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29 décembre 2018 6 29 /12 /décembre /2018 15:57

Résultat de recherche d'images pour "Littoral – Le sang des promesses babel"

             Il me tardait de découvrir enfin cet auteur à la fois dramaturge, romancier, metteur en scène et comédien. Littoral est la première pièce de théâtre d’une tétralogie intitulée Le Sang des promesses.

             Wilfrid est en train de faire sauvagement l’amour avec une femme insignifiante pour lui quand le téléphone sonne « Dringallovenezvotrepèreestmort ». Cette annonce du décès de son père le met dans un état de fébrilité auquel il ne s’attendait pas lui-même puisqu’il ne le connaît, ce père qui l’a abandonné. N’ayant plus sa mère non plus, morte à l’accouchement, il est désormais orphelin et n’a plus qu’une idée en tête : enterrer son père dans son pays natal. De nombreux obstacles s’opposent à ce projet : sa famille ne veut rien savoir de celui qu’elle considère comme l’assassin de la mère (elle était trop fragile pour porter un enfant), la guerre qui l’empêche d’ensevelir son père où  bon lui semble, des rencontres heureuses et malheureuses : des orphelins, un meurtrier, des victimes de la guerre. Et il y a le chevalier Guiromélan, cet être fictif qui suit et protège Wilfrid dans sa quête obstinée.

               Texte ô combien riche et fertile, cette pièce de théâtre mêle burlesque, tragique, loufoque, cru, absurde, poétique, philosophico-métaphysique, lyrique, moderne (non, je vous assure que je n’en rajoute pas, au contraire, j’en oublie certainement). Dans sa quête d’une sépulture, Wilfrid, se cherche lui-même, se perd parfois, se laisse guider souvent. Réalisateur et caméraman sont là aussi et confondent encore un peu plus le temps de la fiction et le temps du réel. Un père vivant et un père mort se croisent également tout en créant une harmonie, une unité où les barrières en tous genres sont tombées, et c’est bien confortable. Une belle pièce qu’il faudrait relire dans l’immédiat pour mieux la comprendre, et surtout, la voir sur scène !

 

« Amé – Pendant la guerre, je posais des bombes.

Simone – La bombe que je veux aller poser est encore plus terrible que la plus terrible des bombes qui a explosé dans ce pays.

Amé – On en posera dans les autobus, dans les restaurants…

Simone – Non ! Cette bombe ne peut exploser que dans un seul lieu. Dans la tête des gens.

 Amé – Qu’est-ce que tu veux dire ?

 Simone – On va aller leur raconter des histoires. Tout ce qu’ils veulent nous faire oublier, on va l’inventer, le raconter ! Ils seront obligés de nous arracher le visage.

 Amé – Quel genre d’histoires ?

Simone – La tienne, la mienne. Le silence de chacun. »

 

« Massi  Amé, quand tu tombes dans un gouffre, il vaut mieux tomber sur le dos. Car tant qu’à chuter, chutons dans la clarté du jour, c’est déjà ça de gagné. Mais si tu tombes sur le ventre, tes yeux seront rivés  à l’obscurité du gouffre et c’est déjà ça de perdu. »

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13 septembre 2018 4 13 /09 /septembre /2018 09:12

 

Smith & Wesson par Baricco


          Fan de théâtre (je sais, ça ne se ressent pas forcément sur ce blog…), amoureuse de Mr Gwyn, je ne pouvais pas ne pas lire cette pièce écrite par le grand Baricco !


            Wesson est un pêcheur étrange, il ne pêche que les cadavres souvent des suicidés jetés dans les chutes du Niagara. Smith, qu’il rencontre dans sa cabane de fortune en 1902, n’est pas moins insolite : il est météorologue. Il passe son temps à interroger les gens sur les grands événements de leur vie, et surtout au temps qu’il faisait ce jour-là pour établir des statistiques, infaillibles selon lui. Alors qu’on apprend que Smith est recherché et que Wesson fait régulièrement des cures d’oisiveté, débarque Rachel. Jolie jeune femme, journaliste à la recherche du scoop, Rachel a trouvé une idée extraordinaire : se jeter dans les chutes du Niagara et en sortir vivante. Elle veut associer les deux hommes à l’aventure. Après l’avoir traité de folle, Smith et Wesson songent à l’enfermer dans tonneau sophistiqué, capitonné où elle aurait une petite musique qui lui permet de savoir combien de temps elle peut respirer. Le décompte est lancé, le grand saut aura lieu le 21 juin, la tension monte, les derniers détails sont peaufinés, Rachel a de plus en plus peur… 


