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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 19:11

          Je vous avais dit qu’avec Zoyâ Pirzâd, je ne me contenterai pas de C’est moi qui éteins les lumières que j’ai beaucoup aimé. Voici un recueil de 18 nouvelles qui correspond aussi à son premier ouvrage paru.

         En Iran, dans un univers en quasi huis clos, il est question de cuisine, de couture, de vaisselle, de fleurs, d’enfants, tout cela dans un contexte familial où la mère, généralement, regarde par la fenêtre et attend le retour de son mari. Ce monde douceâtre et plutôt soporifique car extrêmement routinier se modifie petit à petit, d’une nouvelle à l’autre, pour y voir surgir, par petites touches, des ombres, des impressions fugaces qui dérangent, qui tendent à briser le fragile et précaire équilibre initial. Ainsi, une femme se réjouit de n’avoir jamais eu d’enfants, une autre ôte rageusement ses bas trop collants, une troisième se voit répudiée et incite ses filles à la rébellion, une dernière fait preuve de caractère en balançant repas, nappe et tout le toutim par la fenêtre, une armée de voitures bruyantes et grinçantes envahissent les rues de la ville.

            C’est une ambiance faite de nostalgie et de souvenirs qui constitue le point fort de ce recueil de nouvelles. J’ai préféré le roman C’est moi qui éteins les lumières mais ces textes courts ne sont pas dénués de charme et, même s’ils ont pour cadre resserré une maison bourgeoise en Iran, ils revêtent une dimension universelle. J’ai apprécié de retrouver à nouveau le procédé du monologue intérieur et l'extrême sobriété du style de l'écrivain femme. Certaines nouvelles nous sortent un peu dans la rue et une de mes préférées, « Le Banc d’en face » décrit, de manière assez drôle, un type qui aime observer les gens et leur prêter une vie, des humeurs, une histoire qu’il croit détecter sur leur visage et leur comportement. Ainsi, parce que l’homme assis sur un banc en face de lui semble triste, il s’imagine qu’il a perdu son emploi, ce qui l’amène à réfléchir lui-même sur l’instabilité de son propre métier. Un courrier étrange était parvenu récemment au directeur général… ou comment imaginer le pire :

« Pourvu qu’il ne s’agît pas de lui ! Et pourquoi lui ? Il n’y avait pas plus consciencieux dans tout le bureau. Jamais il n’était en retard, jamais absent. Pas une fois il n’avait sollicité de congé pour raison médicale. Alors pourquoi lui ? Il songea aux réactions de ses collègues. Ils lui témoigneraient certainement de la compassion. Mais à quoi cela lui servirait-il ? Il se souvint qu’il avait sollicité quelques semaines auparavant un prêt immobilier. Il avait toutes les chances de l’obtenir. Mais maintenant… ? Il imagina le directeur financier déchirant sa demande. Désormais, il ne pourrait plus acheter à crédit chez l’épicier avec la même confiance ni la même assurance des débuts de mois. Il se représenta l’épicier riant de toutes ses dents noires. Il songea à la timide demoiselle qui avait été embauchée au bureau quelques mois plus tôt. Cette fille lui plaisait. Il avait décidé de lui parler. Si elle était d’accord, il parlerait aussi à sa mère. Comme elle serait heureuse ! Mais à présent… ? Désormais, la jeune fille ne répondrait même plus à ses salutations. »

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9 janvier 2017 1 09 /01 /janvier /2017 12:10

 

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             Il me tardait de découvrir cet auteur et de vérifier ses qualités tant vantées par certains.

            Dans un recueil de trois nouvelles, Marcus Malte évoque l’enfance et l’adolescence :

            Dans « Le Fils de l’étoile », le narrateur revient sur ses souvenirs : enfant, Mestrel, se retrouve envoyé par ses parents en colonie de vacances. Il déteste ça car il y est raillé et humilié à la fois par les autres enfants mais aussi par les moniteurs… jusqu’au jour où il est fait la connaissance de François. François lui assurera protection et amitié. Lorsque Bénardier qui s’était vertement moqué de Mestrel, mourra empoisonné par des champignons, le garçon ne se méfiera pas. Lorsque, l’été suivant, la mono qui se foutait de Mestrel disparaît avant de se retrouver au fond d’un puits, Mestrel s’interroge.

