Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 janvier 2024 5 12 /01 /janvier /2024 15:25

Atelier Sentô - Onibi : carnets du Japon invisible

            Les auteurs sont deux : Cécile Brun et Olivier Pichard qui ont l’habitude de faire des voyages au Japon. Cette fois-ci, Cécile tombe sur une caméra « bi-objectif » dont les lentilles ont été polies par des moines et qui peut photographier des créatures surnaturelles. Ni une ni deux, elle l’achète et le duo part à la recherche des yôkai, ces fantômes qui peuvent se cacher n’importe où. Bizarrement, ce n’est pas si facile de dénicher les mystérieuses créatures invisibles à l’œil nu et il va falloir se rendre dans des lieux étiquetés comme mystiques dans la région de Niigata : forêts magiques, villes inhabitées, plages... L’aubergiste qui les héberge, devenu un ami (et celui qui les goinfre à longueur de soirées) les écoute et les conseille.

Vous l’aurez compris, cette BD offre une vision du Japon un peu particulière et pas désagréable du tout même si les deux protagonistes ont l’air finalement plus allumés que les autochtones qu’ils interrogent à chercher inlassablement les yôkai. Le monde moderne côtoie le monde ancien avec une tendresse touchante. C’est ce qu’on peut espérer du Japon : de l’authentique, un brin de quelque chose de suranné, de belles rencontres et des paysages à admirer. Ça m'a fait penser à la belle exposition de photos de Pierre-Elie de Pibrac du musée Guimet (il vous reste trois jours pour y aller !) et notamment cette mystérieuse forêt de Aokigahara où les Japonais se cachent pour mourir...

Une jolie découverte faite par hasard dans ma bibliothèque.

Onibi : Carnets du Japon Invisible - (Atelier Sentô) -  Documentaire-Encyclopédie [CANAL-BD]

 

Partager cet article
Repost0
29 décembre 2023 5 29 /12 /décembre /2023 16:40

Pisse-Mémé, bd chez Dargaud de Baur

Elles sont quatre copines et, à la fin d’une soirée bien arrosée, elle se promettent d’ouvrir un bistrot servant des tisanes (les « pisse-mémé ») mais aussi de l’alcool et des petits gâteaux. Tant qu’à faire, on pourrait y prendre des cours de yoga et acheter un bon bouquin. Quelques mois plus tard, Marthe et Camille, les deux sœurs, héritent d’une belle somme d’argent d’une tante, Aimée, complètement ignorée et méconnue. C’est l’occasion où jamais de prendre ses désirs pour des réalités : Nora va affronter son burn-out et confectionner de petites gourmandises, Marie va cesser ses petits boulots pourris pour proposer de la littérature. Les quatre s’évertuent à trouver un endroit sympa et accueillant et créer ce café baptisé « Pisse-mémé » qui deviendra, dès son inauguration extrêmement festive, un endroit convivial incontournable. Les filles finissent par partir sur les traces de cette fameuse Aimée qui, même enterrée, leur réservera de belles surprises.

Oh mais qu’il est bon cet album à la fois féministe et feel-good, intelligent, drôle et malin ! L’autrice de Quatre sœurs a réutilisé certains ingrédients (joie de vivre, effervescence, dynamisme) sans tomber dans la mièvrerie qu’on pourrait redouter pour ce genre de récit. C’est vraiment une lecture divertissante et souriante qui motive à aller de l’avant. Je me rends compte que c’est un tableau du parfait feel-good que je dresse là mais en BD ça passe mieux et ça réchauffe tout le monde en hiver. En plus, c’est toujours coloré, souvent drôle et parfois même un peu corrosif. A mettre entre toutes les mains !