                 Si j’ai beaucoup aimé cette pièce à la fois drôle, légère, profonde, un brin absurde et plutôt loufoque, si j’ai adoré certains passages où j’ai bien retrouvé la subtilité poétique de Mr Gwyn, il m’a tout de même manqué un petit quelque chose pour être totalement conquise. La pièce n’est pas découpée en scènes mais en mouvements musicaux dont l’enchaînement ne m’a paru tellement justifié. Les personnages hauts en couleur sont attachants, fantaisistes et pimpants, la réflexion sur la vie associée à celle de la mort nous emmène aussi à réfléchir sur la part de risque qu’on peut prendre ou refuser. Cette Rachel s’apparente à une fée, une sorte de Peter Pan au féminin coincée dans ses idéaux où elle a réussi à embarquer Smith et Wesson, leur offrant ainsi un nouveau parfum de vie.
 

Avant le grand jour, Rachel a confié ses angoisses à son hôtelière - ce qui la préoccupe le plus -c’est de rester enfermée dans ce tonneau. Mme Higgins : « J’aurais dû lui dire que tous [prennent des risques] enfermés dans leurs peurs, enfermés dans le tonneau maléfique de leurs peurs. Un endroit minuscule, très noir, où on est seul, où on respire difficilement. Il n’y a rien à faire pour changer les choses et on a déjà de la chance si quelqu’un a eu pour nous l’attention de mettre un peu de musique, à l’intérieur ; ou si par hasard un ami nous attend au détour d’une rivière pour nous ramener à la maison. »


« On sème, on récolte, et les deux choses ne sont pas liées. »
 

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6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 18:20

              Koltès pour moi, ce sont des souvenirs d’atelier théâtre qui remontent à mes vingt ans, ce sont des extraits, des morceaux que j’ai enfin pu réunir en lisant cette pièce.

               Roberto Zucco a tué son père. Emprisonné, il réussit facilement à s’évader au nez des gardiens. Il rencontre une « gamine » qu’il viole mais qui éprouvera pour lui une passion subite et morbide. Zucco se rend chez sa mère et la tue à son tour. Le lecteur-spectateur va encore croiser des policiers, un inspecteur, des putes, le frère et la sœur de la Gamine, une dame et son fils que Zucco tuera froidement d’une balle dans la nuque. Les meurtres s’enchaînent sans explications, la course-poursuite est aussi vaine qu’inefficace, les forces de l’ordre semblant être des pantins incompétents.

                Si la pièce a fait scandale à sa sortie, c’est surtout parce que Koltès s’est inspiré d’un tueur en série, Roberto Succo, qui a réellement tué – au moins sept personnes dont sa mère. Ce qui surprend d’emblée dans cette pièce, c’est le mélange des genres : tour à tour poétique et drôle, mélancolique et burlesque, cette intrigue tragique frôle l’absurde et dérange, une mère n’exprime aucun sentiment quand Zucco tue son fils devant ses yeux, elle évoque vaguement et rapidement le sujet plus tard. Le personnage de la Gamine qui a été déflorée par Zucco est touchant parce qu’elle seule parvient à faire parler le tueur.

              Miroir de la société, de sa violence, de ses indifférences, cette réécriture d’un fait divers brille par sa puissance, ce personnage central atteint rapidement l’aura d’un héros mythique. Il semble s’envoler vers le soleil à la fin de la pièce, loin des hommes qui restent, impuissants. J’ai vraiment beaucoup aimé cette lecture et j’aurais sans doute apprécié de voir la pièce jouée avec Pio Marmaï dans le rôle principal.

