Catherine, de son vrai prénom Rachel, s’épanouit dans sa vie de femme photographe indépendante, un an après la 2è guerre mondiale. Toujours amie avec le Jeannot de son enfance, elle est poussée par la directrice de son ancienne école à rester libre et autonome, à se chercher un vrai travail pour ne dépendre de personne. Courageuse et volontaire, elle rejoint Paris et vit à la Ruche, un refuge pour artistes où elle rencontre notamment Max Ernst. Participer en tant que reporter à une colonie de vacances en Allemagne permettant de réunir Allemands et Français va d’abord l’angoisser et puis, finalement, les jeunes et elle-même vont se rendre compte qu’ils n’ont affaire qu’à des adolescents et de jeunes adultes comme eux ; Catherine va même tomber amoureuse d’un Allemand. Les contrats pour Paris Match qui lui demandent de couvrir de grands défilés de mode ne l’intéressent pas vraiment, elle trouve son compte dans un voyage aux Etats-Unis : faire un reportage sur la ségrégation raciale et notamment le procès d’un révérend qui a porté plainte contre la ville de Topeka parce que sa fille, noire, a été refusée à l’école des Blancs.
Il s’agit bien de la suite de La Guerre de Catherine même si la dessinatrice n’est plus la même. J’ai mis un petit temps à me faire à la différence entre les deux styles de dessin (c’était Claire Fauvel pour le 1er tome), j’ai trouvé le trait moderne, minimaliste, un brin anachronique par rapport à l’époque évoquée mais finalement, ça m’a plu et j’ai lu cet opus comme indépendant de l’autre. Il me serait difficile de choisir mon préféré même si j’ai été frustrée dans un premier temps de ne plus voir Etienne. Il me semble que le dessin ici est plus adulte, plus mûr, comme Catherine l’est devenue elle aussi. Malmenée par les interdictions et les nombreuses couvertures et assez passive dans le premier tome, elle prend sa vie à bras le corps et dieu sait que ce n’était pas évident dans les années 40 et 50 de s’émanciper quand il fallait encore l’autorisation d’un mari ou d’un père pour aller travailler… Résolument féministe, Catherine va même rencontrer Simone de Beauvoir, cette expérience ainsi que son voyage américain, ses prises de position marquées vont faire d’elle une femme libre.
Un diptyque totalement réussi à faire lire au plus grand nombre !