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29 septembre 2023 5 29 /09 /septembre /2023 09:40

Gone with the wind T1 - Pierre Alary - Librairie L'Armitière

Il s’agit de l’adaptation de la première partie du roman de Margaret Mitchell.

Je vais, exceptionnellement bien sûr, faire ma feignasse et vous renvoyer au résumé du tome 1 du roman que j’ai lu en 2020.

Il faut admettre que c’est tout de même une prouesse de condenser un gros roman en quelques planches (145) de BD. Le défi est brillamment relevé, je crois que l’ambiance du roman est parfaitement retranscrite et que les choix des coupes sont impeccables (une phrase pourrait résumer cette première partie : « Le monde dans lequel Scarlett avait baigné comme dans un rêve duveteux avait été emporté par la guerre »). Autant j’ai trouvé intéressant de mettre des images sur les lieux et les événements du roman, autant j’ai été dérangée par le fait qu’on m’impose les visages, surtout ceux de Rhett Buttler, d’Ashley et de Scarlett (que j’ai trouvée un brin trop niaise). Les dessins, élégants et de facture classique, accompagnent bien cette fresque ; certains poussent le bouchon jusqu’à être très très beaux comme ces champs de coton une journée d’été. Les tons orange accentuent la vision apocalyptique du retour à la propriété de Tara, en fin d’album.

Une jolie réussite donc pour ceux qui connaissent bien Autant en emporte le vent et aussi pour ceux qui n’y connaissent rien.

Gone with the Wind (tome 1) - (Pierre Alary) - Historique [CANAL-BD]

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18 septembre 2023 1 18 /09 /septembre /2023 11:37

Jours de sable - Aimée De jongh - Librairie Le Forum du Livre

John Clark est un jeune photographe américain qui se voit offrir un reportage susceptible de lancer sa carrière : se rendre dans une partie de l’Oklahoma pour rendre compte des difficultés de ses habitants. En effet, en 1937, et ce depuis sept ans, la sécheresse sévit : il ne pleut plus et des tempêtes de poussière ravagent les plantations et mettent en péril la santé des gens qui, bien souvent, fuient vers la Californie. John a une série d’objectifs à atteindre comme photographier une tempête de poussière, l’intérieur d’une maison, une famille sur le départ, des enfants orphelins, etc. Après une première phase où il accomplit très sérieusement et docilement ses devoirs, il fait la rencontre de Betty, une femme enceinte qui a perdu son mari cinq mois plus tôt. En pénétrant dans l’intimité de toute une famille, John se rend compte que le pouvoir des images est bien faible quant il s’agit de prouver la détresse de toute une population.

Je ne savais pas à quoi m’attendre avec ce titre, je ne connaissais que très vaguement la situation de cette région des Etats-Unis pendant la Grande Dépression et j’ai été bluffée par le travail de documentation de l’autrice-dessinatrice autant que par le dessin qui parvient si bien à représenter la poussière (pas évident...). Des années durant, le cauchemar a continué, certaines images sont marquantes comme ce sable qui s’amoncelle au creux des fauteuils d’une maison abandonnée, les enfants qui portent un masque à gaz et qui toussent, la pelle qui est l’ustensile indispensable de survie, le ciel devenu noir les jours de tempêtes de poussière. Mais l’autrice met également en avant, et c’est assez paradoxal pour un album graphique, la potentielle manipulation de l’image : la photographie qu’on a sous les yeux peut être une mise en scène (le cas d’Arthur Rothstein est resté célèbre : il déplaçait un même crâne de bovin où bon lui semblait pour intensifier l’impression de sécheresse sur un sol craquelé, par exemple) et le mensonge qu’implique la photo est évidemment encore plus prégnant de nos jours. Une très belle et intéressante découverte donc que ce gros album roboratif de 277 planches complété par un dossier photographique et explicatif. Allez, ... coup de cœur !

