – 11 ans - l’a lu aussi : « C’est très poétique, pas dans l’écriture des mots mais dans le sens du texte. Au début elle dit que c’est un « soldat en mission », on s’imagine que c’est une Résistante de guerre mais en fait, sa mission a pour but quelque chose qui est pour nous très simple mais qui lui tient très à coeur. Elle comprend déjà beaucoup de choses pour son âge et doit traverser beaucoup d’épreuves avant de percer la vérité. »

Joyeux déconfinement, … même s'il n'y a rien de très joyeux. Restez prudents!

Partager cet article
Repost0
8 mai 2020 5 08 /05 /mai /2020 08:57

critiquesLibres.com : Doggy Bag, saison 1 Philippe Djian

Saison 1.

        Deux frères, David et Marc, tiennent une concession automobile, secondés par la pulpeuse Béa, la secrétaire, qui permet aux meilleurs clients d’avoir un rabais en échange d’une nuit torride. Edith débarque après vingt ans d’absence. On met du temps à comprendre que la quarantenaire, toujours belle pour son âge et accompagnée de sa fille Sonia - vingt ans, a été la maîtresse des deux frères et a jadis semé le chaos. Son retour n’est pas apprécié par la mère des deux frères, Irène, souveraine et alcoolique ni par l’amante de David, Josiane, qui a des besoins sexuels intenses. Un lourd secret est sur le point d’être révélé…

        Philippe Djian a voulu retranscrire l’ambiance des séries télé américaines. En cela, c’est une réussite, on se croirait dans un feuilleton de TF1 : la vieille qui se saoule au vermouth, la jeune nymphomane, une tragédie, une histoire de filiation pas claire, du sexe, une Porsche, des difficultés à accepter son âge, des gros nichons et des personnages un peu affaiblis intellectuellement … bref, tout y est. Ce qui m’a marquée surtout, c’est l’utilisation de l’ellipse : l’auteur en use et en abuse. Résultat : les sentiments sont peu exprimés et le gamin qui meurt noyé est relégué à la rubrique des faits divers. Mis à part ça, c’est très léger (vous l’aurez compris), ça se lit bien, ça ressemble de (très) loin aux merveilleuses Chroniques de San Francisco de Maupin, et si on en re-veut, il y a 6 tomes ! Je n’ai que le 2ème dans ma PAL, il attendra encore un peu. Je remercie celle qui m’a offert les deux opus !

J'avais lu Frictions du même auteur… et je n'y étais pas allée de main morte !

 

« Lorsqu’elle fut en état de remarcher, Irène se rendit chez Édith. Par une matinée inondée de soleil, toute de lumière et de couleur, elle se gara dans l’ombre d’un grand mimosa, empoigna sa canne et sortit de sa voiture. C’était la première fois qu’elle revenait dans cette rue en vingt ans, mais rien ne semblait avoir changé, l’endroit lui parut toujours aussi maléfique – elle en avait serré les dents en soulevant une seconde ses lunettes de soleil aux larges branches d’écaille véritable. »

Partager cet article
Repost0
5 mai 2020 2 05 /05 /mai /2020 12:15

Le chemisier de Bastien Vives - BDfugue.com

       Séverine est étudiante en Lettres modernes. Elle partage sa vie avec Thomas… avec qui elle ne partage cependant plus grand-chose, dans une existence routinière et banale. Un soir de baby-sitting, une petite fille lui vomit dessus et le père prête à la jeune femme un chemisier appartenant à son épouse. Ce chemisier semble détenir un pouvoir magique : en soie et très élégant, il attire le regard, sublime le corps de Séverine qui prend une assurance folle. Elle se met à coucher avec un peu n’importe qui, à éprouver des désirs pervers et machistes. Son unique obsession : garder ce chemisier ou trouver son identique.

