- Le combat de Robert Badinter -
En novembre 1972, deux hommes sont exécutés, condamnés par la cour et le jury à la peine de mort. L’un est coupable de crime, Claude Buffet, l’autre influencé par le premier, Roger Bontems, est cependant innocent. Robert Badinter et Philippe Lemaire sont les avocats chargés de leur défense et ils acceptent difficilement que la peine de mort sévisse encore. Pompidou n’ira pas jusqu’à les écouter et gracier Bontems. En 1976, à Troyes, un jeune garçon est kidnappé puis retrouvé mort. Le coupable, Patrick Henry, est retrouvé ; il est évident qu’il s’agit d’un monstre incapable d’éprouver de l’empathie. Badinter va le défendre ou plutôt tenter d’éradiquer la sanction capitale. Convaincu, le jury opte pour la réclusion criminelle à perpétuité. En 1981, Mitterrand promet qu’il se battra pour abolir la peine de mort. Une fois élu, Badinter devient Garde des Sceaux et, en septembre 1981, la France devient le dernier pays d’Europe occidentale à abolir la peine de mort. Le premier gracié est Philippe Maurice (et c’était une bonne chose puisque, devenu historien en prison, il est libéré en 2000 et devient chercheur au CNRS).
BD édifiante et émouvante, elle insiste sur le fait que Badinter s’est battu pour une cause noble et emplie d’humanité, en dépit de ses intérêts personnels puisqu’il a assisté, en 1987, au procès de Klaus Barbie, le criminel à l’origine de la mort de son père, exterminé à Sobibor mais... « l’abolition n’admet aucune exception. » A noter également que les Français étaient favorables, à l’époque, à 63%, à la peine de mort donc ni Badinter ni Mitterrand ne semblaient être populaires sur ce point. La BD se lit bien, elle est prenante, les couleurs sobres et sombres rehaussent l’aspect solennel de cet événement historique. Il me semble que les convictions et le charisme de Robert Badinter y sont bien traduits. Petit bémol quant aux portraits des hommes politiques, le trait aurait pu être plus précis pour les rendre davantage reconnaissables. Publiée en 2019, en 2024 à l’heure de la mort de Badinter, elle peut très bien se lire et se relire, surtout par des plus jeunes (c’est accessible dès 13-14 ans, je dirais). Ma fille l'a dévorée elle aussi.
« La défense, c'est ne jamais céder un pouce de terrain à l'adversaire, ne jamais rien tenir pour acquis à l'accusation, c'est refuser même d'admettre l'évidence. »
La belle citation de Victor Hugo est reprise plusieurs fois : « Je vote l’abolition pure, simple et définitive de la peine de mort. »
Encore Hugo : « La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie. »