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17 juillet 2022 7 17 /07 /juillet /2022 23:46

Simone - Tome 01 - Simone - Jean-David Morvan, David Evrard, Walter Pezzali  - cartonné - Achat Livre ou ebook | fnac

Obéir c’est trahir,

désobéir c’est servir.

En février 1972, Simone prépare des crêpes pour sa famille et découvre, sur l’écran du téléviseur, l’homme qui l’a torturée à Lyon, en juin 1944. Les souvenirs ressurgissent : petite fille juive, Simone vivait heureuse au sein d’une famille aisée, à Lyon. Le Blitzkrieg contraint la population à s’exiler et la famille Kadosche recueille ainsi une petite orpheline nommée Jeanne. Le premier acte de résistance de Simone est de cracher au visage de son institutrice : alors que ses parents l’ont maintes fois aidée financièrement parlant, après le début de la guerre, elle retourne sa veste et se plaît à asperger les élèves juives d’insecticide et de les humilier au quotidien. Simone continuera son combat en distribuant des tracts résistants ou en aidant des réfugiés de la zone occupée. Interdictions, restrictions et discriminations envers les Juifs prennent l’ampleur qu’on connaît et Jeanne s’avère être une garce collabo qui finit par dénoncer la famille Kadosche auprès de son nouvel amant nazi. Simone est arrêtée et torturée par celui dont elle ne découvrira le nom que dans les années 70 : il s’agit de Klaus Barbie. Simone finira à Auschwitz avec sa famille, elle sera une des seules à en réchapper.

Les recommandations de ma bibliothécaire sont toujours judicieuses, j’ai failli ne pas emprunter cette BD parce qu’il s’agit d’un premier tome d’une série mais la lecture vaut le détour. Même si suite il y aura, l’album constitue quand même une certaine unité. L’intrigue est évidemment passionnante et la jeunesse de Simone édifiante et admirable. LA BD met aussi en lumière le parcours de ce monstre qu’est Klaus Barbie, la chance et les protections (de la CIA notamment) dont il a bénéficié. Le traitement du personnage de Simone est intéressant, elle semble plus traumatisée par la trahison de cette Jeanne qu’elle considérait comme son amie que par Klaus Barbie qui se fait tout petit en face d’elle, en fin d’album, dans un dialogue fictif réussi. La BD peut être lue par des grands enfants ou des ados qui pourront en apprendre beaucoup sur l’Occupation lyonnaise et le mouvement de résistance. Le dessinateur David Evrad a déjà collaboré avec Morvan pour une autre série sur la 2ème guerre mondiale, Irena.

Simone T1 : Obéir c'est trahir, désobéir c'est servir (0), bd chez Glénat  de Tréfouel, Morvan, Evrard, Walter

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8 juillet 2022 5 08 /07 /juillet /2022 18:16

Noire : une adolescente entre en résistance

D’après Tania de Montaigne

Claudette est une jeune Noire qui a grandi en Alabama dans les années 50 à l’heure où la ségrégation vivait encore ses heures de pauvre gloire… Un jour de mars 1955, dans le bus, elle refuse de se lever pour céder la place à une femme blanche. A 15 ans. La police est appelée, les flics malmènent Claudette et elle est accusée de « troubles à l’ordre public, d’agression à l’égard d’un policier lors de son arrestation et d’avoir violé les lois de la ville en refusant de céder son siège. » Cette histoire vous rappelle quelque chose ? Mais c’est bien Claudette une des premières femmes noires à avoir résisté, Rosa Parks est venue plus tard, en décembre 1955. Pourquoi n’a-t-on retenu que le nom de Rosa Parks ? Parce que Claudette est tombée enceinte quelques mois plus tard (d’un homme blanc, en plus !) et que les leaders noirs ont préféré taire son histoire au profit de celle de Rosa Parks considérée comme dévote, intègre et très religieuse. Ça passait mieux.

