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22 février 2024 4 22 /02 /février /2024 11:34

Sauveur & fils Saison 7 | L'école des loisirs, Maison d'Édition Jeunesse

Nous sommes en 2021, le psychologue comme les patients et comme tout le monde portent un masque, on veille à ne pas trop s’approcher des autres, bref, la Covid est passée par là. Au cabinet, les pathologies se développent liées à cette pandémie : peur de sortir, peur de mourir, besoin de se cacher derrière un morceau de tissu, tensions entre les antivax et les triples-quadruple-vaccinés. Côté vie personnelle, Sauveur a parfois du mal à être présent, il pense à ses patients, n’épaule pas toujours Louise qui fait ce qu’elle peut avec leur petite Léopoldine aux cheveux frisés et au caractère bien trempé. Lazare et Paul sont de vrais ados qui se font souvent la gueule. Alice, jeune adulte, fait n’importe quoi en attendant le retour de Gabin qu’elle aime toujours. Grégoire est la petite merveille de la famille, constamment de bonne humeur, et qu’il faudrait peut-être songer à adopter officiellement. Jovo est toujours là, avec ses remarques bourrues et ses conseils venus d’une autre époque. Bref, ça fourmille toujours autant au 12, rue des Murlins.

Cette série, nous la lisons ensemble, à voix haute, avec ma fille, depuis le début. Danaé avait 9ans1/2 à la lecture du premier tome, elle en a 15 maintenant. C’est dire que cette série nous tient à cœur... c’est dire aussi comme il a été compliqué de trouver du temps entre nos deux emplois du temps de ministre pour lire ensemble (toutes nos plates excuses aux adhérents de la bibliothèque qui ont attendu leur réservation pendant des mois !!). Eh bien, il faut l’admettre, le plaisir est intact, Lazare a grandi en même temps que ma fille, Sauveur et moi avons vieilli côte à côte et il y a un petit quelque chose du 12, rue des Murlins à l’intérieur même de nos murs. C’est incroyable de garder cette qualité sur sept tomes, de savoir savamment doser tendresse, humour, gravité, de multiplier les thématiques concernant la vie de chacun. Ma fille a conclu par un « c’est mon tome préféré » (elle a donc répété cette phrase 7 fois en six ans...) , moi je garderai en mémoire les efforts de Louise pour dompter la chevelure frisée de Léo et sa visite dans un salon de coiffure afro, Mme Dumayet qui a dû voir passer tous les enfants de la ville dans sa classe et ses vaines tentatives d’améliorer ses pratiques pédagogiques, Babette l’infirmière qui fait de son mieux pour humaniser son service de comateux, et bien sûr le planteur de la scène finale qui accompagne la révélation qui laisse imaginer un tome 8.

Jovo garde, exceptionnellement, la petite Léopoldine :

- Gueuda !

Puis elle tendit la main vers une grosse balle rouge qu'elle affectionnait. Ses esclaves habituels ramassaient tout de suite l'objet désigné pour lui permettre de le lancer à nouveau. Mais Jovo restait vissé sur son canapé.

- Gueuda ! tonna Léopoldine.

- C'est quoi ce que tu dis, la mouquère ? Tu peux pas parler français comme tout le monde ?

Léo comprenait que le vieil homme s'adressait à elle, mais sans manifester le moindre signe d'obéissance à ses désirs.

- C'est la balle que tu veux, ch’tiote ? Alors tu dis « balle » ou t'auras peau de zébi.

Le tome 6.

 

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15 janvier 2024 1 15 /01 /janvier /2024 21:06

Mémoires de la forêt Tome 1 : Les Souvenirs de Ferdinand Taupe - Mickaël  Brun-Arnaud, Sanoe - Ecole Des Loisirs - Grand format - Paris Librairies

Tome 1 : Les souvenirs de Ferdinand Taupe

Dans le village de Bellécorce, le libraire Archibald Renard a bien du mal à aider Ferdinand Taupe à retrouver un livre (chaque livre écrit par un villageois est en exemplaire unique), et pour cause : un mystérieux client qu’il n’a pu identifier l’a acheté quelques instants auparavant. Ferdinand espérait retrouver ses souvenirs grâce à ce livre qui retrace son passé, notamment en compagnie d’une certaine Maude. Ferdinand perd la mémoire et n’a plus que quelques photos en guise de souvenirs. Archibald accepte de l’accompagner sur les lieux de ces photos pour réveiller les souvenirs de la taupe et surtout retrouver cette chère Maude qui semble avoir disparu depuis longtemps. Leur périple va d’abord les mener au salon de thé de Pétunia Marmotte, puis dans un gros chêne pour assister à un concert, mais aussi à la Brocantaupe ou à la Retraite des Plumes.

