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26 octobre 2022 3 26 /10 /octobre /2022 16:53

La Mémoire de l'eau - broché - Miranda Cowley Heller, Karine Lalechère -  Achat Livre ou ebook | fnac

Ellie a la cinquantaine. Mère de trois enfants, épanouie dans son mariage avec Peter, elle passe chaque année ses vacances au « camp », une demeure familiale au bord d’un vaste étang, au fin fond du Massachussetts. Une nuit, elle fait l’amour avec son ami d’enfance, Jonas. Et se rend compte qu’elle l’aime, qu’elle l’a toujours aimé et réalise qu’il l’aime aussi. Démarre un ballet fait de regards, de mensonges, de gêne et d’aveux. Au-delà de la banale histoire d’adultère, le lecteur va découvrir, chapitre après chapitre, l’essence de cette relation très particulière, cette histoire d’amitié d’abord qui a démarré presque 40 ans plus tôt, les sombres secrets de l’adolescence, les aléas de la vie et les révélations qui rendent désormais cette histoire d’amour possible et même justifiée. Mais entre l’amour solide, fiable et confortable de Peter et les risques d’une nouvelle vie amoureuse qui chamboulerait inévitablement sa famille, Ellie va longtemps hésiter.

Le contexte m’a tout de suite fait penser à l’excellent Là où chantent les écrevisses. C’est en tous cas, un étang avec tout ce qu’il a à la fois de familier et de mystérieux, qui va être au cœur de cette belle fiction. Pour l’intrigue, c’est une histoire d’amour, passionnée et passionnelle, aux maints revirements, aux retrouvailles brûlantes ; une histoire d’amour associée à l’amitié et à leurs frontières si ténues. Le livre se lit délicieusement bien, sa température est idéale pour passer de bons moments loin de chez soi, il est suffisamment dense pour qu’on s’attache aux membres de cette famille. J’ai beaucoup aimé cette lecture hypnotisante, cinématographique et savoureuse. Je crois bien que je l’estampillerais d’un « coup de cœur », j’hésite encore 😊. Krol a lu le roman et sans doute moins aimé que moi. Premier essai réussi pour cette éditrice diplômée de Harvard qui vit entre la Californie et Londres, un lieu qui revient souvent dans le roman.

« Cet été-là, Jonas devint comme mon ombre. Lorsque je traversais l’étang à la nage ou en bateau pour rejoindre l'océan, il m'attendait de l'autre côté, sûr de me voir. Si à la place j'y allais à pied par les bois, je le trouvais assis sur un tronc abattu, occupé à dessiner dans le petit carnet de croquis qu'il trimballait partout avec lui- une branche cassée sur un pin, un ténébrion. A se demander s’il avait un sixième sens, une boussole intérieure qui lui indiquait où je serais. »

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23 octobre 2022 7 23 /10 /octobre /2022 09:57

https://www.actuabd.com/local/cache-vignettes/L400xH544/arton28625-dfa3a.jpg?1663875476

En 1940, le journal belge Le Soir est « emboché », c’est-à-dire que des collabo ont pris le pouvoir et le journal, devenu le Soir volé, a perdu toutes libertés et prône les nombreux bienfaits de l’occupation allemande. En 1943, un petit groupe de résistants journalistes décide de publier clandestinement un « Faux Soir », un pastiche du journal nazi. Il faut trouver des rédacteurs, des imprimeurs, du papier, des coursiers, jouer avec le temps, le Faux doit paraître avant le vrai… Cette course contre la montre s’avère un vrai succès puisqu’en novembre 1943, 50000 exemplaires ont pu être distribués dans les kiosques bruxellois et en province. Les lecteurs rient dans les rues, le journal à la main, découvrant les parodies des auteurs, les moqueries visant les Allemands. Malheureusement, la plupart des responsables de cette vaste blague se retrouveront arrêtés et, pour certains, exécutés.

