C’est le très alléchant billet de Jérôme qui m’a donné envie de lire ce livre et de découvrir cet auteur.
Gaby Aspinall est acheteur dans une multinationale, son métier est de baratiner et d’escroquer. Côté vie privée, c’est la loose : il multiplie les aventures insatisfaisantes, à 46 ans il se souvient encore de son amour d’adolescence, il se cuite régulièrement au Get 27, il souffre d’aérophagie et écoute Souchon en boucle malgré lui… Quand son père décède, une fille cachée de 16 ans lui tombe dessus et il se retrouve pris en otage dans les toilettes de son entreprise. Une existence chamboulée et alambiquée que Gaby gère avec ses armes habituelles : le mensonge, la vulgarité, la cruauté et le franc-parler. Car oui, Gaby est un salaud de premier ordre, une sorte de champion en la matière qui, l’air de rien, sera même mêlé à une affaire de meurtre, ce qui ne va pas l’émouvoir plus que ça.
De prime abord, c’est le langage familier et vulgaire qu’on se prend dans la gueule (je m’adapte à ma lecture). Gaby, le narrateur fort en gueule ne passe pas par quatre chemins : il a « envie de baiser » sa supérieure, il « castre » un fournisseur avant de s’envoyer sa femme au « physique d’otarie » dans la chambre de son Ibis. Le lendemain, il croise « une pute d’à peine seize ans » en bas de chez lui, « elle avait le regard si intense qu’elle devait chialer du napalm et elle avait les hanches pas plus larges que deux mains qui tiennent un kebab. » Le ton est donné et l’on pourrait croire que cet amas de grossièretés n’est là que pour masquer un grand vide. Eh bien, pas du tout, ce roman livre une satire de la société d’une justesse incroyable, en dénonçant les vices du monde de l’entreprise, il appuie aussi là où ça fait mal, il exagère les défauts de l’homme avec ce formidable personnage qu’est Gaby, à la fois anti-héros et héros moderne. J’ai adoré cette histoire complètement amorale et jubilatoire, anti-puritaine, misogyne et insolente où l’auteur arrive à glisser, ô surprise, des moments d’intense émotion. Mais surtout, on se poile, on se bidonne à n’en plus finir. Oh putain, c’est de la balle !
« Les femmes sont des Play Stations fabriquées en viande. Sauf Oona Parretta. Oona est la plus belle femme du monde. A côté d’Oona, vous me mettez Einstein, Mandela et Jaurès et, pour moi, ça fait rien qu’un sac à la merde. A côté d’Oona, Tchernobyl c’est juste de la tisane. »
Les femmes dominent les hommes… : « On s’est tous fait couper les couilles, on n’a rien dit et le résultat est que ce sont les femmes qui manient le Power Point et nous qui matons leur cul en douce pendant ce temps-là. Misère. Misère… Misère ? Est-ce si grave ? On a moins de soucis. Les femmes ont pris les services en main et elles sont en train de nous montrer que l’égalité des sexes est une réalité puisqu’elles font de la merde exactement comme nous on faisait avant. Elles sont même un peu plus vaches, un peu plus putes. Elles laissent rien passer. […] Elles savent pas discuter de trucs idiots en étant très sérieux, elles savent pas déconner sur des trucs graves. Elles sont chiantes et elles sont connes. Oui, c’est ça : les femmes sont chiantes et elles sont connes. »