Je ne suis pas une grande adepte de la littérature jeunesse et j’avoue que, malgré ses qualités, la première moitié du livre n’a pas suscité en moi d’émotion particulière... Les animaux personnifiés sont attachants, les lieux décrits et très bien dessinés par Sanoe font rêver mais il y a ce côté candide, cette bonhommie enfantine qui ne m’a pas accroché. Et pourtant, et pourtant..., le thème de la maladie d’Alzheimer est amené avec tant de tact dans la seconde partie, traité avec tellement de délicatesse et de bienveillance que je suis justement ressortie de cette lecture emplie d’émotions diverses. Il y une histoire de portes à ouvrir et à maintenir fermées qui va parler à tout un chacun. Le thème de la mort est aussi vu d’une manière plutôt optimiste et rayonnante. Je ne peux que conseiller ce livre en priorité à ceux qui seraient concernés de près ou de loin par cette maladie de « l’Oublie-tout » mais au plus grand monde également (je serais curieuse d’avoir l’avis d’un enfant...). Les nombreuses illustrations sont de petites merveilles (au doux parfum du Vent dans les Saules).

« Il y avait de la poésie dans le déplacement des ancêtres – de vieilles âmes en équilibre entre la marche et le repos, sans cesse ralenties par le poids des années et la douleur des jours. »

« Malade de l’Oublie-tout, Ferdinand était devenu une sorte de voyageur temporel, voguant entre les époques comme on passe d'un chapitre à l'autre du grand livre de la vie. Alors, quand il était égaré dans l'un de ses nombreux voyages, Archibald lui lançait des cordes pour qu'il revienne petit à petit, sans jamais le brusquer. »

 

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25 septembre 2023 1 25 /09 /septembre /2023 15:32

Sans Famille, Hector Malot | Livre de Poche

Quand j’ai vu que le challenge Les classiques c’est fantastique du mois de septembre mettait à l’honneur les classiques jeunesse, j’ai immédiatement pensé à Sans famille qui a constitué une sorte de lecture-doudou dans mon enfance. Impossible de remettre la main sur mon édition d’autrefois qui était illustrée et peut-être abrégée (j’en suis désormais quasi certaine mais je ne le saurai jamais).

                Ce n’est qu’à l’âge de huit ans que Rémi a appris que la mère Barberin avec qui il avait toujours vécu n’était pas sa mère. Enfant trouvé dont le père Barberin ne veut pas, il est recueilli par Vitalis, un « grand vieillard à barbe blanche », et ses compagnons : Joli-Cœur un petit singe, Capi, Zerbino et Dolce, les trois chiens. Tous sont à la fois musiciens et comédiens, parcourant le pays de village en village, de place publique en place publique. Et Rémi va apprendre ce métier de saltimbanque mais aussi apprendre, grâce à Vitalis, à compter, à lire, à jouer de la harpe, à chanter et à parler plusieurs langues. Mais cette vie agréable quoique difficile sera de courte durée et les événements plus ou moins dramatiques vont s’enchaîner : Vitalis sera emprisonné dans ce Paris décrit comme une jungle, Rémi sera recueilli par Mme Milligan et son fils Arthur vivant sur un bateau tiré par des chevaux, une tempête de neige perdra la plupart des animaux, Rémi va se retrouver complètement seul avec Capi avant d’être rejoint par Mattia, un garçon plus jeune, il survivra à un grisou dans une mine, il se retrouvera en Angleterre à la recherche de ses vrais parents.

