Merel est une journaliste d’une quarantaine d’années qui vit seule dans une maison à l’écart d’un village où elle a grandi. Elle y élève des canards, y retrouve parfois son amant et passe beaucoup de temps dans le club de foot et au bistrot où elle retrouve ses copines et surtout ses copains. Tout commence à dégénérer quand des rumeurs prétendent que Merel a des vues sur Geert, un homme marié dont la femme, jalouse et malheureuse, ne va faire qu’amplifier les ragots en traitant Merel de fille facile. De plus en plus recluse, Merel se voit embêter par les jeunes du village puis carrément harceler. Les intimidations se transforment en actes de malveillance et l’exclusion sera quasi généralisée de la part des villageois.
J’ai mis quelque temps à me faire aux dessins, les traits des personnages sont plutôt grossiers, mais finalement, je me suis laissée portée par cette histoire de harcèlement ordinaire. La vie d’un village est assez bien croquée : quand tout le monde se connaît, quand on pensait pouvoir faire confiance là où l’effet de groupe finit par dominer. Malgré quelques longueurs, j’ai aimé rester un bon bout de temps avec cette femme courageuse qui ne s’est pas laissé aller au désespoir quand elle aurait pu ficher le camp ou tomber en dépression. C’est un petit garçon, un peu coupable mais surtout altruiste, qui est au cœur de sa renaissance. Le retournement de situation final est assez soudain et heureux mais on a le droit d’être optimiste, parfois... C’est Clara Lodewick, une toute jeune autrice belge, qui signe cette chronique de la bêtise ordinaire ; la dessinatrice a sans aucun doute un bel avenir devant elle.