Cette énorme BD trônait dans ma bibliothèque depuis quelques années (elle est sortie pour la première fois en 2012). Nous en avons fait une lecture commune avec mon ado de fille.
Née d’une union illégitime entre le marquis de Pompignan, un lettré poète, et une fille du peuple, Anne-Olympe, la petite Marie grandit en Occitanie. Mariée très jeune à Louis-Yves Aubry qu’elle n’aime pas du tout et qui lui donne un fils, elle sera veuve à 18 ans et c’est à ce moment-là qu’elle choisit le nom d’Olympe de Gouges (plutôt que celui de « Veuve Aubry »...) Amoureuse de Jacques Biétrix, un riche entrepreneur, elle refuse pourtant de l’épouser et lui fait même accepter d’autres amants. Il consent à tout, paie ses souhaits et folies. A Paris, elle embauche Bertrand, un secrétaire et va s’adonner à l’écriture d’une pièce de théâtre qui défend les Noirs et dénonce l’esclavagisme. Après la Révolution, s’étant brouillée avec Marat et Robespierre, elle rallie le camp des Girondins, n'aura de cesse de placarder ses opinions sur des affiches, ce qui lui vaudra la peine d’être guillotinée, « victime de mon idolâtrie pour la Patrie et pour le Peuple ».
C’est une sacrée masse d’informations à ingérer que ce pavé-là ! Il faut bien conter toute la vie de cette femme pour la comprendre et appréhender ses combats. Présentée comme fonceuse, travailleuse, audacieuse, libertine, elle va à l’encontre de tous les (milliers) de préjugés et idioties de cette fin XVIIIè siècle avec un optimisme et une conviction assez remarquables. Attachée à sa sœur, attachée à son fils Pierre, elle semble ne pas avoir vraiment besoin des autres. Pourtant, elle a eu Jacques Biétrix pour les sous et un secrétaire pour ses œuvres. J’ai découvert à quel point elle a souhaité l’égalité pour tous et défendu impitoyablement la cause des Noirs. Nul besoin de relire La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle y est dans son intégralité dans la BD. Si j’avais un petit reproche à formuler à ce remarquable hommage, c’est qu’il est tout de même exigeant et ambitieux, j’ai bien senti mon ado de fille se laisser distraire et se moquer des visages dessinés plutôt que de s’intéresser au contenu, il faut dire que j’étais larguée aussi par moments, la Révolution est une de mes lacunes et je me suis un peu perdue au milieu de tous les personnages... En fin de BD, un récapitulatif intéressant permet d'y voir plus clair. A noter que certaines idées d’Olympe seront reprises plus tard par d’autres féministes, Louise Weiss notamment a insisté sur le fait que si la femme est jugée pour un délit de la même manière qu’un homme, elle devrait aussi pouvoir voter comme un homme. Formidable précurseur (précurseure, précurseuse, précurseresse ?) encore trop souvent oubliée ou méconnue, Olympe de Gouges mérite qu’on la connaisse un peu mieux. Et puisque La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est au programme de Première, cette BD est un excellent complément de lecture qui permet de contextualiser les écrits de cette femme remarquable.
J’en profite pour participer à la der des der du challenge Les classiques c’est fantastique qui portait sur la littérature engagée, MERCI à Moka pour ces douze mois que j’ai presque tous honorés, moi qui ai tant de mal à suivre un rythme de challenge !
De Catel, j'avais adoré Ainsi soit Benoîte Groult et Kiki de Montparnasse.
« Aujourd’hui j’ai compris l’ordre de la nature humaine qui n’est pas celui de la société. Il ne peut y avoir l’amour conjugal et l’amour passion dans le même corps. »
« Le mariage est le tombeau de l’amour. »
« Très jeune, j’ai compris qu’une femme ne peut être condamnée à demeurer celle d’un seul homme si celui-ci est mort... »
« Article premier : La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »
"Article 10 : Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes fondamentales, la femme a le droit de monter sur l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune ; pourvu que ses manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par la loi."