Dans un roman dense (mon édition pas chère – écrit vraiment trop petit ! – comptait presque 400 pages), Rémi est un enfant qu’on plaint, qu’on admire et qu’on aime. Souvent seul, intègre, courageux, doux, fidèle, un brin naïf, il subit quand même une multitude de malheurs et de malchances ; ses qualités lui permettront de sortir des pires situations. J’ai retrouvé le charme de cette histoire touchante et prenante et de cette complicité entre Rémi et Vitalis et les animaux mais j’avais oublié (ou je ne l’ai jamais su...) que Rémi avait vécu tant de malheurs et qu’il n’était finalement resté que peu de temps avec Vitalis. Au-delà du récit initiatique parfois un peu manichéen il faut bien l’admettre, c’est un joli voyage qu’il nous est permis de faire à travers la France (et un peu l’Angleterre) du XIXe siècle. Reste à savoir quel enfant lirait ce roman actuellement ? Je n’en connais pas mais il ne faut pas hésiter à promouvoir les adaptations filmiques et les versions pour le très jeune public parce que c’est tout de même une belle histoire de revanche sur la vie avec un hommage rendu au nomadisme et – même – une petite promotion pour le théâtre. Je suis ravie d’être enfin retournée vers ces souvenirs d’enfance.

Vitalis coupe les pantalons de Rémi à hauteur de genou pour qu’il ait l’air italien : « Que sommes-nous ? Des artistes, n'est-ce pas ? Des comédiens qui, par leur seul aspect, doivent provoquer la curiosité. Crois-tu que si nous allions tantôt sur la place publique habillés comme des bourgeois ou des paysans, nous forcerions les gens à nous regarder et à s'arrêter autour de nous ? Non, n'est-ce pas ? Apprends donc que dans la vie, le paraître est quelquefois indispensable. Cela est fâcheux, mais nous n'y pouvons rien. »

« En avant ! Le monde était ouvert devant moi : je pouvais tourner mes pas du côté du nord ou du sud, de l'ouest ou de l'est selon mon caprice. Bien que n'étant qu'un enfant, j'étais mon maître. »

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25 août 2023 5 25 /08 /août /2023 15:27

Coups de théâtre - Christian Grenier - Leslibraires.fr

L’inspecteur Germain et sa jeune stagiaire, Logicielle, papotent tranquillement du métier mais ils se séparent rapidement parce que bientôt sera diffusée, à la télé, le soir-même, une pièce de théâtre policière inédite. En direct du Théâtre du Crime, la nouvelle pièce de René Brusses est retransmise en direct. L’inspecteur est dans son canapé quand retentissent les trois coups et que se lève le rideau. Le problème est que l’actrice qui gît sur scène avec un couteau dans le dos ne se lève pas, ne bouge pas, elle est réellement morte. Une page de publicité interrompt les excuses maladroites du commentateur. S’ensuit une enquête où nos deux policiers vont suspecter l’ensemble des comédiens, auteur, metteur en scène et techniciens présents ce soir-là car, finalement, tout le monde la détestait, cette Matilda.

Même si la note de l’auteur nous avertit que ce texte est un roman, il est bel et bien présenté comme une pièce de théâtre. La mise en abyme est astucieuse pour un lectorat de jeunes qui pourra, surtout, s’initier au genre d’Agatha Christie. En effet, le huis clos, le suspens, la psychologie des personnages, la chute, ainsi que ce genre policier dépourvu de toute violence sont des ingrédients qu’on retrouve ici. Il est possible de transformer ce roman en pièce de théâtre en raccourcissant ou supprimant certains passages. Même si les portraits des personnages auraient pu être plus aboutis, j’ai apprécié cette lecture qui se veut également un hommage au théâtre. A faire lire aux jeunes férus de théâtre ou de policier.

« Le théâtre, Logicielle, c'est le règne de l'apparence. C'est l'univers du décor, du clinquant. Ceux qui pénètrent dans ce monde l'apprennent parfois à leur dépens. Beaucoup abandonnent leur propre personnalité pour adopter celle de personnages factices et provisoires. Certains y trouvent la gloire. La plupart, ils perdent leur âme. Connaissez-vous l'expression : « Il tuerait sa mère pour faire un bon mot » ?  J'ai connu des acteurs qui, pour glaner quelques applaudissements, ont été capables des pires bassesses... »

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14 août 2023 1 14 /08 /août /2023 13:50

Les longueurs de Claire Castillon - Grand Format - Livre - Decitre

Les éloges étaient nombreux à la sortie de ce roman jeunesse, ma belle ado a voulu le lire, elle a été bouleversée et elle n’est pas la seule.

