J’avais très envie de participer au challenge « Bonnes nouvelles » de Je lis, je blogue et j’ai retrouvé ce petit recueil de nouvelles dans ma PAL ; eh oui, Romain Gary a aussi écrit quelques nouvelles.
Dans la première nouvelle, « J’ai soif d’innocence », le narrateur exprime sa volonté de fuir une société mercantile et cupide et se réfugie à Tahiti où il se lie d’amitié avec une certaine Taratonga qui lui offre, au bout de quelques semaines, des gâteaux emballés dans des toiles de Gauguin sans en connaître la valeur. Les principes du narrateur vont être mis à rude épreuve.
« Un humaniste » pourrait aussi se nommer l’Optimiste par excellence. Durant la 2nde guerre mondiale, M. Karl continue à croire en l’Homme, à espérer mais, en tant que juif, ses jours sont menacés par les nazis. Il se fait alors volontairement enfermer dans une cave secrète avec ses livres et des vivres apportés par ses domestiques. De très nombreuses années passent (on est en 1950, vous pigez le truc...) qui n’altèrent en rien son optimisme, les nouvelles ne lui sont plus qu’apportées par son fidèle Schutz.
« Le faux » : un collectionneur d’art s’évertue à repérer les faux. Lorsqu’il dira à Baretta que son tableau est un faux Van Gogh, sa minutie à relever les contrefaçons va se retourner contre lui...
« Citoyen pigeon » est un texte fantastique où deux Américains, l’un plus prétentieux que l’autre, visitent Moscou. A force de répéter « Nous avons la même chose aux Etats-Unis, en mieux », ils agacent leur entourage jusqu’au jour où leur cocher n’être autre qu’un pigeon.
« Tout va bien sur le Kilimandjaro » est assez drôle parce qu’un faux aventurier complètement sédentaire fait envoyer par des marins des cartes postales en son nom depuis les quatre coins du globe à sa bien-aimée, Adeline... Cette Adeline lui répond, des années plus tard, qu’elle a eu sept enfants avec son rival qui aime tellement collectionner ces cartes et ces timbres venus d’ailleurs !
« Je parle d’héroïsme » permet de confronter le discours d’un conférencier sur le thème de l’héroïsme : un des auditeurs l’emmènent chasser les requins dans les Caraïbes... de l’héroïsme la plume à la main à celui des abysses un fusil à la main, ce n’est pas tout à fait la même chose.
Tous ces textes tournent autour de la duperie, des faux-semblants, de la vengeance : des personnages qui se croient plus malins se font finalement royalement berner ; un peu comme chez Molière, on rit de leur arrogance punie, de cet arroseur arrosé, de ce pédant qui se retrouve le bec dans l’eau. C’est drôle et plaisant à lire (venant de Gary, ce n’est pas très surprenant). Ces six nouvelles à chute très courtes ont un charme apéritif : on les picore, on s’amuse, elles montent à la tête comme les bulles et on les oublie vite (je ne parle que de ma petite mémoire inefficiente). Il n’en demeure pas moins qu’elles sont un excellent moyen de découvrir le vénérable Romain Gary si ce n’est pas déjà fait ou de confirmer le fait qu’il sait se renouveler tant au niveau du genre que du registre.