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6 décembre 2023 3 06 /12 /décembre /2023 11:42

Merel - Lodewick Clara - Leslibraires.fr

Merel est une journaliste d’une quarantaine d’années qui vit seule dans une maison à l’écart d’un village où elle a grandi. Elle y élève des canards, y retrouve parfois son amant et passe beaucoup de temps dans le club de foot et au bistrot où elle retrouve ses copines et surtout ses copains. Tout commence à dégénérer quand des rumeurs prétendent que Merel a des vues sur Geert, un homme marié dont la femme, jalouse et malheureuse, ne va faire qu’amplifier les ragots en traitant Merel de fille facile. De plus en plus recluse, Merel se voit embêter par les jeunes du village puis carrément harceler. Les intimidations se transforment en actes de malveillance et l’exclusion sera quasi généralisée de la part des villageois.

J’ai mis quelque temps à me faire aux dessins, les traits des personnages sont plutôt grossiers, mais finalement, je me suis laissée portée par cette histoire de harcèlement ordinaire. La vie d’un village est assez bien croquée : quand tout le monde se connaît, quand on pensait pouvoir faire confiance là où l’effet de groupe finit par dominer. Malgré quelques longueurs, j’ai aimé rester un bon bout de temps avec cette femme courageuse qui ne s’est pas laissé aller au désespoir quand elle aurait pu ficher le camp ou tomber en dépression. C’est un petit garçon, un peu coupable mais surtout altruiste, qui est au cœur de sa renaissance. Le retournement de situation final est assez soudain et heureux mais on a le droit d’être optimiste, parfois... C’est Clara Lodewick, une toute jeune autrice belge, qui signe cette chronique de la bêtise ordinaire ; la dessinatrice a sans aucun doute un bel avenir devant elle.

Merel - (Clara Lodewick) - Drame [BDNET.COM]

 

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27 novembre 2023 1 27 /11 /novembre /2023 17:09

Béa Wolf (version française) - Boulet - Les libraires d'en haut

Il était une fois, il y a fort longtemps, des enfants conquérants, indociles et indomptables qui vivaient leur existence dans une liberté totale, sans rythme ni obligations. Tout n’était que bonbons, sorbets, jouets, cartes et soda. Ils s’étaient reclus, pour le plus grand plaisir, dans une cabane perchée en haut d’un arbre. Un jour cependant, le terrible Grindle, un adulte capable, d’une seule pichenette, d’adultiser et d’adolescentiser les enfants, brisa ce bel équilibre joyeux. C’est Béa Wolf, une intrépide combattante, haute comme trois pommes qui va mener la rébellion contre Grindle et protéger ainsi la « cabane de cœur-d’arbre » et tous les enfants.

Quelle réussite que cet album !! Empli de délicatesse, intelligent, drôle, subtil, il reprend le mythe de Beowulf (je ne sais pas trop en quoi parce que je ne connais que de nom) pour en faire une épopée d’enfants et nous dépayser complètement. La révolution en pyjama est douce mais déterminée, certains passages sont très drôles (ma fille a beaucoup aimé cette histoire de légumes volés : « On subtilisa des salsifis dans les souliers, des poireaux dans les poches, des choux de Bruxelles dans les bottes, du concombre dans les culottes, on cala du chou kalé dans les joues et chaparda du chou-fleur dans les t-shirts. ») Evidemment que le combat sera rude mais les enfants vaincront Grindle jusqu’à l’arrivée d’un autre adulte, qui, en chemisier et chignon, ne parlera que de « brocantes et bricolos » ...  On navigue entre jeu et gravité, entre innocence et tragédie et les dessins en noir et blanc rendent honneur à la beauté des textes, fantasques et précis.

Une BD à mettre entre toutes les mains.