Pisse-Mémé, bd chez Dargaud de Baur

Partager cet article
Repost0
16 décembre 2023 6 16 /12 /décembre /2023 15:38

Livre Loire | Futuropolis

Louis, un monsieur aux cheveux blancs, va retrouver Agathe, une maîtresse qui l’a quitté il y a des années. Il parcourt une contrée traversée par la Loire, flâne et se baigne dans le fleuve avant d’arriver dans la belle maison d’Agathe. Surpris, il y découvre d’autres invités qui sont tous les ex de la dame... sauf qu’Agathe est absente, et pour cause : elle est décédée et a confié les clés de sa maison à des amis qui ont pour mission de réunir ses anciens amants. Chacun encaisse plus ou moins bien la nouvelle, Agathe a toujours été fantasque et surprenante. On boit pas mal, on se balade, on cuisine ensemble, on se recueille au pied de l’arbre où les cendres de la défunte ont été éparpillées, on évoque les bons moments du passé mais pas les soucis du quotidien. Des liens se tissent parmi ceux qui étaient jadis rivaux. Et la Loire est là, spectatrice de la vie des hommes...

Cet album est une merveille ! Les dessins tout d’abord :  j’ai retrouvé tout le Davodeau que j’aime, des aquarelles aux teintes douces, des paysages qui font rêver, une belle maîtrise des couleurs, un brillant hommage est rendu à ce fleuve. L’histoire elle-même est touchante sans être mièvre, elle évoque la vie et la mort sans heurts mais avec une grande délicatesse. Le personnage central de cet album, la Loire, est magnifié par le dessinateur qui excelle dans les cases sans dialogue. Je suis tombée amoureuse de l’album dès les premières planches avec ce bonhomme qui se baigne nu sur un coup de tête et, ne parvenant plus à sortir du fleuve, se laisse emporter par le courant avec douceur et plaisir. Le reste n’est que pur bonheur et une ode à la nature en toute simplicité. Superbe !

 --   Coup de cœur   --

« Est-ce qu’un fleuve, en nous parlant de lui, peut nous parler de nous ? De nos façons de le considérer ? de nos façons de vivre ? Tu vois, ce que nous a laissé Agathe, c'est peut-être ça. Un des plus beaux moments de nos existences. Et des questions nouvelles. »

 

Loire, bd chez Futuropolis de Davodeau

Partager cet article
Repost0
6 décembre 2023 3 06 /12 /décembre /2023 11:42

Merel - Lodewick Clara - Leslibraires.fr

Merel est une journaliste d’une quarantaine d’années qui vit seule dans une maison à l’écart d’un village où elle a grandi. Elle y élève des canards, y retrouve parfois son amant et passe beaucoup de temps dans le club de foot et au bistrot où elle retrouve ses copines et surtout ses copains. Tout commence à dégénérer quand des rumeurs prétendent que Merel a des vues sur Geert, un homme marié dont la femme, jalouse et malheureuse, ne va faire qu’amplifier les ragots en traitant Merel de fille facile. De plus en plus recluse, Merel se voit embêter par les jeunes du village puis carrément harceler. Les intimidations se transforment en actes de malveillance et l’exclusion sera quasi généralisée de la part des villageois.

J’ai mis quelque temps à me faire aux dessins, les traits des personnages sont plutôt grossiers, mais finalement, je me suis laissée portée par cette histoire de harcèlement ordinaire. La vie d’un village est assez bien croquée : quand tout le monde se connaît, quand on pensait pouvoir faire confiance là où l’effet de groupe finit par dominer. Malgré quelques longueurs, j’ai aimé rester un bon bout de temps avec cette femme courageuse qui ne s’est pas laissé aller au désespoir quand elle aurait pu ficher le camp ou tomber en dépression. C’est un petit garçon, un peu coupable mais surtout altruiste, qui est au cœur de sa renaissance. Le retournement de situation final est assez soudain et heureux mais on a le droit d’être optimiste, parfois... C’est Clara Lodewick, une toute jeune autrice belge, qui signe cette chronique de la bêtise ordinaire ; la dessinatrice a sans aucun doute un bel avenir devant elle.

