Cette courte pièce de théâtre tourne autour du pouvoir des mots. Deux amis se retrouvent après un long moment. Le premier, H.1 demande des explications au second, H.2, car il lui semble avoir ressenti une certaine distance, un certain froid vis-à-vis de lui dernièrement. H.2 le fait un peu languir avant de lui avouer : quand il s’est vanté d’un certain succès, H.1 lui aurait répondu « C’est biiien… ça ». Après cette offense, cette blessure, H.2 aurait voulu rompre mais il n’en a pas eu « l’autorisation ». L’autorisation est donnée par un groupe de personnes non déterminé qui estime, ici, que H.2 a tendance à vouloir rompre souvent avec amis ou membres de la famille. Il est donc celui qui brise une relation « pour un oui ou pour un non ». H.1 ne se laisse pas démonter pour autant et toutes les rancœurs, les incompréhensions, les mesquineries du passé ressurgissent pour, au final, mettre un terme à cette amitié.
A travers une joute verbale délicieuse et souvent drôle, cette pièce met parfaitement en valeur la fragilité des relations humaines, le pouvoir parfois destructeur des mots et des intonations. Elle nous renvoie à nos propres disputes qui ont malheureusement souvent pour point de départ une baliverne, un mot prononcé trop haut, une phrase lâchée trop vite.
La pièce, créée en 1981 comme une pièce radiophonique ne nécessite aucun décor, aucun accessoire. Avant-gardiste, elle laisse toute la place au dialogue. La belle mise en scène de Jacques Lassalle est à voir ici.
H.2 : Il y avait entre « C’est bien » et « ça » un intervalle plus grand : « C’est biiien… ça… » Un accent mis sur « bien »… un étirement : « biiien… » et un suspens avant que « ça » arrive… ce n’est pas sans importance.
Encore une participation pour le challenge théâtral d’Eimelle !
Bonne rentrée à tous !