Tout commence lorsque Grindle entend les bruits de la fête des enfants : « Il se réfugia dans son SUV, roussi, renfrogné, rageur et réduit au silence. Les bambocheurs, quant à eux, en envoyèrent leurs boooooing aux quatre coins des banlieues jusqu'à ce que la lune entre en scène et que les étoiles mouchètent l'océan sans rive. Lentement, les champs se turent. À court de sucre, tous s'étaient endormis. Une fois le dernier d'entre eux partis arpenter le pays des rêves et tous étendus, ronflants, sur le plancher parsemé de pop-corn, les incisives incrustées de sucre, la bouche bordée d'un anneau de vermicelles multicolores, les joues encore pleines de gâteau et nappées de chocolat... arriva Grindle »

« Alors la princesse guerrière et le saboteur de salle se lancèrent dans une sarabande. Lui, filant comme une anguille, se languissait de son foyer, havre de paix et de poireaux. Elle, tenace, valsait sans cesse, consciente de tenir entre ses mains le sort de la grande salle ! »

J'avais découvert Boulet avec Par bonheur, le lait et La page blanche.

Béa Wolf, bd chez Albin Michel de Weinersmith, Boulet

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17 novembre 2023 5 17 /11 /novembre /2023 11:28

Le baron perché de Claire Martin

-     D’après Italo Calvino    -

Le Baron perché est un de mes romans préférés (écrit par un écrivain qui est placé haut dans mon panthéon personnel).

Côme, jeune aristocrate, décide de se rebeller contre son père pour une histoire d’escargots à manger en restant perché au somment d’un arbre. Nous sommes au XVIIIè siècle et la riche demeure familiale est entourée d’une petite forêt. Côme ne redescend pas et ne redescendra jamais sur la terre ferme. Aidé par son frère Blaise qui lui apporte des vivres, il se fabrique une cabane, apprend à chasser, suit ses cours de latin et de catéchisme assis sur une branche. Au fil des années, il va faire des rencontres plus ou moins heureuses, va même s’intégrer dans une communauté espagnole condamnée à vivre dans les arbres. En aidant les villageois à chasser le loup ou encore à anticiper les incendies lors des étés de sécheresse, Côme va regagner la confiance et la fierté de son père. Les années passent et il assiste à distance à la mort de son père puis à celle de sa mère. Mais surtout, il se nourrit des lectures du Siècle des Lumières qui le représente si bien, à lui tout seul.

Qu’il était agréable de retrouver cet univers de perché (dans tous les sens du terme), qu’il fait bon vivre tout là-haut, au-dessus du commun des mortels. Ce qui s’apparente au début à un caprice deviendra un vrai choix de vie, critiqué ou approuvé, parfois imité, jamais égalé. Le lecteur lui-même ne sait pas trop s’il doit envier Côme ou le plaindre. Si on retrouve l’esprit de l’essentiel du roman, si la trame est respectée, j’ai trouvé l’approche trop enfantine, j’ai perdu la poésie de l’écriture si belle d’Italo Calvino, ses mots ne sont que résumés, simplifiés, édulcorés ; c’est regrettable. Evidemment, comme souvent pour les adaptations BD, il vaut mieux découvrir l’univers du Baron perché par ce biais-là que pas du tout mais il est largement préférable de lire le sublime roman de l’Italien.

Je ne résiste pas à l’envie de reprendre un extrait du roman (où le frère est le narrateur) : « Ces premières journées de Côme dans les arbres n'avaient aucun programme défini ; tout était subordonné à son désir de connaître et de posséder son royaume. Il aurait voulu l'explorer jusqu'à ses confins extrêmes, étudier toutes les possibilités qu'il lui offrait, le découvrir, arbre après arbre, branche après branche. Je dis : il aurait voulu, mais en fait, nous le voyions continuellement repasser au-dessus de nos têtes, avec l'air affairé et rapide des animaux sauvages qui, même quand on les voit immobiles et ramassés sur eux-mêmes, sont toujours prêts à bondir en avant. Pourquoi revenait-il dans notre parc ? À le voir tournoyer de platane en yeuse dans le rayon de la lunette de notre mère, on aurait cru que la force qui le poussait, sa passion dominante, restait sa révolte contre nous, le désir de nous faire de la peine ou de nous mettre en rage (je dis nous parce que je n'étais pas encore arrivé à comprendre ce qu'il pensait de moi : quand il avait besoin de quelque chose, on aurait dit que son alliance avec moi ne pouvait être mise en doute ; d'autres fois, il volait au-dessus de ma tête comme s'il ne me voyait même pas.) »

Le baron perché de Claire Martin

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6 novembre 2023 1 06 /11 /novembre /2023 07:40