Merel - (Clara Lodewick) - Drame [BDNET.COM]

 

Partager cet article
Repost0
27 novembre 2023 1 27 /11 /novembre /2023 17:09

Béa Wolf (version française) - Boulet - Les libraires d'en haut

Il était une fois, il y a fort longtemps, des enfants conquérants, indociles et indomptables qui vivaient leur existence dans une liberté totale, sans rythme ni obligations. Tout n’était que bonbons, sorbets, jouets, cartes et soda. Ils s’étaient reclus, pour le plus grand plaisir, dans une cabane perchée en haut d’un arbre. Un jour cependant, le terrible Grindle, un adulte capable, d’une seule pichenette, d’adultiser et d’adolescentiser les enfants, brisa ce bel équilibre joyeux. C’est Béa Wolf, une intrépide combattante, haute comme trois pommes qui va mener la rébellion contre Grindle et protéger ainsi la « cabane de cœur-d’arbre » et tous les enfants.

Quelle réussite que cet album !! Empli de délicatesse, intelligent, drôle, subtil, il reprend le mythe de Beowulf (je ne sais pas trop en quoi parce que je ne connais que de nom) pour en faire une épopée d’enfants et nous dépayser complètement. La révolution en pyjama est douce mais déterminée, certains passages sont très drôles (ma fille a beaucoup aimé cette histoire de légumes volés : « On subtilisa des salsifis dans les souliers, des poireaux dans les poches, des choux de Bruxelles dans les bottes, du concombre dans les culottes, on cala du chou kalé dans les joues et chaparda du chou-fleur dans les t-shirts. ») Evidemment que le combat sera rude mais les enfants vaincront Grindle jusqu’à l’arrivée d’un autre adulte, qui, en chemisier et chignon, ne parlera que de « brocantes et bricolos » ...  On navigue entre jeu et gravité, entre innocence et tragédie et les dessins en noir et blanc rendent honneur à la beauté des textes, fantasques et précis.

Une BD à mettre entre toutes les mains.

Tout commence lorsque Grindle entend les bruits de la fête des enfants : « Il se réfugia dans son SUV, roussi, renfrogné, rageur et réduit au silence. Les bambocheurs, quant à eux, en envoyèrent leurs boooooing aux quatre coins des banlieues jusqu'à ce que la lune entre en scène et que les étoiles mouchètent l'océan sans rive. Lentement, les champs se turent. À court de sucre, tous s'étaient endormis. Une fois le dernier d'entre eux partis arpenter le pays des rêves et tous étendus, ronflants, sur le plancher parsemé de pop-corn, les incisives incrustées de sucre, la bouche bordée d'un anneau de vermicelles multicolores, les joues encore pleines de gâteau et nappées de chocolat... arriva Grindle »

« Alors la princesse guerrière et le saboteur de salle se lancèrent dans une sarabande. Lui, filant comme une anguille, se languissait de son foyer, havre de paix et de poireaux. Elle, tenace, valsait sans cesse, consciente de tenir entre ses mains le sort de la grande salle ! »

J'avais découvert Boulet avec Par bonheur, le lait et La page blanche.

Béa Wolf, bd chez Albin Michel de Weinersmith, Boulet

Partager cet article
Repost0
17 novembre 2023 5 17 /11 /novembre /2023 11:28

Le baron perché de Claire Martin

-     D’après Italo Calvino    -

Le Baron perché est un de mes romans préférés (écrit par un écrivain qui est placé haut dans mon panthéon personnel).

Côme, jeune aristocrate, décide de se rebeller contre son père pour une histoire d’escargots à manger en restant perché au somment d’un arbre. Nous sommes au XVIIIè siècle et la riche demeure familiale est entourée d’une petite forêt. Côme ne redescend pas et ne redescendra jamais sur la terre ferme. Aidé par son frère Blaise qui lui apporte des vivres, il se fabrique une cabane, apprend à chasser, suit ses cours de latin et de catéchisme assis sur une branche. Au fil des années, il va faire des rencontres plus ou moins heureuses, va même s’intégrer dans une communauté espagnole condamnée à vivre dans les arbres. En aidant les villageois à chasser le loup ou encore à anticiper les incendies lors des étés de sécheresse, Côme va regagner la confiance et la fierté de son père. Les années passent et il assiste à distance à la mort de son père puis à celle de sa mère. Mais surtout, il se nourrit des lectures du Siècle des Lumières qui le représente si bien, à lui tout seul.

