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23 juillet 2019 2 23 /07 /juillet /2019 11:34

Résultat de recherche d'images pour "Le testament de Dina de Herbjørg Wassmo"

             Fin du XIXème siècle, au nord de la Norvège. La grand-mère Dina a péri dans un incendie en laissant un « testament » des plus sanglants : c’est à sa petite-fille Karna que revient la mission d’avouer à tout le monde que l’aïeule a tué deux hommes au courant de sa vie. Après cette révélation lors de l’enterrement, Karna se réfugie dans un mutisme et une folie qui obligent son médecin de père à la placer dans un asile à Copenhague. C’est Anna, la belle-mère qui va l’accompagner. Elle rencontrera un des médecins qui s’occupe de la jeune malade et tombera amoureuse de lui. Karna guérira-t-elle pour retrouver son Peder en Norvège ?

           Ce fut comme un long accouchement douloureux… J’ai eu un mal fou à entrer dans le livre, il m’a fallu 150 pages pour commencer à l’apprécier. Mais accouchement douloureux ne dit pas bébé affreux et je dois admettre que plus j’avançais, plus je me mettais à m’attacher aux personnages complexes et humains et à trouver très intéressante la manière dont les thèmes sont traités. Féminisme, adultère, tyrannie des apparences, émancipation, fidélité… accompagnent le thème qui m’a paru central : celui de ce trio, la femme, le mari et l’amant. Leurs relations ambiguës et paradoxales (amant et mari s’apprécient sincèrement au bout d’un moment) ont plus fait écho en mois que Karna, ses hallucinations et ses errances. J’ai déjà eu du mal à entrer dans le roman lu précédemment de cette autrice, La véranda aveugle, je finis par me demander si ce style me correspond. Ne vous y trompez pas, c’est un grand roman, avec une plongée directe dans un univers norvégien parfois insolite (on mange du hareng et on boit du schnaps au petit-déjeuner ; on parle à son interlocuteur non pas à la 2ème  personne mais à la 3ème…) ; cette immersion dans la Scandinavie du XIXème siècle est surprenante et certains passages très beaux. Mais bon sang qu’il m’en aura fallu du temps pour venir au bout de ces 558 pages !

« Et ce muscle vital, celui que l’on nomme le coeur dans le langage courant ou les poèmes romantiques, ignora instantanément les signaux habituels envoyés par le cerveau. Résultat : je me suis senti ridicule, non seulement à mes yeux, mais aussi vis-à-vis d’elle. J’avais l’impression absurde qu’elle pouvait entendre mon muscle interne battre la chamade. »

Selon un gynécologue réputé… : « il est dangereux pour les jeunes femmes de trop étudier ou de mener, hors de leur foyer, une vie sociale trop active. Selon lui, les épouses ou les mères qui se surmènent mentalement peuvent contracter de graves maladies de l’appareil génital ou du système nerveux. »

« Être libre, c’est avoir la possibilité de partir. De changer de rôle. Une chance qui était offerte à n’importe quel homme. Tandis que les femmes étaient confinées dans des endroits qu’elles ne semblaient pas choisir. Des pièces dans lesquelles les autres passaient ou venaient parce qu’ils avaient à y faire. Mais dans lesquelles ils ne restaient pas. C’étaient à croire que les femmes étaient une race à part, nées pour être là où on les attendait. Un mal nécessaire. Qui pleurait, saignait. Des êtres exigeants parfois pénibles à supporter mais qu’il fallait protéger. Des êtres versés dans la rêverie et non dans l’action. »

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16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 14:57

Résultat de recherche d'images pour "mystic river livre rivages noir"

           En 1975, trois garçons, Dave, Jimmy et Sean jouent dans la rue, une voiture s’arrête, deux types qui se font passer pour des flics leur demandent de monter à bord. Seul Dave va accepter. Il ne reviendra que quatre jours plus tard, réchappant à ceux qui étaient ses tortionnaires. De cette courte disparition, on ne saura pas grand-chose, sauf qu’elle aura irrémédiablement changé Dave et le cours de sa vie. Vingt-cinq ans plus tard, on retrouve Dave marié, Sean enquêteur et Jimmy père d’une jeune fille, Katie, qui vient d’être assassinée. Le crime réveille de vieilles tensions et met en émoi tout le Flats, ce quartier paumé de Boston. Lorsque Dave rentre couvert de sang, la même nuit où Katie a été tuée, sa femme craint le pire.

