Mis en scène par Charlotte Matzneff
Qui sont donc ces « téméraires » ? Tout le monde les connaît : d’un côté Emile Zola, en train d’écrire son roman Rome et qui, parce qu’il se fait traiter d’antisémite par un ami inconséquent, s’intéresse davantage à l’affaire Dreyfus qu’à l’écriture de son livre ; de l’autre côté, Georges Méliès, qui tente de réaliser un film sur la même affaire (considéré comme le premier film politique). Un objectif commun : faire innocenter le capitaine Dreyfus accusé à tort de trahison. Toujours soucieux du détail, Zola accumule les preuves qui démontrent que Dreyfus a été victime d’un odieux antisémitisme alors que le véritable traître, Esterhazy, a été acquitté un peu trop rapidement. Entre sa maîtresse Jeanne tombée enceinte, la jalousie de sa femme Alexandrine et ses gueuletons chez Alphonse Daudet, Zola ne sait plus où donner de la tête mais cette affaire Dreyfus devient sa priorité, son obsession.
Avec une mise en scène très rythmée et créative à tous points de vue, le spectateur lui aussi se prend de passion pour cette affaire Dreyfus. Une grande et longue table va servir à la fois de comptoir de bar, de piano, de table, de tribune et surtout de bureau d’Emile Zola. Les sept acteurs endossent plusieurs rôles, jouant, tournant, courant, virevoltant d’un personnage à l’autre, chantant, criant leur haine et leur révolte, dans une même soif de vérité. D’un dynamisme vivifiant, les couleurs et les musiques se répondent, le chassé-croisé des comédiens est réglé à la seconde près, et loupe, caméra, cintres, menottes, ... cliquettent et dansent astucieusemen en une chorégraphie savamment imaginée. L’humour et le burlesque du tournage du film compense l’aspect dramatique de cette affaire sordide. On s’immerge dans la fin de ce XIXè siècle, j’ai adoré les tableaux figés tellement dans l’esprit de l’époque, et Zola prend réellement vie (quelle ressemblance avec l’écrivain !) C’est un superbe spectacle total qui permet également aux plus jeunes de découvrir cette page d’histoire qui en dit déjà tellement sur l’avenir...
C’est l’excellente compagnie du Grenier de Babouchka qui est sur scène pour plus d’1h30 d’émotions. J’ai eu la joie de retrouver celui qui a été mon Cyrano préféré, Stéphane Dauch (Méliès ici).
« La vérité est en marche ; rien ne peut plus l’arrêter. »
Tournée dans toute la France cette année encore puis en 2025 : Plessis Trévise : Ve 29 Nov | St Germain en Laye : Sa 30 Nov | Levallois Perret : Ma 3 Déc | Levallois Perret : Me 4 Déc | Vernon : Ve 6 Déc | Serris : Sa 7 Déc | Roubaix : Ma 10 Déc | Agde : Je 12 Déc | Roanne : Ma 17 Déc | Buc : Je 19 Déc