Me revoilà avec du théâtre ! et avec un auteur que j’avais déjà évoqué pour Lys Martagon.
Pierre aborde Léa. Pierre et Léa sont en cinquième. Il lui avoue qu’il la suit depuis un moment, épie ses mouvements, a compris qu’elle n’a pas une vie facile. Elle ne répond pas tout de suite puis se laisse emporter par la fougue du garçon. Ils s’inventent un univers délirant, vont jusqu’à s’emménager un appartement dans le haut d’un clocher, y installer des livres de philosophie orientale, des bougies, une collection de papillons séchés, mais ils vont aussi se marier, avoir des jumeaux, et puis divorcer, car il faut penser à tout.
Une étincelle. C’est bref, très intense mais éphémère. C’est ce que j’aime chez ce dramaturge, ne pas nous faire croire que c’est éternel, grandiose et unique. Parce que la vie n’est pas comme ça. Comme Lys Martagon, Pierre et Léa sont des allumés rêveurs ou des rêveurs allumés qui croient à une magie invisible et à un monde meilleur... mais ils n’y croient plus deux heures plus tard parce qu’il faut pas déconner quand même, « c’était pour rire ». Encore une bonne petite pièce (que c’est court, tout de même !) qui doit être délicieuse à voir, à jouer ou à faire jouer.
« Pierre. – Salut.
Léa. – ...
Pierre. – Salut.
Léa. – ...
Pierre. – Salut.
Léa. – ...
Pierre. – Ouasmok ?
Léa. – Pardon.
Pierre. – Comment tu t’appelles ? C’est de l’arabe. T’as quel âge ? T’habites où ? T’es fille unique ? T’étais où en vacances ? T’es partie avec tes parents ? T’as fait quoi ?
Léa. – Pourquoi je te répondrai ? On ne se connaît même pas il me semble.
Pierre. – Justement, c’est une méthode révolutionnaire. Grâce à ce principe, on se connaît plus vite et on sait tout de suite si on a une chance de former un couple heureux. C’est génial. Non ? »