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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 17:45

Voilà un vaudeville toute en féminité et en humour !

            Françoise attend chez elle, dans son tout petit appartement parisien, un éventuel futur amant. En tant que journaliste, elle a mis le grappin sur le seul homme correct du journal, un photographe, Didier, qui a déjà « passé en revue » la plupart de ses collègues…. Françoise s’en fiche un peu, en célibataire endurcie, elle le gifle même après le premier baiser. Débarque la sœur de Françoise, Corinne, une comédienne qui pleure parce qu’elle a quitté son amant Georges qui, marié, refusait de quitter sa femme. Enfin, surgit une autre sœur : Claudie, la plus jeune des trois. Elle a épousé en secret un jeune homme en Ecosse et elle compte sur l’appartement de sa grande sœur pour le retrouver en cachette. Ça se corse encore quand Françoise tombe amoureuse de Georges et que Corinne séduit Didier.

Les trois choutes, ce sont ces trois sœurs, filles d’un général, femmes ouvertes, coquines et futées qui n’ont finalement qu’un mot à la bouche : liberté. C’est vraiment une pièce de femmes pour femmes, avec les questionnements typiquement féminins, les ruses féminines, leurs disputes et leur solidarité.

Comédienne amatrice, j’ai lu cette pièce dans l’optique de la jouer. Elle m’a plu en tant que telle même si elle a un peu vieilli (jouée pour la première fois en 1959) et si, encore une fois, elle est surtout destinée à un public féminin.

La sage parole de Madame Barberet, veuve, la voisine de Françoise : « Je m’étais pourtant juré de ne plus jamais être malheureuse, Mademoiselle Françoise. Aussi ai-je soigneusement évité tout ce qui pouvait me rendre heureuse ; je ne m’y suis pas laissée prendre ! »  A méditer !

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29 juillet 2013 1 29 /07 /juillet /2013 10:40

Ma bibliothèque comporte si peu d’œuvres théâtrales pour adultes que je me rabats sur les pièces destinées à la jeunesse.

            Quatre personnages : La Voix, Elle, Lui et La Mère. « Elle » représente le souvenir d’une jeune fille que « Lui » a rencontré dans son enfance. Elle tente de s’imposer à Lui, elle toque à la fenêtre de sa maison, elle s’assoit à la table avec Lui. La Mère est l’élément perturbateur qui essaie de faire en sorte que la rencontre n’ait pas lieu.

Très imagée, cette pièce m’a semblé bien trop courte pour être appréciée. Elle ne me paraît pas non plus très appropriée à un public jeune : comprendrait-il vraiment de quoi il s’agit ? saura-t-il goûter à cette jolie écriture si poétique et symbolique ?

« Elle : Et pourtant, qu’est-ce qu’il cherche d’autre que moi, là-haut, chaque fois qu’il lève la tête et qu’il réfléchit ? Il me guette, j’en suis sûre. Comme un petit oiseau qui descendrait du ciel et qui viendrait l’emporter … Si seulement je pouvais retenir un instant son regard dans ma voix ! »

             Une nouvelle policière de Dorin que j’avais bien aimée : Cœur de pierre.

 

 

 

Cinquième participation au challenge théâtral d‘Eimelle.

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3 mai 2013 5 03 /05 /mai /2013 19:55

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Conquise par la trilogie marseillaise, je continue mon voyage dans l’œuvre dramatique de Pagnol avec cette très jolie pièce en quatre actes. Trois décors, bien différents : celui d’une salle de classe, un petit salon chez Mlle Suzy et enfin un bureau américain chez M. Castel-Bénac pour les deux derniers actes.

Topaze, homme naïf et honnête par excellence, est un maître d’école modèle : il est juste, il se plie en quatre pour que ses élèves réussissent, il cumule et cumule les heures de travail. La pension où il travaille est dirigée par M. Muche, un homme cupide, ravi quand Topaze lui ramène de nouveaux élèves (et des sous par la même occasion) et contrarié quand une mère d’élève se plaint des mauvaises notes de son fils. Topaze se fait d’ailleurs renvoyer de la pension pour cette raison, il n’a pas voulu gonfler les notes pour faire plaisir à la mère… Un peu nigaud, Topaze pensait qu’Ernestine, la fille de Muche, en pinçait pour lui parce qu’elle lui laissait corriger ses copies !