            Dans « Des noms de fleurs », quatre amis qui se sont donné des surnoms de fleurs, luttent à leur manière pour l’écologie et la sauvegarde de la planète. Ils décident, simplement, d’offrir leur vie à leur combat. Nous assistons à leurs dernières minutes de vie.

Dans la dernière nouvelle intitulée « Le père à Francis », c’est par la voix d’un gamin de banlieue marseillaise qu’on découvre la vie d’un homme extraordinaire qui s’est battu pour que des gamins se retrouvent autour du foot. Ou comment décrire les aspects les plus positifs d’un sport fédérateur et salvateur…

             A travers ces trois textes, c’est le pouvoir de la jeunesse qui est mis en lumière : une jeunesse dont il faut se méfier, une jeunesse bien plus forte et reconnaissante qu’il n’y paraît, une jeunesse courageuse. Au service de ce thème commun une langue magnifique, élégante, puissante. Elle traduit parfaitement la rencontre entre des forces antinomiques : la vie et la mort, le sublime et le grotesque, le trivial et le rare. Comme je suis contente d’avoir découvert cet auteur !

 

Première nouvelle : François est l’ange gardien de Mestrel : « Ce qui, pour moi, aurait dû être un véritable calvaire, fut un véritable bonheur. J’étais grisé. La tête m’en tournait. François courait à mes côtés et on pouvait voir sur nos deux visages la même expression d’ivresse radieuse ; Ni le vent ni la pluie qui nous cinglaient ne pouvaient rien contre ça. Notre joie grondait plus fort que le tonnerre. »

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9 janvier 2016 6 09 /01 /janvier /2016 11:34

 

 

 

             Qui m’avait conseillé cet auteur ? Impossible à dire, toujours est-il que je suis tombée sur ce petit livre pas inintéressant.

              Dans la profonde campagne québécoise, Clara naît mais sa mère meurt aussitôt. Voilà qu’Aurélien, le père, paysan rustre et solitaire, cache sa fille, l’emmène partout dans la forêt, dans la campagne, mais ne la laisse pas côtoyer l’espèce humaine. Jusqu’au jour où l’institutrice du village qu’on appelle « Mademoiselle » se met en tête d’instruire cette petite fille de dix ans qui ne sait ni lire ni écrire. L’élève sera si douée que Mademoiselle va s’attacher à elle comme à sa propre enfant et, sur son lit de mort, tout lui léguer. On retrouve Clara quelques années plus tard en train d’épier un lieutenant venu de Londres et traumatisé par l’enfer de la guerre. Ces deux êtres différents issus de deux mondes clairement distincts vont s’apprivoiser l’un l’autre.

           Ce très court récit (que je classe parmi mes lectures de nouvelles) s’apparente à une fable. Anne Hébert utilise un langage simple, parfois poétique et musical, pour mettre en lumière une enfant puis une femme qui pourrait être une cousine de « l’enfant sauvage »… Ou quand la civilisation n’a pas abîmé l’homme… J’ai beaucoup aimé cette lecture et ça m’a donné envie d’en connaître plus sur cet illustre auteur.

 

« Clara grandissait dans le silence du père et les voix de la campagne. Bien avant toute parole humaine, la petite fille sut gazouiller, caqueter, ronronner, roucouler, meugler, aboyer et glapir. Son imitation du grand duc, une fois la brunante tombée, était si juste que le sang des souris des champs se glaçait dans leurs veines de souris. »

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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 14:39

 

 

                 Ça fait trop longtemps que je me promets de lire cet écrivain extravagant, authentique et alcoolique.

