Irène est une femme mariée qui a tout pour être heureuse, épouse d’un avocat, mère de deux enfants. Autant par hasard que par ennui, elle va avoir une liaison avec Edouard, un musicien qu’elle rencontrera tous les mercredi après-midis. Sauf qu’un jour, en sortant de chez lui, Irène se fait agresser par une femme antipathique et rustre qui lui réclame des explications, lui assenant qu’Edouard est à elle. Irène, affolée, va donner de l’argent à cette femme qui n’aura de cesse de la suivre, de l’épier, de la harceler. La peur s’installe. Irène, dans la crainte que son mari ne découvre tout, quitte aussitôt son amant, mais, plus jamais elle ne retrouvera la sérénité.
De cette nouvelle narrative bien connue, Elodie Menant, metteur en scène, en a fait une pièce de théâtre. Comment ? Elle a d’abord imaginé les dialogues entre les personnages mais elle a aussi inventé un passé à ce couple en rupture. Sur fond de musiques des années 70. Fritz travaille trop, Irène s’ennuie sans lui. Irène dessine des croquis de mode, Fritz ne s’y intéresse que trop peu. Les enfants, dans leur couple, ne les aident pas à resserrer des liens qui se distendent de plus en plus. Jusqu’au jour où Irène va voir ailleurs si on l’écoutera et on l’aimera mieux, avec Edouard, le musicien.
La pièce est remarquablement jouée par trois comédiens de la compagnie Carinae, des acteurs rigoureux et précis comme j’aime. Ils évoluent dans un décor sur roulettes qui représente tantôt l’appartement du couple, tantôt la rue où Irène rencontre sa persécutrice. Musique et lumières rapprochent le texte de Zweig d’une atmosphère hitchcockienne. La tension monte, les silences importent autant que le texte, le crescendo dans l’angoisse de la révélation de l’adultère rend Irène (jouée par Hélène Degy) encore plus belle et pitoyable. Le personnage de Fritz (Aliocha Itovich) est parfois rassurant, parfois très inquiétant. La seule petite anicroche pour moi a résidé dans les modifications apportées au texte de Zweig (je peux être puriste quand je veux). Très tôt, on comprend dans la pièce que le mari est l’instigateur du harcèlement. De plus, malgré la plongée dans les années 70, certaines résonnances m’ont paru trop actuelles (des termes familiers, des allusions au divorce). Et pourquoi changer la toute fin ? Néanmoins, si ça peut vous rassurer, les amis qui m’accompagnaient et qui ne connaissaient pas la nouvelle de Zweig ont adhéré à 100% à cette pièce.
Quelques dates de tournée de la compagnie Carinae
1 avril à Cambrai
26 avril à Séléstat
12 mai à Franconville
20 mai à Livry Gargan
Et comme d'hab', je participe au challenge théâtral d'Eimelle!