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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 15:52

 

Je ne connaissais cette pièce que parce qu’elle est souvent étudiée, soit en 3ème, soit au lycée. Il fallait bien que je sache de quoi il en retourne.

L’atelier, c’est un atelier de confection, après la Deuxième Guerre Mondiale. Cette courte phrase suffirait à résumer la pièce. Il est surtout question de bonnes femmes et d’histoires de bonnes femmes. Les ouvrières se racontent leur vie, se disputent, se marrent, pleurent, se fâchent, se taisent.

Il y a Hélène, la patronne, une Juive réfugiée en zone libre pendant la guerre et dont le mari s’est caché en zone occupée. Ils tentent tant bien que mal de tenir leur petite entreprise, balayant quand il le faut, les sales souvenirs de guerre.

Il y a Gisèle, une mère de famille préoccupée par des soucis d’intendance, qui tient des propos irrévérencieux sur les Juifs.

Il y a Mimi qui ne pense qu’à sortir,  faire la fête et profiter des nouveautés apportées par les Américains.

Il y a Madame Laurence, la discrète, qui avoue qu’elle préfère les Allemands aux Américains.

Il y a, enfin, le personnage le plus poignant, Simone, celle qui souffre parce que son mari n’est pas revenu des camps. A partir de 1945, on suit son cheminement, son parcours difficile : elle a d’abord encore un peu d’espoir, puis souhaite connaître les conditions dans lesquelles son mari est mort, puis elle cherche à obtenir les papiers qui lui permettent d’avoir une pension…

J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’œuvre, j’ai trouvé ça insignifiant voire soporifique par endroits mais lorsqu’on arrive au bout des dix tableaux, on se rend compte que l’auteur a su dépeindre avec justesse et tendresse une société en train de renaître, les différents visages de cette reconstruction de l’après-guerre. L’originalité,  c’est le lieu, cet atelier de confection est délicieux, on imagine les « outils » de travail : la table de presse, les aiguilles, les amas de tissu, les ciseaux. L’unique décor est le théâtre des années qui passent, de 1945, on arrive petit à petit à 1952, les conditions de travail sont évoquées (travailler le samedi matin, avoir des chaises plutôt que des tabourets,  avoir un meilleur éclairage, être payé à l’heure et non à l’ouvrage), la relève est assurée, la jeune Marie est enceinte, le fils de Simone fait une apparition dans la dernière scène.

Une œuvre réaliste où le langage familier parfois cru projette le lecteur dans une époque bien particulière, une pièce tellement réaliste qu’elle sent le vécu. Effectivement, pour le personnage de Simone, Grumberg s’est largement inspiré de sa mère.

            « C’est vrai que les Américains tant qu’ils étaient pas là on priait pour qu’ils arrivent, maintenant qu’ils sont là, on prierait pour qu’ils repartent ». (Madame Laurence)

L’humour n’est pas absent même s’il est souvent noir :

La colère de M. Léon devant un veston mal réalisé :« Si on travaille pour les vivants, il faut prévoir qu’un vivant sera inévitablement amené à faire certains gestes comme bouger un bras, s’asseoir,  respirer, se lever, boutonner, déboutonner ; je parle même pas dut temps de guerre où fréquemment le vivant pour rester vivant est obligé de lever les deux bras en l’air et en même temps, non, je parle des mouvements ordinaires, de la vie ordinaire dans la confection ordinaire. »

Terminons sur la jolie et très juste citation de l’un des metteurs en scène de la pièce, Gildas Bourdet : « L’Atelier est une comédie parce que la tragédie s’est déroulée avant que la pièce ne commence ».

         2/12!