       Ce roman graphique dérangeant est à lire, je l’espère vraiment, au second degré, parce que sinon le résumé - la nana trouve un chemisier qui lui va super bien et arrive à toutes ses fins grâce à lui - me semble un peu réducteur et surtout hyper sexiste. Sans doute que l’auteur a voulu dénoncer la dimension superficielle de notre société qui accorde trop d’importance aux apparences, sans doute que cette femme qui espère se faire baiser par la pire racaille est à observer avec ironie… Je ne sais pas, j’ai lu que l’auteur voyait cette production comme une comédie. Ça ne m’a pas fait rire du tout et, si j’aime beaucoup le graphisme, l’intrigue me laisse dubitative quant à son intérêt ! Je ne suis pas sûre que Bastien Vivès et moi soyons vraiment compatibles…

Polina et Hollywood Jan que j’ai aimés sans être totalement convaincue.

Le goût du chlore qui m’a déçue.

Casterman - Le Chemisier

Partager cet article
Repost0
1 mai 2020 5 01 /05 /mai /2020 11:44

D'acier - Silvia Avallone • Éditions Liana Levi

       J’avais tellement aimé Marina Bellezza de la même autrice que j’ai pas oublié son nom, me jurant de lire un autre de ses livres. C’est chose faite.

       Anna la brune et Francesca la blonde sont amies depuis toujours. A 13 ans, leurs corps de rêve attirent les regards dans le quartier pauvre de Piombino, en Toscane, une petite ville plantée en face de l’île d’Elbe. Les adolescentes savent qu’elles plaisent et en jouent, se trémoussant sur la plage ou dans la salle de bain d’Anna, fenêtre grande ouverte. Cette amitié forte et sensuelle sera mise à mal par l’irruption d’une vie amoureuse pour Anna. La situation familiale des deux jeunes filles accentue le gouffre qui est en train de se creuser entre elles : le père d’Anna, vivant de petits ou gros trafics, disparaît régulièrement ; le père de Francesca, lui, est d’une jalousie maladive envers sa fille et tient à la garder enfermée, protégée des regards des garçons. Eloignées l’une de l’autre, elles vont vivre, aimer (ou pas), se casser la figure, mûrir… avec le secret espoir de retrouver l’amie chérie. Tout ça dans une ville nerveuse et bruyante qui vit au rythme de l’aciérie dévoreuse qui emploie et use presque tous les hommes de Piombino. Tout ça autour de l’année 2001, de l’attentat de New-York, de l’émergence des portables, de l’engouement pour les boîtes de nuit qui font aussi bordels…

       C’est un roman solaire, charnel, italien qui nous embarque, sous un cagnard pas possible, dans une amitié qui ne peut que faire penser à L’Amie prodigieuse de Ferrante. Les filles ont une place à se faire dans une société machiste et industrielle, il s’agit de se servir de cette beauté à bon escient et de tenir bon en pensant à un ailleurs meilleur – une escapade à l’île d’Elbe serait déjà une exaltation. J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman, dépaysant et chaud dans tous les sens du terme. Je reprends la remarque d’un critique littéraire : « Une paire de Lolita qui aurait fugué de chez Nabokov pour faire un tour chez Zola. » car je la trouve très juste. Entre innocence et sex-appeal, les filles sont au centre du roman mais les conditions des ouvriers dans cette usine qui les emploie et les broie aussi, occupe également une place considérable. C’est le premier roman de Silvia Avallone, publié en 2010, je trouve que Marina Bellezza (sorti trois ans plus tard) est un brin plus subtil et plus élaboré encore, mais c’est à tous les coups une autrice à suivre !

L’adaptation cinématographique existe (voir couverture du livre).

« C’était un jeu et pas un jeu. Au-dessus du lavabo, dans le miroir taché de dentifrice, la blonde et la brune se reflètent dans leur version la plus délurée. Immobiles et trépidantes. Lèvres avancées en bouderie, cheveux défaits. La stéréo en équilibre précaire sur le lave-linge, volume au maximum. Un vieux CD d’Alessio, des années 90.[…] Leur corps pulse comme la musique, avec la musique. Elles attendent que la chanson commence pour se déshabiller. La fenêtre est ouverte. »

Partager cet article
Repost0
28 avril 2020 2 28 /04 /avril /2020 09:48

Maîtres du jeu - Karine Giebel - Babelio

Abandonnant un pavé trop hermétique (Jérôme saura duquel je parle…), je me suis rabattue sur un petit livre de ma bibliothèque, il contient deux nouvelles policières d’une autrice dont je n’avais vraiment aimé que Les Morsures de l’ombre.