                 Ce recueil d’une vingtaine de nouvelles n’est pas fait pour les prudes : tout n’est qu’alcool, sexe, blasphème, humiliation, paresse et vulgarité. Charles Bukowski se met souvent en scène lui-même et sans aucun scrupule (oh non, aucun !), il n’hésite pas à se montrer sous son plus mauvais jour, démontrant par a+b qu’il n’a aucun talent d’écrivain et qu’il préfère se rouler dans la luxure et l’oisiveté. Les titres des nouvelles sont évocateurs : « La machine à baiser », « La chatte blanche » ou encore « J’ai descendu un type à Reno ».

              Je vous avoue tout : j’ai mis des semaines à lire ces nouvelles. J’ai démarré sur les chapeaux de roues, avec beaucoup d’enthousiasme et une folle envie de me dévergonder avec ce fameux Bukowski et puis, je me suis peu à peu lassée de son univers criard et vulgaire.  J’ai aimé certaines nouvelles, j’ai saisi sans difficulté l’aspect novateur et révolutionnaire, l’esprit libre du ton, du style qui s'apparente à une lame tranchante et acérée mais je crois que ce n’est pas ma tasse de thé.

                 La nouvelle que j’ai la plus appréciée parce qu’elle est très drôle : « Le petit ramoneur » : le narrateur se vante d’avoir séduit la très belle secrétaire de sa boîte. Pourtant, les collègues l’avaient prévenu : c’est une sorcière ! Henry la met dans son lit et un mois plus tard, l’épouse. Oui, mais Sarah se plaint d’avoir un mari trop gros, elle le met au régime. Il perd du poids, obéissant à sa femme, perd beaucoup de poids, de plus en plus de poids mais aussi quelques centimètres. Eh oui, c’est un fait : il rapetisse ! Sarah avoue qu’elle tente de « résoudre le problème de la Surpopulation », son bonhomme va tout simplement finir par disparaître ! Avant ça, un petit plaisir, elle glisse son mari de vingt centimètres entre ses jambes, le fait aller et venir, vous imaginer le tableau. Henry réussit à s’en sortir après avoir tuée sa géante, et il re-grandit.

 

« La poésie en dit long et c’est vite fait ; la prose ne va pas loin et prend du temps. »

 

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13 juin 2015 6 13 /06 /juin /2015 11:35

 

 

               Motojirô Ikajii est un écrivain japonais reconnu, apprécié et étudié dans les écoles nipponnes.  Sa brève vie (31 ans !) a été marquée par la perte d’êtres chers et par la tuberculose qui a eu raison de lui.

                A travers huit nouvelles, un narrateur qui n’est jamais le même s’exprime à la 1ère personne pour peindre le paysage qui l’entoure, évoquer des amis, s’interroger sur ses sentiments. Des points communs entre les textes jalonnent le recueil et affirment une personnalité toute particulière : la présence des animaux, l’impact de la nature sur l’homme, l’omnipotence de la tuberculose et, en filigrane, l’omniprésence de la mort. N’allez pas chercher une once de gaité, il n’y en a point. Tout en douceur et en raffinement, comme seuls les Japonais savent le faire, la phrase allie prose et poésie pour un résultat qui, semble-t-il, nous fait légèrement décoller les pieds du sol. Ponge, Baudelaire, Verlaine me sont très vite venus à l’esprit. Ce qui m’a également surprise, c’est la part d’absurde, voire de fantastique, de ces textes. Mise à part une écriture ciselée, c’est toute une vision de la vie et de ce qui nous entoure qui est présentée.

                  Margotte, chez qui j’ai pioché cette idée de lecture, en parle bien mieux que moi, et quand elle évoque des « haïkus développés sur plusieurs pages »,  je trouve la comparaison très juste.

               « Sous les cerisiers sont enterrés des cadavres ! » est une des phrases mythiques de l’auteur. Moi j’ai choisi un extrait qui parle du chat.

« L’oreille du chat est vraiment une drôle de chose. Mince et froide, elle est couverte de poils ras au-dehors et luisante au-dedans, comme la peau d’une pousse de bambou. Elle est d’une matière indéfinissable, à la fois dure et tendre, tout à fait particulière. Depuis mon enfance, j’avais toujours eu une envie irrésistible d’y donner, clac, un coup de poinçonneuse à tickets. Imagination cruelle ? Non. Elle était entièrement due à l’étrange pouvoir de suggestion que possède cette oreille. »

 

Merci Margotte !