Que va faire Topaze, désormais privé de sa passion, l’enseignement ? Suzy, maîtresse d'un conseiller municipal, Régis Castel-Bénac, ne le laisse pas longtemps sans emploi. Elle fait croire à Topaze qu’il va être directeur d’un cabinet d’affaires alors qu’en réalité, il ne servira que de prête-nom. Lorsque Topaze s’aperçoit qu’il n’est qu’un homme de paille utilisé pour camoufler des affaires douteuses, il devient à son tour négociateur coriace. L’agneau est devenu loup.

C’est avec un grand plaisir que j’ai lu cette pièce, le comique de caractère fonctionne à merveille, le retournement de situation final est jouissif mais ce que j’ai le plus particulièrement aimé, c’est le premier acte, cette vieille salle de classe, la tenue désuète de l’instituteur, la dictée de Topaze, quel délice, quel bonheur !! «Des moutons... Des moutons... étaient en sûreté... dans un parc; dans un parc. (Il se penche sur l'épaule de l’Élèveet reprend.) Des moutons... moutonss... (L’Élève le regarde ahuri.) Voyons, mon enfant, faites un effort. Je dis moutonsse. Etaient (il reprend avec finesse) étai-eunnt. C'est-à-dire qu'il n'y avait pas qu'un moutonne. Il y avait plusieurs moutonsse.»

Allez, un autre extrait, juste pour le plaisir :

La méthode éducative un peu particulière de Tamise, un autre enseignant de la pension Muche …

TAMISE Alors, vous avez choisi un bouc émissaire, un pauvre enfant qui paie pour tous les autres?
PANICAULT (choqué). Ah! permettez! Duhamel, c'est pour la musique seulement. En cas de boules puantes, je punis le jeune Trambouze. Quand ils ont bouché le tuyau de poêle avec un chiffon, c'est Jusserand qui passa à la porte. Et si je trouve un jour de la colle sur ma chaise, ce sera tant pis pour les frères Gisher!
TOPAZE Mais c'est un véritable système!
PANICAULT. Parfaitement. Chacun sa responsabilité. Et ça n'est pas si injuste que ça peut en avoir l'air; parce que, voyez-vous, un élève qui a une tête à boucher le tuyau du poêlе, il est absolument certain qu’il le bouchera et, neuf fois sur dix, c'est lui qui l'aura bouché.
TOPAZE. Mais la dixième fois?
PANICAULT (avec noblesse). Erreur judiciaire, qui renforce mon autorité. Quand on doit diriger des enfants ou des hommes, il faut de temps en temps commettre une belle injustice, bien nette, bien criante: c'est ça qui leur en impose le plus!

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28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 12:08

La quatrième de couverture informe le lecteur qu’il s’agit « d’une des rares comédies allemandes encore jouées aujourd’hui avec succès. » La pièce date de 1893 et a pour sous-titre « comédie de voleurs ».

Frau Wolff est une mère de famille qui gagne sa vie en faisant des lessives pour les autres… et en volant, par-ci par-là, quelques bûches de bois par exemple ou encore… une pelisse de castor. L’énigme de ces vols est en passe d’être résolue chez un administrateur un peu niais qui ne voit, en la personne de Frau Wolff qu’une brave et honnête femme. La femme ne fait pas dans la demi-mesure, elle sait mentir comme un arracheur de dents, elle met même la vie de ses filles en danger, c’est un sacré personnage, haut en couleur. Le langage de la pièce est un mélange de patois, de langue familière et d’incorrections.

Une comédie… une comédie… sans doute, ne devait-on pas rire des mêmes choses en Allemagne à la fin du XIXème siècle –et c’est là qu’on se dit que Molière a tout de même un foutu talent intemporel ! Je me suis ennuyée comme un croûton de pain derrière une malle… Allez, certains passages dont celui ci-dessous m’ont presque fait sourire. Je ne regrette pas d’avoir lu la pièce au moins « pour voir ce que c’est » et pour dépoussiérer le microscopique rayon théâtre de ma bibliothèque municipale !

 

« Adelheid – Papa, il parle toujours sans éducation.

