Son nom signifie « beauté » et résumé ce qu’elle incarne, une beauté magique, envoûtante, presque divine. Adolescente, Marina a jeté son dévolu sur Andrea, de cinq ans son aîné, et si tout les sépare : elle rêve de conquérir le monde avec sa voix sublime, il songe sérieusement à se retirer du monde pour élever des vaches, oui, si tout les sépare, un lien passionnel, un amour dévastateur les lie, les rapproche, les éloigne, les rassemble encore pour mieux les éloigner encore…
L’histoire se passe dans les années 2010 dans le Piémont, cette région montagneuse du nord de l’Italie. Marina a 22 ans, elle multiplie les émissions de télé locales pour faire connaître sa voix enchanteresse et surtout son corps de rêve, son attitude provocatrice. C’est ainsi, lors d’une fête de village, à Camandona, qu’Andrea la retrouve, plus belle que jamais, à chanter Dreams des Cranberries devant un public en transe. Toujours amoureux d’elle mais vexé d’avoir été plaqué trois ans auparavant, Andrea va souffrir avant de la retrouver. Les deux se font du mal, se séparent, se retrouvent, se promettent même de se marier. Marina, avec une aisance insolente, vise une carrière internationale qui n’a pourtant qu’un seul objectif : rendre ses parents fiers d’elle. Andrea, de son côté, a aussi un passé familial douloureux entre un père trop autoritaire et un frère qu’il jalouse. Placez tous ces ingrédients dans un somptueux décor d’une Italie en plein déclin et vous obtenez un roman passionnant. J’ai beaucoup aimé la relation tumultueuse et dangereuse des deux amants aux accents tragiques mais les personnages secondaires sont décrits avec la même subtilité : Elsa, amoureuse d’Andrea qui n’arrive toujours qu’au second plan, le père démissionnaire de Marina, sa mère alcoolique. L’auteur nous promène allègrement entre la luxueuse Milan et les montagnes piémontaises les plus isolées. C’est Andrea qui, en revenant à un métier ancestral, celui de marcaire, aura raison ; l’auteur prône clairement le retour à la nature, l’installation dans les petits villages au détriment de la ruée vers les grandes villes qui faisait fureur quelques années auparavant. D’apparence manichéenne, ce roman regorge de mille subtilités et, fin psychologue, aborde l’amour, la filiation, les choix de vie et la notion de revanche de manière très intéressante. Une belle lecture !
Merci à l’une des trois Grâces pour ce prêt ! ;-)
« Marina Bellezza se matérialisa soudain dans le cône de lumière projeté sur la scène, comme l’aura d’une enseigne qui surgirait de la nuit. La plus belle créature qui soit, un de ces personnages sur lesquels on rêve en lisant Tolstoï ou Flaubert. »
« Sa voix n’était plus un son mais un élan. Marina ne chantait plus pour elle-même mais pour le monde entier.»
« parce que l’imperfection de la vie est le cœur de la vie même, et qu’elle creuse et ronge implacablement de l’intérieur, qu’elle s’interpose entre nous et notre volonté, dévore comme le fait un torrent. »