Dans la première nouvelle, une actrice célèbre, Morgane, vient toucher un héritage qui la surprend : un admirateur --désormais décédé- qu’elle ne connaît pas, lui a légué une maison. La famille du mort s’indigne mais respecte son choix. Morgane va voir cette maison perdue dans l‘Ardèche avec son mari violent et arrogant. Ça tourne mal là-bas, très mal… les deux ont été manipulés par un tueur mort, le comble… Mais les apparences sont trompeuses et peut-être que Morgane connaissait déjà ce tueur.

Dans la 2ème nouvelle, un fou dangereux s’est échappé de son asile. Rusé, il a réussi à prendre place dans un voyage scolaire, aux côtés d’une charmante enseignante qui est vite séduite par ses yeux bleus. Le danger menace à chaque instant les enfants et leurs accompagnateurs.

J’ai trouvé ces deux nouvelles vraiment efficaces. Même brefs, ces textes savent faire monter la tension en un rien de temps, brossant une description tout à fait réaliste d’une situation angoissante. La deuxième nouvelle est de facture un peu plus classique : le tueur en série qui se déplace incognito au milieu d’innocentes brebis mais la première nouvelle m’a vraiment bluffée, elle comporte plusieurs chutes, ce qui est assez impressionnant pour une nouvelle. L’écriture de Giebel reste l’écriture de Giebel, elle n’est ni très littéraire ni spectaculaire mais ce n’est pas ce que je recherchais. Cette lecture, faite au soleil, a été un excellent moment !

Ma quatrième de couverture me dit qu'on trouve les deux récits dans leur version numérique… je n'ai pas longtemps cherché mais : avis aux amateurs!

Partager cet article
Repost0
25 avril 2020 6 25 /04 /avril /2020 14:08

La Vie en chantier - Pete Fromm - éditions Gallmeister

       Marnie et Taz forment un jeune couple heureux et fauché. Ils tentent de rénover une petite maison pour laquelle ils se sont ruinés. Marnie, enceinte, est ravie de ce bouleversement à venir et le couple tente tant bien que mal de préparer la venue de cette petite fille qu’ils appelleront Midge. Mais Marnie meurt en donnant naissance à sa fille. Taz est secondé par une belle-mère qu’il ne connaît pas avant d’essayer de se débrouiller seul, de reprendre son métier de menuisier et d’engager une baby-sitter, Elmo. La jeune femme a du mal à se faire une place dans une petite maison constamment en chantier où la présence de Marnie est encore tellement forte. Entre quelques brèves apparitions du copain Rudy et une belle-mère qui sait se faire discrète, père et fille vivent seuls le plus souvent.

       Le livre se compose des jours qui suivent la naissance de Midge. C’est pertinent parce que c’est le temps qui passe qui va permettre à Taz de se reconstruire, très doucement. C’était bon de partager cette vie assez solitaire entre un père maladroit et aimant et sa petite puce de fille. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, ce n’est ni larmoyant ni dramatique. Le livre porte bien son titre, c’est une vie en chantier, en reconstruction, une vie à bâtir, des bases à asseoir. La lecture a été très agréable, marquante même je pense, mais j’émets tout de même quelques bémols quant aux dialogues parfois un peu plats et à une certaine redondance liée à la forme du journal. Disons que le roman n’a pas eu pour moi l’impact d’Indian Creek mais qu’il dégage de bonnes ondes d’espérance et de tendresse non négligeables en ces temps troublés (livre lu au début de la 3ème semaine de confinement).

« Jour quarante-quatre. La porte-moustiquaire s’ouvre d’un seul coup et Rudy se glisse à l’intérieur, aussi discrètement que possible. Il chuchote le prénom de Taz avant de traverser le séjour d’un pas lourd, le couloir, comme si la maison lui appartenait. Il jette un œil dans leur ancienne chambre, puis il se dirige vers la nursery, faisant de son mieux pour marcher sur la pointe des pieds. Taz le regarde depuis le rocking-chair, Midge sur les genoux, bras ballants. Tout doucement, il secoue la tête, et voilà que Rudy se rembobine, à reculons dans le couloir. Il s’immobilise dans le séjour. »

