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15 mars 2016 2 15 /03 /mars /2016 13:33

 

 

              Irène est une femme mariée qui a tout pour être heureuse, épouse d’un avocat, mère de deux enfants. Autant par hasard que par ennui, elle va avoir une liaison avec Edouard, un musicien qu’elle rencontrera tous les mercredi après-midis. Sauf qu’un jour, en sortant de chez lui, Irène se fait agresser par une femme antipathique et rustre qui lui réclame des explications, lui assenant qu’Edouard est à elle. Irène, affolée, va donner de l’argent à cette femme qui n’aura de cesse de la suivre, de l’épier, de la harceler. La peur s’installe. Irène, dans la crainte que son mari ne découvre tout, quitte aussitôt son amant, mais, plus jamais elle ne retrouvera la sérénité.

              De cette nouvelle narrative bien connue,   Elodie Menant, metteur en scène, en a fait une pièce de théâtre. Comment ? Elle a d’abord imaginé les dialogues entre les personnages mais elle a aussi inventé un passé à ce couple en rupture. Sur fond de musiques des années 70. Fritz travaille trop, Irène s’ennuie sans lui. Irène dessine des croquis de mode, Fritz ne s’y intéresse que trop peu. Les enfants, dans leur couple, ne les aident pas à resserrer des liens qui se distendent de plus en plus. Jusqu’au jour où Irène va voir ailleurs si on l’écoutera et on l’aimera mieux, avec Edouard, le musicien.

           La pièce est remarquablement jouée par trois comédiens de la compagnie Carinae, des acteurs rigoureux et précis comme j’aime. Ils évoluent dans un décor sur roulettes qui représente tantôt l’appartement du couple, tantôt la rue où Irène rencontre sa persécutrice. Musique et lumières rapprochent le texte de Zweig d’une atmosphère hitchcockienne. La tension monte, les silences importent autant que le texte, le crescendo dans l’angoisse de la révélation de l’adultère rend Irène (jouée par Hélène Degy) encore plus belle et pitoyable. Le personnage de Fritz (Aliocha Itovich) est parfois rassurant, parfois très inquiétant. La seule petite anicroche pour moi a résidé dans les modifications apportées au texte de Zweig (je peux être puriste quand je veux). Très tôt, on comprend dans la pièce que le mari est l’instigateur du harcèlement. De plus, malgré la plongée dans les années 70, certaines résonnances  m’ont paru trop actuelles (des termes familiers, des allusions au divorce). Et pourquoi changer la toute fin ? Néanmoins, si ça peut vous rassurer, les amis qui m’accompagnaient et qui ne connaissaient pas la nouvelle de Zweig ont adhéré à 100% à cette pièce.

Quelques dates de tournée de la compagnie Carinae

1 avril à Cambrai
26 avril à Séléstat
12 mai à Franconville
20 mai à Livry Gargan

 

Et comme d'hab', je participe au challenge théâtral d'Eimelle!

 

 

 

 

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commentaires

A
Elodie Menant est une fan de Zweig, je l'avais vue dans "La pitié dangereuse" au Off, là j'irai voir ce spectacle très bientôt à Paris. Merci de ton compte rendu !
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V
je t'en prie ! Je comprends Elodie, comment ne pas être fan de Zweig ? :)
S
J'avais trouvé cette nouvelle fabuleuse. Cela me plairait bien de voir l'adaptation (même si elle n'est pas complètement fidèle).
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V
malgré mes petits bémols, c'était un moment très agréable, une belle prestation!
M
Je te comprends pour l'histoire du texte tronqué ! je n'aime pas les changements, non plus, surtout si c'est un texte que j'apprécie énormément
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V
ces changements ont dû être mûrement réfléchis, cette fin-là rend la pièce plus moderne... c'est un choix discutable...
Y
On retrouve bien les thèmes chers à Zweig. Merci pour cet article !
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V
je t'en prie. Au théâtre, ça passe très bien.
K
Je n'ai jamais lu La peur mais j'en ai dévoré bien d'autres de Zweig. J'avais vu une adaptation d'un de ses textes les plus connus Lettres à une inconnue et j'avais adoré. Quand c'est réussi, c'est toujours un plaisir de voir jouer un texte qu'on a aimé.
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V
oh oui, et quelle bonne idée d'en faire une adaptation théâtrale!
A
Une adaptation que j'aimerai voir.
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V
parfaitement mise en scène, elle est également très bien jouée!
L
C'est étonnant comme les nouvelles de Zweig sont jouées abondamment sur scène. Je n'ai pas encore lu La peur, mais un jour certainement, je me dois de poursuivre l’œuvre de l'autrichien. Mais la mise en scène est un art difficile et subtil pour rendre vivant les monologues de Zweig et ressentir ce que l'auteur a voulu nous transcrire dans ses mots.
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V
et le metteur en scène a réussi à rendre la nouvelle encore plus vivante. Très fort.
L
quelle chance de pouvoir voir une bonne pièce au théâtre; Ma ville a les charmes du bord de mer mais le théâtre me manque.
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V
je n'ai pas la mer, moi ! :)
E
je les ai vus à Avignon l'été dernier, cela fait partie des très bons souvenirs du festival!
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V
Avignon est un vieux rêve pour moi... un jour, peut-être!
L
Cette pièce de théâtre me tente beaucoup :)
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V
tu m'étonnes! et elle est parfaitement jouée!