« S’il me fallait décrire mon séjour dans le Dust Bowl... je parlerais de la douleur cinglante quand le vent poussiéreux fouettait ma peau. Je dirais à quel point on a l’impression de suffoquer à chaque inspiration, à cause de la poussière. Je raconterais comment s’érode peu à peu l’âme humaine après des jours de sable. Rien de tout cela ne peut être capté par un appareil. »

J'avais déjà aimé Soixante printemps en hiver d'Aimée de Jongh

https://www.actuabd.com/local/cache-vignettes/L720xH855/p3-6-1abd5.jpg?1637699016

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9 septembre 2023 6 09 /09 /septembre /2023 11:11

Hypericon

                 Teresa, une brillante étudiante en archéologie, se rend à Berlin pour accompagner l’installation de l’exposition du trésor de Toutankhamon. Elle y rencontre Ruben qui est son parfait opposé tant il est épicurien, désinvolte là où elle est hésitante et anxieuse. En parallèle, quelque part en Egypte, en 1922, un archéologue nommé Howard Carter, malgré le maigre budget restant, s’obstine à fouiller une parcelle restée inexplorée... et y trouvera la fameuse tombe du pharaon Toutankhamon. Son journal de bord devient le livre de chevet de Teresa et son occupation lors de ses nombreuses nuits d’insomnie.

En croisant deux époques tellement éloignées, l’autrice y trouve des points communs et insiste aussi sur la brièveté de la vie et la fugitivité de l’instant présent. L’hypericon, c’est le nom latin du millepertuis, cette plante qu’utilise Teresa et qu’on retrouve aussi dans le tombeau du pharaon. J’ai apprécié ce roman graphique, d’une part il y a cette découverte extraordinaire en Egypte (c’est ce que j’ai préféré) et d’autre part ce couple en devenir, leurs parties de jambe en l’air, leurs jeux du chat et la souris, la découverte de cette formidable ville de Berlin (décrite avec justesse) à une époque où l’attentat du 11 septembre va bouleverser la population. Les dessins, simples mais élégants (la couleur or domine dans les planches réservées à Toutankhamon) m’ont plu et les deux histoires ne se contentent pas de suivre une trame linéaire mais, par des ellipses et des tâtonnements, apportent un peu de magie et de poésie à cette grande Histoire toujours en train de s’écrire.

La fameuse découverte de Carter : « Puis, au fur et à mesure que mes yeux s’habituent à l'obscurité, je vois une chambre. A l'intérieur, quelque chose scintille à la lueur de la bougie. Des statues aux formes étranges. De l'or partout. Des merveilles. »

Berlin : « cette ville dans laquelle je viens de débarquer est un méli-mélo inextricable, un labyrinthe sans murs mais parsemé d’indices dispersés qui permettent de passer d’un endroit à un autre, à chaque fois différente, et absolument unique, délirant, inclassable. »

Hypericon, bd chez Dargaud de Fior

Hypericon - (Manuele Fior) - Comédie [CANAL-BD]

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31 août 2023 4 31 /08 /août /2023 11:14

Hotell - John Lees - Librairie La Fureur de Lire

Sur la route 66, un étrange hôtel isolé, l’hôtel Pierrot Courts. Débarque une mère enceinte jusqu’au cou qui fuit un compagnon trop violent. Elle se rend rapidement compte qu’il règne, dans sa chambre d’hôtel, une ambiance pas franchement cocasse, elle sent comme un malaise, fait des rêves étranges de son bébé qui prendrait le pouvoir, elle rencontre un voisin entreprenant et finit par se laisser dominer par son bébé. Un autre client rêve de tuer sa femme, il passe réellement à l’acte en l’empoisonnant avant de la découper en morceaux mais cinq minutes plus tard, elle se présente tout sourire sur le seuil de sa chambre. Il y a aussi ce père qui veut exorciser le démon qui a pris possession de son fils, il est aidé par un prêtre tombé en disgrâce. Les personnages se suivent et parfois se croisent dans cet endroit où rien ne va.