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 17:03

 

 

 

J’avais déjà fait la connaissance avec l’écriture de Ribes dans Musée haut, musée bas au printemps dernier. J’ai retrouvé son humour dans ces trois pièces qui portent bien leur nom. Ne nous emballons pas, ce sont des mini-pièces qu’on peut appeler saynètes. J’aurais d’ailleurs voulu en lire plus, je n’ai pas l’habitude du court…

« Egalité-fraternité » nous présente un dialogue entre deux frères, Jacques et André (l’aîné). Jacques se pavane devant son frère en annonçant qu’il est devenu plus intelligent que lui. S’en suit un discours argumentatif très drôle qui prouve que Jacques, malgré ses deux ans de retard, a lu la même chose que son frère, sait parler comme lui, etc. En passant, on apprend qu’André a piqué la femme de Jacques et que le cadet est surnommé « concon » depuis sa plus jeune enfance…

Dans « Le Goéland », c’est un coiffeur et son client qui discutent. Mais pas de brouilles, hein … non, de destinée humaine ! Le client a fait une découverte formidable et il tente d’enrôler son coiffeur : c’est « cette foutue loi de l’attraction universelle qui vous force à rester collé sur le carrelage. Pourtant quand on regarde vos bras, on voit bien qu’il aurait suffi d’un ou deux battements pour que vous filiez au-dessus des nuages… ». Le client lui demande pourquoi il est coiffeur, s’il a « le moindre souvenir d’un désir prénatal pour le shampoing » (j’adore !). Le coiffeur se laisse embrigader et il finit par accepter trois heures de discussion hautement philosophique, six jours par semaine pour « lutter contre cette force qui nous opprime, la traquer, l’obliger à se montrer, la calculer et puis la détruire ».

« Musée » fonctionne exactement de la même manière que Musée haut, musée bas, je me suis même demandé si le premier n’était pas un extrait du second, mais non, je ne crois pas. Nous lisons des paroles volées à des visiteurs de musée. La plupart sont courtes, incisives et hilarantes. Deux très courts extraits assez représentatifs des autres répliques qu’on pourrait presque prendre pour des aphorismes !

Ø  « - moi je suis pour que les enfants regardent les sexes au musée plutôt qu’à la télévision.

-         Plutôt les sexes classiques. »

 

Ø  « On sent beaucoup plus l’influence de l’Inde ici qu’au sous-sol. »

Je suis fan, indéniablement ! Seule petite remarque : ce recueil des trois petites pièces est destiné à des troisième, et je les trouve un peu jeunes et pauvres culturellement pour comprendre les allusions détournées, l’ironie, l’humour et les références de l’auteur…

 

Cette lecture entre dans le cadre du théâtral challenge de Bladelor :

 

       J'espère que je n'ai pas été trop ambitieuse, 12 pièces à lire tout de même... mais je suis motivée! ;-)

 

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 16:26

 

 

Cela fait un sacré bout de temps que je n’ai plus publié un billet aromatisé au théâtre !

Voilà une courte pièce plutôt destinée à de jeunes acteurs (puisque les personnages sont des ados) qui est drôle, légère et assez représentative de l’esprit jeune m’en fous-c’est pas grave- c’est booon, quoi ! (oui j’en connais un rayon dans le domaine répliques incontournables de ces oisillons).

Un chef de chœur nous propose une répétition publique de sa chorale. Il est lui-même un peu intimidé, manque sans doute d’expérience, avoue ne pas savoir parler en public… mais tout dérape avec l’entrée en scène des choristes. Ils ne savent pas où se placer (premier rang ? deuxième rang ?), ils discutent entre eux, certains saluent le public (« Ben, je dis bonjour aux copains. Et y’a mes parents, je les embrasse » répond Alain), Gavroche s’est endormi dans les coulisses, Inès ne peut définitivement pas se placer à côté de Benoît qu’elle a quitté quelques jours plus tôt, … enfin bref, tout le monde s’en fiche royalement sauf le chef. Quiproquos, malentendus, dialogues de sourds, décalages, tout y est pour nous régaler et pour nous offrir sur une plateau doré une petite photographie de la jeunesse d’aujourd’hui.

Et c’est cette pièce que j’ai choisie pour mettre en scène les talents de mes chers collégiens. Espérons qu’on puisse aller au bout, qu’ils sauront leur texte, que je saurai faire preuve de patience (en fait, ça me démange de jouer, la casquette de metteur en scène ne me sied pas tellement !) et qu’on fasse un beau spectacle au printemps prochain !

