Dans ce recueil de trois nouvelles, l’écrivain québécois explore la fin de l’adolescence et ce passage délicat à l’âge adulte.
« Aller aux fraises » : un ado et ses potes, avant de démarrer les études supérieures, font encore quelques conneries, le narrateur abîme notamment la voiture de son père. Ce dernier, plutôt que d’entrer dans une colère noire, lui réplique qu’il est sans doute aller aux fraises.
Dans « Cendres », trois copains de toujours réunis par leurs deux passions : la bière et le billard. Mais l’un d’eux meurt prématurément et les deux autres, un soir de neige, tentent d’aller respecter la promesse de disperser les cendres au cimetière de Sainte-Irénée. Mais ils sont ivres, mêmes plus qu’ivres !
Dans la dernière nouvelle, « Thetford Mines », on retrouve le narrateur du premier texte quelques années plus tôt alors que sa mère et son nouveau « chum » se sont installés dans cette région réputée pour ses mines d’amiante. Il les rejoint tous les week-ends en train avant d’avoir sa propre voiture et de faire, un soir de neige, une découverte enchanteresse qui lui confirme qu’il a bien 18 ans et que tout est possible…
C’est vraiment très court, même pas 100 pages au total mais c’est le seul reproche que j’aurais à faire à ce livre que j’ai dévoré et adoré. C’est la première fois que je découvre l’écriture d’Éric Plamondon et mon adhésion fut immédiate et totale. Entre langage familier, expressions bien de chez lui et poésie, c’est un vrai plaisir de lecture ! Même si le sujet n’est pas tout frais, ce passage à l’âge adulte, quand on a l’impression d’être invincible, est joliment traité. Entre humour et émotion, ces quelques photographies (et leur arrière-plan enneigé !) de ce moment-clé vont certainement marquer durablement le lecteur. Ou quand même croquer le réel avec justesse et finesse. Hâte de lire autre chose de l’auteur, quel titre en priorité ?
« C’était la fin de quelque chose. Je me dirigeais tout droit vers les responsabilités, les histoires d’amour compliquée, les haines partagées, les collègues insignifiants, le mariage, le divorce, avoir un enfant, voir ses parents vieillir, changer d’idée, douter, chercher des réponses, sombrer, se relever, tenter, recommencer et, souvent, me souvenir de la fois où mon père m’avait dit : « On dirait que t’es allé aux fraises. »
Après l’émotion, place à l’humour :
« - Niaise pas là-d’sus, Finger. Veux-tu une autre gorgée de vin.
-Envoye donc, j’commence à être tanné de rôter juste d’la bière. »