Frau Wollf – C’est qu’il a pas appris l’éducation vois-tu. Ca serait la même chose pour vous, les filles, si je vous aurais pas élevées dans l’éducation. »

 

N.B. : vous aviez déjà entendu le nom de l’auteur, vous ?

challenge théâtre: en scène! 2013    Challenge théâtral chez Eimelle

 

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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 19:31

Je ne connaissais pas cette pièce de Vian, alors qu’elle est sa pièce la plus jouée en France et à l’étranger.

Le premier acte se passe dans un appartement bourgeois où débarque une famille par l’escalier d’en bas. Il y a le père et la mère, leur fille, Zénobie, et Cruche, la bonne. On comprend que si la famille s’installe dans cet endroit, c’est parce qu’elle a fui le précédent logement, celui du dessous, bien plus vaste et plus confortable que celui-ci. Un cinquième personnage se tient à l’écart, déjà présent dans la pièce. C’est le Schmürz. Il est le bouc émissaire des adultes. Chaque fois que l’un d’eux est contrarié, gêné ou ne sait pas quoi dire, il va aller le bastonner.  Seule Zénobie l’épargne. Seule Zénobie remarque sa présence et parle de lui. Il est question de marier la jeune fille au voisin, Xavier.

Dans le deuxième acte, la famille a encore déménagé à un étage supérieur, pour un appartement plus petit. Pourquoi ce changement ? A cause du « Bruit », une menace indéterminée venant de l’extérieur. Le Schmürz est toujours là aussi, il prend des coups de plus en plus violents, sans broncher. On apprend que Xavier est mort, mais ça n’a pas l’air d’affecter la famille. « Notre sort est enviable » répète le père. La bonne quitte le navire. A la fin de l’acte, les parents envoient Zénobie toquer chez les voisins. Lorsque le Bruit retentit, le père claque la porte, condamnant ainsi sa fille : « Les enfants finissent toujours par quitter leurs parents. C’est la vie. »

Le dernier décor est misérable. De la même manière que le père avait lâchement abandonné sa fille, il mure la trappe de l’escalier où se trouve sa femme. Il se retrouve seul. Diverses réflexions parsèment son monologue, il nie son passé et dit s’être toujours trouvé seul.


            Le Schmürz pourrait symboliser un exutoire, un défouloir. La quatrième de couverture de mon livre donne une autre piste : celle de la figure du travailleur immigré, rejeté et humilié par les Français. Ainsi, la jeune génération serait plus à même d’accepter l’étranger ; Zénobie, balayant le conservatisme et l’aveuglement de ses parents,  se montre plus ouverte et plus tolérante vis-à-vis du Schmürz.

            Voilà une pièce intéressante qui prête à réfléchir. Le lecteur-spectateur est sans cesse tiraillé entre le rire, provoqué par le cocasse des situations, et la honte, l’indignation face au traitement infligé au bouc émissaire de la pièce mais aussi à l’individualisme et à l’égoïsme des personnages. L’absurde fonctionne à plein régime, les jeux sur le langage m’ont beaucoup amusée, la bonne, par exemple, est l’incarnation d’une figure de style : l’énumération. Elle ne s’exprime que pour faire des listes :

« Zénobie : Qu’est-ce que tu vas faire avec cette laine ?

Cruche : Un chandail, un tricot, un vêtement, un jersey, un sweater, un pull-over, une camisole, un ouvrage au crochet. »

La question du jeu de l’acteur incarnant le Schmürz peut être posée : rôle ingrat par excellence, le pauvre bonhomme encaisse coups et crachats, il se fait même piquer avec une épingle à chapeau !

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18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 17:52

Après  Marius, après Fanny, c’est César qui est à l’honneur dans ce troisième opus de la trilogie marseillaise… et pourtant, il s’agit plutôt de Panisse dans une bonne partie de la pièce. Vingt ans ont passé depuis la naissance du fils de Fanny et Marius et le mariage de Fanny et Panisse. Ce dernier est mourant, il demande, avant de rendre l’âme que la vérité soit dite à Césariot, le « fils » qu’il a toujours chéri. Le jeune homme, qui mène des études brillantes, réagit comme chacun réagirait sans doute à l’annonce d’une telle nouvelle : il désire rencontrer son père, Marius. Il s’en va donc à Toulon puisque Marius avait rompu tout lien avec son père et avec Fanny, dans le petit garage où il est mécanicien.