LA SYNAGOGUE | Librairie Comptoir du Rêve

En 2021, Joann Sfar est cloué au lit dans une chambre d’hôpital puis reclus chez lui, terrassé par le covid. C’est pour lui l’occasion de se souvenir de son enfance et de son adolescence. A Nice, l’enfant qui s’appelait Eliaou de son nom hébraïque craint les synagogues, il trouve qu’on y chante trop fort, il n’aime pas cette interdiction de pouvoir jouer ou de porter des jeans. Adolescent, pour fuir cette contrainte, il fera partie de cette corporation de jeunes gens qui gardent la synagogue. A la manière d’un vigile, Joann Sfar va donc conseiller aux pratiquants de ne pas s’attarder à l’entrée du lieu de culte et guetter les terroristes potentiels. Pourtant, on lui reproche trop souvent d’être distrait ou d’avoir le nez dans son carnet de dessin. Joann n’est pas doué non plus pour le combat, ses entraînements de kung-fu se terminent en général plutôt mal. Mais surtout, Joann grandit dans l’ombre de son père, charismatique, belliqueux, intelligent, héroïque aux yeux de l’adolescent... ses accointances et ses brouilles avec Jacques Médecin sont également évoquées.

Je ne sais pas pourquoi j’ai arrêté de lire Joann Sfar il y a déjà de nombreuses années mais si un titre était désormais à conseiller, c’est bien celui-là. J’ai trouvé ce gros album très intéressant, sensible, touchant et édifiant en ce qui concerne l’antisémitisme (niçois ... entre autres). Culpabilisant parfois de ne pas être assez combattif, complexé face au modèle Joseph Kessel dont le fantôme vient souvent le voir lorsqu’il est alité, Joann Sfar nous démontre surtout qu’il est un homme pacifiste, malmené par cette discrimination (que personnellement je ne comprendrai jamais) à travers les décennies de sa vie. Evidemment non dénué d’humour, l’album met en scène pas mal de skinheads que Joann Sfar a croisés, plus inoffensifs que franchement méchants. La maladresse du narrateur-auteur le rend sympathique, sa sincérité aussi. On pourrait reprocher quelques bavardages superflus mais, dans l’ensemble, j’ai passé un excellent moment de lecture.

« Mon père a été livré sans l’option « adapte ta syntaxe et ton sujet à l’âge de l’auditoire. » Il me parlait comme si j’étais politologue. »

« A Nice, il fait toujours beau. Sauf quand je monte la garde devant la synagogue. »

La Synagogue - (Joann Sfar) - Documentaire-Encyclopédie [CANAL-BD]

 

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27 octobre 2023 5 27 /10 /octobre /2023 20:40

L'art et le Chat de Philippe Geluck

Philippe Geluck, par l’intermédiaire de son emblématique Chat, nous offre un aperçu de son panthéon artistique personnel à travers siècles, pays et genres très variés, allant de la Vénus de Milo à Ben en passant par Monet, Dubuffet, Fontana, Magritte, Rodin ou encore Vasarely. En face de l’œuvre originale, il y a sa version à lui où le Chat se met en scène et déconne franchement : il engueule les danseurs de Keith Haring, il écrase les Schtroumpfs pour fournir à Klein son bleu, il profite des illusions d’optique de Vasarely pour s’offrir un slip de bain ... tout à son avantage, il se met même en cube pour Picasso. Les œuvres s’accompagnent d’une petite présentation de l’artiste et de quelques réflexions toute personnelles.

C’est un ouvrage qui n’est pas destiné à approfondir l’analyse des œuvres évoquées, évidemment, mais qui permet de faire un petit tour d’horizon des tableaux et sculptures les plus connus selon les goûts - c’est assumé dans la préface - de l’auteur. La BD a été écrite une première fois en 2016 à destination du Musée en Herbe (on comprend mieux la dimension facile d’accès des œuvres) puis revue en 2023, c’est cette dernière version que j’ai lue. C’est très agréable, Geluck est à la fois dans l’hommage et dans la distanciation par l’humour (il regrette qu’il n’y ait pas plus d’œuvres de Vermeer à côté de la facilité d’exécution d’un Fontana). A lire qu’on soit jeune ou expérimenté, amateur d’art ou ignare ; c'est divertissant.

