C’est Alwenn qui m’a tentée, et si drôlement bien tentée qu’après avoir lu son billet, j’ai immédiatement commandé la BD en question. Je bénis cette impulsion bienheureuse, cet ouvrage est un pur délice !!! Je pense l’avoir lu du début à la fin avec le sourire aux lèvres, ponctuant ma lecture de « rhoooo » et de « ha, ha, ha ! ». Alwenn a raison, les onomatopées ont bien leur place dans la critique de ce chef d’œuvre. Quand on aime, on ne trouve plus ses mots.
Mais de quoi s’agit-il ? Catherine Meurisse, dessinatrice et illustratrice chez Charlie Hebdo mais aussi pour d’autres journaux et magazines, revoit, à sa manière, la littérature française du Moyen-âge au XXème siècle. Elle croque donc certains des écrivains les plus connus, les relie parfois entre eux, invente une histoire autour d’eux, emmène le lecteur sur la charrette de Lancelot, aux abords de la Loire près du fief de Rabelais, dans la chambre du père Goriot, ou encore, dans le salon de Proust. C’est divin. Ces écrivains tous morts reprennent vie, ils sont drôles, sensibles et surtout terriblement attachants. Tellement attachants qu’on en veut encore !
Ce Lagarde et Michard revu et corrigé est jubilatoire et indispensable à toute bibliothèque qui se respecte !
Je ne vais pas m’en aller sans vous citer quelques exemples. Comment résister aux quatre hommes, Proust, Radiguet, Cocteau et Gide qui s’apprêtent à sortir, un soir, voir leur copine Colette, tels quatre potes toujours prêts à gaudrioler et à se lancer des vannes ? Eh oui, c’est bien aux Beatles qu’ils ressemblent…
Ou encore Zola qui passe sa journée à se planquer dans un grand magasin, dans un train, dans les rues de Paris, dans un estaminet,… qui rentre chez lui et qui dit à sa femme « Chéri, je suis rentré de chez les Rougon-Macquart » et elle de répondre « Va te laverles mains ».
Ou encore le conflit Sartre-Céline : l’existentialiste avoue à Beauvoir : « On peut dire qu’en lisant Bagatelles pour un massacre, j’ai eu la nausée et les mains sales ! »
Ou encore cette madeleine qui fit temps jaser. Cocteau cherche le souvenir de son Radiguet en buvant son thé accompagné de l’inévitable madeleine. Il interroge sa tasse : « Raymond, où es-tu ? … Tu préfèrerais peut-être un petit beurre ? »
S’il y en avait peut-être une à retenir, ce serait l’illustration finale, où tous les écrivains réunis font la fête, dansent et se soûlent au rythme des sons de l’orchestre Lagarde & Michou.
J’ai un seul regret : ne pas avoir eu cette BD entre les mains lors de mes études de lettres !
Une question reste en suspens : est-ce que qu’une personne hermétique à la littérature française pourrait aimer et apprécier à sa juste valeur cette BD ? Je n’en suis, hélas ! pas sûre…
Puisque c’est encore un peu Noël, moi je demande une BD par écrivain à Madame Meurisse. Donc, autant de BD que d’écrivains (ben quoi ? c’est Noël, on peut rêver…).