Lili a 7 ans lorsque ça commence. Son père a quitté la famille, même son pays - puisqu’il est allé vivre aux Etats-Unis - sa mère déprime, Lili aussi. Un copain de sa mère vraiment très sympa, Georges surnommé Mondjo, est toujours là pour détendre l’atmosphère ou rendre service. Il initie d’ailleurs Lili à sa passion, l’escalade. C’est comme ça que ça arrive réellement la première fois, cachée derrière un tapis bleu posé à la verticale sur un mur, dans la salle de sport, Lili est rejointe par Mondjo qui adore lui faire des gouzgouz, ces petites gratouilles chatouilles qui font bien rire une fillette. Oui, mais les gouzgouz se feront, au fil des mois, plus insistants, plus envahissants sur tout le corps de Lili. On devine la suite. Tout tourne autour du jeu, de cette relation de confiance réciproque qu’a réussi à établir l’homme adulte avec une proie aussi facile et malléable qu’une enfant. Lili est fière de savoir que Mondjo l’aime, il lui répète souvent et que, même s’il fréquente des femmes adultes (et Lili le découvrira plus tard, des fillettes également), elle reste sa préférée.

La nausée est le premier mot qui me vient à l’esprit. Parce que justement tout est dans la manipulation, la douceur (il ne l’aura presque jamais forcée ! mais que peut dire une fille de 8-9 ans face à un adulte de 45 ?) le chantage, et cette belle complicité qui devrait tout excuser. Lili est persuadée que chaque enfant a un amoureux adulte secret, un « supérieur » qui l’initie à l’amour charnel. Elle n’aime pas toujours les gouzgouz mais peut être jalouse des autres copines de Mondjo et le croit quand il dit qu’ils se marieront. Mais elle grandit et réfléchit davantage et tout change réellement quand Mondjo et sa mère se mettront en couple. J’ai vraiment pensé à cette maman qui ne sait rien des horreurs qui se produisent presque sous ses yeux tous les jours pendant des années, je ne sais pas s’il est possible de se laver de ce sentiment de culpabilité poisseux. Et si une Lili pourra connaître, à l’avenir, une relation saine et équilibrée... Avec simplicité et délicatesse, l’autrice parvient à parler de ces pédophiles, ces monstres qui salissent et détruisent des enfants. Le livre se lit en apnée, son message est nécessaire et vital pour toutes les filles du monde. Profondément émue, j’ai forcément pensé au sublimissime et bouleversant spectacle de théâtre dansé d’Andrea Bescond, Les Chatouilles.

A lire et à faire lire.

Ils sont dans le même lit, Lili a 10 ans : « Tout de suite, Mondjo me fait des gouzgouz, et puis il me demande de lui en faire. Aux chevilles, pour le détendre, et puis aux cheveux, aux joues, et puis où tu veux, il dit, dégageant le drap. Je retourne vers ses pieds pour faire des gouzgouz, puis aux genoux, puis je remonte aux joues. Et je vois son caleçon qui se soulève, une barre qui se tend à l’intérieur. Mondjo ouvre un œil, on dirait qu’il veut voir ma tête, alors je fais celle qui ne remarque rien. Je ne sais pas si je dois remarquer ou pas. « Voilà », je dis, arrêtant les gouzgouz. »

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12 juin 2023 1 12 /06 /juin /2023 09:23

Le poney rouge - John Steinbeck - Librairie Mollat Bordeaux

Jody Tiflin est un garçon de dix ans « avec des cheveux comme de l’herbe jaune et poussiéreuse, des yeux gris timides et polis, et une bouche qui remuait quand il pensait. » Il vit dans une grande ferme non loin de Salinas, avec ses parents et Billy Buck, le vacher qui est aussi un spécialiste des chevaux. Quand arrive un petit poney rouge nommé Gabilan au ranch, Jody se prend immédiatement d’affection pour lui, c’est grâce à lui qu’il se lève immédiatement le matin, bien avant le triangle que fait résonner sa mère en guise de réveil. Il s’en occupe avec attention et tendresse, le brosse, l’étrille, l’habitue au licol, le dresse jusqu’au jour où le petit poney essuie une grosse averse ; il tombe malade et malgré le détachement de Billy, son état s’aggrave. Si Jody continue à être aux petits soins, l’état de l’animal empire et Billy reconnaît que, contrairement à ses pronostics, il ne va pas tarder à mourir. La peine de Jody est immense et, le jour de sa mort, il se défoule sur un busard, le poignardant violemment. Mais la vie continue et après quelques (rares) événements qui ponctuent le quotidien du ranch, les mois passent et une promesse est faite à Jody : le poulain que porte la jument Nellie sera pour lui, rien qu’à lui. Une grossesse de jument - onze mois - c’est très long quand on attend impatiemment comme Jody. La mise bas ne va pas se passer aussi bien que prévu…

