L’inspecteur Germain et sa jeune stagiaire, Logicielle, papotent tranquillement du métier mais ils se séparent rapidement parce que bientôt sera diffusée, à la télé, le soir-même, une pièce de théâtre policière inédite. En direct du Théâtre du Crime, la nouvelle pièce de René Brusses est retransmise en direct. L’inspecteur est dans son canapé quand retentissent les trois coups et que se lève le rideau. Le problème est que l’actrice qui gît sur scène avec un couteau dans le dos ne se lève pas, ne bouge pas, elle est réellement morte. Une page de publicité interrompt les excuses maladroites du commentateur. S’ensuit une enquête où nos deux policiers vont suspecter l’ensemble des comédiens, auteur, metteur en scène et techniciens présents ce soir-là car, finalement, tout le monde la détestait, cette Matilda.
Même si la note de l’auteur nous avertit que ce texte est un roman, il est bel et bien présenté comme une pièce de théâtre. La mise en abyme est astucieuse pour un lectorat de jeunes qui pourra, surtout, s’initier au genre d’Agatha Christie. En effet, le huis clos, le suspens, la psychologie des personnages, la chute, ainsi que ce genre policier dépourvu de toute violence sont des ingrédients qu’on retrouve ici. Il est possible de transformer ce roman en pièce de théâtre en raccourcissant ou supprimant certains passages. Même si les portraits des personnages auraient pu être plus aboutis, j’ai apprécié cette lecture qui se veut également un hommage au théâtre. A faire lire aux jeunes férus de théâtre ou de policier.
« Le théâtre, Logicielle, c'est le règne de l'apparence. C'est l'univers du décor, du clinquant. Ceux qui pénètrent dans ce monde l'apprennent parfois à leur dépens. Beaucoup abandonnent leur propre personnalité pour adopter celle de personnages factices et provisoires. Certains y trouvent la gloire. La plupart, ils perdent leur âme. Connaissez-vous l'expression : « Il tuerait sa mère pour faire un bon mot » ? J'ai connu des acteurs qui, pour glaner quelques applaudissements, ont été capables des pires bassesses... »