Partager cet article
Repost0
22 avril 2020 3 22 /04 /avril /2020 14:04

La terre des fils- La Terre des fils

         Deux frères ont attrapé et tué un chien, ils apportent fièrement le cadavre à leur père qui, après les avoir vertement réprimandés en les traitant d’imbéciles, va tenter d’échanger la peau du chien contre de la nourriture à Anguillo, un solitaire rustre. Il y a aussi la sorcière que le père tient éloignée de ses fils avec pour recommandation de ne surtout jamais exprimer de sentiments. A la mort du père, les deux fils partent à la conquête d’un monde fait de cannibalisme, d’étrangeté, de décapitation. On va croiser des jumeaux à tête énorme, une femme esclave gardée captive nue dans une cage ou encore le dieu Trokool. Les personnages se déplacent en barque, ne savent pas lire, baragouinent une langue fautive et sont heureux à l’idée de manger des carottes.

         Si les dessins hachurés, gribouillés, torturés ne m‘ont pas dérangée (je les ai même beaucoup aimés) parce qu’ils correspondent vraiment bien à l’univers décrit, cet univers m’a glacée jusqu’au sang. Anxiogène, écœurant, barbare, ce monde correspondrait à un futur où règnent cruauté et sauvagerie. Il faut vraiment être en manque de glauque pour apprécier… heureusement que la fin ouvre une petite brèche d’espoir, une étincelle minuscule. Avis aux amateurs de science-fiction qui aiment des visions cauchemardesques …

         Oui, je suis déçue parce que j’avais adoré S. (intrigue comme dessins n’ont rien à voir !)

La Terre des fils Grand Prix de la critique ACBD 2018

Partager cet article
Repost0
19 avril 2020 7 19 /04 /avril /2020 10:11

14 - Jean Echenoz - Livres - Furet du Nord

        A l’aube de la Première Guerre mondiale, le tocsin appelle les hommes valides à partir pour la guerre. L’ambiance est festive et légère : on se reverra dans quinze jours ! Charles est particulièrement optimiste, sacrément arrogant, il est persuadé qu’il reverra très vite sa bien-aimée, Blanche. Anthime, son frère, est moins sûr de lui mais il s’adapte à la situation et même, bien plus tard – puisque la guerre ne durera pas quinze jours…- il laissera venir les événements sans trop se poser de questions. Charles, que sa belle-famille essaye de pistonner pour le préserver au mieux, se retrouve photographe dans un avion … qui se crashe. Que va devenir Blanche enceinte de Charles ? Que va devenir Anthime, démobilisé parce qu’un obus lui a arraché un bras ?

        Ce récit simple et très court (124 pages), décrit avec sobriété ce qu’a été la Grande Guerre, sa cruauté, son ironie, des dommages collatéraux. Je pense même qu’il peut convenir à des élèves de 3ème. Comme toujours chez Echenoz et malgré ici la gravité des faits, le ton est léger et allègre, l’écriture imagée. Une certaine impartialité dans le ton, la distance que le romancier met entre le lecteur et ses personnages a même tendance à minimiser les drames pour insister sur la vie, sur ce besoin irrépressible de continuer à vivre, de faire avec, de sauver les vivants. A méditer. C’est le premier livre que j’ai réussi à lire depuis début du confinement avec plaisir et presque sérénité. Merci Monsieur Echenoz !

Quelques autres (très bons) titres : Envoyée spéciale, Des éclairs, Courir

Blanche : « Quittant la chambre, elle est passée devant le bureau qui n’aura joué aucun rôle ce matin : il en a l’habitude, ne servant jamais à rien sauf à contenir les lettres qu’Anthime et Charles envoient régulièrement à Blanche, chacun de son côté, et dont les iles serrées par des rubans aux couleurs opposées reposent dans des tiroirs distincts. »

« Ce moustique, à treize heures, apparaît dans l’air normalement bleu d’une fin d’été, sur le département de la Marne. Propulsons-nous vers cet insecte : à mesure qu’on l’approche, il grossit peu à peu jusqu’à se transformer en petit avion, biplan biplace de modèle Farman F 37 mené par deux hommes, un pilote et un observateur assis l’un derrière l’autre dans des fauteuils bruts, à peine protégés par deux pare-brise rudimentaires. »

Partager cet article
Repost0