            Il est question d’honneur et d’honnêteté… qui est ce père dont Césariot entendait parfois parler ? Pourquoi Fanny a-t-elle l’air si bouleversé quand elle le voit ? Des retrouvailles entre les deux anciens amants sont-elles encore possibles ?

            J’ai tout d’abord été émue de retrouver les personnages vingt ans plus tard, Fanny toujours belle mais vieillissante, Césariot beau jeune homme… et Panisse qui n’est plus. La première partie de cartes jouée après sa mort, sans lui, mais où les cartes lui sont tout de même distribuées, est un passage touchant. Le mort gagne haut la main, quel bel hommage !

On devine bien sûr la fin, et la pièce, toutefois, se déroule dans une langueur délectable. L’humour accompagne les moments de tendresse, la sincérité côtoie les mensonges jamais bien méchants. Pagnol a écrit ce troisième volet en ayant l’idée en tête de le filmer. On comprend mieux, alors, pourquoi on voyage tant. Je serais curieuse de découvrir une mise en scène théâtrale qui résoudrait la dizaine de décors que réclame la pièce.

Moi qui boudais Pagnol, j’ai lu ces trois œuvres avec un délice surprenant qui me donne envie de me jeter sur ses autres pièces de théâtre. L’ambiance chaude de Marseille, les personnages attachants, la justesse des sentiments grésillent comme des crevettes chaudes dans une poêle ! A déguster sans modération.

Deux extraits savoureux :

 

Des veuves évoquent le moment qui a vu disparaître leur cher et tendre :

« CLAUDINE : Mon pauvre mari, moi, ça s'est passé d'une façon étrange. Une nuit, il me réveille. C'était le premier chant du coq. Il avait la figure un peu rouge et la main sur la poitrine, il me fait : "Claudine, qu'est ce que tu dirais si je mourais d'un seul coup ?" Moi, à moitié endormie, je lui fais : "ça prouverait que tu n'es pas malin." Et alors il me fait : "Eh bien, par conséquent, je ne suis pas malin." Et toc, il est mort ! ... Le médecin a dit qu'il était mort de l'embouligue.

CESAR (stupéfait) : De l'embouligue ?

CLAUDINE : Oui, Monsieur, il avait un embouligue.

CESAR (se tâtant le nombril) : Moi aussi, j'ai un embouligue ! Tout le monde a un embouligue !

ESCARTEFIGUE (fièrement) : Moi, le mien, il est grand comme une pièce de cinq francs !

CLAUDINE (supérieure) : Mais, ça ne veut pas dire le nombril ! L'embouligue, dans le langage des savants, c'est une maladie. Le médecin a dit : "C'est une espèce de bouchon qui se met dans les artères." Et tout d'un coup, cloc ! Ca s'éteint comme si on te coupait le gaz !

CESAR (scientifique) : Ah ! Elle veut dire une embolidre !

M.BRUN (sans rire) : Il y a même des gens qui appellent ça une embolie !

CESAR  (condescendant) : Oui. A Lyon."

 

Boire de l’alcool sans mauvaise conscience… :

« César – Monsieur Brun, tous les apéritifs sont faits avec des plantes : gentiane, sauge, anis, peau d’orange, absinthe et cétéra. Or, les plantes, ce sont des remèdes. Dans ma chambre, j’ai un gros livre : la Santé par les Plantes, ça guérit TOUT. Alors, finalement, qu’est-ce que c’est qu’un apéritif ? C’est une espèce de tisane froide. Vous pourriez me dire qu’il y a de l’alcool… .

M. Brun – Je vous le dis.

César – Et qu’est-ce que c’est, l’alcool ? Essence de vigne : plante !

Challenge théâtre chez Eimelle !

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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 21:49

Quand, dans nos froides contrées, il neige, il vente, il verglace ou il pleut, quel bonheur de retrouver le bar de César, et le soleil écrasant du port marseillais !