 

L’inspecteur, peu avant de mourir : « Je suis triste, patronne. Je me sens le cœur bien lourd et je ne sais pas pourquoi. Je suis souvent triste, mais, cette fois, il y a quelque chose qui cloche. D'habitude, lorsque je me sens ainsi, avec le goût de pleurer ou de mourir, je cherche la raison de cet état. Je fais le tour de tout ce qui est arrivé dans la journée, dans la nuit et la veille. Et je finis toujours par trouver un événement sans importance qui sur le coup, ne m'a pas fait d'effet, mais qui, comme une petite saloperie de microbe, s'est logé dans mon cœur et me le tord dans tous les sens. Alors, quand j'ai repéré quel est l'événement sans importance qui me fait tant souffrir, j'en rigole, le microbe est écrasé comme un pou par un ongle et tout va bien »

Zucco : « J'ai toujours pensé que la meilleure manière de vivre tranquille était d'être aussi transparent qu'une vitre, comme un caméléon sur la pierre, passer à travers les murs, n'avoir ni couleur ni odeur ; que le regard des gens vous traverse et voie les gens derrière vous, comme si vous n'étiez pas là. C'est une rude tâche d'être transparent ; c'est un métier ; c'est un ancien, très ancien rêve d'être invisible. »

« L’expérience du malheur ne sert à rien. »

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14 août 2017 1 14 /08 /août /2017 19:31

 

               

 

          C’est la BD mythologique Héraclès qui m’a donné envie de me (re)plonger dans cette libre adaptation théâtrale de l’histoire des parents d’Hercule.

         Mercure vient voir la Nuit. Après s’être plaint du trop-plein de boulot que lui donnent les dieux et surtout Jupiter, il demande à son interlocutrice de ralentir ses chevaux afin de retarder la naissance du jour. Pourquoi cette requête ? pour que Jupiter, amoureux de la belle Alcmène mariée à Amphitryon, puisse tranquillement venir la trouver, la séduire et féconder ! Le subterfuge fonctionne si bien qu’Alcmène est ravie des propos tenus par son « nouvel » Amphitryon. Sosie, le valet du général rencontre, quant à lui… son sosie, son double, celui qui prend insolemment sa place. Il s’agit de Mercure qui s’amuse à son tour avec les humains. Sosie finit par douter de sa propre identité et, pour ne pas se faire battre (procédé récurrent chez Molière), il veut bien admettre qu’il n’est pas Sosie. C’est d’ailleurs le personnage le plus drôle de la pièce. Jupiter, s’il paraît noble et grandiose au début, il se perd dans les explications et les justifications données pour défendre Amphitryon.

         Ce n’est pas le meilleur de Molière, j’ai trouvé la 1ère partie excellente et la seconde s’essouffle avec quelques éléments d’intrigue vite résolus, quelques révélations vite faites qui gâchent un peu le plaisir. Pièce à machines et version très proche de celle de Plaute, elle n’est pas inoubliable (je l’avais déjà lue et oubliée très rapidement.) J’ai maintenant très envie de relire l’Amphitryon 38 de Giraudoux !

 

MERCURE

  Ton nom était Sosie, à ce que tu disais.

SOSIE

Il est vrai, jusqu'ici j'ai cru la chose claire:  

Mais ton bâton, sur cette affaire,  

M'a fait voir que je m'abusais.

 

------

JUPITER (à Alcmène)

 Ah! ce que j'ai pour vous d'ardeur, et de tendresse,  

Passe aussi celle d'un époux;  

Et vous ne savez pas, dans des moments si doux,  

Quelle en est la délicatesse. 

 Vous ne concevez point qu'un cœur bien amoureux,  

Sur cent petits égards s'attache avec étude;  

Et se fait une inquiétude,  

De la manière d'être heureux. 

 En moi, belle, et charmante Alcmène, 

 Vous voyez un mari; vous voyez un amant: 

 Mais l'amant seul me touche, à parler franchement; 

Et je sens près de vous, que le mari le gêne.  

Cet amant, de vos vœux, jaloux au dernier point, 

 Souhaite qu'à lui seul votre cœur s'abandonne; 

Et sa passion ne veut point,  

De ce que le mari lui donne.  

