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3 mars 2023 5 03 /03 /mars /2023 15:54

Nos gloires secrètes - Poche - Tonino Benacquista - Achat Livre ou ebook |  fnac

Le titre de ce recueil de six nouvelles est assez explicite : les histoires nous projettent dans un passé obscur fait de secrets inavoués.

Dans « Meurtre dans la rue des Cascades », un jeune homme un peu paumé a malencontreusement tué un poivrot, copain d’un soir, en le jetant par-dessus une verrière. Jamais puni, jamais inquiété, il vivra une vie tapi dans ce secret terrible.

« L’Origine des fonds », c’est la revanche d’un auteur-compositeur très fortuné qui a des comptes à régler avec son passé. Nouvelle à chute qui fait sourire et fait bien plaisir.

« Le parfum des femmes » nous permet d’accompagner un grand nez, un parfumeur à la retraite, dans son grand appartement parisien où, seul, il s’ennuie et se souvient de ses heures de gloire passées lorsqu’il parfumait les plus belles femmes du monde. Une voisine, jeune et jolie, fait son apparition et lui permettra de manière complètement insolite, d’exercer une dernière fois son beau métier.

« Le rouge, le rose et le fuchsia » : un couple fait l’acquisition, chez un antiquaire, d’un petit bureau de secrétaire appelé un « bonheur-du-jour » mais c’est une photo sur le bureau du vendeur qui les attire encore plus. Leur imagination vagabonde loin de la réalité.

« Patience d’ange » est ma nouvelle préférée. Un couple lutte au quotidien avec la maladie de leur petit garçon, Justin. Un mal étrange le ronge depuis des mois : il est devenu inerte et muet. Contre toute attente, mère et père se sont rapprochés, ils ont trouvé un semblant d’équilibre mais ils restent emplis d’espoir au moment de ce rendez-vous avec un grand médecin…

« L’aboyeur » est celui qui annonce les invités lors des réceptions mondaines. Le richissime Christian fait appel à lui pour ses 50 ans : il a invité 50 personnes, des proches, des célébrités, des indispensables dans sa vie de nanti… Mais personne ne viendra jamais. L’occasion pour lui de partager ses confidences avec l’aboyeur et une partie de ses souvenirs, et les leçons à tirer de cet abandon généralisé. Je n’ai pu m’empêcher de penser à l’excellent Bal d’Irène Némirovsky.

 

J’ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles avec des textes variés, colorés, parfois un peu espiègles et coquins, célébrant la vie. Les histoires se lisent avec plaisir, elles sont distrayantes et parfois un brin philosophiques et m’ont rappelé celles d’un Eric-Emmanuel Schmitt. De l’auteur, j’ai presque tout lu et au fil du temps, je l’ai de moins en moins aimé. Saga, Malavita, Romanesque, Quelqu’un d’autre restent néanmoins d’excellents souvenirs.

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29 mai 2022 7 29 /05 /mai /2022 17:09

3 nouvelles d'Irène Némirovsky ; en raison des circonstances, la  confidente, M. Rose - Irène Némirovsky

Comme l’indique le titre de ce recueil, trois nouvelles, d’une vingtaine de pages chacune, nous sont offertes.

Dans « En raison des circonstances », nous accompagnons un couple, un soir d’insomnie. Marie-Louise a marié son aînée, Aline, le matin même et ce mariage précipité, en temps de guerre, lui rappelle son premier mari qui est le père d’Aline et qui est décédé lors de la Première guerre mondiale. Son époux actuel, doux et aimant, Georges, a toujours voulu en savoir un peu plus sur cette première union. Ce huis clos interroge le présent à la lumière du passé d’un couple disparu.

« La Confidente », c’est Camille Cousin, cette vieille fille terne qui accueille Robert Dange, ce pianiste célèbre veuf, malheureux d’avoir perdu sa jeune épouse, Florence, dans un accident, deux mois plus tôt. Il veut tout savoir sur les derniers instants de vie de sa bien-aimée. Après quelques réticences, Camille finit par raconter la vérité : c’est elle qui a modelé son amie, qui a dirigé sa vie et qui l’a poussée à rencontrer Robert, cet homme que Florence n’a jamais aimé. Cet amour n’était donc qu’illusions et mensonges.