          Alors que j’étais un peu sceptique en entrant dans ce roman, effrayée par le pavé qu’il est (584 pages), mes craintes se sont vite évanouies. Ce roman noir excelle par sa puissance, la fine psychologie de ses personnages, la description de ce quartier sombre et mafieux. Mystic River, ce fleuve, qui sait si bien cacher les secrets, prend une place de plus en plus grande dans la seconde partie du roman, accompagnant des personnages à la fois bons et cruels, saints et diables. L’amitié, la culpabilité, la communauté, la vengeance, l’éducation sont quelques-uns des thèmes qu’on retrouve dans ce quartier qui ressemble à un grand plateau de jeu où chaque pion a sa place bien précise. J’ai vraiment aimé, et le style et l’univers m’ont fait penser à l’excellent Dahlia noir.

          Ensuite j’ai regardé le film de Clint Eastwood… très proche du roman à part que, sans surprise, les dix premières minutes récapitulent sur une bonne centaine de pages du bouquin et que c’est toujours frustrant de se dire qu’on a passé des heures à lire un truc résumé en quelques minutes. Cependant, tant dans les dialogues que pour les personnages et le contexte socio-culturel, la fidélité au roman est remarquable. Sean Penn et Kevin Bacon sont admirables de justesse dans ce film efficace, noir et très bon. Je suis donc très contente d’avoir lu et vu Mystic River !

Résultat de recherche d'images pour "mystic river film"

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12 juillet 2019 5 12 /07 /juillet /2019 11:13

Résultat de recherche d'images pour "Salina de Laurent Gaudé actes sud"

Dans le village des Djimba, un cavalier inconnu arrive en déposant un bébé sur la place. Le bébé hurle, personne n’ose le toucher, le soleil ne le tue pas, les hyènes ne le dévorent pas, le soleil se couche, une femme se décide à adopter cette petite fille venue de nulle part : Salina.

Salina est maintenant une vieille femme qui a marché toute sa vie dans le désert et qui demande à son fils, Malaka, de l’accompagner vers le mont Tadma, la « limite des mondes ». Lorsque ses forces la quittent, Malaka prend sa mère sur son dos et ils avancent, péniblement. Accrochée à son dos, Salina mourra silencieusement. Après avoir accompli minutieusement sa toilette, Malaka emmène sa mère vers un cimetière particulier, accomplissant un rite funéraire aussi étrange que magnifique : un passeur l’emmène en barque avec le cadavre vers une île où un cimetière décidera s’il accueillera ou non le mort. Et sur la mer, d’autres barques rejoignent celle de Malaka et, pour rendre hommage à sa mère, il raconte toute son histoire, toute cette vie faite de malheurs, d’amours perdues, de trahisons et surtout d’exils.

Je boudais cet auteur pour des raisons mal fondées et je suis de plus en plus admiratrice de son écriture. Ici, en quelques pages, il nous plonge dans un univers dépaysant, nous touche directement au cœur en quelques mots. Chapeau ! Cette relation mère-fils m’a complètement subjuguée parce qu’elle résonne avec mon histoire avec mon père sans doute aussi. Entre fable, tragédie et épopée, le texte sonne, ébranle, crie et apaise parfois aussi. A la fois très violent et sublime, le roman est imprégné de ce désert hostile, de cette aridité et cette chaleur sèche, tout en répandant une poésie puissante, tout en transmettant une belle force viscérale et universelle. Un très très beau roman – coup de cœur pour moi !

