Claire a foutu le camp. Folle de joie à l’idée d’être enceinte et après une grossesse épanouie, elle a pris la poudre d’escampette et s’est retrouvée en Indonésie, abandonnant mari et bébé. Elle nous raconte petit à petit comment elle en est arrivée là. Océane, elle, est une étudiante en médecine qui voue une passion pour l’écriture et peut-être encore plus pour son prof de littérature ; mais son père, tyrannique, décide pour elle. Claire travaille pour une écrivaine très connue, Eva, qu’elle ne voit pourtant jamais écrire, à se demander si c’est bien elle l’autrice de ses romans. Du brouillon de son dernier roman, elle ne veut révéler que le prénom de son héroïne : Océane, une fille amoureuse de son prof (mais tiens donc…)
Lire, dans la même semaine, Le Père Goriot et ce roman, c’est un peu comme faire côtoyer un ceviche de daurade au lait de tigre coco et une tartiflette, j’aime les deux mais j’ai une sacrée préférence… Vous l’aurez compris, on navigue entre la positive attitude, le combat féministe et le feel good. Il y a pire dans ce registre-là, j’ai lu le livre avec un certain plaisir pas tellement coupable puisqu’il se dévore très vite. Au-delà des clichés et des phrases toutes faites, il y a quelques idées intéressantes comme cette jeune femme qui part au bout du monde après avoir accouché et secoue ainsi bien des tabous, la confusion entre les personnages qui résulte à un ne-vous-fiez-pas-aux-apparences et des conseils aux futures jeunes mamans sans doute pas négligeables. Quand je lis certaines critiques, par exemple "Du rire, des larmes, de la résilience mais surtout l'impatience de lire la prochaine pépite qui me rendra aussi heureuse que la précédente. Un régal ! " (www.20minutes.fr), certains mots comme « rire », « larmes » ou « pépite » ne me semblent pas tellement appropriés. Certaines phrases me font dresser les cheveux sur la tête : « un gigantesque tourbillon doré naquit en elle. Une pluie de mini-marshmallows sur un chocolat chaud. Elle était invincible, en haut d’un nuage, flottant dans un océan de lumière. » (Puissions-nous donc ressentir ça !!!) M’enfin, il faut de tout pour faire un monde. Je récapitule, un roman sympatoche de plage qui casse pas trois pattes à un canard.
« J’ai accouché de la culpabilité en même temps que j'ai accouché de toi. Je la traînais avec moi comme une valise sans roulettes, un boulet dont le poids m'enfonçait encore plus profond dans les sables mouvants où je me débattais. Parfois, allongée sur le canapé, je rêvais d'être un homme, d'être libre. Elle était tellement simple, la vie de ton père, tellement peu de choses avaient changé dans son quotidien. »