J’ignorais tout de cet épisode historique qui est une belle démonstration d’audace et de bravoure de la part d’un groupe de résistants. Paraît-il qu’en Belgique, l’histoire est bien connue de tous, tant mieux. Un va-et-vient entre présent et passé permet de suivre les réflexions des trois auteurs à l’origine de cet album. Un fac-similé accompagne la BD, j’avoue que je n’ai pas compris toutes les allusions et subtilités du pastiche mais rien que les petites annonces sont drôles « Mari trompé, rondouillard, millionnaire, disposant loisirs, désire épouser Miss, pour alibi. Ecrire Degrelle, dit Boubouroche, Katastrofenstrasse, Berlin. » ou : « Peau de l’U.R.S.S. vendue trop tôt, toujours disponible, chez A. Hitler, Blitzkriegsallee, Berchtesgaden. »

J’avais déjà pu apprécier les dessins de Durieux lors de la lecture des Gens honnêtes ou d’Appelle-moi Ferdinand.

Le Faux Soir - (Christian Durieux / Denis Lapière / Daniel Couvreur) -  Documentaire-Encyclopédie [BDNET.COM]

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12 octobre 2022 3 12 /10 /octobre /2022 17:59

Guacamole vaudou , bd chez Seuil de Judor, Fabcaro

Vu les noms des auteurs, on pense savoir à quoi s’attendre… c’est pire en réalité !

                Une agence de pub perdue quelque part dans les années 80. Les meilleurs côtoient les winners et les forces vives de l’entreprise… sauf un. Stéphane Chabert est un looser, on se moque de lui, on l’exclut, on l’insulte, il ne donne que des idées pourries, il mange seul à la cantine, vit seul, se fait rejeter par celle qu’il aime, Marie-Françoise, la préposée aux photocopies. Quand il découvre une petite annonce pour « un week-end découverte vaudou » qui promet de régler ses problèmes et de changer sa vie, il n’hésite pas une seconde. Après des rencontres avec des gens plus cinglés les uns que les autres, le gourou réussit effectivement à ensorceler Stéphane grâce à un mot de passe étonnant : « Guacamole ». A partir de ce jour, tout change : Stéphane devient populaire, adulé, célèbre. Il gravit les échelons dans son entreprise, multiplie les conquêtes et finit par briguer le poste de Président de la République, oui, rien que ça, toujours grâce à son mantra « Guacamole ». Mais ce secret sera découvert et alors…

Soyons totalement sincère, c’est con, totalement et profondément con de la première à la dernière page. Le support du roman-photo renforce la stupidité naïvement imbécile (ne craignons pas les pléonasmes, l’album le vaut bien) des personnages, de l’intrigue, des dialogues.  Des êtres perruqués avancent dans un monde psychédélique et surfait où les pensées et les idées sont creuses, abyssalement creuses. Cette surenchère de conneries fait pourtant sourire, voire rire. Eh oui, tout arrive dans ce bas monde. Je ne vais pas dire que c’est un livre indispensable dans votre bibliothèque (la couverture risque un peu de jurer) mais j’ai passé un bon moment après une grosse semaine de boulot. J’en profite pour avouer un plaisir coupable : j’étais une fan absolue des « Mots d’Eric et Ramzy » (fin des années 90), on peut encore trouver certaines vidéos. Bien absurde, comme j’aime !

Merci à Soukee de m’avoir rappelé ce titre, elle me comprend, elle 😊

Après avoir pris Véronique pour maîtresse, Stéphane pense qu’il vaut mieux - il la quitte : « Tu sais, Véroni, la vie est insaisissable, elle est faite de mille choses… Parfois c’est un cheval fou dans le menu best of des sentiments, et puis le lendemain c’est une tente Quechua en banlieue de Strasbourg… Mes nouvelles responsabilités de Master boss managing winner force me laissent peu de temps, Véroni, je suis désolé… »

Guacamole Vaudou - broché - Fabrice Caro, Eric Judor - Achat Livre ou ebook  | fnac

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2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 10:47

Virginia Woolf - broché - Gabriele Liuba - Achat Livre | fnac

                C’est en décembre 1922 que Virginia Woolf rencontre Vita Sackville-West, c’est le coup de foudre entre les deux jeunes femmes. Cette relation s’épanouira malgré la distance qui les sépare trop souvent, malgré le mariage de Virginia avec Leonard. Mais Vita trompe Virginia qui souffre et se replie sur elle-même. Elle finira par se suicider en se noyant.

