Quatrième époque (août-septembre 1936)
Cinquième époque (septembre 1936 – janvier 1939)
Sixième époque (2 septembre 1939 – 3 juin 1940)
Après la première guerre mondiale, la révolution russe et le Front populaire, c’est en Espagne que se poursuit cette saga historique. Mattéo et son amie Amélie rejoignent les anarchistes pour lutter contre les franquistes dans un petit village non loin de Barcelone. Mais matériel, hommes et armes manquent furieusement à l’appel. Le petit groupe investit la riche demeure d’un notable ennemi et Mattéo prend une maîtresse russe dynamique ... à tous points de vue, Anechka.
Don Figueras, le richard invalide, va finalement se lier d’amitié avec Mattéo. Mais les quelques moments de quiétude et de beuverie sont vite éclipsés par les ravages de la guerre civile ... et les morts, même parmi les personnages principaux.
Si Mattéo, qui a rejoint la France, est recherché par les gendarmes, il bénéficie du soutien d’un vieil ami, Paulin, devenu aveugle lors de la première guerre mondiale. Il retrouve régulièrement Juliette, son premier amour, qui ne se décide pas à admettre que Louis parti à la guerre, est son fils à lui aussi. Apprenant que Louis est emprisonné près de Sedan, Mattéo part le rejoindre pour le sauver sans pour autant lui avouer qu’il est son père.
Après 9 ans d’abstinence, retrouver Gibrat fut un vrai gros plaisir. Le récit palpitant s’accompagne d’un graphisme à couper le souffle, chaque planche est une petite merveille qui s’admire. J’ai aussi beaucoup apprécié la plume de Gibrat, dense, poétique, parfois rugueuse ; il est finalement assez rare de trouver une langue aussi travaillée en BD. Si vous n’avez pas encore découvert cette belle série de six tomes, faites-vous ce plaisir de lire les six opus d’affilée, j’ai tellement regretté de ne pas avoir les trois premiers sous le coude pour me remémorer l’histoire. Le dernier tome est assez extraordinaire même si, évidemment, on est frustrés de savoir que c’est le dernier. La fin n’est pas telle que je l’imaginais, elle est ouverte et belle. Bon, tout est bon là-dedans, foncez !
« A pleines journées, nous mijotions, assaisonnés de poussière, elle recouvrait tout, à commencer par les enthousiasmes. Les silhouettes des hommes, amollies de chaleur, traînaient leur ennui d’une bouteille à l’autre. Nous étions des chiens de ferme en plein midi, recherchant une flaque d’ombre, sans jamais trouver leur place. La fraîcheur du soir les remettait debout, les hommes, la nuit les ravigotait tout à fait, eux et leurs promesses de raclée aux phalangistes, les poings se levaient, bien serrés d’impuissance, puis une bouffée de lucidité sur les maigres probabilités de victoire, alors, de dépit, les poings cédaient à leur vilaine manie, l’étranglement des goulots. » (tome 4)
« Ça m’a plus lâché, cette idée, un totem pour les insomnies... on tourne autour jusqu’au petit jours... on passe de l’ébauche à l’esquisse, et voilà que ça devient un projet, bien têtu, qui prend possession du bonhomme, qui vous gratte sous la peau... la paternité tournait à l’urticaire. » (tome 6)