J’ai beaucoup aimé cette lecture même si son point fort constitue aussi son point faible : schématiser. Les dessins sont simples, clairs, nets et précis… et parfois trop simples au point de confondre les personnages ou de (presque) tomber dans la caricature. Mais l’histoire est évidemment touchante et doit être connue du plus grand nombre. Être noir et être femme, c’est la double peine : c’est Martin Luther King et trois leaders noirs et blancs qui posent devant un bus, alors qu’elles étaient au moins quatre plaignantes qu’on a voulu laisser dans l’ombre. Claudette a été sacrifiée et est tombée dans l’anonymat. Elle souhaitait devenir avocat, elle a été aide-soignante toute sa vie, rejetée parce qu’elle avait un enfant trop clair. On a attribué son nom à une rue mais attention, une toute petite rue misérable de Montgomery. Je me permets de mettre sa photo ci-dessous, maigre hommage…

Petite question : n’y a-t-il que des femmes autrices qui s’intéressent à ces héroïnes méconnues au parcours courageux ? Je dis ça parce que j’avais d’abord lu « Emile » pour le prénom de l’auteur avant de me dire « Ben, non, « Emilie », évidemment, évidemment, c’est une femme… ».

La BD est une adaptation du livre de Tania de Montaigne, animatrice et écrivaine.

Emilie Plateau- Noire: la vie méconnue de Claudette Colvin - Un dernier  livre avant la fin du monde

Claudette Colvin — Wikipédia

 

Bonnes vacances aux concerné(e)s, bel été à toutes et tous !

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27 juin 2022 1 27 /06 /juin /2022 17:35

Frenchman

J’ai une PAL BD peau de chagrin mais cet album s’y trouve depuis de années (je ne sais comment il a atterri chez moi). Une belle idée de le dépoussiérer.

En 1803, dans un petit village normand, les sergents recruteurs tirent au sort les hommes qui iront rejoindre l’armée afin de pacifier le territoire de la Louisiane, cédé depuis peu par le Consul Bonaparte aux Etats-Unis.  Le jeune Alban Labiche est exempté mais sa sœur, Angèle, est malheureuse parce son amant, Louis de Mauge, issu de la noblesse, doit partir. Finalement, le père de Louis achète la permission de son fils en échange du départ d’Alban. Louis ne supportant pas cette injustice et voulant contenter son amante part en Louisiane retrouver Alban. Le même Alban dont la tête est mise à prix à peine arrivé sur le sol américain pour avoir défendu un Noir. Un mystérieux inconnu qui s’avère être Toussaint Charbonneau, un trappeur français (qui a réellement existé), l’emmène avec lui. La course poursuite promène le lecteur à travers les vastes étendues du pays, à la rencontre des squaws et des bisons, même hélas aussi des préjugés et des discriminations, de la haine bestiale que vouent certains hommes aux Indiens.

De facture assez classique, cette BD m’a intéressée et beaucoup plu. Le dépaysement est garanti grâce aux magnifiques dessins de l’artiste, les aquarelles sont sublimes et magnifient ces paysages grandioses. Peut-être que certains personnages passent trop rapidement sans qu’on ait le temps de s’attacher à eux mais le bilan est positif pour une BD que j’ai boudée toutes ces années… Un intéressant carnet de croquis permet de comprendre la genèse de l’œuvre et de prolonger le voyage.

Un vautour protecteur : « Ce vautour sera souvent ton meilleur ami dans ces contrées ! Aie toujours un œil sur lui ! Il te préviendra de bien des dangers ! »

Frenchman - Patrick Prugne - Le Tourne Page - Le Tourne Page

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13 juin 2022 1 13 /06 /juin /2022 20:17

Livre: Comme une grande, Reat Maëlle, Rivages, Virages Graphiq,  9782743655709 - Leslibraires.fr

Un entretien d’embauche est l’occasion, pour une jeune femme de se projeter dans son passé et de s’interroger sur son identité. « Pensez-vous avoir l’esprit d’équipe ? », Marie se revoit en tant qu’ado, prise entre les disputes de ses parents et son unique amie, Amandine. « Pourquoi vous plutôt qu’un autre candidat ? », Marie est une jeune femme à présent qui vit seule avec sa mère et qui a vu Amandine partir à New York. Suit une rencontre toxique, une belle femme séduit Marie, se conduit comme un parfait salaud avant de l’envoyer sur les roses. Enfin, Marie retrouve Amandine, différente et pourtant la même.

Si j’ai trouvé l’album très réussi, un air de déjà lu m’a poursuivie pendant toute ma lecture et j’ai bien peur de ne pas garder un souvenir impérissable de cette BD. Je n’ai cependant pas grand-chose à lui reprocher, le récit d’apprentissage reprend les moments-clés d’une adolescence pas aussi banale qu’il n’y semble et les dessins, simples et efficaces, respirent eux aussi une sincérité bienvenue. Rien de transcendant, pour résumer, mais un bon moment de lecture.