Mon résumé est court mais le roman graphique m’a laissé le même effet… il fait trop vite le tour de la vie de Virginia, se concentrant sur cette histoire d’amour au gré des chapitres qui portent le nom de ses livres les plus célèbres mais je n’ai pas appris grand-chose. Dommage car les dessins très colorés aux entrelacs sinueux m’ont beaucoup plu, ils mettent en scène les tourments et l’hypersensibilité de Virginia tout en nous plongeant dans cette haute bourgeoisie qu’a connu l’autrice. Un petit dommage ! donc pour une BD qui aurait pu nous en apprendre davantage. On se console avec quelques morceaux de la merveilleuse plume de la romancière.

« Fébrilement, j'écris ce roman. Le plan se précise, rapide, féroce, fluide. Je suis concentrée, une flèche bien aiguisée, tendue. Un picotement me traverse. Très loin de tout, de Leonard, même de toi, Vita.  les mots élastiques, translucides, colorés, les mots sonores. Ils s'enchevêtrent les uns avec les autres, formant une chaîne, formant une résille et les impressions les plus précieuses renferment tout ce que je dois sauver, ce qui s'échappe, ce qui veut s'éteindre et que je duperai pour toujours. Tu es à moi. Je t’ai capturée. En un jour. Je pleure, je ris. »

Virginia Woolf - broché - Gabriele Liuba - Achat Livre | fnac

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25 septembre 2022 7 25 /09 /septembre /2022 09:34

Moon - Cyrille Pomès - Babelio

Une station balnéaire où touristes, animations et activités pullulent à la belle saison, où c’est complètement mort le reste de l’année. C’est pendant cette période creuse qu’on retrouve Luna, Loïc, Tom, Mel et d’autres encore, des ados désœuvrés qui passent leur temps sur leur portable, transportent leurs lots de peine et de souffrance et font des conneries. Le soir où, pour rigoler, Luna envoie une photo de l’intérieur de sa culotte à sa copine Mel et que celle-ci la partage par inadvertance sur Snoop, un réseau social, ça pourrait être le drame. Sauf qu’au même moment, un violent orage a endommagé l’antenne-relais qui alimente le village et rendu impossible toute connexion. Quinze jours sans écran, c’est l’ennui assuré. Les jeux de société sortent du placard, un vieil accordéon se fait entendre, on se promène sur la plage, les tensions s’amplifient et les vérités se disent.

Si j’ai mis du temps à entrer dans ce roman graphique de 160 pages, mélangeant les personnages, je m’y suis sentie bien une fois à l’intérieur. Dans un no man’s land original, les ados tentent laborieusement de combler le vide, vide qui devient encore plus abyssal sans leur chère connexion internet, à moins que ce soit le contraire ? Toujours est-il que ces jeunes m’ont fait penser à des bêtes perdues, impulsives et violentes, parfois attachantes, sans adultes sur qui compter véritablement, rejetant d’ailleurs tout autre repère que les réseaux sociaux. A la fin, on ne sait s’il faut pleurer ou espérer. Certaines planches sont magnifiques, une grande piscine vide qui se remplit petit à petit, un coffre plein de canards en plastique au fond de la mer, trois jeunes qui s’essaient à une chorégraphie improbable sur une plage déserte, un camping fermé… Un bel album sur la période de l’adolescence qui aurait cependant gagné en force s’il avait eu quelques pages de moins.

https://www.bdgest.com/prepages/thb_planche/3522_P2.jpg

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12 septembre 2022 1 12 /09 /septembre /2022 09:40

Thérapie de Groupe (tome 3) - (Manu Larcenet) - Humour [CANAL-BD]

-   La tristesse durera toujours.

