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2 mai 2024 4 02 /05 /mai /2024 15:01

Les oiseaux - Tarjei Vesaas - ACTES SUD - Poche - Paris Librairies

Mattis et Hege, frère et sœur, vivent ensemble dans une maison isolée au bord d’un lac. Elle, Hege, travaille pour deux et tolère avec patience et amour la présence et les maladresses de son frère. Lui, Mattis, est un simplet qui s’émerveille des dons de la nature. Il essaie bien parfois d’accomplir de petits boulots mais son esprit s’embrouille, il finit par faire n’importe quoi et part de son propre chef. Un jour, la parade nuptiale d’une bécasse perturbe Mattis, il y voit un présage important. Quelques jours plus tard, Hege l’envoie sur le lac : peut-être pourrait-il faire passeur ? Mattis prend très à cœur son nouveau rôle et c’est avec une grande fierté qu’il emmène son premier et unique passager, Jörgen, sur l’autre rive. L’homme, un peu bourru, cherche un toit pour la nuit. Mattis lui propose de l’héberger pour se faire pardonner : la barque, ne pouvant supporter le poids de deux hommes, ne cessait de prendre l’eau. Jörgen ne quittera plus le grenier de la maison de Mattis et Hege, la grande sœur tombant amoureuse de l’homme.

Entre amour et haine, ce court roman est empreint d’une poésie remarquable, toujours associée à la nature et à la candeur de Mattis. Il comprend bien que sa sœur est enfin heureuse mais il s’aperçoit aussi qu’elle s’éloigne de lui. Il voit bien que c’est Jörgen qui rend sa sœur heureuse mais il ne peut s’empêcher de s’en méfier et, de réfléchir, peut-être même, pour la première fois de sa vie de se montrer intelligent. L’œuvre est suffisamment juste, pudique et touchante pour ne pas donner de réponse, chaque personnage de ce trio navigue entre le Bien et le Mal, sans qu’on puisse, en tant que lecteur, se placer dans l’un ou l’autre camp. Il est certain que Mattis est un être bouleversant, qui émeut par son désarroi et sa fragilité. Son lien avec la nature domine tout le reste et en fait une ode à la simplicité. C’est encore une fois un podcast de Radio France (ici - d'1h57) qui m’a fait découvrir cette œuvre et, pour la première fois, cet auteur norvégien que j’aimerais continuer à lire (version papier cette fois-ci). L’avez-vous déjà lu ?

« Tout en méditant, Mattis observait les versants ouest, par-delà les lacs, un beau crépuscule d’été partout dans le ciel et sur la terre. « C’est calme de ce côté du vent. » C’est alors que survint le grand événement. Quelque chose filtrait entre la cime des arbres, quelque chose que Mattis imaginait pouvoir discerner tant le ciel était clair, non pas le vent mais quelque chose qui passait au travers, quelque chose qui fusait juste au-dessus de la maison et aussi droit à travers Mattis. « Une bécasse ? Une bécasse... voilà ce qui a battu des ailes par ici. Il y a une parade amoureuse au-dessus de mon toit. » C’était bien le premier printemps que Mattis voyait ça, aussi loin que remontaient ses souvenirs, ce n’était jamais arrivé. »

« En revanche il appréciait de moins en moins sa sœur, elle n’était plus aussi douce qu’avant. Chaque jour, il avait le sentiment qu’elle était un peu plus sur son dos comme s’il faisait et disait tout de travers. Elle cherche à se faire belle, à se faire belle pour le bûcheron. Je vois bien comment elle le regarde, comme elle le lorgne du coin de l’œil. Jörgen, ça ne lui faisait aucun effet apparemment, ce qui rassurait Mattis. Il travaillait en forêt et s’affairait à la maison, constamment dans son coin. »

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13 avril 2024 6 13 /04 /avril /2024 14:02

Fureurs : un podcast à écouter en ligne | France Culture

     -     Saison 1     -

France Culture est décidément devenu mon vivier favori en matière de podcasts.

A quelques jours de la Fête du Progrès, Thomas a été embauché pour un nouveau job : il sera gardien d’une forêt, dans une cabane isolée. Un type un peu bourru, Jacques, l’emmène à cette cabane et lui explique sa mission : ne laisser personne ni entrer ni sortir de la forêt. Thomas reçoit même un revolver pour se défendre, au cas où. Une fois seul, Thomas se rend compte de l’insolite de sa situation puisqu’il n’a absolument rien à faire. Une radio avec une seule fréquence lui est fournie : Lucie, une autre gardienne d’une cabane située quelques kilomètres plus loin communique avec lui. Elle est là depuis plusieurs mois mais le prédécesseur de Thomas a disparu au bout de quelques jours dans d’étranges circonstances. Tantôt enjouée, tantôt complètement flippante, Lucie deviendra la seule « amie » de Thomas. La nuit tombée, de mystérieuses lumières intriguent Thomas et le convainquent définitivement que son boulot est plus dangereux qu’il ne le pensait. Au village, une journaliste, Marie, enquête... et Ahmed, un homme exclu des autres habitants, lui raconte avoir vu une créature étrange et des phénomènes complètement irrationnels.

Récit fantastique qui tend vers la SF, ce podcast est particulièrement réussi grâce à la voix des acteurs mais aussi aux bruitages et à la musique qui tendent à créer une atmosphère inquiétante dès les premières minutes d’écoute. Il se trouve que je l’ai écouté en courant, seule, dans une forêt... frissons garantis (une méthode toute nouvelle pour courir plus vite !) L’intrigue, originale, tient la route et l’auditeur est très vite plongé dans cet univers dystopique effrayant où la nature n’a rien de rassurant, où un dirigeant diabolique mène son monde à la baguette. L'auteur se serait inspiré d'un conte écrit par Olga Tokarczuk. Il paraît qu’il y aura une suite, je m’en réjouis déjà !