Ce court roman classé Littérature de jeunesse dort depuis longtemps dans ma PAL, depuis qu’il a été retiré du dépôt de mon collège. En effet, même si le héros est un petit garçon, le style, les nombreuses descriptions, les tragédies du roman me contraignent à dire qu’il ne conviendrait peut-être pas à un jeune lectorat sauf si, à la rigueur, il est passionné par les chevaux. J’ai trouvé l’histoire violente de bout en bout, l’éducation de ce garçon à la dure (c’est une autre époque n’est-ce pas), ses rêves brisés les uns après les autres, cette solitude qui le contraint à apprendre seul et isolé de tous (il n’y a presque aucun autre enfant dans l’histoire). Le roman se termine de manière abrupte, la jument est tuée à coups de marteau par Billy pour pouvoir mettre entre les bras de Jody le poulain tant attendu. Steinbeck manie la plume comme une épée et la brièveté du roman lui permet d’aller à l’essentiel, sans concession ni détour, et de décrire la dureté de la vie. J’ai aimé la force du récit, la cruauté réaliste de la vie décrite, la nature indifférente face aux malheurs de l’homme, ces thèmes si chers à Steinbeck.

L’incipit : « Au lever du jour, Billy Buck surgit de la baraque et resta un moment sous la véranda à regarder le ciel. C’était un petit homme large aux jambes arquées avec une moustache de morse, des mains carrées à la paume renflée et musclée. Ses yeux contemplatifs étaient d’un gris aqueux et ses cheveux, pleins d’épis et délavés par les intempéries, s’échappaient de son chapeau Stetson. »

Les garçons de son âge jalousent Jody maintenant qu’il a un cheval : « Ils savaient par instinct qu’un homme à cheval est, spirituellement aussi bien que physiquement, plus grand qu’un homme à pied. Ils savaient que Jody avait été miraculeusement soulevé hors de toute égalité avec eux et avait été placé au-dessus d’eux. »

Le meurtre de Steinbeck

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29 août 2022 1 29 /08 /août /2022 18:31

Livre: Le monde dans la main, Mikaël Ollivier, Thierry Magnier, Les Grands  romans, 9782364740112 - Le Bateau Livre

J’ai emprunté ce roman un peu au hasard (même si connaissant un peu l’auteur) à la bibliothèque municipale pour ma fille. Elle l’a vite lu puis me l’a tendu en m’ordonnant de le lire aussi.

Pierre a 16 ans, des parents froids et distants et une vie très rangée entre le lycée et le conservatoire où il s’adonne au piano. Tout bascule le jour d’une virée chez Ikea, les parents ayant décidé d’offrir de nouveaux meubles à leur fils. La « visite » s’éternise, la mère perd son calme, les meubles ne rentrent pas dans la voiture, il va falloir les faire livrer,… la mère s’éloigne sur le grand parking pour ne jamais revenir. Elle reste introuvable. Un court sms le lendemain ne rassure ni le père ni le fils. La police, sans se presser, mène l’enquête, en vain. Les mâles de la famille reprennent plus ou moins leur quotidien, les langues se délient dans un milieu versaillais où les non-dits prenaient une grande place. Des histoires du passé se racontent, la sœur Alix donne son avis par sms seulement, le père change, l’amour vient faire des étincelles de part et d’autre, Pierre mûrit et grandit.

Je n’ai sans doute pas été aussi séduite que ma fille par ce roman mais il a été agréable à lire. En digne récit d’apprentissage, il jette un événement traumatique dans la vie plutôt monotone d’un jeune garçon et le fera évoluer et apprendre, même du négatif. L’histoire d’amour a beaucoup plu à mon ado et je remercie l’auteur d’avoir trouvé un juste équilibre pour que le livre ne soit pas trop niais mais qu’il véhicule tout de même de louables messages. Ma fille a aussi aimé que Pierre joue du piano et que le roman soit ainsi un brin musical. Je pense qu’on peut le conseiller à un grand ado en manque de confiance en soi et en quête de thèmes tels que l'amour, la résilience, l’apprentissage de la vie, tout simplement. Deux surprises viennent clore le livre.