La pièce est extraite du premier volet de La scène aux ados. Pour avoir lu quelques pièces de ce tome et des suivants, je dirais qu’il y a du bon et du moins bon… Mais Jean-Paul Alegre se démarque par  son talent !

 

Extrait :

Le chef (à Denis) : Et toi, Denis, je te l’ai dit cent fois, pas de bouteille d’eau  quand tu rentres en scène. (Il embrasse machinalement Jasmine et dit) Non, tu ne m’embrasses pas, Jasmine.

Jasmine : Sympa, le mec.

Le chef (à Jasmine) : Ce n’est pas ce que je veux dire…

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 09:56

 

 

 

 

 

            Ca m’apprendra à multiplier les lectures pour adolescentes aux hormones en ébullition… J’en avais un peu marre, c’est vrai et je me suis dit que lire un bon vieux classique, ce serait enrichissant.

            Je me suis cramponnée à deux mains au décollage, pendant le vol et l’atterrissage fut carrément douloureux ! Quelle pièce difficile d’accès ! Baroque, oui, s’il ne fallait retenir qu’un adjectif ce serait celui-là. J’ai adoré certains passages mais mon boulot et ma famille m’ont tant accaparée que j’ai lu le livre par morcellements et je n’ai pu aller au-delà des ¾. Par choix aussi. Je crois que c’est une œuvre qu’on ne peut survoler, qui réclame attention et égards. Rencontre ratée que certains me reprocheront mais voilà, ce n’est que partie remise.

            Je suis bien incapable de résumé les fils de l’intrigue qui se sont insidieusement enchevêtrés dans ma tête, mais un personnage m’a touchée, Sigismond, ce fils de roi emprisonné depuis sa naissance car les astres avaient prédit au roi superstitieux (Basilio) que le prince serait « le plus intraitable des hommes, le plus cruel des princes, le plus impie des rois ».

 

Je ne suis pas folle et j’ai quand même saisi au vol quelques beaux effluves du texte :

-         « nous sommes dans un monde si étrange que vivre n'est que rêver, et que l'expérience m'enseigne que l'homme qui vit rêve ce qu'il est, jusqu'au moment où il s'éveille. Le roi rêve qu'il est roi, et vivant dans son illusion, il commande, il dispose, il gouverne. »

-         « Qu'est-ce que la vie? - Une fureur. Qu'est-ce que la vie ? - Une illusion, une ombre, une fiction, et le plus grand bien est peu de chose, car toute la vie est un songe, et les songes mêmes ne sont que songes. »

-         « Le plus grand crime de l’homme, c’est d’être né. »

-         « L’oiseau naît, et à peine est-il une fleur qui a des plumes et un bouquet qui a des ailes, que, revêtu de sa parure charmante, il s’élance de son nid bientôt oublié, et fend d’un vol léger les plaines de l’air. Et moi qui ai plus d’âme, j’ai moins de liberté!… La bête sauvage naît, et dès que sa peau est marquée de ces lâches égales qui y semblent tracées par le plus habile pinceau, elle traverse les forêts en bondissant, et pressée par la nécessité, déchire sans pitié tout ce qu’elle rencontre sur son passage. Et moi, avec de meilleurs instincts, j’ai moins de liberté!… »

 

 

 

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23 juillet 2011 6 23 /07 /juillet /2011 14:17

   

 

Quelle jolie découverte que cette pièce en deux actes !

            Célestin se laisse entretenir par sa maman. Il a du mal à quitter le giron maternel même si elle l’agace souvent. Ses passions : la mer, les poissons, la pêche le font rêver et sa famille, sa sœur, Diana, son beau-frère, Alberto, sa mère envahissante, le tancent souvent à cause de cela.

            Par la force des choses, secoué par le train-train, les obligations, les responsabilités, Célestin se trouvera contraint d’accepter un travail dans un bureau, de se marier, d’avoir un enfant. Il paraît dépassé par ce qui lui arrive qui l’éloigne un peu de son rêve : devenir pêcheur.