« Ce qu’il y a de formidable, quand tu rends hommage à tes prédécesseurs, c’est que pendant quelques instants tu es obligé de te prendre pour eux. Le temps d’accomplir le geste qu’ils ont inventé. Juste le temps de te la péter. Faire ça du matin au soir serait vain, car tu n'es pas eux. Et ce que tu essayerais de faire, moins bien, ils l’ont fait avant toi, et mieux. N’empêche que ça fait un bien fou. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai fait ce métier : pour être les autres. »

« Pour Ben, il faudrait inventer un mot qui n’existe pas encore : écripeinture ou peintécriture. L’écriture de Ben est élégante comme une image. Ses phrases sont toujours justes (mais comment fait-il ?) Et Ben nous entraîne à participer à son tableau parce qu’il nous pousse à lui répondre ou à nous interroger. Ben nous stimule. »

VIDÉO. Philippe Geluck et son chat revisitent l'Art | TV5MONDE -  Informations

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17 octobre 2023 2 17 /10 /octobre /2023 10:14

Seul le silence | R.J. Ellory,Richard Guérineau | Philéas

 D’après le roman de Ron Jon Ellory

Joseph Vaughan est le témoin indirect de dizaines de meurtres de petites filles, sur une période de trente ans. Victime collatérale d’un fou sauvage, il voit également sa mère devenir folle et ses deux compagnes successives mourir. Après quelques années de prison pour un meurtre qu’il n’a pas commis, il sera enfin reconnu pour ses talents d’écrivain. Pour le résumé plus détaillé du livre, je vous renvoie à mon billet du roman.

Un de mes coups de cœur de l’été adapté en BD ; la barre était haute mais le défi a été brillamment relevé. Au scénario, c’est l’excellent Fabrice Colin (l’auteur de Bal de givre ou de Projet Oxatan, entre autres) qui a su savamment pratiquer ellipses et résumés (le roman fait quand même 600 pages), gardant les dialogues les plus percutants. Aux dessins, Richard Guérineau (que j’avais déjà aimé pour Après la nuit) a choisi essentiellement le sépia pour rendre hommage aux paysages de la Géorgie des années 50. Il a également réussi à faire vieillir notre Joseph pour qui l’empathie est peut-être encore plus prégnante dans cette version BD que dans le roman. La dimension tragique et l’horreur de ces 32 meurtres de fillettes sont retranscrites très justement et fidèlement avec l'apparition fantomatique des corps des filles qui exprime bien leur caractère obsédant pour Joseph. En bref, c’est une belle réussite même si je ne peux que vous conseiller de lire, avant tout, l’extraordinaire roman d’un auteur que je quitterai plus d’une semelle.

Seul le silence de Roger Jon Ellory, Fabrice Colin

 

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8 octobre 2023 7 08 /10 /octobre /2023 09:29

La Bicyclette Rouge - Tome 1 - La bicyclette rouge - Kim Dong Hwa -  cartonné - Achat Livre | fnac 

Tome 1 : Yahwari

Tome 2 : Les Roses Trémières

Le narrateur et personnage principal est un facteur de campagne qui sillonne routes et chemins sur son vélo rouge. Son secteur concerne le village de Yahwari et ses alentours, un endroit reculé où les maisons ne portent pas de numéros mais des noms : La maison de l’arbre aux kakis, la maison bordée de fleurs sauvages, la maison au toit rouge, la maison la plus jolie sous le ciel étoilé, ... Et notre facteur toujours souriant, alerte, joueur et enthousiaste, s’extasie sur la beauté des arbres, des fleurs, des papillons qui l’accompagnent lors de sa tournée. De temps en temps, il emmène quelqu’un sur son porte-bagage, très souvent il emporte des colis ou des produits pour rendre service d’un village à l’autre.