Qu’il était agréable de retrouver cet univers de perché (dans tous les sens du terme), qu’il fait bon vivre tout là-haut, au-dessus du commun des mortels. Ce qui s’apparente au début à un caprice deviendra un vrai choix de vie, critiqué ou approuvé, parfois imité, jamais égalé. Le lecteur lui-même ne sait pas trop s’il doit envier Côme ou le plaindre. Si on retrouve l’esprit de l’essentiel du roman, si la trame est respectée, j’ai trouvé l’approche trop enfantine, j’ai perdu la poésie de l’écriture si belle d’Italo Calvino, ses mots ne sont que résumés, simplifiés, édulcorés ; c’est regrettable. Evidemment, comme souvent pour les adaptations BD, il vaut mieux découvrir l’univers du Baron perché par ce biais-là que pas du tout mais il est largement préférable de lire le sublime roman de l’Italien.

Je ne résiste pas à l’envie de reprendre un extrait du roman (où le frère est le narrateur) : « Ces premières journées de Côme dans les arbres n'avaient aucun programme défini ; tout était subordonné à son désir de connaître et de posséder son royaume. Il aurait voulu l'explorer jusqu'à ses confins extrêmes, étudier toutes les possibilités qu'il lui offrait, le découvrir, arbre après arbre, branche après branche. Je dis : il aurait voulu, mais en fait, nous le voyions continuellement repasser au-dessus de nos têtes, avec l'air affairé et rapide des animaux sauvages qui, même quand on les voit immobiles et ramassés sur eux-mêmes, sont toujours prêts à bondir en avant. Pourquoi revenait-il dans notre parc ? À le voir tournoyer de platane en yeuse dans le rayon de la lunette de notre mère, on aurait cru que la force qui le poussait, sa passion dominante, restait sa révolte contre nous, le désir de nous faire de la peine ou de nous mettre en rage (je dis nous parce que je n'étais pas encore arrivé à comprendre ce qu'il pensait de moi : quand il avait besoin de quelque chose, on aurait dit que son alliance avec moi ne pouvait être mise en doute ; d'autres fois, il volait au-dessus de ma tête comme s'il ne me voyait même pas.) »

Le baron perché de Claire Martin

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2023 1 06 /11 /novembre /2023 07:40

LA SYNAGOGUE | Librairie Comptoir du Rêve

En 2021, Joann Sfar est cloué au lit dans une chambre d’hôpital puis reclus chez lui, terrassé par le covid. C’est pour lui l’occasion de se souvenir de son enfance et de son adolescence. A Nice, l’enfant qui s’appelait Eliaou de son nom hébraïque craint les synagogues, il trouve qu’on y chante trop fort, il n’aime pas cette interdiction de pouvoir jouer ou de porter des jeans. Adolescent, pour fuir cette contrainte, il fera partie de cette corporation de jeunes gens qui gardent la synagogue. A la manière d’un vigile, Joann Sfar va donc conseiller aux pratiquants de ne pas s’attarder à l’entrée du lieu de culte et guetter les terroristes potentiels. Pourtant, on lui reproche trop souvent d’être distrait ou d’avoir le nez dans son carnet de dessin. Joann n’est pas doué non plus pour le combat, ses entraînements de kung-fu se terminent en général plutôt mal. Mais surtout, Joann grandit dans l’ombre de son père, charismatique, belliqueux, intelligent, héroïque aux yeux de l’adolescent... ses accointances et ses brouilles avec Jacques Médecin sont également évoquées.

Je ne sais pas pourquoi j’ai arrêté de lire Joann Sfar il y a déjà de nombreuses années mais si un titre était désormais à conseiller, c’est bien celui-là. J’ai trouvé ce gros album très intéressant, sensible, touchant et édifiant en ce qui concerne l’antisémitisme (niçois ... entre autres). Culpabilisant parfois de ne pas être assez combattif, complexé face au modèle Joseph Kessel dont le fantôme vient souvent le voir lorsqu’il est alité, Joann Sfar nous démontre surtout qu’il est un homme pacifiste, malmené par cette discrimination (que personnellement je ne comprendrai jamais) à travers les décennies de sa vie. Evidemment non dénué d’humour, l’album met en scène pas mal de skinheads que Joann Sfar a croisés, plus inoffensifs que franchement méchants. La maladresse du narrateur-auteur le rend sympathique, sa sincérité aussi. On pourrait reprocher quelques bavardages superflus mais, dans l’ensemble, j’ai passé un excellent moment de lecture.