            Une double réflexion : celle de la liberté individuelle, être ou non un mouton de Panurge, aller à contre courant ou suivre le mouvement, laisser éclater ses envies… mais je crois que l’auteur titille aussi la lâcheté masculine. Si Célestin étouffe de ne pouvoir vivre la vie qu’il voudrait, il est aussi un grand gamin qui se laisse faire, se montre veule et indolent. En arrière-fond, notre monde fait d’hypocrisie est peint avec la cruauté qu’il faut. Tout le monde ment, joue à être quelqu’un d’autre ; c’est la grande comédie des apparences.

            Que dire de plus à part que j’ai adoré ! C’est bien écrit, c’est poétique, rythmé et on ne peut s’empêcher de rapprocher ce conte à l’univers d’un Kafka ou d’un Ionesco. A lire !

 

            Réflexion sur le bonheur : « je pensais que le bonheur devait ressembler à un furoncle qui vous pousse : on ne peut pas ne pas s’en apercevoir. Tandis que là … Je sais que je suis heureux parce que tout le monde me le dit, mais je ne le sens pas vraiment. Je pensais que, dans ces cas-là, on devait avoir envie de crier, de chanter… Mais non. Rien. »

 

 

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9 juillet 2011 6 09 /07 /juillet /2011 09:52

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            Je pensais lire une comédie légère, j’ai eu droit à un drame policier assez moralisateur qui ne m’a cependant pas déplu.

            Dans la riche famille Birling, je demande le père, John. Industriel respecté et quelque peu avare, il tient à garder la mainmise sur tout et tout le monde. Son épouse, Mrs Birling a les mêmes manières pompeuses et hautaines. Ce soir, c’est jour de fête car leur fille chérie, Gladys, épouse un homme de bonne famille, Gérald. Une visite inattendue brise la bonhommie ambiante. C’est un inspecteur de police qui vient annoncer qu’une jeune fille, Eva Smith, vient de se suicider et que tous les convives présents ont leur part de responsabilité dans sa mort. Et petit à petit, le voile se lève. Le père sûr de lui a fait renvoyer la fille en question de son usine parce qu’elle avait demandé une augmentation de salaire, l’adorable fille de bonne famille a fait renvoyer la vendeuse à cause de regards malveillants, le futur marié l’a prise pour maîtresse avant de la plaquer, la mère responsable d’un comité de bienséance a refusé d’apporter son aide à une Eva Smith démunie, etc. La pièce est assez bien fichue même si j’avais parfois plus l’impression de lire un roman policier qu’une pièce de théâtre.

            Les personnages les plus jeunes se rendent compte des conséquences de leurs actes, expriment des regrets et éprouvent de la compassion pour Eva mais les plus âgés, tout en restant bien campés dans leur rigidité et leurs préjugés, rejettent toute responsabilité. Des questions en fin de pièce ménagent un petit suspens : l’inspecteur est-il vraiment un inspecteur ? S’agit-il bien de la même jeune fille qui aurait eu à faire à tous les membres de cette famille ?

            Assez originale, je pense pourtant que la pièce aurait gagné en intérêt si elle avait fait une petite place à l’humour ; c’était faisable, il me semble. Le jeu des acteurs peut bien sûr également apporter une touche d’humour. L’ambiance n’en est pas délicieusement british et les thèmes comme la bienséance, les secrets, le remords ou encore la réflexion sur la hiérarchie m’ont tenue en haleine du début à la fin.

« Les femmes ont besoin de quelqu’un à aimer. C’est leur faiblesse. »

« Nous ne vivons pas seuls. Nous sommes les membres d’un même corps. Nous sommes solidaires les uns des autres. »

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2 juillet 2011 6 02 /07 /juillet /2011 14:58

Les acteurs sont fatigués d’Eric Assous

               Les acteurs sont fatigués

                          Les acteurs sont fatigués

 

            Lecture intéressée puisqu’avec ma troupe d’amateurs, nous cherchons, comme tous les ans, une pièce à jouer qui soit à la fois drôle, spirituelle, intelligente, subtile, pourquoi pas policière, assez longue, … eh oui, nous sommes exigeants !