Ce manhwa (BD coréenne) est composé de petites nouvelles qui constituent les épisodes de la vie d’une année de ce facteur très optimiste. Pour la quasi-totalité des historiettes, nous sommes dans un monde coloré, fleuri, où les gens sourient, une sorte d’Eden champêtre. Malgré ce côté guimauve en puissance, la poésie l’emporte et on finit par être touché par ce facteur qui dépose des fleurs sauvages dans une boîte aux lettres qui ce jour-là ne reçoit pas de courrier, par ce poète qui laisse toujours un joli poème dans la boîte aux lettres à destination de l’employé des postes, par cette jeune femme qui, à sa fenêtre, ne manque pas un jour de saluer notre cycliste. Qu’elle est touchante cette ode à la lenteur et à la contemplation. Les dessins rejoignent cette naïveté attendrissante. Un album à lire quand la vie nous paraît trop difficile ; il nous donnerait presque envie de devenir facteur et surtout surtout surtout de se remettre à écrire des lettres.

« Parfois, la tournée ressemble à une balade... Comme si je me rendais à un pique-nique. Je pédale à travers champs..., je traverse la rivière, je mets une fleur sur ma casquette. Je salue les papillons... et quand j'ai faim, je m'assieds n'importe où pour manger. Là où le chemin s'arrête, je laisse mon vélo, je mange des fruits sauvages. À partir de là, ma tournée se transforme en randonnée. C'est un courrier pour un temple aux fins fonds de la forêt. La clochette m'accueille et ensuite le moine. J'oublie la chaleur grâce au thé qu'il a préparé avec soin. Sur le chemin du retour, je salue le Bouddha, c'est un petit bonheur en plus dans ma livraison. »

La Bicyclette Rouge - Tome 2 - La bicyclette rouge - Kim Dong Hwa - broché  - Achat Livre | fnac

https://www.actuabd.com/local/cache-vignettes/L574xH852/9782889322497_10-7a244.jpg?1651845534

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29 septembre 2023 5 29 /09 /septembre /2023 09:40

Gone with the wind T1 - Pierre Alary - Librairie L'Armitière

Il s’agit de l’adaptation de la première partie du roman de Margaret Mitchell.

Je vais, exceptionnellement bien sûr, faire ma feignasse et vous renvoyer au résumé du tome 1 du roman que j’ai lu en 2020.

Il faut admettre que c’est tout de même une prouesse de condenser un gros roman en quelques planches (145) de BD. Le défi est brillamment relevé, je crois que l’ambiance du roman est parfaitement retranscrite et que les choix des coupes sont impeccables (une phrase pourrait résumer cette première partie : « Le monde dans lequel Scarlett avait baigné comme dans un rêve duveteux avait été emporté par la guerre »). Autant j’ai trouvé intéressant de mettre des images sur les lieux et les événements du roman, autant j’ai été dérangée par le fait qu’on m’impose les visages, surtout ceux de Rhett Buttler, d’Ashley et de Scarlett (que j’ai trouvée un brin trop niaise). Les dessins, élégants et de facture classique, accompagnent bien cette fresque ; certains poussent le bouchon jusqu’à être très très beaux comme ces champs de coton une journée d’été. Les tons orange accentuent la vision apocalyptique du retour à la propriété de Tara, en fin d’album.

Une jolie réussite donc pour ceux qui connaissent bien Autant en emporte le vent et aussi pour ceux qui n’y connaissent rien.

Gone with the Wind (tome 1) - (Pierre Alary) - Historique [CANAL-BD]

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18 septembre 2023 1 18 /09 /septembre /2023 11:37

Jours de sable - Aimée De jongh - Librairie Le Forum du Livre

John Clark est un jeune photographe américain qui se voit offrir un reportage susceptible de lancer sa carrière : se rendre dans une partie de l’Oklahoma pour rendre compte des difficultés de ses habitants. En effet, en 1937, et ce depuis sept ans, la sécheresse sévit : il ne pleut plus et des tempêtes de poussière ravagent les plantations et mettent en péril la santé des gens qui, bien souvent, fuient vers la Californie. John a une série d’objectifs à atteindre comme photographier une tempête de poussière, l’intérieur d’une maison, une famille sur le départ, des enfants orphelins, etc. Après une première phase où il accomplit très sérieusement et docilement ses devoirs, il fait la rencontre de Betty, une femme enceinte qui a perdu son mari cinq mois plus tôt. En pénétrant dans l’intimité de toute une famille, John se rend compte que le pouvoir des images est bien faible quant il s’agit de prouver la détresse de toute une population.