Qu’il me tardait de retrouver cet auteur-de-BD-chouchou !! Mon étincelle de bonheur de la rentrée !

Jean-Eudes de Cageot-Goujon alias Manu Larcenet, après avoir connu les affres de l’hôpital psychiatrique, les gouffres de la dépression, les angoisses de la page vide et de l’artiste mal compris, trouve refuge dans la contemplation. Malgré sa grande motivation de départ, le mystique lui a fait faux bond. Lorsqu’il cherche un peu de réconfort auprès de sa famille, il n’y trouve qu’indifférence. Il découvre ensuite que son fils a des abdos (un truc impensable dans la famille !) et se révèle bien plus fort que lui, il en profite pour avoir une énième révélation : coller bout à bout les meilleures parties de l’ADN de ses enfants pour obtenir une idée du siècle entière rien qu’à lui. Avec sa fille, notre cher Jean-Eudes n’est pas en reste puisqu’il découvre qu’elle découche… pour retrouver un groupe de philosophes en pleine forêt ; le père s’incline devant ces forts du cerveau. Pour faire face à une concurrence féroce en matière de BD, Jean-Eudes a enfin une idée de génie (oui, encore une) : il se lance dans la bédé reportage, il suit sa vétérinaire d’épouse 24h/24. Après relecture, il balance tout, c’est nul, il se retrouve encore une fois désœuvré. « Après tout, pourquoi ne pas dessiner juste pour le plaisir », ben voilà… sauf que la critique est sans appel : « Vos tentatives, tout aussi incessantes que vaines, pour retrouver une gloire révolue lassent Les Français dans des proportions considérables ! Vous êtes prêt à toutes les compromissions pour regagner le devant de la scène et palper le maximum de pognon ! » Si après ça, je vous dis que Jean-Eudes fuit le foyer familial et va sauver Van Gogh de la mort en pleine campagne, vous me direz que c’est complètement déjanté ?

Il me semble que l’hyperbole est une des figures de style fétiches de notre cher Manu Larcenet, il la manie à merveille et à foison. Il apprécie aussi l’accumulation en tous genres : des listes de synonymes, des dessins qui remplissent la case et débordent allègrement, des gribouillis ordonnés, des imbroglios de genres picturaux, un record battu de nombre de bulles et de cartouches par planche (ma fille assise à côté de moi : « Y’a pas trop de texte pour une BD ? »). Bref du bonheur à saturation, une outrance de bonnes idées, des barres de rire, une cavalcade de folies, une avalanche d’absurdités tellement mais tellement délicieuses. Si on pleure à chaudes larmes une fois l’album refermé, on se console, le mec au gros nez phallique nous l’a promis : « Le boss estoye de restour ». J’attends déjà le tome 4.

« Je me sens comme un pauvre cowboy solitaire… (mais pas trop loin de mon foyer, je me fais vieux). »

« CQFD… ce qu’il fallait dessiner. »

Le tome 1 

Le tome 2

 

Thérapie de Groupe tome 3 - La tristesse durera toujours - Bubble BD,  Comics et Mangas

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1 septembre 2022 4 01 /09 /septembre /2022 19:26

Casterman - L'Homme qui marche - sens de lecture original

Cela faisait très longtemps que je n’avais plus lu de manga de cet auteur.

Le manga sera vite résumé : un homme et son épouse s’installent dans un nouveau quartier, ils adoptent le chien que les précédents propriétaires ont abandonné et l’homme, tous les jours, l’homme, accompagné de son chien, marche dans le quartier. Déambulations, errances, promenades, pérégrinations, flâneries, tous ces mots conviennent aux activités du personnage au fil des saisons. La ville est vaste et les découvertes multiples mais il arrive aussi à notre homme de grimper aux arbres, de jouer au cerf-volant, de monter au sommet d’un immeuble ou au sommet d’un jardin qui est une copie du mont Fuji, de gonfler un ballon de papier, de s’allonger au pied d’un arbre et… ce qui doit être un plaisir immense : de nager dans une piscine, seul, la nuit.