            Cette pièce-là ne sera sans doute pas celle de notre choix. Personnellement, elle m’a fait rire (point positif bien sûr). C’est une comédienne, Marianne, mariée à Norbert, un agent immobilier qui regarde le théâtre et le cinéma avec mépris, qui accueille avec son époux, ses amis comédiens, le temps d’une soirée. Elle a quelque chose à fêter : elle vient d’être choisie pour le premier rôle du dernier film du grand et célèbre Loraschi. En attendant l’arrivée des invités, Norbert lit le scénario que sa femme n’a même pas eu le temps de découvrir. Il manifeste clairement sa désapprobation quand il voit que Marianne doit se promener nue à plusieurs reprises dans ce long métrage. Arrive Yvan, le déprimé hypocondriaque de la bande qui est attend des résultats d’analyse sanguine et qui est certain d’être porteur du virus du sida. Suit la bonne copine Yolande, un couple : Stéphane, le beau mec du groupe et sa nouvelle et très jeune petite amie, Laetitia. La soirée est vite interrompue par un drame : Anita, l’agent de tout ce beau monde a fait des tonneaux en voiture et se retrouve à l’hôpital. Cela perturbe à peine les hôtes et les invités qui passeront la soirée et la nuit à se préoccuper de leurs petits problèmes perso : pour l’un  des soucis de virilité, pour l’autre un besoin de reconnaissance, pour une autre des problèmes de jalousie, etc.

            Les bémols : les passages un peu vulgaires, on parle assez de capote, de problèmes érectiles, certaines expressions comme « se masturber la tête » sont loin de la finesse d’un Feydeau. J’ai été déçue que ça ne se passe pas sur une scène, je m’attendais à une mise en abyme, eh ben non, c’est finalement un vaudeville de facture assez classique. Enfin, c’est court, ça devrait tenir en une bonne heure…

            Eric Assous n’est pas un débutant puisqu’il a écrit pas mal de pièces et scénarios à succès comme Moi César, Les Randonneurs ou encore le mémorable sitcom Vivement lundi (un chef d’œuvre, n’est-ce pas…). En résumé, disons que la pièce est drôle, très légère, moderne, courte et un brin trop vulgaire !

 

Un petit extrait : Yolande arrive furieuse d’avoir eu un mal fou à trouver son chemin, furieuse aussi parce que sa voiture a crevé et que personne ne s’est arrêté pour l’aider.

« Stéphane. Ah c’était toi la R5 sur le bas-côté ?

Yolande. Oui, à propos, je te remercie de t’être arrêté !

Stéphane. Excuse-moi, je t’ai pas reconnue.

Yolande. Les vitres fumées de ta Mercedes, elles sont fumées des deux côtés ? 

Stéphane. M’emmerde pas, je te dis que je t’ai pas reconnue ! »

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 04:34

 

 

            Pièce assez originale puisqu’elle mêle plusieurs genres : le comique, le burlesque, le dramatique et le philosophique.

            Pepino et Antonia  sont un couple de pauvres Siciliens, naïfs mais sympathiques, peu cultivés mais gais. Ils vivent dans une masure avec leur fils Angelo (gamin boiteux mais dynamique et serviable) et la sœur de Pepino, Yolanda, contrainte de faire la pute sur le port pour rapporter quelques sous à la maison.
            Chaque année, c’est le même rituel : Olga de Charanz, extravagante princesse milliardaire, baroque et insolente, passe quelques jours dans l’île et s’adonne à sa préoccupation favorite : le jeu de cartes. Elle l’apprécie d’autant plus qu’elle gagne toujours, elle bénéficie d’une chance extraordinaire, elle a la « baraka », d’où son surnom.

            Cette année, Pepino et Antonia, ses adversaires de jeu, décident de tout faire pour gagner, ils se croient imbattables grâce à leurs grimaces et leurs clins d’œil de connivence mais la princesse mène le jeu, peu dupe.