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8 avril 2015 3 08 /04 /avril /2015 14:38

 

 

             Le livre rassemble trois longues nouvelles.

« Une vengeance… » nous transporte dans le désert mexicain. Parce que Cochran lui a volé sa femme, un homme richissime le torture et le laisse presque mort, abandonné aux vautours. Des Indiens le recueillent et Cochran va mettre à exécution son plan de vengeance… mais va-t-il le tenir jusqu’au bout ? 

« L’homme qui abandonna son nom » est l’histoire d’un homme qui danse. Il n’est pas danseur, il est plutôt vieux mais il danse pour célébrer la vie qui pourtant ne lui a pas toujours souri. Une belle et originale conception de l’existence (le type, Nordstrom, ne supporte pas de devenir riche et veut absolument se débarrasser de son argent !)

« Légendes d’automne » est la fameuse intrigue dont on a fait un film en 1994 (déjà si longtemps !) avec Anthony Hopkins, le très beau Brad Pitt et Aidan Quinn. Trois frères partent à la guerre mais seuls deux reviendront vivants.  Alfred et Tristan se disputeront la même femme dans un univers familial lourd et tendu.

         C’est la première nouvelle (mais peut-on encore parler de « nouvelle » quand le texte fait une bonne centaine de pages !) que j’ai préférée. Le style de Harrison ne fait pas dans la demi-mesure, il est aussi âpre que les univers qu’il décrit, et pourtant, la sensibilité est omniprésente. La liberté semble être un thème cher à l’auteur avec le portrait de ces trois hommes qui vont jusqu’au bout d’eux-mêmes, qui s’abandonnent complètement à leurs projets, leurs envies.

         Amateur de whisky, de vautours, de nuages de poussière ou tout simplement amateur de Grande Littérature, ne passez pas à côté de ce livre. C’est le premier de l’auteur pour moi, mais pas le dernier, La route du retour m’attend … et c’est pour bientôt !

 

« Eloignons-nous maintenant des amants au repose. Perchons-nous sur le manteau de la cheminée, tels des griffons au regard de pierre ; il est d’ailleurs préférable d’avoir un regard de pierre pour assister à ce qui va suivre. » (« Une vengeance… »)

« Il y a peu de choses à dire au sujet du bonheur ; il se contente d’être lui-même, placide, presque somnolent.  C’est un état que l’ont adopte d’un cœur léger mais avec un esprit parfois torturé. » (« Légendes d’automne »)

 

Je ne résiste pas à l'envie de vous montrer la bouille de notre Jim  (77ans!)  :

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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 14:00

 

          Cette longue nouvelle -ou ce court roman- tente de répondre à cette question : peut-on aimer de la même manière une personne perdue de vue depuis des années ?

           Louis est un jeune homme pauvre qui a toujours tenté de gravir les échelons grâce à son intelligence et sa volonté. Lorsqu’il entre dans la maison du richissime et célèbre conseiller G., directeur d’une grande usine de Francfort, en tant que secrétaire personnel du patron, il est partagé : ravi de prendre du galon, il rechigne cependant à vivre dans un luxe qui n’est pas le sien. C’est l’épouse du conseiller, le mettant vite à l’aise, qui parviendra à le faire sentir chez lui. Les mois passent et c’est seulement parce que Louis est envoyé par son patron au Mexique pendant deux ans que la maîtresse de maison et Louis s’avouent enfin leur amour et leur immense chagrin de se voir séparer. Louis se jette dans le travail, son amante qui lui a promis de se donner à lui à son retour lui écrit. La guerre 14-18 va retarder les retrouvailles qui n’auront lieu que neuf ans après le départ du jeune homme. Les deux personnages ont vieilli, leurs sentiments se sont émoussés et, malgré quelques heureux souvenirs qui les rapprochent, la passion de naguère s’est affaiblie au point de gêner le couple.