Bon bon bon... j’ai emprunté cette BD avant de réaliser chez moi que c’était un comics mais il faut savoir s’écarter de ses habitudes parfois, n’est-ce pas ? J’ai souvent hésité entre cauchemar et bonne tranche de rigolade (mais, « en vrai » comme disent mes ados, j’ai quand même bien flippé !) j’ai cependant réussi à terminer ma lecture que je n’ai pas trouvée si mauvaise. Les différentes histoires finissent par s’imbriquer intelligemment pour ne former qu’une farandole d’horreurs (yeux crevés, bébé transformé en zombie hilare, étang malfaisant et monstre visqueux, femme découpée en morceaux sanguinolents). Evidemment, le thème d’un hôtel perdu qui fait peur n’est pas sans rappeler certains films de Kubrick ou d’Hitchcock mais il faut avouer qu’ici on est un brin au-dessus dans l’horreur. Il devrait sortir un second tome que je vais m’appliquer à soigneusement éviter.

Paroles de réceptionniste : « Tout le monde affirme avoir un mauvais pressentiment au Pierrot Courts. Parfois, je me dis que cet endroit est l’incarnation même du mauvais pressentiment. Ils prétendent vouloir partir, mais ils ne le font pas. Ou ils en sont incapables. Comme prisonniers d’une gravité malfaisante. »

 

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18 août 2023 5 18 /08 /août /2023 07:40

https://www.actuabd.com/local/cache-vignettes/L590xH799/arton31379-cceaa.jpg?1680185520

Solange, dit So, est une infirmière qui rencontre Amir, un réfugié syrien, lors d’une maraude. Le pauvre logement où il vit a été brûlé et So lui propose de l’héberger chez elle, son mari et ses trois enfants. La cohabitation se passe bien mais Amir tient à se rendre utile et il se met aux fourneaux, se souvenant des recettes de bameh, d’atayef, de salade fattouch, ... de sa grand-mère syrienne. Lorsque Marcel, le père de So qui tient un restaurant-traiteur, est immobilisé parce qu’il a contracté un covid long, Amir prend sa place et ses talents de cuisinier sont reconnus par tous les clients. Mais Marcel est un raciste patenté qui a du mal à supporter qu’un Arabe soit dans sa cuisine et, le comble, connaisse un beau succès. Et puis, il y a la belle Héléna, la sœur de So ; entre elle et Samir, ça fonctionne plutôt bien.

Malgré des passages un peu caricaturaux (quoique... ne sommes-nous pas entourés de racistes obtus qui le prouvent si régulièrement lors des élections ?), j’ai adoré cette BD tendre, drôle, joyeuse, positive. Si l’intégration de Samir se passe bien, il exprime le manque de son pays, son mal-être face au rejet de certains cons, face à cette difficulté de se sentir vraiment chez soi. La thématique de l’exil est donc présentée assez subtilement dans un contexte tout de même très positif. Bonus très apprécié par la gourmande que je suis, des planches réservées aux recettes syriennes, bien présentées et bien expliquées. S'il n'est plus nécessaire de présenter Séverine Vidal, autrice jeunesse, le dessinateur espagnol Adrián Huelva est moins connu et j'ai apprécié ses dessins et l'utilisation d'une large gamme de couleurs. Cette idée de BD est née de rencontres liées à des ateliers d’écriture menés en 2021 avec trois classes d’UPE2A dans les Yvelines, et les textes, en fin de BD, écrits par de jeunes réfugiés, sont extrêmement touchants et viennent fermer la boucle de cet album à faire découvrir dès 13-14 ans.

Les Pays d'Amir, bd chez Bamboo de Vidal, Huelva

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7 août 2023 1 07 /08 /août /2023 22:13

                                                Mattéo tome 4 - BDfugue.com   Mattéo tome 5 - BDfugue.com      

Quatrième époque (août-septembre 1936)

Cinquième époque (septembre 1936 – janvier 1939)

Sixième époque (2 septembre 1939 – 3 juin 1940)

Après la première guerre mondiale, la révolution russe et le Front populaire, c’est en Espagne que se poursuit cette saga historique. Mattéo et son amie Amélie rejoignent les anarchistes pour lutter contre les franquistes dans un petit village non loin de Barcelone. Mais matériel, hommes et armes manquent furieusement à l’appel. Le petit groupe investit la riche demeure d’un notable ennemi et Mattéo prend une maîtresse russe dynamique ... à tous points de vue, Anechka.

Don Figueras, le richard invalide, va finalement se lier d’amitié avec Mattéo. Mais les quelques moments de quiétude et de beuverie sont vite éclipsés par les ravages de la guerre civile ... et les morts, même parmi les personnages principaux.