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25 juillet 2016 1 25 /07 /juillet /2016 15:44

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          J’ai étudié cette pièce à la fac et, avouons-le, je n’avais pas accroché plus que ça à l’univers racinien. Je me suis fait la promesse, il y a peu, de la relire. C’est chose faite.

          C’est la pièce des dilemmes : Andromaque doit choisir entre la vie de son fils Astyanax et la fidélité à feu son mari, Hector. Hermione, de son côté, aime Pyrrhus qui ne le lui rend pas du tout puisqu’il est épris d’Andromaque. Quant à Oreste, il est fou amoureux d’Hermione.

          Résumer cette pièce archi connue n’a que peu d’intérêt. De ma relecture, je garderai deux choses. La première, c’est la terrible violence qui régit les personnages. L’amour côtoie sans cesse la mort, les passions sont sauvages et destructrices. Ensuite, plus qu’à l’époque des mes vingt ans, il me semble, c’est le couple Hermione-Oreste qui m’a interpellée. Cette femme mal aimée qui demande à celui qui l’aime d’aller tuer Pyrrhus puis qui l’accable d’insultes et d’imprécations ! Bon sang, quelle force ! Et quand Oreste perdu, fou, maudit, est poursuivi par les Erinyes, la fonction cathartique de la pièce prend tous ses droits.

           Certes, j’ai pris du plaisir à relire cette pièce présentée pour la première fois au roi Louis XIV en 1667, plus que je ne l’aurais cru, mais je persiste et je signe, ce n’est pas ma tasse de thé. J’ai choisi une édition destinée aux lycéens, assez sympathique, où j’ai pu en apprendre un peu sur la mise en scène signée Louis Jouvet (donnant des leçons de jeu très pertinente !). L’édition est également agrémentée d’un dossier Images consacré aux fureurs d’Oreste.

 

 

Pyrrhus à Andromaque :

« Je vous le dis, il faut ou périr ou régner.

Mon cœur, désespéré d'un an d'ingratitude,

Ne peut plus de son sort souffrir l'incertitude.

C'est craindre, menacer et gémir trop longtemps.

Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j'attends. »

 

La dernière réplique d’Oreste, l’avant-dernière de la tragédie :


« Quoi ! Pyrrhus, je te rencontre encore ?
Trouverai-je partout un rival que j'abhorre ?
Percé de tant de coups, comment t'es-tu sauvé ?
Tiens, tiens, voilà le coup que je t'ai réservé.
Mais que vois-je ? A mes yeux Hermione l'embrasse ?
Elle vient l'arracher au coup qui le menace ?
Dieux ! Quels affreux regards elle jette sur moi !
Quels démons, quels serpents traîne-t-elle après soi ?
Hé bien ! Filles d'enfer, vos mains sont-elles prêtes ?
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
A qui destinez-vous l'appareil qui vous suit ?
Venez-vous m'enlever dans l'éternelle nuit ?
Venez, à vos fureurs Oreste s'abandonne.
Mais non, retirez-vous, laissez faire Hermione :
L'ingrate mieux que vous saura me déchirer ;
Et je lui porte enfin mon cœur à dévorer.
 »

 

Je participe, encore une fois, au challenge théâtral d’Eimelle !

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26 mai 2016 4 26 /05 /mai /2016 10:58

 

 

          Tout le monde connaît Feydeau, celui qui fait claquer les portes dans ses vaudevilles, celui qui est aussi précis qu’un horloger, celui qui met les amants dans le placard, celui qui fait rire avec les petits ou grands défauts de sa société…

            Fernand Bois d’Enghien est un très charmant jeune homme sans le sou, il séduit toutes les femmes mais là, il rencontre un sacré problème : il doit quitter sa maîtresse Lucette, chanteuse de café-concert, pour épouser Viviane, une riche héritière. Seulement, il vient de passer la nuit avec Lucette et l’annonce du mariage est déjà publiée dans le Figaro. Alors que Bois d’Enghien tente d’annoncer sa rupture avec Lucette, les visites les plus cocasses interrompent ses vaines tentatives : Bouzin est un écrivaillon  qui tente de percer et devient le bouc émissaire de la maisonnée, le Général Irrigua est fou amoureux de Lucette et se dit prêt à tuer n’importe quel prétendant, la Baronne Duverger est la future belle-mère de Bois d’Enghien, Fontanet sent si mauvais qu’on ne peut lui parler en face. Dans l’acte II, on se trouve chez cette même Baronne avec un Bois d’Enghien qui n’a toujours pas réussi à quitter sa jolie Lucette… qui elle-même vient chanter pour la noce de la fille de la Baronne !