Comme une Grande - (Maëlle Reat) - Roman Graphique [CANAL-BD]

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2 juin 2022 4 02 /06 /juin /2022 16:14

Livre Nous étions les ennemis | Futuropolis

On connaît le visage de George Takei (même moi qui suis une piètre cinéphile) pour avoir interprété le rôle du lieutenant Sulu dans Star Trek. Il raconte ici son enfance et, par la même occasion, un pan de l’histoire nippo-américaine sans doute trop vite oublié.

Quand George est un petit garçon et qu’il vit paisiblement avec ses parents et ses frères et sœur à Los Angeles où il est né, toute la famille se voit sommée de quitter la maison. Ils seront tous transférés dans un premier temps dans les écuries d’un hippodrome. Pourquoi ? ils sont d’origine japonaise (mais les enfants sont tous nés sur le sol américain) et les forces navales nippones viennent d’attaquer Pearl Harbor en ce mois de décembre 1941. Ordre est donner d’arrêter tous les immigrés japonais. Après un séjour dans les écuries, la famille est menée dans l’Arkansas, au camp d’internement de Rohwer. 33 blocs, des miradors, des barbelés et jusqu’à 8500 Nippo-Américains entassés dans des baraques à la chaleur insupportable et aux cloisons archi fines. La famille de George s’est adaptée comme elle a pu, la mère a emporté avec elle sa machine à coudre pour fabriquer des vêtements décents, le père a été désigné « chef de bloc », une sorte de médiateur entre les différentes générations qui a permis à des familles entières de gagner un peu de dignité. George a grandi là, émerveillé par la neige, par une escapade en dehors du camp pour voir des animaux de la ferme, plus tard par des films projetés au réfectoire. C’est seulement en mars 1946 que la famille parvient à quitter le camp, à rejoindre Los Angeles pour d’abord vivre dans un hôtel infect. Un racisme antinippon perdure et le petit George doit subir des injustices provenant de sa maîtresse d’école. Il grandit et arrive à bout d’études de théâtre avant de faire la carrière qu’on lui connaît.

                On appelle Issei ceux qui avaient quitté le Japon pour s’installer aux Etats-Unis, Nisei, leurs enfants nés en Amérique et Sansei, les enfants de Nisei. Tous étaient « punis » de la même manière injuste et tyrannique. Les amalgames me laissent encore une fois sceptiques : comment en vouloir à des Japonais nés en Amérique pour une guerre déclenchée à des milliers de kilomètres ? C’est de la bêtise à l’état pur. Tant mieux si la notoriété internationale de l’acteur a permis de faire connaître ces événements historiques dont les Etats-Unis n’ont pas à être fiers. J’ai beaucoup aimé cette lecture intéressante, les longues discussions après le dîner entre le père et le fils m’ont beaucoup touchée, c’est ce qui a permis à George de devenir l’homme qu’il est. Les dessins sont à la fois originaux tout en restant simples. C’est à lire !

La mère de famille tente d’agrémenter le voyage vers le camp : « J’ai des souvenirs émus de son merveilleux sac de friandises, qui a fait de ce voyage un périple inoubliable. Elle avait généreusement truffé son petit sac de voyage de cadeaux pour nous. Contribuant à forger deux expériences diamétralement opposées : la première, une aventure pleine de découverte et la seconde, un trajet angoissant vers un inconnu terrifiant. »

Nous étions les ennemis - BD, informations, cotes

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23 mai 2022 1 23 /05 /mai /2022 20:05

https://www.actuabd.com/local/cache-vignettes/L330xH439/arton27271-bbd73.jpg?1614328195

Je me félicite parfois d’avoir du flair. J’ai d’abord été attirée par la couverture de cette BD, puis par ses dessins. Belle pioche !