Marius a pris le large, au sens propre comme au sens figuré. Les deux êtres les plus malheureux du monde sont son père, César, qui passe ses journées à guetter le facteur, attendant impatiemment des nouvelles qui n’arrivent pas ; et Fanny, la malheureuse amoureuse qui a été quittée pour la belle bleue…

A cette langueur initiale succèdent des événements qui vont changer le cours de l’existence de ce petit quartier où tout le monde se connaît. César reçoit enfin une lettre de son fils mais pour Fanny, il n’y a guère qu’un « bonjour » qui lui est réservé… et Fanny apprend qu’elle est enceinte. Pour ne pas déshonorer sa famille et surtout sa chère mère, Honorine, Fanny accepte l’idée d’épouser Panisse, ce cinquantenaire qu’elle avait déjà repoussé dans Marius. Panisse, personnage d’une incroyable générosité, finira par apprendre que sa promise porte l’enfant d’un autre… et n’en l’aimera que plus, lui qui voulait toujours devenir père :  

« Pitié ? Qué pitié ? Alors, tu n’as pas compris ce que je t’ai dit ? Fanny, je te jure que jamais un homme n’a fait une action aussi égoïste que moi en ce moment. JE ME FAIS PLAISIR, voilà la vérité. Ses enfants, bien entendu, il vaut mieux se les faire soi-même ; mais quand on attrape la cinquantaine, qu’on n’est pas bien sûr de réussir, et qu’on en trouve un tout fait, eh bien, on se le prend sans avertir les populations. Je ne te pose qu’une condition, Fanny : c’est que tu ne dises à personne, même pas à ta mère, que tu me l’as dit. Comme ça, je pourrais prendre l’air que cet enfant est à moi  devant tout le monde. »

Le marché est conclu, et tout le monde est heureux, même César qui finit par apprendre la vérité et à apprécier son rôle de « parrain ». Mais cet équilibre est brisé quand Marius revient… il ne veut rien entendre et désire  « reprendre » femme et fils. Cette célèbre parole de César adressée à Marius et défendant le père adoptif, achèvera-t-elle de convaincre Marius ? « Cet enfant, quand il est né, il pesait quatre kilos...Ceux-là, c'est sa mère qui les a faits. Maintenant, il arrive à sept...Ces trois kilos de plus, c'est trois kilos d'amour. Moi, j’en ai donné beaucoup pour ma part… Sa mère en a donné beaucoup, naturellement ; mais celui qui a donné le plus, c’est Honoré. Et toi, qu’est-ce que tu lui as donné ?»

Ce deuxième opus de la série est un pur délice, une ode à la tendresse et au respect teintée d’un arôme de tragédie antique. Les personnages sont extrêmement attachants et, parce que je n’ai trouvé aucun défaut à cette pièce en trois actes, j’en fais un beau et vrai COUP DE CŒUR !

Ainsi se clôt en beauté ma participation au challenge "En scène" de Bladelor, que je remercie parce qu’elle m’a incitée à lire de nombreuses pièces de théâtre, que je n’aurais peut-être jamais découvertes sans ce petit coup de pied aux fesses !

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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 15:16

C’est la première fois que je découvre le Zweig dramaturge. Comme toujours avec cet auteur, je ne suis pas déçue.

Alors que Leonore s’apprête à donner une grande fête en la mémoire de son défunt et célèbre écrivain de mari, Karl Amadeus Franck, son fils, leur fils, Friedrich, sème la pagaille. Ecrivain débutant, il refuse qu’on assimile son œuvre à celle de son père, il refuse ce lourd héritage du père parfait, il se révolte… jusqu’au moment où il fait la connaissance de Maria, dont il lui semble bien reconnaître le visage.
           Maria, cette dame désormais âgée, lui révèle un pan caché de l’histoire familiale. Elle a été la maîtresse de son père, elle a été la femme qu’il a le plus aimée. Friedrich lui est reconnaissant à la fois pour sa sincérité (lui qui baignait dans les faux-semblants et les hypocrisies) mais aussi pour cet aveu qui fait de son père un homme imparfait. Telle une œuvre initiatique, la pièce en trois actes va permettre à Friedrich de découvrir la vérité sur son passé mais également la vérité sur l’Homme.