J’ai lu quelque part que ce manga est la version sportive et diététique du Gourmet solitaire (que j’ai tant tant aimé !). C’est vrai que ça y ressemble beaucoup et j’ai aimé retrouver ce côté un peu artificiel (chaque sortie est rythmée par une autre découverte mais tiens donc) et surtout complètement naïf propre à Taniguchi. Peu de texte, quelques planches en couleur et une exploration du monde par les cinq sens. Un émerveillement enfantin et souvent gracieux de la vie qui nous entoure, tout en retenue et en pudeur, avec de temps en temps une jolie surprise. Oui, j’ai adoré cette idée de franchir la clôture d’une piscine municipale et de s’y baigner seul et nu, la tête dans les étoiles. En bref, celui qui n’a jamais lu Taniguchi doit le faire au moins une fois dans sa vie.

L'Homme qui Marche - (Jirô Taniguchi) - Seinen [CANAL-BD]

 

BONNE RENTREÉ !!!

 

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22 août 2022 1 22 /08 /août /2022 23:52

https://www.actuabd.com/local/cache-vignettes/L330xH444/arton27002-bf106.jpg?1612166217

-   Une adaptation du roman de Jules Verne   -

Jules Verne, je peux adorer (Le Château des Carpathes) mais aussi grogner (Cinq semaines en ballon). Pour ne pas trop se mouiller, l’adaptation BD est une jolie alternative.

A la suite d’un pari un peu fou, un Anglais, Phileas Fogg, décide de faire le tour du monde en 80 jours seulement. Nous sommes en octobre 1872. Il y arrivera, il en est convaincu. Il embauche Passepartout, un domestique français débrouillard et polyvalent et ils partent de Londres en bateau, passent par le Port de Suez pour arriver en Inde même pas 20 jours plus tard. Si le voyage s’est fait jusque là sans encombres, Fogg est poursuivi par Fix, un détective, persuadé que Fogg est un grand voleur. Fogg et Passepartout prennent le train mais le chemin de fer n’est pas achevé, il faut donc poursuivre le voyage… à dos d’éléphant. C’est à ce moment-là que notre célèbre aventurier sauve une femme promise au sacrifice par des brahmanes. Elle accompagnera les deux hommes jusqu’à la fin. Hong-Kong. Le Japon. Après quelques tempêtes et typhon, la perte de Passepartout et les retrouvailles, la dangereuse traversée des Etats-Unis avec ses bisons et ses Sioux, Fogg prend la place d’un capitaine de bateau pour la dernière traversée entre New York et Liverpool.

J’ai beaucoup aimé cet album qui donne envie de lire le roman. Si le personnage de Fogg est agaçant au début (il n’a aucun mérite à part être riche, c’est son sous-fifre qui fait tout, et il reste enfermé dans sa cabine ou passe son temps à jouer au whist), il montre ensuite des qualités telles que la générosité, la fidélité et l’honnêteté. Son assurance et son calme implacable sont drôles. La rencontre d’autres peuples et cultures et la découverte d’autres horizons se fait presque toujours dans un climat de tolérance, étonnant pour cette fin de XIXe siècle. Les dessins rendent justice à la beauté et à la variété des paysages traversés ; c’est un album qui se lit donc facilement et dont la lecture est très agréable. A mettre entre toutes les mains.

Le Tour du monde en 80 jours - cartonné - Jean-Michel Coblence, Younn Locard  - Achat Livre ou ebook | fnac

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13 août 2022 6 13 /08 /août /2022 20:25

Derrière le rideau de Sara Del Giudice - BDfugue.com

Yaël, la narratrice, vit une existence heureuse en Provence, en 1938. Sa tranquillité est troublée par la découverte de son père caché derrière un grand rideau vert et une jeune femme blonde, et complètement chamboulée, quelques mois plus tard, par la mort de sa mère. Proche et complice de sa petite sœur Emilie, Yaël voit d’un mauvais œil l’arrivée à la maison d’Ophélie, la jeune femme blonde du rideau. Le père et Ophélie ne tardent pas à se marier. En 1939, être juif pose de plus en plus problème. Or, les deux filles sont juives par leur mère mais leur père est goy… elles sont elles-mêmes un peu perdues d’autant que la première loi promulguée par le régime de Vichy ne les désigne pas comme étant juives mais le second statut des Juifs de juin 41 contraint leur père à les déclarer comme telles. Comme on le sait, la « chasse aux Juifs » est ouverte et ce grand rideau vert va également servir à cacher les deux sœurs.