Paris, les années 20. Rose s’apprête à entrer sur scène. Pour la première fois, dans « une de ces nuits parisiennes enivrantes ». Pour danser. C’est une réussite, les applaudissements sont nombreux et chaleureux. Les autres danseuses et la mère de Rose sont toutes fières de cette première prestation. Rose est un jeune garçon. Il a été élevé dans ce cabaret parisien entouré de femmes. Depuis tout petit, il aime revêtir des habits féminins, ça ne lui pose aucun problème, pas plus qu’à sa mère, tenancière de ce « Jardin » où les artistes portent toutes des noms de fleurs. Dès sa première prestation, Rose attire l’attention. Un admirateur assidu va forcer l’interdit et se présenter à Rose dans sa loge. Il s’agit d’Aimé, un riche homme solitaire qui va prendre le garçon sous son aile.

A la suite de ce résumé, vous vous attendiez sans doute à lire que cet Aimé deviendrait l’amant de Rose, peut-être qu’il abuserait de son innocence, que Rose serait moqué pour son androgynie. Rien de tout ça. Là est justement toute la force de ce magnifique album. Sans être mièvre, les personnages évoluent avec naturel dans un monde où on peut s’habiller en femme quand on est un garçon, où peut passer l’été avec un homme deux fois plus âgé sans qu’il y ait anguille sous roche. Ni quolibets ni moqueries, ni ambiguïté ni discrimination. Et c’est délicieux. Cette ode à la tolérance, à la simplicité et à la bienveillance revêt des charmes rares et le contexte des années 20 renforce cette délicatesse et cette élégance. J’ai été séduite du début à la fin tant pour le fond que pour la forme, l’histoire frôle le conte dans un univers où les contraintes et les faux-semblants n’existent pas ou si peu. Que c’est bon !

∞  COUP DE CŒUR  ∞

La première rencontre entre Aimé et Rose : « Je souhaitais vous dire de vive voix que je vous trouve incroyable. Je n'ai pas encore trouvé tous les mots pour vous exprimer pour que je ressens lorsque je vous regarde danser, mais si vous me permettez de venir vous admirer encore longtemps, je les trouverai. »

Le jardin, Paris – SambaBD

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12 mai 2022 4 12 /05 /mai /2022 13:56

Comme par hasard | Éditions Glénat

Paris, 1909. Victor Nimas est comptable, il adore les chiffres qui lui procurent une immense satisfaction et lui permettent de penser que le hasard n’existe pas. La suite des événements risque fort de contredire ses principes. Un jour, il trouve un billet par terre pour un spectacle de danse, n’ayant rien de mieux à faire, il se rend au théâtre du Châtelet, voir les Ballets russes. Là-bas, il tombe amoureux de la danseuse. Au retour, il perd ses clés, est obligé de dormir sur un banc et tombe malade le lendemain. Son médecin lui ordonne d’aller se faire soigner aux thermes de Baden-Baden et, alors qu’il se rend au casino par curiosité, en pleine réflexion quant aux probabilités qui existent de gagner, il retrouve sa belle danseuse nommée Tania. Elle et lui entament la conversation et elle se confie : obligée de se marier à un baron qu’elle n’aime, elle sauvera ainsi son oncle – son unique famille – de la ruine. Au sortir de cette discussion, Victor se sent attiré par le casino et, contre toute attente, gagne une énorme somme d’argent qui pourrait faire annuler le mariage de Tania et du baron. Malheureusement, il ne retrouve pas la femme aimée.

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette BD à la fois pour son intrigue début XXe siècle, cette histoire d’argent et d’amour, cette ascension imprévisible ; mais j’ai aussi aimé les dessins de Bonin, ce trait élégant, ces regards qui en disent long, ces jeux d’ombre et de lumière, cette utilisation subtile des couleurs, ces personnages qui nous permettent ce magnifique retour en arrière. Rien à redire, ou plutôt si, rajoutez à ces belles qualités, l’irruption d’un chat, gentleman malicieux qui est le fruit de l’imagination de notre Victor et qui à la fois une sorte de censeur et de directeur de conscience du héros. A découvrir !

« Le hasard, c’est l’imprévu et c’est justement ce qui fait que l’on est libre… car si tout dans l’univers obéissait à des lois, vous-même, qui en faites partie, ne seriez qu’un pantin sans volonté propre obéissant à ces mêmes lois. »

« Le hasard, c’est ce qui fait que les choses arrivent, même les choses les plus improbables. C’est ce qui fait que ce monde existe, car ce monde est lui aussi improbable. »

Chambre obscure du même auteur.

J'ai une question pour les spécialistes de Cyril Bonin : est-ce vraiment son époque de prédilection, le début du XXè siècle ?