Le style est ample et grandiloquent, les personnages dignes des tragédies grecques. Leonore est la femme trompée qui s’est façonnée un époux idéal, un modèle si parfait qu’il était craint par son entourage. Maria représente la femme de l’ombre, celle qui n’a jamais rien exigé. La fin rapproche ces deux femmes unies par le même homme.

Une belle œuvre où chaque lecteur pourra y puiser sa petite leçon de vie…

 

Friedrich à sa sœur : « tu ne portes pas sur tes épaules la plaque de marbre d’une gloire, d’une gloire étrangère. […]. Mais moi, je suis éternellement sur la place publique, éternellement surveillé, l’objet de tous les bavardages, de tous les étonnements et questionnements – ô une poignée d’obscurité, un petit coin de silence, être inconnu, anonyme, étranger, pendant une semaine, une seule semaine, avoir les épaules légères, une vie légère, ma propre vie, ma vie réelle ! »

Lorsque Friedrich découvre la vérité sur le passé de son père : « Il est ressuscité en moi, et je suis moi-même ressuscité depuis que je le connais et que je me reconnais en lui... La légende que j'avais apprise s'est éteinte, la légende que j'avais apprise à contrecœur comme font les enfants contraints... je le sens désormais dans la vie, dans sa vie et dans la mienne... Oh, comme je l'aime !... Comme je l'aime !... Oh, parlez-moi, parlez-moi de lui… »

 

15/12 pour le challenge de Bladelor !

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5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 21:07

   

Je poursuis ma découverte de Courteline, après  La peur des coups et  Monsieur Badin, voilà encore une courte pièce destinée à rire.

            Des Rillettes arrive chez les Boulingrin qu’il a connu chez des amis communs. Il se fait une joie de les revoir, découvre avec plaisir un intérieur confortable, interroge la bonne, Félicie, à leur sujet, et compte bien profiter de leur aimable accueil. Lorsque le couple entre dans le salon, les espoirs de Des Rillettes tombent en miettes, les Boulingrin se disputent comme chien et chat, prennent leur invité à témoin, se font concurrence. Des Rillettes qui pensait être dans un « bain de sirop de sucre » dans la maison, en prend pour son grade. Il tombe brutalement sur ses fesses car mari et femme se battaient l’avantage de lui avancer une chaise, il se fait pincer, frapper, on le force à avaler de la soupe qui contiendrait de la mort aux rats…

C’est un peu Martine et Sganarelle version plus pêchue avec un témoin malheureux au centre de la dispute qui se prend tous les coups. On rit beaucoup ! La brièveté de la pièce fait penser à la nouvelle dans le genre narratif, c’est rapide, condensé et rythmé et l’auteur va droit au but. Du vaudeville à l’état pur !

 

Mme Boulingrin, empressée - Prenez ce coussin sous vos pieds.

Des Rillettes -Merci beaucoup.

Boulingrin, que la civilité de sa femme commence à agacer, et qui fourre un second coussin sous le premier - Prenez également celui-ci.

Des Rillettes -Bien obligé.

Mme Boulingrin, qui ne saurait, sans déchoir, accepter de son mari une leçon de courtoisie - Et celui-là.

Elle glisse un troisième coussin sous les deux autres.

Des Rillettes- En vérité...

Boulingrin, armé d'un quatrième coussin - Cet autre encore.

Des Rillettes- Non.

Mme Boulingrin- Ce petit tabouret.

Des Rillettes, les genoux à la hauteur de l'oeil - De grâce.

Boulingrin - Eh ! laisse nous tranquilles avec ton tabouret !

Exaspéré, il envoie un coup de pied dans la pile de coussins échafaudée sous les semelles de des Rillettes. Les coussins s'écroulent, entraînant naturellement, dans leur chute, la chaise de Des Rillettes, et des Rillettes avec.

Tu assommes M. des Rillettes.

Des Rillettes, les quatre fers en l'air - Quelle idée.

Mme Boulingrin- C'est toi qui le rases.

Boulingrin, avec autorité - Allons, tais-toi !

Mme Boulingrin- Je me tairai si je veux.

Boulingrin - Si tu veux ?

Mme Boulingrin- Oui, si je veux.

Boulingrin - ... de Dieu !

Mme Boulingrin - Et je ne veux pas, précisément.

Boulingrin - C'est trop fort !... Coquine !