« M. Rose » est un homme imbu de sa personne, solitaire et condescendant qui, à 50 ans, se vit toujours seul. Alors qu’il est persuadé d’avoir anticipé la Deuxième guerre mondiale en assurant ses arrières, se procurant un pied-à-terre en Normandie, mettant ses biens à l’abri, il est pris dans cette grande Débâcle, l’exode de juin 1940 où les Français se trouvent sur les routes. Face à la situation, il perd de sa superbe et doit beaucoup à un jeune homme de 17 ans qui se montre si généreux et altruiste avec lui.

J’ai beaucoup aimé ces trois textes, l’autrice (d’origine ukrainienne, je l’ignorais) maîtrise parfaitement l’art de raconter brièvement un personnage, une vie, un événement. La deuxième nouvelle est à la fois drôle (le mari éploré s’est fait avoir depuis le début dans une vaste supercherie) et glaçante (il continue de l’aimer, bien malgré lui…), proche du thriller puisque le doute s’est insinué dans l’esprit du mari quand il a réalisé avoir reçu une lettre de Florence le lendemain de sa mort. La 3ème nouvelle se dévore tout aussi rapidement et permet d’avoir un aperçu juste et précis de l’exode de 1940. Et c’est bien là une des grandes qualités de l’écrivaine, cette acuité, cette précision de l’analyse extrêmement efficace puisqu’il ne faut au lecteur que quelques pages pour se plonger dans un contexte, marcher au côté d’un personnage. Cette édition destinée à des collégiens est dotée d’un dossier Images tout à fait cohérent et intéressant (notamment Room in New York d’Edward Hopper qui va si bien avec la première nouvelle et m’a aussi fait penser à l’excellente première nouvelle de Trois fois dès l’aube de Baricco).

J’ai une grande envie d’autres titres de Némirovsky, même de redécouvrir Suite française que j’avais écouté en support audio.

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28 mars 2022 1 28 /03 /mars /2022 17:13

trois fois dès l'aube - Alessandro Baricco - Gallimard - ebook (ePub) - Le  Hall du Livre NANCY

Si comme moi, vous avez adoré Mr Gwyn, sachez que ce recueil de nouvelles est évoqué dans Mr Gwyn et que l’auteur a décidé ultérieurement d’écrire pour de vrai ce récit – ces trois récits, plus précisément.

Dans un hôtel au charme suranné, une belle jeune femme en robe de soirée accoste un homme au petit matin. Celui-ci est pressé, il doit prendre la route pour un rendez-vous professionnel. Mais la femme a besoin de compagnie, elle se fait insistante, elle se sent très mal… L’homme semble ridicule avec sa « petite usine qui produit des balances » face aux considérations plus philosophiques de la femme. Elle a besoin d’aide, il finit par l’accompagner dans sa chambre mais la fin n’est pas telle qu’on se l’imagine.

Dans un hôtel de banlieue assez minable, un couple se fait remarquer en cette fin de nuit. Elle est très jeune, lui est autoritaire et brusque. Alors que la fille descend chercher des serviettes, le réceptionniste engage la conversation qui se fait d’abord assez brutale, elle ne comprend pas qu’il se perde dans un tel boulot de merde, lui lui reproche de gâcher sa vie avec ce type. Finalement, l’empathie gagne le réceptionniste et il emmène la jeune femme avec ses serviettes blanches sous le bras pour fuir son compagnon qui pourtant les guette déjà…

C’est une femme flic qui guette, une nuit, dans une chambre d’hôtel pourrie, le sommeil d’un adolescent de treize ans qu’elle protège suite à un drame familial. Mais l’enfant ne trouve pas le sommeil, l’hôtel est vraiment lugubre et la femme, à quelques jours de la retraite, décide d’enfreindre toutes les règles et d’emmener le garçon loin, dans un endroit paisible où il sera bien, après avoir vécu tant d’atrocités. Un long périple nocturne va conduire le duo insolite au bord de la mer.

Qu’il est bon de retrouver et l’écriture et l’univers de Baricco ! Feutré, mystérieux, intimiste, le récit fait souvent alterner le discours direct et le discours indirect. Trois histoires de rencontre, trois récits nocturnes pour un même lieu, un hôtel, cet espace commun et impersonnel où tout peut arriver pour deux êtres qui se rencontrent. J’ai complètement adoré ces trois histoires, cet univers à la fois ouaté, étrange et tendre, et je ne regrette qu’une seule chose : leur brièveté. J’avais ressenti le même petit je-ne-sais-quoi avec Mr Gwyn, cette petite étincelle qui rend le livre irrésistible.