Malaka qui porte sa mère : « Il se concentre pour continuer à avancer sans accroc ni chute. Le vent souffle plus fort, soulevant la neige qui borde le chemin, les entourant d’un tourbillon qui leur fouette le visage. Jamais deux corps n’ont été plus serrés l’un contre l’autre. Jamais deux corps n’ont été plus proches. Ses pas sont lents. Tout craque et hurle. Ils sont emmitouflés dans des peaux de bête qui se sont raidies sous la morsure du givre. »

Je ne veux pas tout dévoiler mais une femme tend à Salina son bébé pour que de très vieilles tensions entre deux clans s’apaisent enfin ; Salina accepte : « Pardonne-moi. Je prends la vie que tu m’offres. Je veillerai sur ton fils – car toujours, il sera ton fils, Alika. Lorsqu’il grandira, ce sont tes traits que je verrai apparaître sur son visage et ce sera bien. J’aurai alors sous les yeux le visage de ta sagesse. Va, Alika, ce que tu fais, aucune mère, jamais, ne l’a fait. Je vais vivre, je te le jure. »

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1 juillet 2019 1 01 /07 /juillet /2019 18:18

Résultat de recherche d'images pour "de si bons amis de joyce maynard rey"

            Helen est une mère divorcée, mal aimée de ses parents, qui a sombré dans l’alcool. Devant son fils Ollie, cinq ans, elle sait se tenir mais le drame surgit un soir où elle est obligée de prendre le volant, ivre, et que la police l’arrête. Elle perd la garde de son fils qu’elle n’a plus le droit de voir que très ponctuellement. Elle arrête complètement l’alcool et vit de petits boulots de photographe mal payés. Un soir de vernissage, elle rencontre Ava, une paraplégique richissime qui la prend sous son aile. Mariée à Swift, un extraverti blagueur et imposant, elle s’occupe d’une fondation de protection des chiens. Le couple adopte en quelque sorte Helen, lui offrant repas somptueux, habits de qualité, mais aussi oreille attentive. Helen finit par venir quotidiennement dans leur grande villa luxueuse, elle leur raconte ses rencontres internet qui tournent court pour la plupart. Pourtant Eliott, un type simple et sincère finit par la conquérir mais, avec son petit boulot de comptable, sa rusticité, il n’appartient pas au même monde que les nouveaux amis de Helen. Lorsqu’elle présente Ollie à Swift, le garçon est tellement comblé d’avoir trouvé un modèle grande gueule et aventurier, qu’elle tourne le dos à Elliott, pensant avoir trouvé une nouvelle famille. On le devine depuis le début, un événement va rompre et cette amitié douteuse, et l’image parfaite de ce couple si uni.

            Première découverte pour moi de cette autrice à succès et quelle belle surprise ! J’ai adoré du début à la fin ce roman palpitant et captivant, d’un suspense implacable, d’une tension psychologique qui nous permet de couper complètement de notre vie. Sans tomber dans la tentation du cliché, l’autrice a imaginé une rencontre entre un être vulnérable qui n’a jamais vraiment été aimé et un couple idéal vivant dans un Eldorado. Qui n’aurait pas succombé ? De réflexions sur l’amitié au vrai sens de la vie (baby), le roman est surtout exceptionnellement distrayant. J’ai hâte de lire d’autres romans de Joyce Maynard qui a connu une relation aussi brève que cataclysmique avec J.D. Salinger (elle 18 ans, lui 53), le saviez-vous ?

Je n’ai même pas de citation à vous proposer tellement j’ai dévoré ce roman à toute allure !