            Zweig sait si bien décrire les émotions, cette « confusion des sentiments » qu’on ne se lasse pas. L’écriture est un bijou ciselé avec talent. J’ai retrouvé le même esprit que celui de Lettre d’une inconnue, l’amour là aussi n’est sublimé que dans le rêve. La réalité est bien plus fade… puisse Zweig s’être trompé !

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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 14:40

                Le hasard fait parfois si bien les choses… je me disais que ça faisait bien longtemps que je n’avais pas lu de nouvelles et pim, pam, poum, voilà un joli recueil de nouvelles qui atterrit dans mon casier du collège. Merci à la prêteuse !

Ces nouvelles évoquent surtout la vie quotidienne : les relations d’un enfant avec son père, une histoire d’amour, une partie d’échecs, le premier job d’un adolescent. Ce qui surprend dès la première page, c’est l’écriture. Coup de poing, elle se révèle puissante, originale, pétillante, hors du commun. Malgré les thèmes triviaux, l’auteur a tout fait pour sortir de la banalité. Ça explose, ça surprend à chaque page et surtout, ça fait sourire ; l’auteur fait preuve d’un humour cynique, ironique, complètement délicieux !

Petit aperçu de « La pêche aux hippocampes », la première nouvelle : le narrateur est un pauv’type qui traîne pitoyablement dans son appart’ depuis des jours et des jours entre « un matelas éventré, de la vaisselle sale, une vieille lettre que je n’avais pas eu le courage d’affranchir, du linge entassé, des livres ouverts, une lampe de chevet hors-service, des plantes arrachées à leurs pots, des boîtes de thon, une multitude de boîte de thon vides disséminées à travers la pièce. » Un copain vient lui annoncer qu’une certaine Fanny cherche à prendre des cours de guitare. Et notre homme des cavernes est guitariste. Il se rend chez elle, tombe amoureux d’elle et perd tous ses moyens : « Elle n’était pas jolie, ni belle, c’était pas tellement ses yeux, ni son petit cul, ça n’avait rien à voir avec toute chose comparable, elle aurait méritée d’être répertoriée, épinglée comme un papillon exotique, recouverte de papier-bulles, statufiée sur les grandes places. Pourquoi n’y avait-il pas de sirènes quand elle se mettait à sourire, de feux d’artifice, de suicides collectifs, de jours fériés ? La poésie ne pouvait même pas lui faire de mal, elle était imperméable au lyrisme, bullet proof, il faudrait inventer autre chose. Je ne comprenais pas comment faisaient les murs pour rester debout. »

Que la nouvelle qui porte le titre du recueil est jolie elle aussi ! C’est une petite fille qui se fait promener par son père… en laisse. Un jour de fête foraine, elle réussit à briser sa laisse (avec une dent trouvée par terre !), à détourner l’attention de son ivrogne de père et à s’enfuir au milieu des barbes à papa et des manèges. Un jeune homme la prend dans son auto-tamponneuse, lui raconte son enfance et lui offre une montre  qu’elle donnera à son père.

N’en disons pas plus, il faut lire ce savoureux recueil de nouvelles qui donnent le vertige !

 

Petite question : pourquoi Arnaud Modat est-t-il fâché avec les accents circonflexes ? ... « il traine » et « il apparait »… ne vaut-il pas mieux « traîner » et « apparaître » ?

 

 

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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 18:32

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Ça fait bien longtemps que je n’avais plus lu de nouvelles, ça me manquait. Contrairement à la plupart des Français (la nouvelle n’est pas un genre « noble » dans notre cher pays…), j’apprécie de lire des textes brefs qui vont à l’essentiel.

Ici, John Cheever a réussi le tour de force de lier ses textes par un fil directeur, celui de la famille.  

