J’ai un peu triché pour participer au challenge Les classiques c’est fantastique puisque le défi consistait plutôt à lire un pavé de Dickens vs Dumas ... Ici, il s’agit de « Marie », une nouvelle de jeunesse de Dumas et d’« Une amazone », une autre nouvelle parue la même année que La Reine Margot (1845).
« Une amazone » : Edouard Didier est un jeune homme qui vient d’emménager dans un petit appartement. Lors d’un bal masqué, il se laisse aborder par une jeune fille portant un domino ; très vite séduit par la fine main et la douce voix, il tente de percer l’énigme de son identité. De plus en plus mystérieuse, la jeune fille sème quelques indices : il s’agit d’Herminie, une orpheline qui sait manier les armes et monter à cheval comme un homme et qui, surtout, ne veut pas se marier. Elle fait d’Edouard ce qu’elle veut, et commence par lui ordonner de garder leur liaison secrète et de venir la rejoindre à minuit, dans la maison d’en face, en posant une longue planche entre les deux fenêtres. Une vraie liaison dangereuse...
Passés les deux premiers chapitres dont je n’ai pas compris l’intérêt (une longue partie de cartes, le lansquenet), le récit gagne rapidement en force non seulement grâce à ce personnage féminin énigmatique et attachant mais aussi par le truchement de l’humour. En effet, Herminie mène notre petit Edouard à la baguette, il se demande d’ailleurs ce qu’il représente vraiment pour elle : « un peu plus que sa femme de chambre, un peu moins que son chien, un accessoire, un hochet, un passe-temps ». Mais il ne l’aime pas non, non, non, évidemment. L’autre personnage-clé de la nouvelle, c’est Edmond, le lourdaud de service qui va revêtir une importance cruciale à la fin du texte. J’ai adoré cette nouvelle que j’ai trouvée impeccablement menée avec ce qu’il faut d’humour, de surprise et de suspense.
Dans « Marie », le narrateur, lors d’une nuit parisienne, va sauver une jeune fille de la noyade. Enceinte, elle voulait mourir, délaissée par un homme qui n’est autre qu’Alfred, une connaissance que le narrateur haïssait déjà. Le père de Marie va affronter Alfred en duel. Le récit n’est composé que d’une seule lettre, celle du narrateur qui réclame l’aide de son ami Gustave pour une « affaire de sang, une affaire que la mort peut seule terminer. » (tout s’éclaircit à la fin)
Deux jolis moments de lecture agrémentée par des dialogues fort savoureux et un rythme enlevé.
Ah ! ces femmes : « Le jeu avec les femmes a cela de charmant qu'il donne à leur physionomie toutes les expressions d'un chagrin réel ou d'une joie folle, selon qu'elles perdent ou qu'elles gagnent, car elles ne se donnent pas comme nous la peine de cacher ce qu'elles éprouvent. »
Herminie, résolument moderne et assurément très franche : « Je vous aime comme amant mais je vous haïrais comme mari. La seule idée que quelqu'un aurait reçu d'un pouvoir plus fort que le mien, le droit de m'empêcher d'être libre serait un tourment sans fin pour moi. Vous êtes mon premier amour, mais je ne vous dis pas que vous serez le dernier. Moi, je n'ai jamais aimé, je ne sais pas combien de temps on aime et du jour où je ne vous aimerais plus comme aujourd'hui, j'entends que nous redevenions libres tous deux ; que jusque-là il n'y ait pas une indiscrétion de votre part, comme Il n'y aura pas un doute de la mienne, et qu'une fois séparés par ma seule volonté, quoi qu'il arrive, vous cessiez de me connaître et continuiez votre route sans regarder en arrière. »
« Cette femme-là prend un amant comme on prend un domestique, pensa Edouard, voyons les gages ! »
Sinon, de Dumas, j’ai déjà écouté Les Trois Mousquetaires, lu et adoré Le Comte de Monte-Cristo (non chroniqué ici) et de Dickens, je n’ai qu’un petit David Copperfield (en version abrégée - oui, c'est nul).