Gabriel et Blanche Émard ont perdu leurs parents morts dans un accident de voiture. D’emblée et avec une vivacité incroyable pour son âge, c’est la grand-mère Emilienne qui a pris la relève dans cette ferme isolée. Tandis que Gabriel peine à surmonter le choc du deuil, reste maigre et effacé, Blanche se démarque par son franc-parler, son énergie et sa beauté solaire. Louis, c’est le commis qu’Emilienne a recueilli alors qu’il fuyait un père violent ; secrètement attiré par Blanche, il sait qu’il n’aura jamais aucune chance. Alexandre, c’est le petit ami de Blanche qui préfère la ville à la campagne, à tel point qu’il la quitte pour faire ses études ce qu’elle n’accepte pas. Reviendra-t-il à la ferme des Émard ?
Roman de la terre, âpre et sans concession, il fleure bon un parfum de tragédie qu’on sent imminente dès les premières pages. Et la tension monte encore d’un cran au retour d’Alexandre, des années plus tard. Quelque chose d’étouffant et d’acéré poursuit la plupart des personnages formidablement présentés par l’autrice qui raconte avec brio cette histoire captivante. On sent qu’elle sait où elle va, c’est costaud, franc, poétique et à l’état brut un peu comme cette Émilienne… J’aurais pu lire le roman d’une traite. Alors oui, je peux vous trouver un bémol de rien du tout : les titres des chapitres m’ont dérangée parce qu’ils m’ont un peu coupée dans mon élan de lecture. Mais le plaisir était là, vif, intense, sans cesse renouvelé. Merci Cécile Coulon !
Mes autres lectures de l'autrice :
« les deuils répétés avaient fait d’elle une puissance humaine dont le pouvoir grandissait dans l’imagination de ceux qui la côtoyaient. Emilienne avait toujours été une vieille femme. Pas une vieille dame, une vieille femme. »
« Louis comprit qu’ici la mort était une affaire de famille que l’on réglait naturellement, ainsi qu’on plie un drap propre. »