
Kiki est née Alice Prin, en 1901, en province. Malaimée et abandonnée par sa mère, elle est élevée par une grand-mère qui l’adore et lui permet tout. Audacieuse et insolente, Alice rejoint Paris à 12 ans déjà, avec une bouteille de pinard sous le bras ( !) Enchaînant les petits boulots qu’elle ne garde jamais longtemps, elle se retrouve à poser nue pour des artistes avant de rencontrer son premier amour, un peintre polonais. Côtoyant Desnos, Foujita (je ne connaissais pas, jolie découverte !), Modigliani, plus tard Éluard, Tzara, Picabia… elle rencontre le grand amour de sa vie : Man Ray qui va faire d’elle sa muse et son égérie. Quelques années plus tard, elle sera danseuse et chanteuse pour gagner sa vie, toujours avec le sourire. Après une existence fastueuse, clinquante et entourée, Kiki finira sa vie sous le signe de la déchéance, du laisser-aller et de la solitude.
Il est vrai que je ne suis certainement pas objective : j’apprécie tout ce que fait Catel parce que j’aime ses choix féministes (Ainsi soit Benoîte Groult) mais personne ne me fera croire qu’on s’ennuie avec cette grosse BD aussi pleine et ronde que les fesses de Kiki ! L’histoire de cette vie m’a passionnée même si je n’arrive pas à m’identifier à la femme (eh non, je ne suis pas du genre à montrer mes seins à un parfait inconnu). Elle force le respect par sa joie de vivre, sa liberté, l’absence de filtres et de freins qu’elle accorde à son existence légère et heureuse. Insouciante et provocatrice, Kiki renverse les barrières, bouscule les préjugés, défait les codes et les convenances. Heureusement qu’il existe des femmes comme elle qui font avancer, certes doucement, mais avancer tout de même, les mentalités et les mœurs. Au-delà de ce portrait exceptionnel, cette chronique du début du XXème siècle est absolument jouissive. La Rotonde, les chapeaux cloche (et les femmes devaient d’ailleurs porter un chapeau pour pouvoir s’asseoir dans la salle de La Rotonde), le Montmartre des années 20, l’effervescence artistique parisienne sont parfaitement retranscrits dans cet album. A lire !