« Mon père a été livré sans l’option « adapte ta syntaxe et ton sujet à l’âge de l’auditoire. » Il me parlait comme si j’étais politologue. »

« A Nice, il fait toujours beau. Sauf quand je monte la garde devant la synagogue. »

La Synagogue - (Joann Sfar) - Documentaire-Encyclopédie [CANAL-BD]

 

Partager cet article
Repost0
27 octobre 2023 5 27 /10 /octobre /2023 20:40

L'art et le Chat de Philippe Geluck

Philippe Geluck, par l’intermédiaire de son emblématique Chat, nous offre un aperçu de son panthéon artistique personnel à travers siècles, pays et genres très variés, allant de la Vénus de Milo à Ben en passant par Monet, Dubuffet, Fontana, Magritte, Rodin ou encore Vasarely. En face de l’œuvre originale, il y a sa version à lui où le Chat se met en scène et déconne franchement : il engueule les danseurs de Keith Haring, il écrase les Schtroumpfs pour fournir à Klein son bleu, il profite des illusions d’optique de Vasarely pour s’offrir un slip de bain ... tout à son avantage, il se met même en cube pour Picasso. Les œuvres s’accompagnent d’une petite présentation de l’artiste et de quelques réflexions toute personnelles.

C’est un ouvrage qui n’est pas destiné à approfondir l’analyse des œuvres évoquées, évidemment, mais qui permet de faire un petit tour d’horizon des tableaux et sculptures les plus connus selon les goûts - c’est assumé dans la préface - de l’auteur. La BD a été écrite une première fois en 2016 à destination du Musée en Herbe (on comprend mieux la dimension facile d’accès des œuvres) puis revue en 2023, c’est cette dernière version que j’ai lue. C’est très agréable, Geluck est à la fois dans l’hommage et dans la distanciation par l’humour (il regrette qu’il n’y ait pas plus d’œuvres de Vermeer à côté de la facilité d’exécution d’un Fontana). A lire qu’on soit jeune ou expérimenté, amateur d’art ou ignare ; c'est divertissant.

« Ce qu’il y a de formidable, quand tu rends hommage à tes prédécesseurs, c’est que pendant quelques instants tu es obligé de te prendre pour eux. Le temps d’accomplir le geste qu’ils ont inventé. Juste le temps de te la péter. Faire ça du matin au soir serait vain, car tu n'es pas eux. Et ce que tu essayerais de faire, moins bien, ils l’ont fait avant toi, et mieux. N’empêche que ça fait un bien fou. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai fait ce métier : pour être les autres. »

« Pour Ben, il faudrait inventer un mot qui n’existe pas encore : écripeinture ou peintécriture. L’écriture de Ben est élégante comme une image. Ses phrases sont toujours justes (mais comment fait-il ?) Et Ben nous entraîne à participer à son tableau parce qu’il nous pousse à lui répondre ou à nous interroger. Ben nous stimule. »

VIDÉO. Philippe Geluck et son chat revisitent l'Art | TV5MONDE -  Informations

Partager cet article
Repost0
17 octobre 2023 2 17 /10 /octobre /2023 10:14

Seul le silence | R.J. Ellory,Richard Guérineau | Philéas

 D’après le roman de Ron Jon Ellory

Joseph Vaughan est le témoin indirect de dizaines de meurtres de petites filles, sur une période de trente ans. Victime collatérale d’un fou sauvage, il voit également sa mère devenir folle et ses deux compagnes successives mourir. Après quelques années de prison pour un meurtre qu’il n’a pas commis, il sera enfin reconnu pour ses talents d’écrivain. Pour le résumé plus détaillé du livre, je vous renvoie à mon billet du roman.