          Quiproquos, malentendus, courses-poursuites, jeux de mots, comiques de gestes, piques, humour potache,… j’avais oublié à quel point cette pièce est drôle. La Compagnie Viva avec, à sa tête et dans le rôle de Bois d’Enghien, Stéphane Brel, excelle à mettre en valeur cette bouffonnerie. Le rythme est fou tout comme son personnage principal qui, dans ses crises d’hystérie, entame une danse qui n’a rien à envier aux rockeurs les plus survoltés. Le décor minimaliste joue avec les ombres chinoises, des chaises et deux grands lustres qui suffisent à sublimer le vaudeville. Un vaudeville sans portes, il faut le faire (on le fait aussi dans ma petite troupe d’amateurs !), ce sont les comédiens qui imitent le son de la porte ! Les neuf comédiens sont tous brillants, solidaires, synchrones, chacun apportant sa petite touche bien particulière, son humour, son originalité. Le public ne voulait plus les laisser partir. Et pour cause, il s’est bien marré le public, les dames en ont même eu pour leurs yeux puisque Bois d’Enghien se retrouve dans le plus simple appareil… Un beau spectacle que je recommande même si j’ignore si la pièce est encore jouée. En tous cas, la Compagnie Viva spécialiste des classiques revisités, est à suivre !

 

 

Et encore une pièce pour le challenge d’Eimelle !

 

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20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 10:48

 

 

        Courte pièce de théâtre en deux parties, Les Eaux lourdes est un drame, une histoire d’amour sur fond de Deuxième Guerre Mondiale.
 

          L’histoire commence de manière tragique, Pierre a quitté Mara pour aimer Alix et, par vengeance, Mara tue leur fils. On retrouve les personnages vingt ans plus tard, Mara avec un deuxième fils (elle était enceinte lors de la séparation) et des révélations à faire sur un ami commun et un réseau de Résistants de la guerre.

           D’une violence psychologique intense, cette pièce met en lumière une femme qui, par amour, est capable de tuer son propre fils. La description de ce meurtre est étouffante, et, par là, le livre porte bien son titre. Les personnages entretiennent des relations ambiguës, servies par une langue magnifique, brutale et poétique à la fois. Les dialogues démontrent à quel point l’amour et la haine sont proches, à quel point l’amour côtoie la mort. Dans une odeur nauséabonde permanente, la pièce révèle les versants les plus obscurs de l’humanité. Lecture difficile d’une pièce qu’il sans doute préférable de voir. Et une pièce certainement âpre à jouer…

 

           A noter : Christian Siméon est aussi connu en tant que dramaturge qu'en tant que sculpteur!

 

Mara à Pierre : « La première fois que je t’ai vu, je ne t’ai pas aimé. Avec violence. Avec détermination. Tu m’as été immédiatement passionnément indifférent. Jusqu’à ce jour d’ennui où pour tuer le temps, je me suis amusée à énumérer tout ce qui me déplaisait en toi. Quel bel après-midi j’ai passé. Tous ces petits travers accumulés. Ces avatars bourgeois. Cet horripilant cortège. Cette procession d’agaçants attributs qui étaient toi. Et c’est en les comptant que j’ai compris à quel point je t’aimais. En voulant tuer le temps, c’est moi que j’ai tuée, merde ! »

 

Et encore une pièce pour le challenge théâtral d’Eimelle qui a aussi lu cette pièce et qui en parle bien mieux que moi !

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24 mars 2016 4 24 /03 /mars /2016 13:03

 

 

           Je ne connaissais pas du tout le Marcel Aymé dramaturge, j’en ai découvert un pan avec cette comédie en quatre actes.