Comme par hasard de Cyril Bonin - BDfugue.com

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2 mai 2022 1 02 /05 /mai /2022 09:27

Livre Nous étions les ennemis | Futuropolis

On connaît le visage de George Takei (même moi qui suis une piètre cinéphile) pour avoir interprété le rôle du lieutenant Sulu dans Star Trek. Il raconte ici son enfance et, par la même occasion, un pan de l’histoire nippo-américaine sans doute trop vite oublié.

Quand George est un petit garçon et qu’il vit paisiblement avec ses parents et ses frères et sœur à Los Angeles où il est né, toute la famille se voit sommée de quitter la maison. Ils seront tous transférés dans un premier temps dans les écuries d’un hippodrome. Pourquoi ? ils sont d’origine japonaise (mais les enfants sont tous nés sur le sol américain) et les forces navales nippones viennent d’attaquer Pearl Harbor en ce mois de décembre 1941. Ordre est donner d’arrêter tous les immigrés japonais. Après un séjour dans les écuries, la famille est menée dans l’Arkansas, au camp d’internement de Rohwer. 33 blocs, des miradors, des barbelés et jusqu’à 8500 Nippo-Américains entassés dans des baraques à la chaleur insupportable et aux cloisons archi fines. La famille de George s’est adaptée comme elle a pu, la mère a emporté avec elle sa machine à coudre pour fabriquer des vêtements décents, le père a été désigné « chef de bloc », une sorte de médiateur entre les différentes générations qui a permis à des familles entières de gagner un peu de dignité. George a grandi là, émerveillé par la neige, par une escapade en dehors du camp pour voir des animaux de la ferme, plus tard par des films projetés au réfectoire. C’est seulement en mars 1946 que la famille parvient à quitter le camp, à rejoindre Los Angeles pour d’abord vivre dans un hôtel infect. Un racisme antinippon perdure et le petit George doit subir des injustices provenant de sa maîtresse d’école. Il grandit et arrive à bout d’études de théâtre avant de faire la carrière qu’on lui connaît.

                On appelle Issei ceux qui avaient quitté le Japon pour s’installer aux Etats-Unis, Nisei, leurs enfants nés en Amérique et Sansei, les enfants de Nisei. Tous étaient « punis » de la même manière injuste et tyrannique. Les amalgames me laissent encore une fois sceptiques : comment en vouloir à des Japonais nés en Amérique pour une guerre déclenchée à des milliers de kilomètres ? C’est de la bêtise à l’état pur. Tant mieux si la notoriété internationale de l’acteur a permis de faire connaître ces événements historiques dont les Etats-Unis n’ont pas à être fiers. J’ai beaucoup aimé cette lecture intéressante, les longues discussions après le dîner entre le père et le fils m’ont beaucoup touchée, c’est ce qui a permis à George de devenir l’homme qu’il est. Les dessins sont à la fois originaux tout en restant simples. C’est à lire !

La mère de famille tente d’agrémenter le voyage vers le camp : « J’ai des souvenirs émus de son merveilleux sac de friandises, qui a fait de ce voyage un périple inoubliable. Elle avait généreusement truffé son petit sac de voyage de cadeaux pour nous. Contribuant à forger deux expériences diamétralement opposées : la première, une aventure pleine de découverte et la seconde, un trajet angoissant vers un inconnu terrifiant. »

Nous étions les ennemis, comics chez Futuropolis de Takei, Becker

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1 mai 2022 7 01 /05 /mai /2022 11:15

Faut pas prendre les cons pour des gens - Tome 03 - Faut pas prendre les  cons pour des gens - Emmanuel Reuzé, Vincent Haudiquet, Jorge Bernstein -  cartonné - Achat Livre ou ebook | fnac

Les auteurs nous livrent des réflexions primordiales sur la vie, des conseils absolument indispensables pour survivre dans cet univers âpre et hostile : pour les accros du shopping, n’oubliez pas les magasins de air-shopping, des rayonnages vides où l’on peut faire des air-achats à prix très bas. Amis footballeurs, pensez sérieusement à vous faire coacher pour savoir vous rouler par terre et feindre la douleur de la manière la plus réaliste possible. Le programme télé ne vous satisfait plus ? Optez pour la vidéosurveillance du quartier, peut-être que vous aurez la chance de voir un cambrioleur entrer chez le voisin. Profitez du Black Friday pour vous offrir un ouvrier qualifié mais vérifiez la marchandise, il ne faudrait pas que ce soit un délégué syndical !