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21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 14:35

Résultat de recherche d'images pour "Un été sans dormir de Bram Dehouck"

 

           Dans une petite ville belge, Windhoek, la quiétude bon enfant est perturbée le jour où d’immenses éoliennes surplombent les habitations. Le facteur plutôt baba cool écolo se réjouit, le boucher n’arrive plus à dormir, le vétérinaire n’aime pas ces grandes ombres dansantes sur sa belle pelouse. Tout dérape quand le boucher devient vraiment insomniaque, quand la femme du facteur devient méchante par excès de jalousie envers la belle situation de la famille du boucher et que la femme du vétérinaire couche avec un grand Noir, demandeur d’asile… Entre commérages et vengeances, le sang gicle parfois dans la joie et la bonne humeur…

          Ça se lit très bien, vite, c’est divertissant, drôle sans en avoir l’air, un brin sarcastique, idéal si on n’a pas trop envie de se prendre la tête ! L’auteur alterne humour potache et humour noir sans y aller trop fort (il aurait pu !) et glisse dans cette histoire une petite satire de la bourgeoisie provinciale belge. On a presque envie de goûter au succulent pâté Bracke, spécialité du boucher, qui, après un succès très rentable lui causera bien des tracas.

Merci à Alex à qui j’avais chipé cette idée de lecture !

 

Bel été à vous !!!

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17 juin 2019 1 17 /06 /juin /2019 20:16

Résultat de recherche d'images pour "Une journée d’automne de Wallace Stegner"

 

             Margaret, jeune femme aristocrate élégante et posée, accueille, aux côtés de son mari Alec, sa jeune sœur, Elspeth. La cadette vient d’Ecosse, leur pays natal, et s’installe dans la grande ferme de sa sœur, dans l’Iowa. Guillerette et enjouée, Elspeth s’émerveille devant les animaux, la flore et les changements de saison de sa terre d’adoption. Alec, moins austère que son épouse, trouve un bon public pour les blagues qu’il a l’habitude de faire. L’impensable se produit lorsqu’Alec et Elspeth se rapprochent… Le drame irréparable s’étend sur les années qui passent, brisant les relations entre sœurs, entre mari et femme. Nous retrouvons les personnages des années plus tard.

           On note un nom d’auteur, on emprunte un de ses romans à la bibliothèque, on démarre la lecture un pluvieux après-midi de mai et on lit, on lit, on lit. La justesse, la concision et le romanesque de cette longue nouvelle (le livre fait un peu moins de 150 pages) m’ont complètement conquise. Une écriture efficace permet d’emblée de se plonger dans un univers campagnard, désuet, à cheval sur les convenances.  Et la nature est toujours présente, changeante d’un mois à l’autre, témoin des mésaventures humaines. J’ai dévoré et adoré, sans bémol ni restriction. A noter, la quatrième de couverture qui évoque un « triangle amoureux » que je conteste formellement (ou alors, on n’a pas la même définition de l’expression). Il me faudra en lire davantage de ce Monsieur Stegner, écrivain américain écolo.

« Il s’employa donc à instruire Elspeth pendant tout le reste du trajet. Il commença par lui raconter que, dans la vallée du Mississippi, les vers de terre étaient si longs que les poules mettaient une journée entière à en avaler un. La poule, expliqua-t-il, devait commencer par tirer le ver de son trou ; ensuite, elle en attrapait une extrémité avec le bec, puis reculait, reculait. Un ver adulte pouvait lui prendre de 8 heures de matin à 3 heures de l’après-midi, avec une petite pause d’une heure à midi. Quand enfin la queue du ver sortait du trou, elle se détendait comme un élastique avec une force capable d’abattre les arbres à des kilomètres à la ronde. »-  Trier par: pertinence | pagespertinence | pages-  ‹ Précédent  Suivant ›  -  Tout afficher

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11 juin 2019 2 11 /06 /juin /2019 16:51

Résultat de recherche d'images pour "dernier jour sur terre vann"

             Steve Kazmierczak, 27 ans, tire sur des étudiants le 14 février 2008 dans un amphithéâtre à DeKalb, dans l’Illinois, il tue cinq personnes, en blesse dix-huit avant de se suicider. L’auteur, David Vann, a grandi parmi les armes lui aussi. Il a appris à tirer sur les petites bêtes avant de s’en prendre à des cerfs. Lorsque son père se suicide, il hérite de toutes ses armes et poursuit ses petits massacres en visant de temps et temps ses voisins au Magmum. Il revient sur la vie de Steve, peut-être aurait-il pu lui aussi en arriver là ? A commettre un meurtre programmé ? Il revient sur l’itinéraire de cet enfant que sa mère gardait jalousement à la maison, regardant avec son fils des films d’horreur tout en lui parlant de la Bible… Son internement, ses conflits avec sa sœur, son refus de la drogue, sa renaissance au contact des études, son extrême politesse, ses sites rencontres érotiques, ses TOC de vérification, ses brillantes réussites scolaires …