« Vous semblez être la première personne intéressante que je rencontre ce soir. Cette nuit. Je ne sais plus ce qu'il faut dire.

Je n'ose imaginer comment étaient les autres.

Terrifiantes. »

 

« La lumière, là-bas. C’est l’aube, cette lumière. L’aube. »

 

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6 mars 2022 7 06 /03 /mars /2022 17:04

Rose Royal | Actes Sud

Parmi les auteurs contemporains, il y en a un que je place sur le podium, c’est Nicolas Mathieu qui m’a tellement captivée avec Leurs enfants après eux et tout récemment Connemara.

Ce court livre comporte deux nouvelles.

« Rose Royal « : Rose a la cinquantaine. Célibataire ayant connu des dizaines d’aventures, elle a l’habitude de boire un demi au Royal, ce bistro qui ne paie pas de mine. Un soir, elle se sent obligée d’utiliser le revolver qu’elle s’était procuré un jour où elle s’était sentie menacée par un compagnon. Elle a achevé un chien qui venait d’être renversé devant le bistro… et est tombée amoureuse de son maître. D’amour, il en n’en est peut-être pas question d’ailleurs. Disons que Luc lui convient mieux qu’un autre ? Alors même si elle a failli le quitter maintes fois, elle se laisse convaincre, elle va vivre avec lui, même travailler pour lui… jusqu’à se rendre compte qu’il lui a progressivement et sournoisement pris toute sa liberté. Le revolver va servir encore, mais pas comme on l’imagine.

« La Retraite du juge Wagner » confronte un juge vieillissant, célibataire et solitaire, et un petit délinquant de la banlieue de Colmar. Le jeune avait piqué l’arme du juge qui l’a facilement retrouvé sur les réseaux sociaux. Il permet au paumé de renouer avec le travail et les études mais des Corses rôdent et veulent se venger…

         La première nouvelle, « Rose Royal », m’a prise aux tripes pour deux raisons. Elle dépeint l’amour et la vieillesse (enfin, cette vieillesse qui commence à 40 ans déjà) d’une manière pessimiste et désolante, et pourtant (trop) lucide. Deux personnes restent ensemble pour ne pas être seules, en dépit de leurs différends, en dépit du manque d’amour ; ils se rassurent en se trouvant des points communs aussi ridicules que dérisoires. Ensuite, on le comprend assez vite, le texte évoque l’emprise qu’un homme peut avoir sur une femme sans qu’elle en prenne véritablement conscience. Thierry, parce qu’il se montre vulnérable sur un point, attire la compassion de Rose qui ne va pas le quitter. Quelle justesse dans cette narration haletante ! Et ça fait du bien de savoir que c’est un homme qui a écrit ce texte.

       La seconde nouvelle se révèle assez pessimiste aussi même si ce juge sait se montrer clément et généreux. J’ai aimé que l’histoire se passe dans ma région et que, mise à part l’évocation féérique de la Petite Venise de Colmar, on y montre un versant plus sombre que celui habituellement présenté quand on parle de l’Alsace.

En somme, une belle lecture ! C’est Tiphanie que je remercie 😉          

"Les gens qui nous plaisent ont toujours cet aspect familier, cet air de bibelot.

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26 mai 2021 3 26 /05 /mai /2021 17:25

Aller aux fraises - Éric Plamondon - Babelio

Dans ce recueil de trois nouvelles, l’écrivain québécois explore la fin de l’adolescence et ce passage délicat à l’âge adulte.

« Aller aux fraises » : un ado et ses potes, avant de démarrer les études supérieures, font encore quelques conneries, le narrateur abîme notamment la voiture de son père. Ce dernier, plutôt que d’entrer dans une colère noire, lui réplique qu’il est sans doute aller aux fraises.

Dans « Cendres », trois copains de toujours réunis par leurs deux passions : la bière et le billard. Mais l’un d’eux meurt prématurément et les deux autres, un soir de neige, tentent d’aller respecter la promesse de disperser les cendres au cimetière de Sainte-Irénée. Mais ils sont ivres, mêmes plus qu’ivres !