Derrière l’humour noir et le second degré qui décrivent un monde où un SDF n’accepte que les dons supérieurs à 20 euros , où une école française de tauromachie a ouvert pour les jeunes enfants, où un kamikaze se voit reprendre par un inspecteur du travail parce que sa ceinture d’explosifs n’est pas aux normes, donc derrière ces farces cyniques se cachent de vrais engagements : oui au gigot intelligent qui se met à parler, oui au dopage pour tous, oui aux S.P.A pour les vieux, oui au 100% français quitte à se faire amputer des bras, oui au gymnase pour les classes surchargées (et pourquoi pas, les 4eB au Stade de France !) Evidemment, c’est poilant avec ce qu’il faut d’irrespect et d’impertinence même si on n’est pas si loin que cela de ce monde absurde…

Je n'ai pas chroniqué le 2e opus mais le premier tome est .

« C’est plus difficile d’entrer en Ehpad que de devenir médecin ! »

« Bonjour, on a voulu abandonner notre chien mais notre arbre est déjà utilisé…. Désolée, mais avec les départs en vacances, on a été débordés. Il n'y a plus un arbre de libre, je vous invite à revenir en saison creuse… Mais ça fait 20 ans qu’on abandonne nos animaux au même arbre… regardez, on a même notre carte de fidélité. »

« Si tout le monde se dopait, il y aurait moins d’inégalité entre les sportifs ! »

Faut pas Prendre les Cons pour des Gens (tome 3) - (Emmanuel Reuzé /  Vincent Haudiquet / Jorge Bernstein / Nicolas Rouhaud) - Humour  [L'HYDRAGON, une librairie du réseau Canal BD]

 

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20 avril 2022 3 20 /04 /avril /2022 19:11

Les Strates (Édition spéciale) - broché - Pénélope Bagieu - Achat Livre |  fnac

J’aime bien suivre l’autrice sur les réseaux sociaux, il était temps pour moi de lire son dernier album.

Pénélope Bagieu nous raconte une partie de sa vie, en passant de sa petite enfance à des premières fois pas toutes drôles. Il est question de chat qui se colle à elle, de peur de ne pas plaire, de danses endiablées, de coquetteries adolescentes, d’amitiés qui durent, de froid qu’on a en horreur (je suis pareille!) des seins qui poussent, du fonctionnement des tampons hygiéniques découvert bien trop jeune…

J’ai beaucoup aimé cet album pour différentes raisons, d’abord, l’autrice se livre de manière qu’on sent authentique et sincère, comme d’habitude, elle y met un humour non négligeable, enfin, je m’y suis retrouvée puisque Pénélope n’est pas beaucoup plus jeune que moi et que certains passages sont tellement révélateurs d’une époque révolue (quand on appelait ses copains et qu’on tombait sur les parents : « Allô oui bonsoir, excusez-moi de vous déranger, est-ce que je pourrais parler à … », ça n’arrive plus aux ados d’aujourd’hui, plus jamais !!) Le trait est à la fois simple et juste (elle se dessine elle-même très bien) et, même si elle se livre forcément plus dans cet opus autobiographique, elle sait parfois mettre une distance et jouer avec l’auto-dérision, tout à fait appréciable.

Pénélope s’incruste à une soirée parce que le mec qui l’attire joue dans le groupe, mais la soirée se révèle être une catastrophe tant elle se sent l’intruse : « Jusqu’ici, je ne m’étais jamais jetée à l’eau. Je l’ai rarement refait, à ce point, par la suite. J’aurais pu ne pas appeler, ne pas y aller, et me demander 20 ans après si je n’étais pas passée à côté d’une grande histoire. Celle que je suis aujourd’hui ne se serait jamais ridiculisée comme ça. Sauf que celle que j’étais à l’époque l’a fait. Parce qu’à 16 ans, j’étais effectivement la fille bizarre, mal à l’aise, pleine de complexes et d’insécurités. Mais j’étais tellement courageuse. »

A lire, évidemment :  Culottées

https://www.avoir-alire.com/IMG/png/les_strates_-_page_1.jpg.png

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