            Ce texte naviguant entre roman, biographie et documentaire, nous plonge sans concession dans cette Amérique où on achète aussi facilement une arme à feu qu’un tube de colle, où l’on transmet de père en fils cette fierté de savoir dégommer un cerf. Ça fait froid dans le dos. David Vann a voulu retracer le parcours de Steve d’une part pour le comparer au sien ; à lui aussi on a enseigné les tirs, les armes, la mort - mais aussi pour s’en détacher et expliquer que l’enfance de Steve, ses parents, son univers et ses troubles psychologiques ont créé ce criminel. C’était intéressant de lire que Steve n’était pas un monstre de A à Z, qu’il était apprécié de la plupart de ses amis et collègues, que son acte est dû à un dysfonctionnement personnel et à une éducation complètement aberrante. C’est finalement son univers empli de films d’horreur et déviances sexuelles que je me suis pris à détester plus que le gars lui-même. Les descriptions des films et des loisirs de Steve et de ses amis m’ont barbée si elles ne m’ont dégoûtée. Enfin, on comprend bien que l’auteur s’insurge ouvertement et clairement contre cet usage légal des armes à feu qui permet ces tueries de masse. Il a su rendre cette biographie prenante, faisant monter la tension jusqu’au jour fatidique et prouvant la part de responsabilité de la société américaine dans un style, comme à son habitude, concis, efficace, cinglant. Pas le meilleur de l’auteur à mon goût mais un livre édifiant et glaçant.

Merci à l’ami prêteur !

De nombreuses références à Cho sont faites, l’auteur de la fusillade d’avril 2007 qui a fait plus de trente morts : « Cho a tué trente-deux personnes, il en a blessé vingt-trois puis s’est suicidé avant l’arrivée de la police. Dans toute l’histoire des Etats-Unis, c’est le déchaînement le plus meurtrier perpétré par un tueur isolé, et tout ceci était idiot. Il n’y a rien de cool ni d’intéressant dans la méthodologie de Cho. Acheter un Glock 19, quelques chargeurs supplémentaires, entrer dans une salle de classe et tirer sur les gens. Nous n’avons encore rien mis en place pour empêcher quelqu’un de commettre un tel acte. C’est un droit américain.

« Après la fusillade de NIU, le pouvoir législatif de l’Illinois a tenté de voter une loi qui aurait pu limiter l’achat d’armes de poing à un pistolet par mois et par personne, ce qui impliquait tout de même qu’une personne pouvait se procurer douze armes par an, et même cela n’a pas été voté. Les propres élus de DeKalb ont voté contre. »

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7 juin 2019 5 07 /06 /juin /2019 08:55

Résultat de recherche d'images pour "Changer le sens des rivières de Murielle Magellan julliard"

             Le Havre. Marie est une serveuse de vingt-trois ans qui, financièrement, a du mal à joindre les deux bouts entre son maigre salaire, son hypocondriaque de père qu’elle doit régulièrement « sauvé » et son statut de célibataire. Lorsqu’elle réussit à séduire Alexandre, un client féru de cinéma, elle pense que sa vie va changer. Alors que les deux sont physiquement compatibles, Alexandre est contrarié que sa maîtresse ne sache même pas qui est François Truffaut. Il la plaque brutalement, chose que Marie ne va pas accepter ; elle se vengera physiquement contre Alexandre ce qui lui vaudra une comparution devant le juge et une amende de quelques centaines d’euros. Oui mais pour elle, impossible de trouver cette somme. Elle a l’audace de solliciter la clémence du juge qui lui propose un étrange pacte : il la conduira où il voudra, quand il en aura besoin et il lui donnera la somme due. Entre les trois personnages, des liens inattendus vont se tisser.

