Parmi les auteurs contemporains, il y en a un que je place sur le podium, c’est Nicolas Mathieu qui m’a tellement captivée avec Leurs enfants après eux et tout récemment Connemara.
Ce court livre comporte deux nouvelles.
« Rose Royal « : Rose a la cinquantaine. Célibataire ayant connu des dizaines d’aventures, elle a l’habitude de boire un demi au Royal, ce bistro qui ne paie pas de mine. Un soir, elle se sent obligée d’utiliser le revolver qu’elle s’était procuré un jour où elle s’était sentie menacée par un compagnon. Elle a achevé un chien qui venait d’être renversé devant le bistro… et est tombée amoureuse de son maître. D’amour, il en n’en est peut-être pas question d’ailleurs. Disons que Luc lui convient mieux qu’un autre ? Alors même si elle a failli le quitter maintes fois, elle se laisse convaincre, elle va vivre avec lui, même travailler pour lui… jusqu’à se rendre compte qu’il lui a progressivement et sournoisement pris toute sa liberté. Le revolver va servir encore, mais pas comme on l’imagine.
« La Retraite du juge Wagner » confronte un juge vieillissant, célibataire et solitaire, et un petit délinquant de la banlieue de Colmar. Le jeune avait piqué l’arme du juge qui l’a facilement retrouvé sur les réseaux sociaux. Il permet au paumé de renouer avec le travail et les études mais des Corses rôdent et veulent se venger…
La première nouvelle, « Rose Royal », m’a prise aux tripes pour deux raisons. Elle dépeint l’amour et la vieillesse (enfin, cette vieillesse qui commence à 40 ans déjà) d’une manière pessimiste et désolante, et pourtant (trop) lucide. Deux personnes restent ensemble pour ne pas être seules, en dépit de leurs différends, en dépit du manque d’amour ; ils se rassurent en se trouvant des points communs aussi ridicules que dérisoires. Ensuite, on le comprend assez vite, le texte évoque l’emprise qu’un homme peut avoir sur une femme sans qu’elle en prenne véritablement conscience. Thierry, parce qu’il se montre vulnérable sur un point, attire la compassion de Rose qui ne va pas le quitter. Quelle justesse dans cette narration haletante ! Et ça fait du bien de savoir que c’est un homme qui a écrit ce texte.
La seconde nouvelle se révèle assez pessimiste aussi même si ce juge sait se montrer clément et généreux. J’ai aimé que l’histoire se passe dans ma région et que, mise à part l’évocation féérique de la Petite Venise de Colmar, on y montre un versant plus sombre que celui habituellement présenté quand on parle de l’Alsace.
En somme, une belle lecture ! C’est Tiphanie que je remercie 😉
"Les gens qui nous plaisent ont toujours cet aspect familier, cet air de bibelot."