Le titre correspond aussi au début de 469 phrases ou paragraphes ou strophes ou versets ou haïkus, de petites bribes poétiques qui nous emmènent dans un train, sur une terrasse, dans une boulangerie, en bord de mer, à suivre un vol de martinets ou encore à observer les gens et à évoquer le quotidien et ce qui l’est moins. Entre autres.
Entre poésie et narration, l’auteur nous invite dans son monde sensible, fait d’impressions et de sensations, de perceptions et de ressentis divers. Il suit tout de même une sorte de trame linéaire qui fait défiler une journée ou un voyage en train. On passe ainsi de petites phrases en apparence banales à d’autres plus philosophiques, d’autres encore universelles. J’ai pris un certain plaisir à découvrir ces petites touches de « Je sens… », à piocher quelque phrases deci delà, à y trouver quelque chose de reposant. Source de méditation ou au moins de réflexion, le petit livre possède une précieuse vertu calmante, j’ai beaucoup apprécié la manière dont l’auteur prend le temps de se sentir habité par ce qui l’entoure. Cette décélération accompagnée d’une écoute attentive du monde est toujours appréciable.
Si j’ai bien compris, l’auteur est un astrophysicien français ayant pris un pseudo nippon parce qu’amoureux du Japon.
La publication de cet ouvrage, en 2021, fait suite à un Je sais… sorti 15 ans plus tôt.
Quelques morceaux choisis :
51. Je sens qu’il se passe quelque chose en une fraction de seconde quand on croise le regard de quelqu’un.
82. Je sens qu’il manque un mot pour signifier qu’il y a au moins un aspect positif dans quelque chose. Par exemple le seul dièse comme on dit le seul bémol quand il y a un aspect négatif ?
106. Je sens qu’à chaque instant des milliards d’yeux fixent des milliards de choses sur cette planète.
147. Je sens qu’avec leurs enfants, les gens ne pensent souvent plus qu’à eux-mêmes.
268. Je sens que le rêve est une explosion de je sens.
358. Je sens que voler est comme nager dans l’air, que nager est comme voler dans l’eau.