          C’est l’effervescence chez les Maillard. Le père de procureur est très attendu… mais oui, il a gagné, il  réussi à obtenir la tête de son accusé ! Malgré sa bonne tête sympathique, Valorin est condamné à mort pour meurtre. L’épouse Juliette est si fière de Maillard, ses amis sont un peu jaloux, son copain Bertolier procureur lui aussi, ne s’en cache pas « c’est votre troisième tête. Pensez-y bien mon cher. Votre troisième tête. A trente-sept ans, c’est joli. » Avant de démarrer la petite sauterie dans la joie et dans la bonne humeur, on surprend Maillard avec Roberte, la femme de Bertolier. Ils sont amants depuis quelque temps. Mais ils ne sont pas seuls, … coup de théâtre : Valorin, l’accusé condamné à mort par Maillard apparaît, armé d’un revolver. Il s’est évadé et demande que la véritable justice soit rendue, car il est innocent. Son alibi est sans faille : il était avec une femme le soir du meurtre, ce n’est pas lui le coupable. Il ignorait le nom de cette femme mais il la reconnaît désormais : c’est Roberte ! Alors que Maillard a tout intérêt à camoufler la vérité, Bertolier va découvrir sa débauchée de femme sous un nouveau jour et Juliette, l’épouse prude et naïve va s’éprendre du beau Valorin.

           Certes, la pièce  a l’apparence d’un vaudeville classique où on s’échange les épouses et où les quiproquos se succèdent mais c’est bien plus que ça. En situant la pièce en Poldavie, ce pays imaginaire, Marcel Aymé, en fait une satire de la justice digne de La Farce de Maître Pathelin. Les procureurs sont les types les plus malhonnêtes du monde et c’est un délice d’entendre Maillard revendiquer une certaine morale sortie du chapeau quand lui-même est en danger de mort. Tous les personnages sans exception sont vils, sournois et hypocrites. L’ensemble respire la cruauté, la mauvaise foi. La pièce a été créée à Paris au théâtre de l'Atelier en 1952, dans une mise en scène d'André Barsacq. Elle fit immédiatement scandale prônant explicitement l’abolition de la peine de mort.

         J’ai beaucoup aimé ce texte bien écrit, audacieux, truculent et original. Dommage qu’il souffre de quelques longueurs pas toujours nécessaires. Il me semblait avoir entendu parler d’une représentation parisienne mais je n’ai pas retrouvé l’info. Quelqu’un pourra peut-être m’en dire plus !

 

Renée, une amie de la famille : « Être l’épouse d’un homme qui dispose de la vie des autres, voilà qui doit être passionnant ! »

 

 

Et une pièce de plus pour le challenge spécial Théâtre d’Eimelle !

 

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15 mars 2016 2 15 /03 /mars /2016 13:33

 

 

              Irène est une femme mariée qui a tout pour être heureuse, épouse d’un avocat, mère de deux enfants. Autant par hasard que par ennui, elle va avoir une liaison avec Edouard, un musicien qu’elle rencontrera tous les mercredi après-midis. Sauf qu’un jour, en sortant de chez lui, Irène se fait agresser par une femme antipathique et rustre qui lui réclame des explications, lui assenant qu’Edouard est à elle. Irène, affolée, va donner de l’argent à cette femme qui n’aura de cesse de la suivre, de l’épier, de la harceler. La peur s’installe. Irène, dans la crainte que son mari ne découvre tout, quitte aussitôt son amant, mais, plus jamais elle ne retrouvera la sérénité.

              De cette nouvelle narrative bien connue,   Elodie Menant, metteur en scène, en a fait une pièce de théâtre. Comment ? Elle a d’abord imaginé les dialogues entre les personnages mais elle a aussi inventé un passé à ce couple en rupture. Sur fond de musiques des années 70. Fritz travaille trop, Irène s’ennuie sans lui. Irène dessine des croquis de mode, Fritz ne s’y intéresse que trop peu. Les enfants, dans leur couple, ne les aident pas à resserrer des liens qui se distendent de plus en plus. Jusqu’au jour où Irène va voir ailleurs si on l’écoutera et on l’aimera mieux, avec Edouard, le musicien.