            L’alternance dans les dix tableaux, on se retrouve tantôt dans la maison misérable des Siciliens, tantôt dans le salon majestueux d’Olga, m’a plu. Comédie de mœurs mais aussi réflexion sur l’argent et ses pouvoirs. Les deux pauvres vont se mettre à gagner et cette victoire éphémère déclenchera une rébellion dans les rues siciliennes. Les retournements de situation rythment la pièce et la fin se montre subtile sans tomber dans le manichéisme.

            J’ai trouvé plein de qualités à cette comédie en dix tableaux : une certaine tendresse dans le traitement des personnages, un humour souvent grinçant, parfois cruel même (qui m’a fait penser à La visite de la vieille dame de Dürrenmatt), une grande originalité -ne serait-ce que géographique – le suspense qu’elle crée nous éloigne du classique vaudeville trop prévisible. Certes, on n’éclate pas de rire à tout bout de champ mais j’ai lu la pièce d’une traite, sans cesse intriguée par la suite des événements, amusée par les diverses cocasseries.

            Deux petits bémols : la pièce est un peu longue et le langage parfois inutilement vulgaire.

            A part deux-trois petites répliques similaires, j’ai trouvé cette comédie bien éloignée de La Perruche et le Poulet, du même auteur.

 

 

« Olga. – Mes chéris-chéris ! Chéris ! Embrassons-nous ! (ils obéissent) Que je suis heureuse de vous revoir en forme ! Elégants ! Vous avez dû faire fortune au jeu cet hiver ! Il va falloir que je joue serré !! Un an passé, déjà ! Embrassons-nous encore ! (Re-baisers) Champagne ! Cocktails ! Gâteaux ! (Pasqualina obéit et disparaît) »

 

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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 13:54

  

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            J’avais vu une bonne partie du film entièrement inspiré de cette pièce et le littéraire m’a mieux plu que le cinématographique.

            C’est une pièce originale et particulière puisqu’elle exige un grand nombre de comédiens et qu’elle se passe dans différentes salles d’un musée. Autant de scènes que de visites. Les personnages sont donc des visiteurs, mais aussi des gardiens, un conservateur, un ministre, des manutentionnaires, des élèves, des artistes, des œuvres d’art… un joyeux méli-mélo coloré.
            Il n’y a pas d’intrigue à proprement parler, même si l’auteur nous exhorte dans son « avant-visite » à suivre « le sens obligatoire » de son itinéraire, on pourrait aisément lire une scène puis passer à une autre une vingtaine de pages plus loin et revenir en arrière, etc. Les remarques, commentaires, dialogues, conversations qu’on surprend sont truculents et très drôles. Ribes excelle dans l’art de diversifier les formes d’humour : jeux de mots, comique de répétition (ce groupe de touristes qui s’applique consciencieusement à prononcer Paul Gauguin : « Pa-öl Gog-an » ou le conservateur antinature qui apparaît régulièrement), humour noir, remarques potaches et surtout cette dimension absurde, de plus en plus présente au fur et à mesure qu’on avance dans la pièce. On croise des professionnels, des amateurs, des connaisseurs mais surtout un sacré paquet d’ignares.

            Je crois qu’il est préférable de piocher de temps en temps une ou deux scènes. J’ai lu la pièce d’une traite et il y a un petit côté lassant pour certains tableaux un peu longuets. Seul minuscule bémol car l’idée est remarquablement surréaliste (la fin surtout), les répliques sont délicieuses, le décor vraiment original – je rêve de voir cette pièce jouée (sur une scène, pas sur la toile…), la mise en scène m’intrigue.

  

De petites pépites qui vous donneront envie, je l’espère :

      VALERIE. T‘as bu Daniel, pourquoi t’as bu ? Tu vas voir les impressionnistes tout nets.

DANIEL. Je m’en fous.

 

 

      JOSEPHA. Moi, c’est clair et net, Michel-Ange me fait chier.

SOPHIE. Comme moi Mozart.

JOSEPHA. Et Beethoven aussi il me fait chier.

SOPHIE. Ah oui ! Alors celui-là c’est le pire !