5 épisodes de 25 à 27 minutes chacun.

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7 avril 2024 7 07 /04 /avril /2024 16:20

Un ennemi du peuple | Actes Sud

Et encore un podcast !

Dans une ville de Norvège, une station thermale contribue à attirer des clients et ainsi, à enrichir la ville. Mais le Dr Stockmann découvre que les eaux sont empoisonnées, polluées par la tannerie voisine. Son diagnostic est d’abord accueilli par des vivats, le rédacteur du journal local veut publier ses découvertes, les bourgeois sont prêts à soutenir le médecin... jusqu’à ce qu’intervienne le frère du Dr Stockmann, juge et directeur de la station thermale qui refuse que cette découverte soit publiée dans les journaux. Non seulement la réputation de la ville en prendrait un coup, la station devrait fermer ses portes deux ans, mais les coûts nécessaires à un rétablissement d’une situation acceptable seraient faramineux pour l’ensemble des habitants. De fil en aiguille, de considération financière en hypocrisie, ceux qui étaient du côté du médecin humaniste font marche arrière jusqu’à le conspuer et à le mettre à la porte.  

Radio France fait décidément de bons choix en matière de théâtre. Après avoir adoré La maladie blanche, j’ai encore eu l’honneur (en courant toujours !) de découvrir une pièce brillamment adaptée pour une version audio et qui, encore une fois, est d’une actualité confondante. Alors que la santé publique semble d’abord être primordiale, elle s’éclipse devant l’argent et ses nombreux pouvoirs. Au moment où le Dr Stockmann se fait exclure de la majorité des concitoyens, il prononce un discours qui va le faire haïr un peu plus encore : la majorité aurait souvent tort, « La majorité compacte est assez dépourvue de conscience pour vouloir fonder la prospérité publique sur la base pestilentielle de la fraude et du mensonge. »  Cette vérité difficile à entendre va condamner le médecin et sa famille à s’exiler. Certains personnages secondaires sont bien campés également, notamment la fille du médecin, Petra, féministe et moderne avant l’heure, mais aussi ceux qui retournent leur veste, souvent comparés à des animaux, qui m’ont fait penser à la Cour du Roi Soleil. Une pièce à lire ou à écouter (5 fois 28 minutes).

 

« La minorité a toujours raison. »

« L’homme le plus fort du monde est celui qui est le plus seul. »

 

D’autres pièces d’Ibsen : Maison de poupée ; Les Revenants.

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19 mars 2024 2 19 /03 /mars /2024 11:13

La Maladie blanche – Les Éditions du Sonneur

 

Le bonheur d’une 1h15 de course à pied accompagnée du plaisir de découvrir un podcast de France Culture d’excellente qualité d’un des auteurs tchèques les plus connus, et qui serait à l’origine de l’invention du mot « robot »...

Une étrange pandémie ravage hommes et femmes de plus de 45 ans dans le monde entier. Une petite tache blanche de la taille d’une lentille puis un lent pourrissement du corps qui dégage une odeur pestilentielle, voilà le sort qui est réservé aux malchanceux touchés par cette nouvelle « lèpre ». Le docteur Galén a trouvé un remède qu’il ne réserve, pour l’instant, qu’aux indigents. Lorsqu’on le presse de révéler son secret, il n’émet qu’une seule condition : que les dirigeants du monde entier acceptent de conclure une paix éternelle. Evidemment, il en est hors de question, le Maréchal, dirigeant omnipotent en rit et le baron Krüg, principal fabriquant d’armes dans le pays, refuse catégoriquement. Les riches meurent donc pendant que les pauvres sont soignés et guéris dans la fameuse salle 13, jusqu’au jour où la maladie se propage même parmi les plus puissants.

Publiée en 1937, cette pièce de théâtre aurait pu être écrite hier tant elle est encore d’actualité. Il est question de choisir entre la paix et l’argent dans un monde où la guerre est une occupation primordiale pour les dirigeants. Magnifique pamphlet antifasciste écrit à l’heure où le nazisme avait le vent en poupe, il résonne et raisonne encore aujourd’hui. Simple, bref, efficace, ce texte édifiant est d’une limpidité remarquable, d’une force bouleversante et la vision utopiste et ô combien jouissive du Dr Galén devrait devenir un modèle dans le monde entier. L’excellente interprétation des comédiens donne une voix juste de cette critique du totalitarisme. Impressionnant.

« Dites-leur qu’ils sont déjà vieux, tous ceux qui dirigent les peuples. Dites-leur qu’ils vont pourrir vivants, comme ceux qui sont là. (...) en tant que médecin, j’ai le devoir de me battre pour chaque vie humaine, n’est-ce pas ? C’est simplement le devoir de tout médecin d’empêcher la guerre. (...) qu’ils renoncent à tout acte de violence et de guerre et je leur confierai le remède de la maladie blanche. (...) pourquoi ne pourrait-on pas abolir les armes ? pourquoi ne pourrait-on pas limiter les armements dans tous les états ? »

C’est un coup de cœur (je n’ai que des coups de cœur en ce moment, quelle veine !!), précitez-vous sur ce formidable podcast : 4 épisodes de 25 minutes chacun. A ne pas manquer !

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