J’avais aimé le roman, pour un feel good, oui, ça va, j’avais aimé. Il me tardait de découvrir cette adaptation sur la scène.
Violette (mais quel joli prénom) est gardienne de cimetière. Son métier comme sa solitude lui conviennent, elle tient les registres des enterrements, aime en noter les petits détails, s’occupe des fleurs, connaît les tombes par cœur et accueille les visiteurs. Parmi eux, Julien, un type un peu paumé qui souhaite respecter les dernières volontés de sa mère décédée : savoir ses cendres dispersées sur la tombe d’un homme dont Julien n’a jamais entendu parler. Violette et Julien se revoient plusieurs fois, expriment leurs douleurs respectives tout en pudeur et en prudence, se découvrent, se surprennent par un passé compliqué et amer, enquêtent aussi l’un sur l’autre. Sur des airs de Charles Trenet, un ex mari va ressurgir, on va relire des archives, boire du café et tenter de vivre, encore.
Deux énormes points forts pour l’adaptation de cette histoire que j’avais en partie oubliée : la mise en scène (signée Salomé Lelouch et Mikaël Chirinian), à la fois simple et efficace, ingénieuse et poétique avec beaucoup de fleurs et des étagères qu’on bascule. Ensuite, l’interprétation de Caroline Rochefort, « Violette », authentique et très juste dans une simplicité bouleversante. La première partie de la pièce joue sur l’humour et la légèreté et la fin gagne en profondeur, en humanité et en émotion. On ne peut qu’en sortir touchés. C’était un beau moment de théâtre autour de la résilience. La pièce est jouée au moins jusqu’à fin avril au Théâtre de la Renaissance à Paris mais se promène aussi en tournée dans toute la France. Elle a reçu une nomination aux Molières 2022 pour la Révélation féminine.