 

 

      Des gardiens expliquent à une femme les dommages collatéraux qu’implique leur métier :

GARDIEN 3. Mais ce qui domine c'est la sensibilité, une énorme sensibilité... on baigne du soir au matin dans la sensibilité. On est bien d'accord Robert ?

GARDIEN 2. C'est sûr, la sensibilité c'est quatre-vingts pour cent de notre environnement.

GARDIEN 3. Quatre-vingt-dix Robert.

GARDIEN 2. Quatre-vingt-dix.

GARDIEN 5. Et ça attendrit à force.

GARDIEN 1. Ça nous perce la cuirasse.

GARDIEN 2. Et ça finit par ronger.

LA FEMME. A ce point'?

GARDIEN 4. Vous réalisez ce que c'est que d'être du matin au soir devant Goya, Rodin, Eugène Boudin...

GARDIEN 2. ... Ou même devant un petit vase précolombien grand comme ça...

GARDIEN 1. Ça ronge pareil.

GARDIEN 2. Dès que c'est beau, ça ronge.

GARDIEN 3. Et on n'en sort pas indemne, madame.

LA FEMME. Quand on visite, on ne s imagine pas un instant...

GARDIEN 4. On sait.

LA FEMME. On pense même que vous êtes des privilégiés par rapport, je ne sais pas moi, aux postiers.

GARDIEN 4. Postiers, madame, c'est de la rigolade, elles sont en timbres leurs œuvres d'art…

GARDIEN 2. Un Delacroix d'un centimètre sur deux, c'est désagréable, mais ça vous esquinte pas.

GARDIEN 5. Tandis que nous, quand on sort d'ici le soir, on a du mal à acheter un paquet de cigarettes, ou à boire une bière comme les postiers.

GARDIEN 3. On ne sait plus bien où on est, où on va, qui sont ces gens dans la rue avec des imperméables.

GARDIEN 2. C'est ça, on ne sait plus ce qu'est un imperméable.

GARDIEN 3. Et surtout la personne qui est dedans. On s'en fout de l'imperméable, Robert. On est bien d'accord '?

GARDIEN 2. On est d'accord, on ne sait plus qui est l'homme dans l'imperméable quand on a trop longtemps gardé Man Ray ou Soutine.

GARDIEN 4. Ou le Greco, moi c'est surtout le Greco qui m'abîme...

LA FEMME. Le Greco vous abîme ?!

GARDIEN 4. Il me tape... Il me frappe le Greco... Il me retourne profond.

GARDIEN 3. On est dérouté.

LA FEMME (émue). Je ne savais pas tout ça, je vous jure que je ne savais pas.

GARDIEN 5. Asseyez-vous simplement trente minutes devant une tapisserie des Flandres, une grande, six mètres sur quatre, à petits points, Périclès à la bataille des Thermopiles par exemple.

GARDIEN 2. Ou La Visite de la tente de Saba tau roi Salomon, celle-là elle décoiffe !

GARDIEN 1. Trente minutes pas plus, et puis essayez après d'aller acheter du pain ou une crème contre les gerçures ou de parler à la maîtresse de votre fille, vous verrez comme c'est facile...

LA FEMME (de plus en plus bouleversée). J'imagine.

GARDIEN 4. Pourquoi croyez-vous que toutes les collections privées finissent dans les musées ?

GARDIEN 5. Les gens ne peuvent pas tenir.

GARDIEN 2. Un petit chef-d’œuvre en appartement jour et nuit, ça vous fout une famille en l'air, au bout de quoi ?

Six, sept ans ?... On est bien d'accord ?

GARDIEN 3. Tout à fait d'accord.

GARDIEN 1. Ou plus longtemps, mais c'est qu'ils le cachent derrière un rideau.

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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 13:33

 

 

 

            Il arrive souvent que j’aie quelques trains de retard. Ca fait des années que j’entends parler de cette pièce qui étonne, qui fait sourire, qui scandalise. Il était temps que je m’y attelle, étant, évidemment, concernée par le sujet.

