-D’après le roman de Antonio Tabucchi-
Pereira est un gros bonhomme veule qui vit tout seul depuis la mort de sa regrettée femme à qui il s’adresse quotidiennement à travers son portrait. Journaliste culturel qui traduit, notamment, du Balzac, Pereira a une existence monotone et poltronne. Jusqu’au jour où il rencontre un jeune étudiant, Monteiro Rossi, à qui il propose, un peu malgré lui, d’écrire des nécrologies de grands écrivains par anticipation, pour être fin prêt le jour de leur mort. Mais nous sommes au Portugal, en 1938, et Rossi est un résistant au régime salazariste. Il met dans ses écrits toute sa hargne contre le régime dictatorial en place. C’est impubliable mais le doute s’est immiscé dans l’esprit de Pereira, et la jolie Marta qui se bat tous les jours pour protéger et cacher les militants anti-salazariste n’y est pas pour rien. Une cure d’amaigrissement et des discussions avec son médecin vont encore un peu changer notre Pereira qui finira par accomplir un acte fort et engagé.
J’ai trouvé cette BD hors du commun, d’une part grâce aux dessins qui transmettent si bien la chaleur et l’atmosphère lumineuse de Lisbonne (comment ne pas tomber amoureux de cette ville si séduisante ?) et d’autre part, grâce au truchement de ce personnage énorme et un peu agaçant au début de l’album, il faut bien le reconnaître, mais qui se transforme tant qu’on a envie de l’applaudir à la fin. La métamorphose se fait progressivement, il écoute les conseils et remarques perdues de ceux qui l’entourent : la concierge collabo, le prêtre original, le médecin philosophe, la belle Marta… et finalement, il va suivre sa propre direction, personnelle et réellement choisie. Si l’homme obèse prend toute la place de la case, il est souvent accompagné de petits Pereira qui représentent ses différentes consciences qui le tiraillent dans tous les sens. Apprendre à s’écouter tout en puisant le meilleur des autres pourrait être une des devises de ce magnifique album !