« depuis la disparition de maman, j’étais envahi par la vie des adultes qui m’entouraient, comme si des digues avaient rompu, qu’un soudain déséquilibre me privait de ma position d’adolescent pour me bringuebaler au cœur de l’existence mouvementée de mes aînés. »

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3 avril 2022 7 03 /04 /avril /2022 09:25

Le journal de Nisha - Veera Hiranandani - Librairie Mollat Bordeaux

C’est ma fille de 13 ans qui m’a sommée de lire ce livre qu’elle a tellement adoré.

Nisha est une jeune Hindoue qui vit sa vie d’adolescente, en 1947. Son père est médecin, sa mère est décédée à sa naissance et elle a un frère jumeau, Amil, qui l’énerve souvent et ne lui ressemble en rien. Ils sont hindous et leur cuisinier, Kazi, que Nisha aime beaucoup, est musulman. L’annonce de l’indépendance du pays est liée à une rumeur qui enfle : on diviserait le pays en deux, une partie pour les musulmans, une autre pour les hindous. Vivant dans l’actuel Pakistan, les enfants sont en danger, ils ne vont plus à l’école après qu’Amil a été agressé. Quelques jours plus tard, il est question de fuir pour rejoindre la Nouvelle Inde, le pays des Hindous. La longue marche est dangereuse, partout des combats opposent les musulmans et les hindous. La famille doit rejoindre le frère de la mère que Nisha n’a jamais connu mais l’eau vient à manquer et chacun perd un peu plus de forces chaque jour. Lorsqu’elle arrive enfin chez l’oncle Rashid, Nisha s’y sent bien. Elle retrouve des souvenirs de sa mère mais se sent attirée par l’extérieur, une petite fille qui joue et aimerait certainement une compagne de jeu… les enfants n’ont pourtant pas le droit de se côtoyer. La route jusqu’à Jodhpur, la destination finale, ne va pas se faire sans heurts ni drames.

Nisha tient son journal en s’adressant à sa mère qu’elle n’a jamais connue. Avec l’innocence d’une enfant, elle s’étonne de devoir faire une différence entre un musulman et un hindou, elle a du mal à quitter ce qu’elle a toujours connu et cet exil contraint fait dans la douleur va la faire grandir d’un seul coup. Ma fille avait raison, le roman est bouleversant et gagne en vigueur et en émotions au fil des pages ; il permet une première approche de cette page d’Histoire effrayante et sanglante puisque plus de douze millions d’Hindous ont été contraints de fuir leur foyer. La romancière s’inspire de la véritable histoire de son père, contraint à l’exode, lui aussi. Je suis contente d’avoir pu lire ce livre qui fait l’éloge de la tolérance ; ma fille et moi avions repéré le même passage si touchant (c’est le 3e ci-dessous).

« Je parie que c'est pour ça que tu aimais peindre, Maman. Parce que, comme Amil, tu voyais les choses que personne d'autre ne pouvait voir. J’aimerais être comme vous. Mais je vois exactement ce qui est devant moi. Parfois de manière si nette que ça me fait mal aux yeux. »

« Le mois dernier, nous appartenions tous au même pays, tous ces gens et toutes ces religions vivaient ensemble. Maintenant, nous sommes supposés vivre séparés et nous détester. »

Kazi est musulman, Dadi (la grand-mère) est hindoue : « [Kazi] fait toujours ses prières sur un petit tapis que Papa lui a trouvé. Quand je l’entends psalmodier doucement, ça me remplit d’émotion. Parfois, en arrière-plan, la voix aiguë de Dadi qui chante ses chansons hindouistes derrière les prières musulmanes de Kazi, produisant une musique riche et douce. »

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7 août 2021 6 07 /08 /août /2021 10:28

Météore | Actes Sud

             Sara sort de chez elle en robe. Le détail peut sembler anodin et dérisoire mais pour celle qui est née garçon et qui doit affronter quolibets et humiliations, c’est un acte de bravoure. Elle rentre chez elle pour recoudre la bretelle qu’on lui a déchirée. Et se dévide alors pour nous le fil de son odyssée. Née garçon, Sara s’est toujours sentie à l’étroit dans ce corps qui ne lui convient pas, « c’était comme habiter une maison en feu. Sans fenêtres. Sans porte. Sans sortie de secours. L’incendie était partout et je me cognais à des murs, des murs interminables. Il n’y avait pas d’issue. J’allais mourir dans cette boîte, et personne n’en saurait rien. » Incomprise et rejetée, traitée de « pédale », elle s’est détestée, s’est isolée d’elle-même. Jusqu’au jour où elle rencontre le bon psy qui a su la comprendre et trouver les mots pour révéler en plein jour son désir de devenir femme. Le combat ne se termine pas là et durera encore longtemps mais Sara a enfin trouvé sa place.

