Cela faisait un petit moment que j’avais envie de découvrir cet auteur. N’oublions pas qu’elle a écrit son premier roman à 17 ans et celui-ci à 22…
Thomas Hogan est né dans une famille ordinaire, obéissant en tous cas à un schéma assez classique : une mère, Mary, aimante et tendre, un père, William, souvent absent et distant, des parents qui s’éloignent l’un de l’autre. Lorsque Thomas est petit, son père est en rogne car son fils est chétif et muet. C’est l’apparition d’un serpent qui donne la parole à Thomas. Silencieux et solitaire, la vie de Thomas va se briser par la mort accidentelle de son père. Et pourtant, Thomas essaye de se couler dans le moule, d’avoir un semblant de vie sociale, d’avoir des amis. Il faut dire que les choses vont de mieux en mieux, des années plus tard, sa mère retrouve l’amour avec le docteur du village, Thomas le permet, dans une ambiance pacifique, presque heureuse. Et puis, un drame va faire basculer cet équilibre déjà fragile…
Ce court roman, je n’en ai fait qu’une bouchée ! En situant l’histoire dans un temps indéterminé (les années 60 ?), dans un cadre imprécis (les Etats-Unis sans doute…), Cécile Coulon frappe juste et la rend quasi mythique. Sa force réside dans sa simplicité. Ce roman se lit avec une fluidité déconcertante et donne l’impression que l’écrivain l’a écrit d’une seule traite, d’un seul souffle. Elle nous raconte une histoire, voilà. Une histoire qui connaît ses grands malheurs et ses petits bonheurs, une histoire toute en nuances autour d’un enfant maudit, sans clichés ni préjugés. J’ai adoré ce petit livre, adoré la concision et l’efficacité de la narration. Et j’ai bien envie d’en lire plus de Cécile Coulon…
Après la mort de William, le père : « Ils parlaient peu. Thomas ne demandait rien, il restait près d’elle, semblable à un lièvre qui protège son terrier. Parfois, au moment des premières pluies, Mary faisait un détour par la vallée pour admirer les prés mouillés ; de gros nuages gris, qui ressemblaient à ces gigantesques colonnes de fer abandonnées dans les champs, moussaient au-dessus des herbes ; des rongeurs fendaient l’air et couraient se cacher dans l’ombre des bois. »