            J’ai lu ce petit livre d’une traite, complètement crispée sur les pages, le souffle court et les cinq sens en alerte. Dans l’introduction, l’auteur (une femme, bien sûr, vous auriez pu imaginer qu’il s’agirait d’un homme ? autant croire qu’il puisse neiger à Marseille au mois d’août… vous remarquerez d’ailleurs qu’un maigre espoir exsude de ma formidable comparaison !), l’auteur donc, nous explique que son œuvre est fondé sur les interviews de plus de deux cents femmes à propos de leur vagin. Quand on lit ça dès la première page, ça peut paraître suspect. Comme Eve Ensler le dit elle-même très justement, ce mot de « vagin » est tabou, tout comme le sexe de la femme. Celui de l’homme, on en cause plus facilement. On en est fier ou penaud, on parle de centimètres, on félicite le petit garçon pour son beau zizi, etc. Et pour la femme ? Etant maman d’un garçon puis d’une fille, je me suis moi-même surprise à dire à ma petite chérie « non, tu n’as pas de zizi, toi, tu n’as rien… » quelle horreur ! bien sûr qu’il n’y a pas « rien » ! Et voilà ce que l’auteur tente de nous exposer.

            Les monologues proprement dits sont entrecoupés de « réalités sur le vagin » qui sont des données scientifiques, statistiques ou historiques. Les deux parties m’ont pareillement intéressée. J’ai été profondément bouleversée par ces pages, elles sont une ode à la femme, une force, un combat. 

            Pourquoi ce livre est-il si intense ? Parce qu’il est vrai, intime, à contre-courant, drôle, sérieux, léger, essentiel et même indispensable. Toutes les femmes devraient l’avoir lu mais également les hommes, qu’ils s’instruisent un peu les ignares (je les malmène un peu ces derniers temps, les pauvres, …)

Des extraits :

-         « Le clitoris est pur par définition. C’est le seul organe du corps humain fait purement pour le plaisir. Le clitoris n’est qu’une simple boule de nerfs. Huit mille terminaisons nerveuses, pour être tout à fait précis. C’est la plus forte concentration de terminaisons nerveuses qu’on puisse trouver dans tout l’organisme. Plus que le bout des doigts, plus que les lèvres, plus que la langue et deux fois plus, je dis bien DEUX FOIS PLUS que le pénis. Alors, je vous le demande : qui voudrait d’un fusil à un coup quand on a en sa possession une mitraillette ? »

 

-         « La vente des vibromasseurs est interdite par la loi dans les États suivants : Texas, Georgie, Ohio et Arkansas. Si vous vous faites prendre, vous risquez une amende de dix-mille dollars et un an de travaux forcés. En revanche, dans ces même États, la vente des armes est parfaitement légale. Et pourtant, on n’a jamais vu un massacre collectif causé par un vibromasseur. »

-         « Au XIXe siècle, les petites filles qui apprenaient à développer leurs capacités orgasmiques par la masturbation étaient considérées comme des cas médicaux. Souvent, on les « traitait » ou « corrigeait » par l’excision ou la cautérisation du clitoris ou encore « en créant une ceinture de chasteté miniature », c’est-à-dire en cousant ensemble les grandes lèvres pour mettre le clitoris hors de leur portée, et même par castration, avec ablation chirurgicale des ovaires. En revanche, il n’y a pas d’exemple dans la littérature médicale d’ablation chirurgicale des testicules ou d’amputation du pénis pour empêcher la masturbation chez les petits garçons.
Aux États-Unis, la dernière clitoridectomie à but curatif de la masturbation connue a été enregistrée en 1948 - sur une petite fille de cinq ans. »                   
L’Encyclopédie des mythes et des secrets de la femme.

 

            Je me tais et je vous laisse lire, j’ai trouvé le texte (complet il me semble) ici 

 

            La pièce de théâtre créée en 1996 a été traduite en 46 langues et jouée dans plus de 130 pays. Toute une pléiade d’artistes, de chanteuses, de comédiennes l’ont présentée. Et le site est là : http://www.lesmonologuesduvagin.com/

 

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