            J’ai beaucoup aimé cette histoire, ce gouffre qu’il peut y avoir entre deux êtres séparés par une éducation différente, une ignorance qui peut cependant être contrebalancée par une motivation et une combativité admirables. Comme souvent chez Magellan, c’est doux et optimiste. Sans être un feel good abêtissant, c’est un roman qui donne le sourire et l’envie d’espérer, qui nous amène à croire que des ponts peuvent être faits entre différentes classes sociales, qu’il n’y a ni fatalité ni pessimisme. Alors oui, c’est un peu facile et les personnages sont décidément bien versatiles mais c’est vraiment une belle histoire servie par une écriture séduisante et efficace. J’aime décidément beaucoup cette autrice dont j’avais déjà lu Un refrain sur les murs et les excellents Indociles.

« Truffaut et Verlaine se fendent la poire et lui rappellent la foule des géants dont elle ne fait pas partie. Elle ne sait rien des siècles ; Elle ne sait rien des poètes que son écran affiche en recherches associées, Hugo, Rimbaud, Baudelaire, aux noms de rues ou de médiathèques, si familiers pourtant, comme les paroles de ce tube mille fois chanté en phonétique mais toujours aussi incompréhensibles : Welcome to the Hotel California, seutche eu lôôve lypleice ! seutche eu lôôve lypleice… »

« Ce soir, les possibles sont comme les perles multicolores d’un collier pour enfant à fabriquer. Si l’un se perd, le sac est encore plein, et on ne se penche même pas pour la retrouver. »

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31 mai 2019 5 31 /05 /mai /2019 17:51

Résultat de recherche d'images pour "fante pleins de vie 10 18"

                John Fante, écrivain qui vient de connaître ses premiers succès, gagne désormais assez pour s’acheter une petite maison à Los Angeles. Il y vit avec sa femme Joyce, qui, en fin de grossesse, a totalement changé d’attitude. Tantôt exigeante, tantôt maniaque, elle se passionne pour la religion. La petite monotonie de leur vie est brisée quand… le sol se brise sous les pieds de Joyce ! Les termites ont grignoté le plancher qui s’est effondré dans la cuisine. Plus de peur que de mal mais il faut rapidement trouver une solution pour réparer les dégâts. John va voir son père - d’origine italienne - à San Juan pour le convaincre de venir avec lui restaurer ce plancher mais l’autre génération ne voit pas les choses du même œil, le père avait même envisagé de faire construire la maison de son petit-fils à côté de la leur. Après quelques heurts et tergiversations, il va suivre son fils à Los Angeles. Le narrateur devra essuyer les récriminations de sa femme et son père, complices dans les prises de décisions plus stupides les unes que les autres.

              J’ai découvert John Fante avec le grand Demande à la poussière. Ce roman-là est plus doux, moins impressionnant et moins sulfureux que Demande à la poussière mais il n’en demeure pas moins intéressant, drôle et agréable à lire. On ne saura jamais qui est véritablement ce narrateur : un sombre salaud qui n’aime pas son père, qui ne supporte plus sa femme parce qu’elle est enceinte ? Une pauvre victime ballottée entre l’ivrognerie d’un père donneur de leçons et les caprices d’une femme devenue bigote ? Sans donner une réponse tranchée, John Fante se moque du couple, de la relation père-fils (entre respect, concession et agacement, le narrateur commet bien des maladresses) et laisse une belle place à cette maison qui symbolise la réussite sociale de Fante mais aussi un échec puisqu’elle tombe vite en morceaux. Peut-être un peu moins indispensable que Demande à la poussière, ce petit récit distraie, fait sourire, donne à voir un héros qui n’en est pas vraiment un.