Dans la dernière nouvelle, « Thetford Mines », on retrouve le narrateur du premier texte quelques années plus tôt alors que sa mère et son nouveau « chum » se sont installés dans cette région réputée pour ses mines d’amiante. Il les rejoint tous les week-ends en train avant d’avoir sa propre voiture et de faire, un soir de neige, une découverte enchanteresse qui lui confirme qu’il a bien 18 ans et que tout est possible…

 

C’est vraiment très court, même pas 100 pages au total mais c’est le seul reproche que j’aurais à faire à ce livre que j’ai dévoré et adoré. C’est la première fois que je découvre l’écriture d’Éric Plamondon et mon adhésion fut immédiate et totale. Entre langage familier, expressions bien de chez lui et poésie, c’est un vrai plaisir de lecture ! Même si le sujet n’est pas tout frais, ce passage à l’âge adulte, quand on a l’impression d’être invincible, est joliment traité. Entre humour et émotion, ces quelques photographies (et leur arrière-plan enneigé !)  de ce moment-clé vont certainement marquer durablement le lecteur. Ou quand même croquer le réel avec justesse et finesse. Hâte de lire autre chose de l’auteur, quel titre en priorité ?

« C’était la fin de quelque chose. Je me dirigeais tout droit vers les responsabilités, les histoires d’amour compliquée, les haines partagées, les collègues insignifiants, le mariage, le divorce, avoir un enfant, voir ses parents vieillir, changer d’idée, douter, chercher des réponses, sombrer, se relever, tenter, recommencer et, souvent, me souvenir de la fois où mon père m’avait dit : « On dirait que t’es allé aux fraises. »

Après l’émotion, place à l’humour :

« - Niaise pas là-d’sus, Finger. Veux-tu une autre gorgée de vin.

   -Envoye donc, j’commence à être tanné de rôter juste d’la bière. »

 

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23 avril 2021 5 23 /04 /avril /2021 18:43

Fantaisie allemande, Philippe Claudel | Stock

       Comme son nom l’indique, ce recueil de nouvelles évoque de près ou de loin des personnages d’origine allemande ou un contexte germanique.

       Cinq nouvelles ou contes cruels, pourrait-on dire aussi. « Ein Mann » est une sorte de road trip apocalyptique d’un homme seul qui fuit et se cache dans une forêt froide de novembre. « Sex und Linden » narre les souvenirs d’un vieillard et sa première expérience sexuelle. Dans « Irma Grese », une jeune fille simplette mais cruelle est embauchée dans une maison de retraite pour s’occuper quotidiennement d’un vieil homme impotent qu’elle va laisser mourir de faim. « Gnadentod » nous livre les différentes versions du mystère d’un peintre devenu fou en 1940.  Et je n’ai pas envie de résumer « Die Kleine » parce que c’est comme ça.

       Je n’ai pas aimé toutes les nouvelles avec la même intensité mais les ai toutes appréciées pour leurs qualités évidentes. Les deux premières m’ont totalement séduites, ce sont deux petits bijoux différents l’un de l’autre mais remarquablement écrits. Le fil directeur de l’Allemagne est un peu artificiel, il ne faudrait surtout pas y voir une chronique du pays ou une photographie d’un instant, l’auteur lui-même dit ne pas avoir écrit les textes à la même période. La magnifique couverture est signée Lucille Clerc et je ne me suis pas lassée de l’admirer. Un joli moment de lecture au final même si l’enthousiasme des premières pages s’essouffle un peu au fil de la lecture.

« On ne meurt pas d’un coup à mon âge. On est comme une maison dont on ferme les volets, qu’on vide peu à peu de ses meubles, dans laquelle on coupe le gaz, puis l’eau, et pour finir la lumière, avant de verrouiller une dernière fois la porte et de jeter la clé. Cette pensée m’amuse. »

« Les lumières laissent choir sur les visages des musiciens un pollen doré. »

« Nous sommes la matière de la nuit. »

Merci Michaël !

