Ellie a la cinquantaine. Mère de trois enfants, épanouie dans son mariage avec Peter, elle passe chaque année ses vacances au « camp », une demeure familiale au bord d’un vaste étang, au fin fond du Massachussetts. Une nuit, elle fait l’amour avec son ami d’enfance, Jonas. Et se rend compte qu’elle l’aime, qu’elle l’a toujours aimé et réalise qu’il l’aime aussi. Démarre un ballet fait de regards, de mensonges, de gêne et d’aveux. Au-delà de la banale histoire d’adultère, le lecteur va découvrir, chapitre après chapitre, l’essence de cette relation très particulière, cette histoire d’amitié d’abord qui a démarré presque 40 ans plus tôt, les sombres secrets de l’adolescence, les aléas de la vie et les révélations qui rendent désormais cette histoire d’amour possible et même justifiée. Mais entre l’amour solide, fiable et confortable de Peter et les risques d’une nouvelle vie amoureuse qui chamboulerait inévitablement sa famille, Ellie va longtemps hésiter.
Le contexte m’a tout de suite fait penser à l’excellent Là où chantent les écrevisses. C’est en tous cas, un étang avec tout ce qu’il a à la fois de familier et de mystérieux, qui va être au cœur de cette belle fiction. Pour l’intrigue, c’est une histoire d’amour, passionnée et passionnelle, aux maints revirements, aux retrouvailles brûlantes ; une histoire d’amour associée à l’amitié et à leurs frontières si ténues. Le livre se lit délicieusement bien, sa température est idéale pour passer de bons moments loin de chez soi, il est suffisamment dense pour qu’on s’attache aux membres de cette famille. J’ai beaucoup aimé cette lecture hypnotisante, cinématographique et savoureuse. Je crois bien que je l’estampillerais d’un « coup de cœur », j’hésite encore 😊. Krol a lu le roman et sans doute moins aimé que moi. Premier essai réussi pour cette éditrice diplômée de Harvard qui vit entre la Californie et Londres, un lieu qui revient souvent dans le roman.
« Cet été-là, Jonas devint comme mon ombre. Lorsque je traversais l’étang à la nage ou en bateau pour rejoindre l'océan, il m'attendait de l'autre côté, sûr de me voir. Si à la place j'y allais à pied par les bois, je le trouvais assis sur un tronc abattu, occupé à dessiner dans le petit carnet de croquis qu'il trimballait partout avec lui- une branche cassée sur un pin, un ténébrion. A se demander s’il avait un sixième sens, une boussole intérieure qui lui indiquait où je serais. »