Un de mes coups de cœur de l’été adapté en BD ; la barre était haute mais le défi a été brillamment relevé. Au scénario, c’est l’excellent Fabrice Colin (l’auteur de Bal de givre ou de Projet Oxatan, entre autres) qui a su savamment pratiquer ellipses et résumés (le roman fait quand même 600 pages), gardant les dialogues les plus percutants. Aux dessins, Richard Guérineau (que j’avais déjà aimé pour Après la nuit) a choisi essentiellement le sépia pour rendre hommage aux paysages de la Géorgie des années 50. Il a également réussi à faire vieillir notre Joseph pour qui l’empathie est peut-être encore plus prégnante dans cette version BD que dans le roman. La dimension tragique et l’horreur de ces 32 meurtres de fillettes sont retranscrites très justement et fidèlement avec l'apparition fantomatique des corps des filles qui exprime bien leur caractère obsédant pour Joseph. En bref, c’est une belle réussite même si je ne peux que vous conseiller de lire, avant tout, l’extraordinaire roman d’un auteur que je quitterai plus d’une semelle.

Seul le silence de Roger Jon Ellory, Fabrice Colin

 

Partager cet article
Repost0
8 octobre 2023 7 08 /10 /octobre /2023 09:29

La Bicyclette Rouge - Tome 1 - La bicyclette rouge - Kim Dong Hwa -  cartonné - Achat Livre | fnac 

Tome 1 : Yahwari

Tome 2 : Les Roses Trémières

Le narrateur et personnage principal est un facteur de campagne qui sillonne routes et chemins sur son vélo rouge. Son secteur concerne le village de Yahwari et ses alentours, un endroit reculé où les maisons ne portent pas de numéros mais des noms : La maison de l’arbre aux kakis, la maison bordée de fleurs sauvages, la maison au toit rouge, la maison la plus jolie sous le ciel étoilé, ... Et notre facteur toujours souriant, alerte, joueur et enthousiaste, s’extasie sur la beauté des arbres, des fleurs, des papillons qui l’accompagnent lors de sa tournée. De temps en temps, il emmène quelqu’un sur son porte-bagage, très souvent il emporte des colis ou des produits pour rendre service d’un village à l’autre.

Ce manhwa (BD coréenne) est composé de petites nouvelles qui constituent les épisodes de la vie d’une année de ce facteur très optimiste. Pour la quasi-totalité des historiettes, nous sommes dans un monde coloré, fleuri, où les gens sourient, une sorte d’Eden champêtre. Malgré ce côté guimauve en puissance, la poésie l’emporte et on finit par être touché par ce facteur qui dépose des fleurs sauvages dans une boîte aux lettres qui ce jour-là ne reçoit pas de courrier, par ce poète qui laisse toujours un joli poème dans la boîte aux lettres à destination de l’employé des postes, par cette jeune femme qui, à sa fenêtre, ne manque pas un jour de saluer notre cycliste. Qu’elle est touchante cette ode à la lenteur et à la contemplation. Les dessins rejoignent cette naïveté attendrissante. Un album à lire quand la vie nous paraît trop difficile ; il nous donnerait presque envie de devenir facteur et surtout surtout surtout de se remettre à écrire des lettres.

« Parfois, la tournée ressemble à une balade... Comme si je me rendais à un pique-nique. Je pédale à travers champs..., je traverse la rivière, je mets une fleur sur ma casquette. Je salue les papillons... et quand j'ai faim, je m'assieds n'importe où pour manger. Là où le chemin s'arrête, je laisse mon vélo, je mange des fruits sauvages. À partir de là, ma tournée se transforme en randonnée. C'est un courrier pour un temple aux fins fonds de la forêt. La clochette m'accueille et ensuite le moine. J'oublie la chaleur grâce au thé qu'il a préparé avec soin. Sur le chemin du retour, je salue le Bouddha, c'est un petit bonheur en plus dans ma livraison. »

La Bicyclette Rouge - Tome 2 - La bicyclette rouge - Kim Dong Hwa - broché  - Achat Livre | fnac

https://www.actuabd.com/local/cache-vignettes/L574xH852/9782889322497_10-7a244.jpg?1651845534

Partager cet article
Repost0