Les seize nouvelles de ce gros recueil tournent plus au moins toutes autour du thème de la famille. Tantôt c’est un fils exclu du reste de la famille parce qu’il est triste et aigri, tantôt c’est une famille entière qui suit le père à New York pour l’accompagner dans sa brutale ascension sociale qui retombera aussi sec. Il est aussi question d’amour, d’adultère, de drames, de mensonges, de discriminations, de déceptions, des erreurs et des faux-semblants, de l’opposition ville/campagne.  Car New York est au cœur du livre. Par-delà les histoires gentillettes ou perturbantes, Cheever nous offre une satire de la société américaine, souvent raciste et intolérante, très à cheval sur des principes qu’elle a du mal à suivre.

Certaines nouvelles ne m’ont pas plu du tout, j’en ai adoré d’autres, notamment la dernière qui porte le titre du recueil, « Déjeuner de famille », qui met en valeur la comédie des apparences poussée à l’extrême. Une autre s’intitule « Trois histoires » et présente, tout simplement trois histoires, dont une a l’originalité du narrateur : un ventre ! Le recueil, sans être passionnant, est intéressant. Je ne pense pas que ce soit l’objectif mais en le refermant, on se dit qu’il ne fait pas bon être américain…

John Cheever est considéré comme le chef de file de l’école dite du New Yorker, du nom de l’hebdomadaire new-yorkais, dès avant la Seconde Guerre mondiale. Il est un écrivain culte aux Etats-Unis, il est le spécialiste de la nouvelle, au même titre que Raymond Carver.

« Le sujet d’aujourd’hui est la métaphysique de l’obésité, et je suis le ventre d’un homme nommé Lawrence Farnsworth. Je suis la cavité de son corps comprise entre le diaphragme et le plancher pelvien et je possède ses viscères. […] Après avoir refusé d’admettre mon existence pendant plus d’un an, il passa enfin de la taille trente-huit à la taille quarante-deux pour ses pantalons. Quand j’atteignis a taille quarante-deux en faisant de mon mieux pour faire un quarante-quatre, mon existence se mit à l’obséder. Il y eut un grave conflit entre ce qu’il avait été et ce qu’il était devenu. Quand quelqu’un enfonçait les doigts dans ma rondeur ou plaisantait sur sa protubérance, son rire forcé ne parvenait pas à dissimuler sa fureur. »

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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 15:07

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Petit recueil censé réunir quelques contes de Noël de grands auteurs et qui m’avait filé entre les doigts le Noël dernier (et après janvier, on a rarement envie d’entendre parler de Noël).

Grande fut ma déception ! Les contes ne sont pour la plupart des textes que des nouvelles (il y a une différence de sens, tout de même !) et le lien entre Noël était, généralement, que très lointain. Bouquin complètement commercial, titre et couverture mensongers… je suis presque fâchée ! Naïvement, je pensais trouver cette « fameuse magie de Noël » et bien, non. Ca se passe en hiver et on appelle ça « conte de Noël » ! Même « La petite fille aux allumettes » (conte que j’ai du mal à relire tellement il m’émeut !) se passe, excusez-moi, le dernier jour de l’An, et non pas à Noël…

Deux textes sortent du lot par leur qualité et leur pertinence :

-         « Les santons » de Jean Giono, complètement désuet et dont le charme réside justement dans cette dimension surannée.

-         « La fugue du petit Poucet » de Michel Tournier m’a fascinée. Pierre est le fils d’un bûcheron appelé Poucet. Son père annonce à la petite famille qu’ils iront vivre en ville, au 23ème étage d’un gratte-ciel moderne. Paniqué, Pierre s’enfuit. Dans une forêt, il rencontre les sept filles de Logre qui l’emmènent chez elles. Leur père, un géant sympa et généreux représente tout le contraire de Poucet : il respecte les arbres et la nature, prône le retour au règne végétal. La police arrête Logre pour détournement de mineur mais ce dernier a le temps d’offrir des bottes magiques à Pierre, chaque fois qu’il les mettra, elles le transporteront dans un univers merveilleux, « au pays des arbres ». Ce conte est à la fois onirique et philosophique, satirique et moderne. J’ai adoré.

C’est sur ces paroles positives que je vous souhaite à tous et à toutes un

 

JOYEUX NOËL, empli de simplicité heureuse, de sourires et de satisfactions par milliers !

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