Si le père a droit à son portrait au vitriol, la mère n’est pas en reste, elle s’évanouit à la moindre émotion : « A chacun de mes retours à la maison, saluer maman a toujours été le plus difficile. Car ma mère était une spécialiste de l’évanouissement, surtout si je ne l’avais pas vue depuis plus de trois mois. Quand moins de trois mois s’étaient écoulés, je pouvais encore contrôler la situation. Car elle se contentait alors de vaciller dangereusement, prête à s’écrouler, ce qui nous donnait le temps de la rattraper avant la chute. »

« Au bout de deux semaines, papa a décidé de se mettre au travail. Ce n’était pas trop tôt. Nous ne supportions plus les planches grossières qui couvraient le trou du plancher de la cuisine. Des miasmes macabres filtraient à travers les fissures, tout le monde trébuchait sur l’obstacle. »

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27 mai 2019 1 27 /05 /mai /2019 11:34

Résultat de recherche d'images pour "Lord Gwynplaine de Jean-Bernard Pouy et Patrick Raynal"

             Une fois n’est pas coutume : c’est le bandeau accrocheur qui m’a attirée. J’avais tellement adoré Le Comte de Monte-Cristo que j’ai craqué sur cette réécriture moderne.

             1993. Erwan le Dantec, pilote d’avion d’environ 25 ans, se fait arrêter. Avant de comprendre de quoi il en retourne, il est emmené manu militari à plusieurs de vol de Toulouse. Emprisonné dans une sombre geôle perdue dans la jungle guyanaise, il va mettre des années à comprendre qu’il a été la victime d’une machination des plus viles. En prison, il rencontre celui qui va devenir son mentor, son unique ami, son guide : Vargas, jadis un proche de Pablo Escobar, qui lui révèle l’existence d’un trésor caché en Colombie. Le vieil homme va éduquer et instruire le jeune pendant des années avant de lui permettre de s’évader, seul. Au bout de quinze ans, Erwan prend effectivement la fuite avec panache et brio, il rejoint la Colombie et… la suite, il faut la lire. Quelques très belles jeunes femmes, une intelligence acérée, l’omnipotence de l’argent, un mystère entourant celui qui se fera appeler Lord Gwynplaine vont l’aider à se venger, en très digne descendant d’Edmond Dantès.

Le pari est totalement réussi : nous avons bien affaire à une réécriture moderne du roman de Dumas avec, à la clé, injustices, vengeances, retour triomphant, millions, pléthore de personnages ! J’ai trouvé la première moitié du roman absolument passionnante ! Les pages se dévorent, c’est bien écrit, on s’attache à cette victime devenue héros, on rumine avec lui toute la colère ressentie contre les nantis qui l’ont tout simplement fait passer pour mort. La seconde moitié devient un peu moins excitante parce qu’on se retrouve à Paris (oui, j’ai préféré l’exotisme sudaméricain), que les personnages principaux, au bout de quinze ans, ont fait des enfants, qu’il y a beaucoup de monde dans la pièce, et qu’il faut suivre. Certains hasards sont un peu trop gros pour être crédibles mais j’ai lu très rapidement ces 569 pages, les auteurs maîtrisant parfaitement suspense, romanesque, rythme et action, ils ont également brillamment su doser la part de modernité dans ce fascinant récit d’aventure. Excellent moment de lecture !

Lorsque Vargas pénètre pour la première fois dans la cellule de Dantec : « Erwan, dans un état voisin de l’adoration, contempla un instant l’apparition avant de se décider à la prendre dans ses bras. Il était grand, maigre, voûté et, bien qu’il semblât n’avoir que la peau sur les os, étonnamment musclé. Ses cheveux et sa barbe formaient comme une forêt grise autour de son nez droit et fin et de ses yeux noirs où brillait une intelligence sardonique, dont la faible lueur de la chandelle accentuait le côté un peu maléfique. […] Il accueillit les effusions d’Erwan avec une certaine froideur bienveillante, comme si sa vieille âme glacée et endurcie par la détention éprouvait quelque méfiance à se voir ainsi frottée à cette jeune âme. »

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