Voilà un petit coup de cœur familial. Il faut dire que je suis tombée amoureuse des petites poupées gigognes il y a peu. Ce conte nous expose tout simplement les origines de ces poupées russes qui s’emboîtent. Un vrai bonheur !
Ivan et Natacha, les parents de cinq filles que seule la taille différencie, sont de pauvres moujiks, si pauvres qu’une année de malchance, ils doivent se résoudre à demander à leur aînée, Katérina, de travailler chez Baba Yaga, l’affreuse sorcière mangeuse d’enfants.
Katérina prend son courage à deux mains et accepte. C’est sans compter la solidarité de ses sœurs qui se cachent sous sa grande robe pour l’accompagner. Sans compter aussi le don que chacune d’elle suit partout comme une bonne fée : Katérina fait merveilleusement la cuisine, Anna chante délicieusement bien, Marina coud et brode tout ce qu’elle veut, Tatiana lit dans les pensées et Véra gagne aux échecs à tous les coups.
Baba Yaga, bien déterminée à manger Katérina lui demande d’abord de faire le ménage et de cuisiner pour elle. Le plat que la jeune fille prépare est si bon que la sorcière s’endort en reportant au lendemain son horrible promesse. Le lendemain, elle demande un manteau couleur de la mer. C’est Marina qui s’exécute en réalisant un manteau aux multiples tons de bleu, si beau que la sorcière refuse encore de manger la grande sœur. Et ainsi de suite… jusqu’au jour où Tatiana qui lit dans les pensées de Baba Yaga, découvre qu’elle a subi un mauvais sort. Autrefois tsarine, elle a été métamorphosée en sorcière parce qu’elle était incapable de mettre au monde un enfant. Le maléfice ne disparaîtra que quand un enfant la battra aux échecs, ce que fait Véra. La sorcière se transforme alors en belle jeune femme, elle lègue sa fortune aux cinq sœurs, épouse un jeune paysan et met au monde une petite fille prénommée Matriona.
Quant à la mère des cinq filles, elle les a protégées, de loin, en fabriquant de petites poupées à leur image… poupées qu’elle offre à la tsarine. La petite Matriona se faisait appeler Matriochka. « L’enfant avait pour seuls jouets les poupées gigognes dont elle ne se séparait jamais. Devenue adulte, elle se mit à en fabriquer. Elle leur donna son nom et depuis, les poupées Matriochka symbolisent la fertilité, et sont aimées des enfants du monde entier.
Le conte fait écho à d’autres contes traditionnels comme « Peau d’âne » ou « Hansel et Gretel » avec cette touche dépaysante puisque le récit se déroule en Russie, on mange du bortsch et on dort dans une isba.
Mes enfants ont beaucoup aimé cet album, ils ont détesté la sorcière (la question favorite de ma fille quant il s’agit de sorcière : « mais les sorcières, ça n’existe pas, hein ? »), il m’a fallu faire une pause pour expliquer que la sorcière était victime d’un maléfice. Pour ma part, les couleurs rouge, bleu, blanc et doré m’ont fait voyager, la morale m’a plu - les morales plutôt - puisqu’on parle de solidarité familiale mais aussi de générosité (point de rancune envers la sorcière qui n’en est plus une…) et de dépassement de soi (cette petite Matriona qui s’aide de ses seuls jouets pour bâtir sa vie).
Ne boudons pas notre plaisir quand un pan de tradition russe entre doucettement dans la chambre de nos enfants…