           La pièce est remarquablement jouée par trois comédiens de la compagnie Carinae, des acteurs rigoureux et précis comme j’aime. Ils évoluent dans un décor sur roulettes qui représente tantôt l’appartement du couple, tantôt la rue où Irène rencontre sa persécutrice. Musique et lumières rapprochent le texte de Zweig d’une atmosphère hitchcockienne. La tension monte, les silences importent autant que le texte, le crescendo dans l’angoisse de la révélation de l’adultère rend Irène (jouée par Hélène Degy) encore plus belle et pitoyable. Le personnage de Fritz (Aliocha Itovich) est parfois rassurant, parfois très inquiétant. La seule petite anicroche pour moi a résidé dans les modifications apportées au texte de Zweig (je peux être puriste quand je veux). Très tôt, on comprend dans la pièce que le mari est l’instigateur du harcèlement. De plus, malgré la plongée dans les années 70, certaines résonnances  m’ont paru trop actuelles (des termes familiers, des allusions au divorce). Et pourquoi changer la toute fin ? Néanmoins, si ça peut vous rassurer, les amis qui m’accompagnaient et qui ne connaissaient pas la nouvelle de Zweig ont adhéré à 100% à cette pièce.

Quelques dates de tournée de la compagnie Carinae

1 avril à Cambrai
26 avril à Séléstat
12 mai à Franconville
20 mai à Livry Gargan

 

Et comme d'hab', je participe au challenge théâtral d'Eimelle!

 

 

 

 

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8 février 2016 1 08 /02 /février /2016 09:50

 

 

             Cyrano de Bergerac est une de mes pièces préférées, chaque fois que je la relis, je m’émerveille.

             Faut-il résumer la pièce ? Dire que Cyrano est le plus grand des bretteurs, le plus grand des poètes, le plus grand des amoureux… mais qu’il est aussi affublé du plus grand des nez ? Si le physique de Christian séduit d’abord la belle Roxane, son cœur va doucettement pencher pour l’esprit, les mots, l’âme de Cyrano à travers le corps de Christian. Ce que j’adore dans cette pièce, c’est qu’elle mêle différents registres ici parfaitement retranscrits par la troupe : le comique, le pathétique, le tragique.

               Le Grenier de Babouchka propose une version musicale, virevoltante et rythmée de la pièce de Rostand. Musicale car accompagnée d’un violoniste de talent, Petr Ruzicka qui se veut un double, une ombre de Cyrano ; dansante car les Cadets proposent un numéro drôle et énergique qui prouve leur cohésion. Mention spéciale aux hommes de la troupe et extra-spéciale à Stéphane Dauch qui est un Cyrano splendide. Il entre en scène, il est le plus petit, pas très épais non plus (on est loin du physique imposant de Depardieu) et pourtant, panache et sublime l’emportent très vite sur le reste, il court, il chante, il parle avec un naturel déconcertant, il émeut, il vole, il danse !  Voilà un prix du Off du Festival d'Avignon 2014 de la révélation masculine bien bien mérité ! Les costumes sont d’époque alors que le décor est minimaliste, un banc, un balcon, une petite table. Les deux heures de spectacle filent. Car il s’agit bien d’un spectacle complet, on en prend plein les yeux, plein les oreilles, on rit et on frémit d’émotion. Merci pour ce beau moment !

           La Compagnie du Grenier de Babouchka jouera Cyrano en février, en avril et en automne au théâtre du Ranelagh à Paris et propose quelques dates en province (Orvault, Chasseneuil-du-Poitou, Lucé, Roanne)

 

« Roxane n'aura pas de désillusions!

Dis, veux-tu qu'à nous deux nous la séduisions?

Veux-tu sentir passer, de mon pourpoint de buffle

Dans ton pourpoint brodé, l'âme que je t'insuffle! »

 

« Puisque tu crains, tout seul, de refroidir son coeur,

Veux-tu que nous fassions--et bientôt tu l'embrases!--

Collaborer un peu tes lèvres et mes phrases?. . . »

 

« C'est une expérience à tenter un poète.

Veux-tu me compléter et que je te complète?

Tu marcheras, j'irai dans l'ombre à ton côté:

Je serai ton esprit, tu seras ma beauté. »

 

 

 

 

 

 

Et je participe au challenge théâtral d’Eimelle !

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