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13 février 2021 6 13 /02 /février /2021 18:02

Résultat de recherche d'images pour "Le livre de sable de Jorge Luis Borges"

 

Ce recueil de treize nouvelles emporte le lecteur dans un ailleurs spatial, dans un ailleurs temporel mais également dans un ailleurs littéraire. Un narrateur qui rencontre son double, un disque magique qui disparaît une fois le propriétaire tué, un Congrès mystérieux qui tente de rassembler les entités du monde entier, un homme qui s’isole et se fait oublier pendant deux mois dans un but bien précis, la première fois d’un adolescent dans une maison close, une plongée dans un avenir très lointain… Si les nouvelles n’ont rien à voir les unes avec les autres, la plupart sont fantastiques, le personnage qui parle à la première personne est généralement masculin et le thème du livre, de la bibliothèque revient souvent.

Heureusement que les nouvelles sont assez courtes car elles requièrent une concentration maximale et une attention aiguë. Malgré cela, deux ou trois me sont restées aussi fermées qu’une lourde porte blindée et cadenassée. Deux paraissent inachevées au point qu’on cherche la dernière page qui n’existe pas. Pourtant, je ne regrette pas d’avoir lu ce livre, certains textes, je l’espère en tous cas, resteront gravés dans mes souvenirs, notamment « Le Congrès », « Avelino Arredondo » et l’incroyable dernière nouvelle, « Le livre de sable », ce livre maléfique dont on tourne les pages indéfiniment sans qu’on puisse le refermer, qui comporte à chaque fois une autre illustration, un autre texte, une autre numérotation de page. Un livre infini qui rend fou.  Les liens avec mon autre lecture argentine du mois, L’enfant poisson de Puenzo, sont évidents puisque dans les deux cas, on a à faire à ce réalisme magique si cher à la littérature sud-américaine ; et je suis contente d’avoir découvert - pour la première fois - l’univers tourmenté et surnaturel du grand écrivain argentin.

Dans la nouvelle « L’autre », le narrateur rencontre son alter ego, l’un est jeune, l’autre est vieux : « je compris que nous ne pouvions pas nous comprendre. Nous étions trop différents et trop semblables. Nous ne pouvions nous leurrer, ce qui rend difficile le dialogue. Chacun des deux était la copie caricaturale de l’autre. La situation était trop anormale pour durer beaucoup plus longtemps. Conseiller ou discuter était inutile, car son inévitable destin était d’être celui que je suis. »

« Utopie d’un homme qui est fatigué » nous emmène dans un futur où on ne crée plus de nouveaux livres : « D’ailleurs ce qui importe ce n’est pas de lire mais de relire. L’imprimerie, maintenant abolie, a été l’un des pires fléaux de l’humanité, car elle a tendu à multiplier jusqu’au vertige des textes inutiles. »

Une seconde participation au challenge ensoleillé de Goran et Ingannmic !

             

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5 septembre 2020 6 05 /09 /septembre /2020 18:00

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          C’est dans le cadre de mon boulot au collège que j’ai découvert qu’avant la pièce Rhinocéros, une nouvelle portant le même titre avait été écrite.

« Rhinocéros » commence ainsi : « Nous discutions tranquillement de choses et d’autres, à la terrasse du café, mon ami Jean et moi, lorsque nous aperçûmes, sur le trottoir d’en face, énorme, puissant, soufflant bruyamment, fonçant droit devant lui, frôlant les étalages, un rhinocéros. » La suite, vous la connaissez sans doute : après l’étonnement initial, tous les habitants de la ville finissent par se métamorphoser en rhinocéros, seul le narrateur résiste … mais jusqu’à quand ?

La 2ème nouvelle, « Oriflamme » surprend également dès son incipit : un couple « héberge » un mort depuis 10 ans. C’est un homme de passage qui a eu une liaison avec Madeleine que le narrateur a tué. Le cadavre est intact mais il grandit chaque jour un peu et, au bout de dix ans, il faudrait s’en débarrasser. Mais le mort va manquer au couple, ses yeux « tels deux phares, d’une lumière froide, blanche » éclairaient toute la pièce. La fin de la nouvelle est de toute beauté puisque la barbe du mort se déploie en parachute et emporte le narrateur avec lui.

La 3ème nouvelle, « La photo du colonel » se veut plus policière. Dans une ville parfaite où ne vivent que des gens aisés sous un parfait soleil, un mystérieux tueur en série sévit. On connaît son mode de fonctionnement mais il n’est jamais inquiété. Le narrateur le côtoie naïvement, sans se méfier.