Je l’ai maladroitement résumée mais cette BD est une belle réussite tant pour le scénario qui fait monter la tension au fil des pages que pour le graphisme que j’ai vraiment beaucoup aimé, les traits simples font mouche, les couleurs pastel renvoient à cette époque révolue tout en douceur. La subtilité et la sobriété sont parfois plus efficaces que la violence. Si le sujet a été maintes fois traité et n’est pas sans rappeler Le Journal d’Anne Frank, le rideau qui constitue le fil directeur du récit apporte une originalité intéressant car il appuie encore un peu plus sur l’innocence de ces deux enfants. Le résultat : une œuvre touchante et sensible, tout à fait appropriée à de jeunes ados, la BD est d’ailleurs accompagnée d’un instructif glossaire.

Derrière le rideau de Sara Del Giudice - BDfugue.com

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31 juillet 2022 7 31 /07 /juillet /2022 20:24

Les oiseaux ne se retournent pas de Nadia Nakhlé - Album - Livre - Decitre

En temps de guerre, Amel doit quitter ceux qui restent de sa famille, ses grands-parents, pour survivre, elle va suivre la famille Hudhad et devenir « Nina ». Elle accepte de se taire, ne parle ni de sa maison, ni de sa religion, ni de sa véritable identité. Le voyage vers l’inconnu commence : le bus, les longues marches à pied, le camp. Nina perd la famille qui l’a acceptée en son sein et se retrouve seule. Elle croise le chemin de Bacem, un jeune homme joueur de oud et surtout déserteur, qui veut vibrer loin des canons. Au son de la musique qui les accompagne, les deux êtres perdus se lient d’amitié, l’un devient le guide de l’autre, ils se promettent soutien et protection et font un bout de route ensemble. Mais l’heure de la traversée approche et c’est Paris que les deux veulent rejoindre avec l’espoir d’un eldorado où ils trouveront enfin la paix. Mais Nina va encore une fois devoir lutter seule.

Quelle belle découverte que cet album onirique, bouleversant et envoûtant ! J’ai tourné les pages de plus en plus émue, de plus en plus charmée à la fois par la beauté des images mais autant par le sort de ces exilés que par le traitement de l’intrigue tout en douceur et en force à la fois. La musique est le fil directeur de l’œuvre qui détient elle-même une sorte d’aura musicale et magique. Noir et blanc côtoient une étincelle de couleur unique pour la plupart des cases, les volutes et courbes nous emmènent loin de notre quotidien, en compagnie de réfugiés qui sont de véritables héros. Ce sont aussi des histoires de rencontres, belles ou mauvaises, qui forgent un être ; des histoires de confiance et de dignité, des mots de poème persan et de paroles de chanson orientale. Une très belle parenthèse.

« Les oiseaux

ne se retournent pas.

 

Ils partent.

 

Exilés au cœur léger,

Âmes vagabondes,

Qui filent à travers les ombres.

 

Ils partent.

 

Naufragés du ciel,

Que le vent accompagne,

Gonflant les ailes.               

 

Ils partent.

 

Avant de revenir à toi.

L’enfant qui observe,

A la porte de leur royaume.

 

Ils murmurent :

 Viens ! L’aube attend. »

 

De belles citations comme celle-ci émaillent l’album : « Vous avez des ailes. Apprenez à les utiliser et envolez-vous. » (Djalâl Ad-Dîn Rûmi)

https://culturellementvotre.fr/wp-content/uploads/2020/07/les-oiseaux-ne-se-retournent-pas-planche-3.jpg

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