Ce roman est une claque. Il est si habilement construit que le lecteur ne peut que comprendre, se mettre à la place, habiter cet être en souffrance qui n’est pas né avec la bonne enveloppe corporelle. Il amène aussi à la réflexion : qu’est-ce être une fille ? être un garçon ? Ma fille a lu le livre avec beaucoup d’intérêt et elle a été aussi emballée que moi, emportée par cette lumière finale qui donne beaucoup d’espoir. Elle a remarqué très justement que, pour Sara, ça se passe bien parce que ses parents sont ouverts et empathiques. L’écriture est belle, juste, vise en plein cœur d’un sujet délicat et finalement tout simple, exposé comme ça.

Antoine Dole, c’est l’auteur qui te donne envie de lire de la littérature jeunesse …

« on vous rattrape pour vous remettre dans votre cas. On ne vous laisse pas le choix. Pas cette liberté. On vous dit que vous êtes n garçon, que vous allez aimer ceci et cela. On vous dit quoi penser, quoi manger, quoi boire, quel goût il faut que ça ait et dans quel emballage. On choisit la couleur de votre couette, les histoires qui doivent vous émouvoir, les jouets avec lesquels vous pouvez être heureux, on vous dit à quoi rêver, quoi espérer de cette vie. »

« Ma féminité est un cadeau, un héritage, la transmission d’une lumière plus forte que les ténèbres d’un monde qui ne veut pas la célébrer. Un moyen de passer au travers. Ma féminité est un météore que l’obscurité ne peut pas ignorer, prêt à fendre tout ce que le ciel peut contenir de certitudes crasses et de pensées sombres. »

 

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8 juin 2021 2 08 /06 /juin /2021 15:35

Dernières nouvelles des oiseaux, Erik Orsenna, Santiago Morilla | Livre de  Poche

J’ai acheté ce livre à sa sortie poche, c’est-à-dire en 2007 !

Un certain président qui aime prendre des décisions a l’idée de récompenser des élèves qui sortent du lot, ceux qui n’ont pas l’habitude d’être mis sur un piédestal, qui ne sont pas élèves modèles mais se laissent guider par une passion qui bien souvent les isole des autres. Sept enfants se distinguent : Javier le passionné d’escaliers, Morwenna qui adore les ailes, Victoria la spécialiste de mécanique, Etienne qui adore déménager, Thomas un expert des colles, Hillary fan des boîtes et des cylindres et Hans le passionné des nuages. Ces sept jeunes atypiques sont amenés sur une île où on leur laisse la liberté de s’adonner à leur passion. Mais le président constate qu’il n’y a ni cohésion ni entente entre les sept, il va tenter de les réunir. Une tempête spectaculaire les isole encore un peu plus du reste du monde et, pour pouvoir fuir, un projet commun - construire un avion - va enfin fédérer les qualités de tous.

J’étais un peu sceptique au départ comme souvent avec de la littérature jeunesse (ce livre n’est d’ailleurs nulle part affiché comme tel !?) mais finalement, je me suis prêtée au jeu et j’ai aimé cette histoire un peu poétique, un peu farfelue et très douce. L’univers est naïf et sans doute un peu désuet mais on apprécie cette morale qui dit que les originaux ont leur place dans le monde et que chacun a une qualité bien à lui. Est-ce que ça peut plaire à un enfant ? Ma fille y a prêté quelques secondes d’attention mais n’est pas sûre de vouloir le lire. Certaines images sont vraiment jolies, cette vieille carcasse de baleine protégée par les algues et qui constituera le corps de l’avion… et le texte est accompagné des illustrations de Santiago Morilla.

« Une passion isole. Isole de tout, des autres, de la vie, isole du reste du monde tout autant que la mer. »

« Personne ne s’était rendu compte du miracle : malgré la diversité des langues, tout le monde se comprenait. Sans doute que les vents, les vents terribles avaient, dans les têtes, redistribué les mots. »

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