Mme Boulingrin- Cocu !

Boulingrin - Gaupe !

Mme Boulingrin- Gouape !

Boulingrin - Quelle existence !

Mme Boulingrin- Je te conseille de te plaindre. (A des Rillettes.) Un fainéant doublé d'un escroc, qui ne fait œuvre de ses dix doigts et se saoule avec l'argent de ma dot : les économies de mon vieux père !

Boulingrin, au comble de la joie - Ton père ! ... (A des Rillettes.) Dix ans de travaux forcés pour faux en écritures de commerce.

Mme Boulingrin- En tout cas, on ne l'a pas fourré à Saint-Lazare pour excitation de mineure à la débauche, comme la mère d'un imbécile que je connais.

Boulingrin, à Des Rillettes - Vous l'entendez ?

Des Rillettes -Ne trouvez-vous pas que le temps s'est étrangement rafraîchi depuis une quinzaine de jours ?

Boulingrin, à sa femme - Ne me force pas à révéler en l'infection de quel cloaque je t'ai pêchée de mes propres mains.

 

14/12 pour le challenge de Bladelor !

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 14:41

 

 

Je n’ai jamais vraiment aimé l’œuvre de Pagnol… Pourquoi ? par méconnaissance sans doute, par déception (« le Château de » ou « la Gloire de » ne me laissent que des souvenirs d’un univers désuet). Au fond de moi, je savais bien que je me trompais. C’est pour cela que je m’attaquai, pleine d’espoir, au théâtre de ce natif d’Aubagne.

L’action se passe dans un bar sur le port de Marseille. César, ventripotent et bruyant est au bar, le beau et jeune Marius son fils, le seconde, et la jolie Fanny vend des coquillages. Il y a un va-et-vient continu et joyeux.

Panisse,  veuf et riche, s’est mis en tête d’épouser Fanny. Elle, secrètement amoureuse d’un Marius qui ne bouge pas le petit doigt pour la séduire, s’apprête à accepter le mariage. Marius se déclare, vexé d’avoir été doublé. Pourtant, il ne cesse d’affirmer à Fanny que malgré son amour pour elle, il « ne peut » l’épouser… en effet, ce grand rêveur n’a qu’une envie : partir en mer pour découvrir le vaste monde. A la fin de la pièce, Fanny pousse son amoureux à vivre sa passion et à embarquer à bord de « La Malaisie ». 

J’ai été très agréablement surprise par cette pièce en trois actes où on ne s’ennuie pas une seconde. Le rythme est enlevé, les personnages attachants et somptueusement dessinés, les quiproquos jamais trop lourdauds, le voyage à Marseille garanti. On sourit beaucoup, notamment lorsqu’on apprend qu’il a fallu à peine trois mois à Panisse pour se remettre de son deuil, quand la mère de Fanny, Honorine, apprend que ce n’est pas elle que Panisse veut épouser mais sa fille, on rit carrément pendant la partie de cartes de quelques tricheurs, on s’attendrit quand César et Marius se querellent avant de se lancer quelques mots d’amour…

Un extrait de la dispute entre Panisse et Marius, pour obtenir les faveurs de Fanny :

PANISSE (avec une grande noblesse)

Marius, fait un peu attention à qui tu t’adresses.

MARIUS

Je m’adresse à vous, et je vous dis que ça me fait mal au cœur de vous voir.

PANISSE

Tu n’as qu’à tourner l’œil de l’autre côté.

MARIUS

Et puis je n’aime pas qu’on me regarde d’un air sur deux airs !

PANISSE

Moi, je te regarde d’un air sur deux airs ?

FANNY

Tu deviens fou mon pauvre Marius !

PANISSE

Un pauvre fou !

MARIUS

Faites attention ! Il y a des fous dangereux, j’en connais un que la main lui démange e vous envoyer un pastisson !

FANNY

Marius !

PANISSE

A moi, un pastisson ! (Avec une commisération infinie.). Ô pauvre petit !

MARIUS

Allez, sortez un peu de la banquette, avancez si vous êtes un homme !

PANISSE

Si je te pressais le nez, il en sortirait du lait !

 

Et je continue à participer au challenge de Bladelor  avec cet étonnant score (mais j'aime ça!) :   13/12 !

 

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