Le capitaine Noémie Chastain, une jeune femme belle, amoureuse et compétente, a été défigurée lors d’une intervention ; la moitié de son visage fait désormais peur à tous, à commencer par elle-même. Elle a perdu son mec, elle a perdu en partie ses responsabilités professionnelles puisqu’on l’a mise à l’écart du 36 de Paris pour l’Aveyron. Là, avec six bleds à sa charge, elle doit surtout évaluer la nécessité ou non de fermer ou maintenir le commissariat. C’est donc à reculons qu’elle se rend en province, résignée à s’y ennuyer. Elle tisse cependant des liens avec Romain et sa famille, elle apprécie petit à petit l’air de la campagne, et surtout, elle tombe sur un cadavre qui va être le début d’une enquête qui va tenir Chastain au premier plan.
Ce roman est un très bon polar mais après avoir lu Entre deux mondes (qui n’est pas un polar mais un petit bijou que je ne peux que vous conseiller), on peut se sentir un peu déçu de ne pas éprouver la même fulgurance d’émotions, ces mêmes bouleversements intenses ressentis avec les personnages de Calais. Mais oui, c’est un très bon polar rehaussé par un personnage atypique, la flic défigurée qui reste une superwoman, rehaussé par un contexte original, ce village englouti qu’on sort des eaux, par un rythme haletant, comme souvent chez Norek. L’écriture de l’auteur est, par sa simplicité et son efficacité, d’une justesse assez incroyable qui convient parfaitement au genre policier. Ni trop ni trop peu. Une lecture qui m’a beaucoup plu.
Noémie, défigurée, de retour au 36, après son arrêt de travail : « Meurtres violents, scènes de crime sanglantes, sans oublier les autopsies de cadavres de tous âges et en tous états : de par leur quotidien, les flics sont difficilement impressionnables. Pourtant, chez tous ceux qui la croisent en lui souhaitant d'un mot chaleureux un bon retour, elle nota le même léger tressaillement. Une fraction de fraction de seconde, mais suffisante pour que Noémie, à l'affût de chaque réaction, le décèle. Un presque rien qui, traduit en mots, aurait donné : « On m'avait prévenu, mais tout de même… »