         Il ne faut pas parler d’absurde mais d’« insolite » chez Ionesco. Merci à lui de nous sortir du commun, du réaliste et de l’ordinaire. Ces trois nouvelles sont une réussite et traduisent le pessimisme de l’auteur vis-à-vis de la condition humaine (et il n’a pas tort). Les hommes sont petits et soumis à une fatalité qui les dépasse, contre laquelle ils n’ont pas la force de vaincre. Amis de l’optimisme, bonsoir !

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17 juillet 2020 5 17 /07 /juillet /2020 11:33

Amazon.fr - Une vie à coucher dehors - Tesson, Sylvain - Livres  

        Une route qu’on goudronne, des porcs qu’on engraisse, des terrains qu’on démine, un journal de bord d’un ermite sur le point de rejoindre la civilisation, deux gardiens de phare – un Russe et un Breton – qui fêtent Noël ensemble, des femmes qui se révoltent contre leur statut d’esclave, des naufragés qui sont heureux grâce à un conteur menteur, un fantôme qui profère des insultes, …. Je ne vais pas vous résumer dans le détail les 15 nouvelles de ce recueil mais sachez qu’il nous trimballe à travers les âges mais aussi, surtout, nous fait voyager sur le globe terrestre avec une légère préférence des îles grecques et de la Russie.

        Ce recueil a obtenu le Prix Goncourt de la nouvelle en 2009 et il le mérite amplement ! Chaque histoire est insolite et passionnante ! Qu’elle soit longue ou courte, elle nous emmène ailleurs. Rondement construite, on y trouve toujours un peu d’humour ou un peu de cynisme, une bonne dose de tragique, mais aussi, je pense, les valeurs chères à l’auteur : l’écologie, un pessimisme face à l’humain, une méfiance vis-à-vis de l’islam. La plupart des nouvelles comportent une chute magistralement menée. Oui, j’ai adoré et j’en fais un coup de cœur ! 

A lire également le formidable Dans les forêts de Sibérie ou un autre très très bon recueil de nouvelles, S'abandonner à vivre.

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21 mai 2020 4 21 /05 /mai /2020 09:47

La Rêveuse d'Ostende - broché - Eric-Emmanuel Schmitt - Achat ...

       Après avoir abandonné un recueil de nouvelles d’un écrivain, Etgar Keret (Crise d’asthme), dont j’avais pourtant adoré 7 années de bonheur, j’ai sorti de ma PAL ce livre beaucoup plus « tout public ».

Cinq nouvelles dont la première est longue et la dernière très courte.

  • « La rêveuse d’Ostende » : une vieille femme raconte son histoire d’amour clandestine avec un noble, une passion idéale … tellement parfaite que son interlocuteur finit par mettre en doute la véracité de ses dires.
  • « Crime parfait » : une femme assassine son mari, le jetant du haut d’une falaise. Ça fait peu de temps qu’elle le soupçonnait d’être fourbe et sournois dans l’amour absolu qu’il lui exprimait. Plus le temps passe, plus elle se rend compte qu’il était réellement sincère dans ses sentiments et que c’était peut-être elle la plus hypocrite des deux.
  • « La guérison » : Une infirmière qui se trouve grosse et laide plaît à un patient devenu aveugle, il la séduit et finit par la convaincre qu’elle possède réellement des charmes.
  • « Les mauvaises lectures » : Un vieil érudit déteste la lecture des romans. En vacances avec sa cousine, il finit par succomber à un polar qui le marque au point de transformer sa vie.
  • « La femme au bouquet » : le narrateur s’aperçoit qu’une femme attend tous les jours avec un bouquet à la gare de Zurich… depuis des années. Qui attend-elle ? Pourquoi ?

        Autant les trois premières nouvelles m’ont beaucoup plu, j’ai trouvé ça frais et léger, distrayant et amusant, autant les deux dernières m’ont lassée par le manque de crédibilité, le côté un peu moralisateur de l’auteur. N’empêche que le fil directeur – le pouvoir de l’imagination ou comment les pensées d’une personne peuvent modifier la réalité – est intéressant. J’avoue aimer le E.E. Scmitt novelliste, même si le personnage public peut m’agacer, même si je n’ai pas aimé tous ses romans, j’aime ses nouvelles. J’arrive même parfois à m’en souvenir longtemps. (Concerto à la mémoire d’un ange ; Les deux messieurs de Bruxelles).

       Au soleil, sur mon transat, ce fut un moment de lecture très agréable !

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