Si Mattéo, qui a rejoint la France, est recherché par les gendarmes, il bénéficie du soutien d’un vieil ami, Paulin, devenu aveugle lors de la première guerre mondiale. Il retrouve régulièrement Juliette, son premier amour, qui ne se décide pas à admettre que Louis parti à la guerre, est son fils à lui aussi. Apprenant que Louis est emprisonné près de Sedan, Mattéo part le rejoindre pour le sauver sans pour autant lui avouer qu’il est son père.

Après 9 ans d’abstinence, retrouver Gibrat fut un vrai gros plaisir. Le récit palpitant s’accompagne d’un graphisme à couper le souffle, chaque planche est une petite merveille qui s’admire. J’ai aussi beaucoup apprécié la plume de Gibrat, dense, poétique, parfois rugueuse ; il est finalement assez rare de trouver une langue aussi travaillée en BD. Si vous n’avez pas encore découvert cette belle série de six tomes, faites-vous ce plaisir de lire les six opus d’affilée, j’ai tellement regretté de ne pas avoir les trois premiers sous le coude pour me remémorer l’histoire. Le dernier tome est assez extraordinaire même si, évidemment, on est frustrés de savoir que c’est le dernier. La fin n’est pas telle que je l’imaginais, elle est ouverte et belle. Bon, tout est bon là-dedans, foncez !

« A pleines journées, nous mijotions, assaisonnés de poussière, elle recouvrait tout, à commencer par les enthousiasmes. Les silhouettes des hommes, amollies de chaleur, traînaient leur ennui d’une bouteille à l’autre. Nous étions des chiens de ferme en plein midi, recherchant une flaque d’ombre, sans jamais trouver leur place. La fraîcheur du soir les remettait debout, les hommes, la nuit les ravigotait tout à fait, eux et leurs promesses de raclée aux phalangistes, les poings se levaient, bien serrés d’impuissance, puis une bouffée de lucidité sur les maigres probabilités de victoire, alors, de dépit, les poings cédaient à leur vilaine manie, l’étranglement des goulots. » (tome 4)

« Ça m’a plus lâché, cette idée, un totem pour les insomnies... on tourne autour jusqu’au petit jours... on passe de l’ébauche à l’esquisse, et voilà que ça devient un projet, bien têtu, qui prend possession du bonhomme, qui vous gratte sous la peau... la paternité tournait à l’urticaire. » (tome 6)

Mattéo tome 6 - BDfugue.com

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10 juillet 2023 1 10 /07 /juillet /2023 17:15

Yézidie ! - (Mini Ludvin / Aurélien Ducoudray) - Policier-Thriller [ALADIN,  une librairie du réseau Canal BD]

Zéré vit dans une communauté yézidie, en Irak, entourée des siens et en harmonie avec les musulmans... jusqu’au jour où, en 2014, des hommes de Daesh viennent rompre cette belle entente et semer la terreur. Ils enlèvent les jeunes filles pour en faire des esclaves sexuelles. Zéré est capturée elle aussi mais elle va rencontrer une jeune fille dans sa geôle qui va l’aider – à deux, elles vont se soutenir même si Zéré a tort de faire confiance à une inconnue aussi rapidement...

Ma fille Danaé, future 3e, m’a piqué la BD et l’a aimée autant que moi, je crois bien. Elle nous fait l’honneur de son avis et je la remercie :

« Cette BD est très forte en émotion. Elle nous montre à quel point la vie, pour un pays en guerre est dure, et à quel point de jeunes enfants/adolescents doivent se montrer forts face à leurs problèmes. Les adolescents de cette BD, Zéré, Nizra, Rezan, ont tous dû se battre à leur façon pour leur liberté, pour pouvoir garder une identité. C'est ce qu’Aurélien Ducoudray a, à mon avis, plus que réussi à démontrer avec son scénario aussi mouvementé que touchant. Pendant près de 131 pages, on comprend petit à petit les choix difficiles de ces habitants qui ne veulent pas survivre mais seulement vivre. J'ai été touchée également par la qualité et la beauté des dessins de Mini Ludvin, qui, grâce à son style, arrive à nous expliquer cette situation dramatique à travers de magnifiques esquisses. Le seul petit défaut que j'ai trouvé à ce livre, est qu'il est néanmoins quelques fois dur au niveau de la compréhension pour ce qui est des flashbacks. Ce qui n'a pas empêché la compréhension du récit et du scénario, et surtout l'étendue du problème qui est la persécution du peuple des Yézidi. Une BD que je recommande, aussi touchante et émouvante que poignante. On se prend une claque sur la situation horrible et terrifiante de ce peuple qui vivait en paix avant l'arrivée de Daesh. »