Je ne savais pas à quoi m’attendre avec ce titre, je ne connaissais que très vaguement la situation de cette région des Etats-Unis pendant la Grande Dépression et j’ai été bluffée par le travail de documentation de l’autrice-dessinatrice autant que par le dessin qui parvient si bien à représenter la poussière (pas évident...). Des années durant, le cauchemar a continué, certaines images sont marquantes comme ce sable qui s’amoncelle au creux des fauteuils d’une maison abandonnée, les enfants qui portent un masque à gaz et qui toussent, la pelle qui est l’ustensile indispensable de survie, le ciel devenu noir les jours de tempêtes de poussière. Mais l’autrice met également en avant, et c’est assez paradoxal pour un album graphique, la potentielle manipulation de l’image : la photographie qu’on a sous les yeux peut être une mise en scène (le cas d’Arthur Rothstein est resté célèbre : il déplaçait un même crâne de bovin où bon lui semblait pour intensifier l’impression de sécheresse sur un sol craquelé, par exemple) et le mensonge qu’implique la photo est évidemment encore plus prégnant de nos jours. Une très belle et intéressante découverte donc que ce gros album roboratif de 277 planches complété par un dossier photographique et explicatif. Allez, ... coup de cœur !

« S’il me fallait décrire mon séjour dans le Dust Bowl... je parlerais de la douleur cinglante quand le vent poussiéreux fouettait ma peau. Je dirais à quel point on a l’impression de suffoquer à chaque inspiration, à cause de la poussière. Je raconterais comment s’érode peu à peu l’âme humaine après des jours de sable. Rien de tout cela ne peut être capté par un appareil. »

J'avais déjà aimé Soixante printemps en hiver d'Aimée de Jongh

https://www.actuabd.com/local/cache-vignettes/L720xH855/p3-6-1abd5.jpg?1637699016

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9 septembre 2023 6 09 /09 /septembre /2023 11:11

Hypericon

                 Teresa, une brillante étudiante en archéologie, se rend à Berlin pour accompagner l’installation de l’exposition du trésor de Toutankhamon. Elle y rencontre Ruben qui est son parfait opposé tant il est épicurien, désinvolte là où elle est hésitante et anxieuse. En parallèle, quelque part en Egypte, en 1922, un archéologue nommé Howard Carter, malgré le maigre budget restant, s’obstine à fouiller une parcelle restée inexplorée... et y trouvera la fameuse tombe du pharaon Toutankhamon. Son journal de bord devient le livre de chevet de Teresa et son occupation lors de ses nombreuses nuits d’insomnie.

En croisant deux époques tellement éloignées, l’autrice y trouve des points communs et insiste aussi sur la brièveté de la vie et la fugitivité de l’instant présent. L’hypericon, c’est le nom latin du millepertuis, cette plante qu’utilise Teresa et qu’on retrouve aussi dans le tombeau du pharaon. J’ai apprécié ce roman graphique, d’une part il y a cette découverte extraordinaire en Egypte (c’est ce que j’ai préféré) et d’autre part ce couple en devenir, leurs parties de jambe en l’air, leurs jeux du chat et la souris, la découverte de cette formidable ville de Berlin (décrite avec justesse) à une époque où l’attentat du 11 septembre va bouleverser la population. Les dessins, simples mais élégants (la couleur or domine dans les planches réservées à Toutankhamon) m’ont plu et les deux histoires ne se contentent pas de suivre une trame linéaire mais, par des ellipses et des tâtonnements, apportent un peu de magie et de poésie à cette grande Histoire toujours en train de s’écrire.

La fameuse découverte de Carter : « Puis, au fur et à mesure que mes yeux s’habituent à l'obscurité, je vois une chambre. A l'intérieur, quelque chose scintille à la lueur de la bougie. Des statues aux formes étranges. De l'or partout. Des merveilles. »

Berlin : « cette ville dans laquelle je viens de débarquer est un méli-mélo inextricable, un labyrinthe sans murs mais parsemé d’indices dispersés qui permettent de passer d’un endroit à un autre, à chaque fois différente, et absolument unique, délirant, inclassable. »

Hypericon, bd chez Dargaud de Fior

Hypericon - (Manuele Fior) - Comédie [CANAL-BD]

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