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19 avril 2024 5 19 /04 /avril /2024 15:10

Les Rougon-Macquart Tome 4 ; la conquête de Plassans - Emile Zola - Folio -  Grand format - Librairie Gallimard PARIS

Plus de onze ans après mon dernier Zola (oui, j’ai honte, j’ai vérifié trois fois... onze ans !!), je m’attaque à la suite du Ventre de Paris.

François Mouret est désormais un homme aisé, négociant en vins, en amandes et en huiles. Il vit dans une grande maison à Plassans, cette petite ville (imaginaire) du sud de la France, avec sa femme Marthe, ses deux garçons Octave et Serge et sa fille un peu simplette, Désirée. Il décide de louer le second étage. L’abbé Bourrette lui a trouvé des locataires : l’abbé Faujas et sa mère, une femme austère. Cette nouvelle présence se fait tellement discrète qu’elle intrigue quotidiennement Mouret. Finalement, c’est le jeu du piquet confrontant chaque soir Mme Faujas à Mouret qui va rapprocher tout ce petit monde. Marthe, pour qui la vie a, jusqu’alors, toujours été plate et insignifiante, va se découvrir un but : fonder, sur l’idée de l’abbé – bien plus malin qu’il n’en a l’air, une maison pieuse dédiée aux jeunes filles des rues. Plus qu’un but, elle se prend d’une passion folle pour Dieu... et son représentant, l’abbé Faujas. Celui-là, glacial à son égard, se montrera plus préoccupé par l’idée d’acquérir, doucement mais sûrement, une certaine notoriété dans la ville. L’arrivée de sa sœur et de son mari, les Trouche, va évincer petit à petit les Mouret de leur propre maison, Marthe s’abîmant dans son amour sans retour, Mouret se voyant accusé de violence conjugale. Plane la menace des Tulettes, cet asile de fous où se trouve déjà la grand-mère de François...

Le style de Zola m’étonne à chaque fois, tellement fluide, accrocheur et imagé ! Le microcosme où il nous entraîne permet de voir évoluer les personnages, et ici, tout l’enjeu réside dans la manipulation de certains au détriment d’autres qui se font royalement duper (François et Marthe). Si le thème de la folie m’a moins intéressée (et cette fameuse hérédité dont on ne peut absolument pas se défaire), le récit se tend comme un arc au fil des pages à travers les hypocrisies et mesquineries des habitants dans cette ville qui est un personnage à elle toute seule. Le roman finit en apothéose avec un superbe incendie dans lesquels périssent des personnages qu’on ne plaint pas du tout. Ou comment une petite ville provinciale voit sa soi-disant tranquillité éclaboussée... La dernière phrase mettant en scène la mort de Marthe, annonce la suite, La Faute de l’Abbé Mouret : « Puis, elle joignit les mains avec une épouvante indicible, elle expira, en apercevant, dans la clarté rouge, la soutane de Serge. »

Un petit tour à l'Église : « les veilleuses piquaient de leurs pointes d'or les profondeurs noires de l'église."

« L'été se passa. L'abbé Faujas ne semblait nullement pressé de tirer les bénéfices de sa popularité naissante. Il continua à s'enfermer chez les Mouret, heureux de la solitude du jardin, où il avait fini par descendre même dans la journée. Il lisait son bréviaire sous la tonnelle du fond, marchant lentement, la tête baissée, tout le long du mur de clôture. Parfois, il fermait le livre, il ralentissait encore le pas, comme absorbé dans une rêverie profonde ; et Mouret, qui l’épiait, finissait par être pris d'une impatience sourde, à voir, pendant des heures, cette figure noire, aller et venir, derrière ses arbres fruitiers. »

« Les plus fous ne sont pas ceux qu'on pense... Il n'y a pas de cervelle saine pour un médecin aliéniste... Le docteur vient de nous réciter là une page d'un livre sur la folie lucide, que j'ai lu, et qui est intéressant comme un roman.