Mon avis : On entre dans la vie d’une famille et on comprend un peu mieux le danger que représente Daesh, tout ça à hauteur d’enfant, ce qui ne rend pas la menace moins importante. Seul petit bémol, les bouleversements chronologiques qui complexifient un peu l’intrigue (Danaé était d’accord avec moi sur ce point). Les dessins ronds et plutôt enfantins tranchent complètement avec l’histoire racontée, ce qui n’est pas dérangeant pour autant puisqu’on conserve ce regard de l’enfant et son ingénuité. Une thématique assez rare en BD pour qu’elle soit mise à l’honneur (la BD, pas Daesh !)

BD repérée chez meséchappéeslivresques que je remercie !

Yézidie ! - (Mini Ludvin / Aurélien Ducoudray) - Policier-Thriller [ALADIN,  une librairie du réseau Canal BD]

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30 juin 2023 5 30 /06 /juin /2023 13:57

Musée - cartonné - Christophe Chabouté - Achat Livre ou ebook | fnac

Nous sommes au Musée d’Orsay. En plein jour d’abord, on sait très bien ce qui s’y passe entre les amateurs de peinture, les vrais spécialistes, les faux spécialistes convaincus, les ados blasés, les détenteurs de portables, les couples, les solitaires, les groupes, les passionnés, les distraits, … Et puis la nuit ! Une fois la nuit arrivée, les personnages sortent de leur cadre, les statues et sculptures se mettent à vadrouiller dans le musée, ça papote, ça se retrouve, ça drague un peu, ça s’interroge surtout sur cette drôle de colonie que sont les hommes qui tiennent si souvent un petit rectangle collé à l’oreille. L’ours blanc de Pompon va se blottir dans un coin, certains bustes se retrouvent pour discuter du surveillant Louis qui a le béguin pour Anne-Lise, sa collègue. Et puis de ce promeneur avec son chien qui se déplace de plus en plus lentement.

Le Musée d’Orsay est un de mes musées préférés et imaginer que ces œuvres prennent vie, s’amusent la nuit et parlent des hommes, ça ne pouvait que me plaire. Le lecteur de ce roman graphique a l’impression de se sentir privilégié d’assister à ces rencontres clandestines. Les œuvres brillent aussi par leur innocence et leur candeur. Certaines planches sont plus touchantes que d’autres, cette petite-fille qui décrit un tableau à son grand-père aveugle, lui qui aime « écouter les tableaux », cette statue qui raconte à son ami qu’« une petite fille s’est mise à danser devant une toile de Degas. Sa maman l’a regardée faire un moment, et puis, elle a posé son sac… et s’est mise à danser avec sa fille. » Je ne vais pas citer toutes les œuvres présentes dans l’ouvrage (je n’ai pas reconnu toutes les sculptures, un petit index aurait été le bienvenu) mais voir les raboteurs (adorés !) quitter leur plancher pour se balader, Berthe Morisot regarder un promeneur avec amour ou encore suivre Héraclès aux toilettes (le sèche-main et la chasse d’eau l’intriguent) suffisent déjà à nous combler. Quel hommage rendu à ce magnifique musée, sa variété et toutes ses richesses qui sont joliment mises en avant dans cet espace-temps hors du commun, dans un foisonnement vivant et coloré (oui, pour un album en noir et blanc !). Magnifique publicité pour le musée où on a envie d’y retourner encore et encore.