LA CONQUETE DE PLASSANS | Librairie des Bauges - Commande en ligne    

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commentaires

D
Bonsoir Vilolette, c'est bien de chroniquer un Rougon-Macquart qui n'est pas le plus connu de la série (moi par exemple, je ne le connais pas). Merci ce billet. Bonne soirée.
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V
et pourtant, quelle lecture agréable ! Je recommande ! Bon week-end !
C
Ça doit faire autant de temps que toi que je n'ai pas lu un Zola. Pourtant j'étais bien avancé dans mon projet de lire tous les Rougon-Macquart. Il ne m'en reste que quelques uns. J'ai beaucoup aimé La Conquête de Plassans. Ce portrait de la province est terrible.
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V
J’ai l’impression qu’on a tous le même projet !
S
Il y a quelques années, je les ai tous "relus" en audiolivres (c'est plus facile) Un bon souvenir.
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V
J’y penserai peut-être, tiens !
L
j'ai tellement de mal à relire Zola, son style justement ! tellement lourd et répétitif un vrai pensum pour moi.
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V
Ah oui ? Je le trouve imagé, vivant, drôle souvent …
M
Tu n'as pas à avoir honte moi aussi cela fait des années que je n'ai pas relu Zola ou poursuivi la découverte de son oeuvre...Je pense n'avoir jamais lu celui-là. Il faudrait qu'un jour je relise tous les classiques mais ma curiosité m'incite à aller vers d'autres auteurs...c'est ainsi !
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V
Oui, et quand on lit un classique, on se demande pourquoi on va vers les nouveaux finalement...
D
Je l'ai u il y a bien longtemps. Ta chronique me donne envie de me plonger de nouveau dans la saga des Rougon-Macquart !
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V
Il faut tout laisser tomber pour lire Zola :) !!
G
Mon dernier Zola remonte à 2017, avec la bête humaine. J'avais tellement aimé que je m'étais promise d'en lire un par an....
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V
J'avais aussi ce genre de résolution... Il ne faut pas lâcher, allez !!
J
je partage entièrement ton avis sur le style de Zola, tellement agréable à lire... même si le dernier livre que j'ai lu de lui remonte à loin
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V
Il n'est jamais trop tard pour s'y remettre !
K
J'ai tout lu il y a ... très très longtemps, j'aurais pu relire dans l'ordre, mais... ça passait moins bien! Continue tranquillement
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V
Oh oui, je ne vais plus abandonner.
S
Je n'en ai pas lu depuis bien longtemps, mais relu oui! Cela dit, il m'en reste pléthore à lire et celui-ci, avec son abbé retors, pourrait me plaire.
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V
Je l'ai lu avec grand plaisir !
F
Aaah Zola, il faudrait que j'y revienne moi aussi. Ma dernière lecture remonte à 13 ans avec L'assommoir, et je n'ai pas lu celui-ci encore.
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V
J'espère vraiment continuer et ne pas à nouveau laisser passer des années et des années...
P
11 ans? Ne sois pas honteuse ! Moi, ça fait bien plus que ça ! On a des choix à faire. On ne peut malheureusement pas tout lire ! <br /> Bon weekend
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V
Oui mais Zola est quand même un des incontournables et un des meilleurs... Bon week-end à toi !
T
Lu il y a plus de dix ans je n'en garde absolument aucun souvenirs à part une impression de déception (confirmée après relecture de mon billet de l'époque)... finalement j'étais déçue d'avoir terminé les Rougon-Macquart, mais je vois que je pourrai en fait tout reprendre depuis le début :)
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V
Avec ma mémoire de poisson rouge, je pourrai relire tous mes romans aussi !!
I
Je viens d'en lire un aussi... mais le dernier remontait à moins longtemps (La terre, il y a 5 ans).
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V
Tu es plus disciplinées que moi ^^

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