Coup de cœur !

du même génial auteur  :

Les princesses aussi vont au petit coin

Henri Désiré Landru

Construire un feu

 

Musée - (Christophe Chabouté) - Roman Graphique [CANAL-BD]

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15 juin 2023 4 15 /06 /juin /2023 20:32

Slava T1 : Après la chute (0), bd chez Dargaud de Gomont

Slava Segalov est à la fois l’assistant et l’élève de Dimitri Lavrine qui n’est, ni plus ni moins, un pillard. Il déniche les endroits jadis luxueux mais désormais abandonnés pour y voler les biens les plus rares et les plus précieux. Puis il les vend à des investisseurs nouveaux riches, et fait fortune en toute impunité. Ça passe, c’est facile mais parfois dangereux car il tombe sur plus malin et plus fort que lui. La donne change lorsque Slava rencontre la jolie Nina qui a des principes qui l’étonnent et son frère -tellement imposant- Volodia. Et le road-movie se poursuit à quatre dans un univers de la mafia russe.

L’auteur parvient à rendre drôles des événements pourtant dramatiques ! Au-delà de cette histoire de bandit typiquement russe (dans un bâtiment, le premier regard de Lavrine se pose sur les plafonds qu’il n’hésite pas à démonter pour les revendre), au-delà donc de la petite histoire, l’auteur dresse un portrait d’une Russie mal portante et boitillante où la morale est un mot inconnu. Ça sent le pourri et pourtant on s’attache à ces personnages, Slava l’ancien artiste qui se laisse trimballer par ce Lavrine sans foi ni loi, ce même Lavrine qui est à la fois brillant et complètement stupide, ou Volodia le gros balèze qui boit trop de vodka. Et c'est très bien écrit. Côté dessins, je retrouve toujours avec un grand plaisir le trait de Gomont travaillé et vif que j’avais déjà tellement aimé dans Pereira prétend, Malaterre ou La Fuite du cerveau. Un presque sans-fautes, je dis « presque » parce que certains passages m’ont ennuyée mais je ne suis pas une spécialiste de la Russie, ça doit être ça. L’auteur précise que l’album a été réalisé avant la guerre contre l’Ukraine. Bref, à découvrir quand même. Et la suite ne devrait pas tarder.

« La lutte des plus forts pour le lucre. La lutte des plus faibles pour survivre. Et entre les deux, Lavrine qui fait des va-et-vient, tel un gros bourdon absorbé par sa tâche, butinant les dernières fleurs de ce monde en ruine, avec la candeur des bêtes au printemps. »

« On va se faire des couilles en or, mon pote ! Et un slip en platine ! »

https://www.livreshebdo.fr/sites/default/files/styles/first_article_list/public/2022-06/Pierre-Henry%20Gomont%2C%20%22Slava.%20Vol.%201.%20Apr%C3%A8s%20la%20chute%22%20%28Dargaud%29%C2%A0%3A%20Rocambole%20en%20Russie0.jpg?h=bea22dae&itok=QZ2O85F8

 

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5 juin 2023 1 05 /06 /juin /2023 09:48

L'écluse de Philippe Pelaez, Aris - BDfugue.com

Dans un petit village du Lot, on a déjà retrouvé trois noyées. Toujours au niveau de l’écluse où travaille Octave, celui dont on se moque parce qu’il est difforme et laid, et serait attardé. Il devient donc le coupable idéal et surtout le souffre-douleur d’Alban, celui qui violente les filles et se veut être une petite frappe sans scrupules. Entre le petit inspecteur propre sur lui venu de Cahors, la belle Fanette la fille du boucher, le groupe de petits caïds du coin, … les victimes se mêlent aux bourreaux et l’enquête piétine.

Mon billet sera court, je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé cette BD polar mais je ne lui ai trouvé rien d’extraordinaire, c’est divertissant, c’est bien dessiné mais ça sent trop le déjà vu, déjà lu, ressemblant à Eté brûlant à Saint-Allaire lu tout récemment. J’ai préféré les paysages, les berges du Lot et ses écluses à l’intrigue elle-même. Un petit air de Giono ou de Pagnol qui est appréciable.

J’avais déjà lu Philippe Pelaez pour Puisqu’il faut des hommes que j'avais beaucoup aimé.

L'Écluse, bd chez Bamboo de Pelaez, Aris

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