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21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 14:35

Résultat de recherche d'images pour "Un été sans dormir de Bram Dehouck"

 

           Dans une petite ville belge, Windhoek, la quiétude bon enfant est perturbée le jour où d’immenses éoliennes surplombent les habitations. Le facteur plutôt baba cool écolo se réjouit, le boucher n’arrive plus à dormir, le vétérinaire n’aime pas ces grandes ombres dansantes sur sa belle pelouse. Tout dérape quand le boucher devient vraiment insomniaque, quand la femme du facteur devient méchante par excès de jalousie envers la belle situation de la famille du boucher et que la femme du vétérinaire couche avec un grand Noir, demandeur d’asile… Entre commérages et vengeances, le sang gicle parfois dans la joie et la bonne humeur…

          Ça se lit très bien, vite, c’est divertissant, drôle sans en avoir l’air, un brin sarcastique, idéal si on n’a pas trop envie de se prendre la tête ! L’auteur alterne humour potache et humour noir sans y aller trop fort (il aurait pu !) et glisse dans cette histoire une petite satire de la bourgeoisie provinciale belge. On a presque envie de goûter au succulent pâté Bracke, spécialité du boucher, qui, après un succès très rentable lui causera bien des tracas.

Merci à Alex à qui j’avais chipé cette idée de lecture !

 

Bel été à vous !!!

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17 juin 2019 1 17 /06 /juin /2019 20:16

Résultat de recherche d'images pour "Une journée d’automne de Wallace Stegner"

 

             Margaret, jeune femme aristocrate élégante et posée, accueille, aux côtés de son mari Alec, sa jeune sœur, Elspeth. La cadette vient d’Ecosse, leur pays natal, et s’installe dans la grande ferme de sa sœur, dans l’Iowa. Guillerette et enjouée, Elspeth s’émerveille devant les animaux, la flore et les changements de saison de sa terre d’adoption. Alec, moins austère que son épouse, trouve un bon public pour les blagues qu’il a l’habitude de faire. L’impensable se produit lorsqu’Alec et Elspeth se rapprochent… Le drame irréparable s’étend sur les années qui passent, brisant les relations entre sœurs, entre mari et femme. Nous retrouvons les personnages des années plus tard.

           On note un nom d’auteur, on emprunte un de ses romans à la bibliothèque, on démarre la lecture un pluvieux après-midi de mai et on lit, on lit, on lit. La justesse, la concision et le romanesque de cette longue nouvelle (le livre fait un peu moins de 150 pages) m’ont complètement conquise. Une écriture efficace permet d’emblée de se plonger dans un univers campagnard, désuet, à cheval sur les convenances.  Et la nature est toujours présente, changeante d’un mois à l’autre, témoin des mésaventures humaines. J’ai dévoré et adoré, sans bémol ni restriction. A noter, la quatrième de couverture qui évoque un « triangle amoureux » que je conteste formellement (ou alors, on n’a pas la même définition de l’expression). Il me faudra en lire davantage de ce Monsieur Stegner, écrivain américain écolo.

« Il s’employa donc à instruire Elspeth pendant tout le reste du trajet. Il commença par lui raconter que, dans la vallée du Mississippi, les vers de terre étaient si longs que les poules mettaient une journée entière à en avaler un. La poule, expliqua-t-il, devait commencer par tirer le ver de son trou ; ensuite, elle en attrapait une extrémité avec le bec, puis reculait, reculait. Un ver adulte pouvait lui prendre de 8 heures de matin à 3 heures de l’après-midi, avec une petite pause d’une heure à midi. Quand enfin la queue du ver sortait du trou, elle se détendait comme un élastique avec une force capable d’abattre les arbres à des kilomètres à la ronde. »-  Trier par: pertinence | pagespertinence | pages-  ‹ Précédent  Suivant ›  -  Tout afficher

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11 juin 2019 2 11 /06 /juin /2019 16:51

Résultat de recherche d'images pour "dernier jour sur terre vann"

             Steve Kazmierczak, 27 ans, tire sur des étudiants le 14 février 2008 dans un amphithéâtre à DeKalb, dans l’Illinois, il tue cinq personnes, en blesse dix-huit avant de se suicider. L’auteur, David Vann, a grandi parmi les armes lui aussi. Il a appris à tirer sur les petites bêtes avant de s’en prendre à des cerfs. Lorsque son père se suicide, il hérite de toutes ses armes et poursuit ses petits massacres en visant de temps et temps ses voisins au Magmum. Il revient sur la vie de Steve, peut-être aurait-il pu lui aussi en arriver là ? A commettre un meurtre programmé ? Il revient sur l’itinéraire de cet enfant que sa mère gardait jalousement à la maison, regardant avec son fils des films d’horreur tout en lui parlant de la Bible… Son internement, ses conflits avec sa sœur, son refus de la drogue, sa renaissance au contact des études, son extrême politesse, ses sites rencontres érotiques, ses TOC de vérification, ses brillantes réussites scolaires …

            Ce texte naviguant entre roman, biographie et documentaire, nous plonge sans concession dans cette Amérique où on achète aussi facilement une arme à feu qu’un tube de colle, où l’on transmet de père en fils cette fierté de savoir dégommer un cerf. Ça fait froid dans le dos. David Vann a voulu retracer le parcours de Steve d’une part pour le comparer au sien ; à lui aussi on a enseigné les tirs, les armes, la mort - mais aussi pour s’en détacher et expliquer que l’enfance de Steve, ses parents, son univers et ses troubles psychologiques ont créé ce criminel. C’était intéressant de lire que Steve n’était pas un monstre de A à Z, qu’il était apprécié de la plupart de ses amis et collègues, que son acte est dû à un dysfonctionnement personnel et à une éducation complètement aberrante. C’est finalement son univers empli de films d’horreur et déviances sexuelles que je me suis pris à détester plus que le gars lui-même. Les descriptions des films et des loisirs de Steve et de ses amis m’ont barbée si elles ne m’ont dégoûtée. Enfin, on comprend bien que l’auteur s’insurge ouvertement et clairement contre cet usage légal des armes à feu qui permet ces tueries de masse. Il a su rendre cette biographie prenante, faisant monter la tension jusqu’au jour fatidique et prouvant la part de responsabilité de la société américaine dans un style, comme à son habitude, concis, efficace, cinglant. Pas le meilleur de l’auteur à mon goût mais un livre édifiant et glaçant.

Merci à l’ami prêteur !

De nombreuses références à Cho sont faites, l’auteur de la fusillade d’avril 2007 qui a fait plus de trente morts : « Cho a tué trente-deux personnes, il en a blessé vingt-trois puis s’est suicidé avant l’arrivée de la police. Dans toute l’histoire des Etats-Unis, c’est le déchaînement le plus meurtrier perpétré par un tueur isolé, et tout ceci était idiot. Il n’y a rien de cool ni d’intéressant dans la méthodologie de Cho. Acheter un Glock 19, quelques chargeurs supplémentaires, entrer dans une salle de classe et tirer sur les gens. Nous n’avons encore rien mis en place pour empêcher quelqu’un de commettre un tel acte. C’est un droit américain.

« Après la fusillade de NIU, le pouvoir législatif de l’Illinois a tenté de voter une loi qui aurait pu limiter l’achat d’armes de poing à un pistolet par mois et par personne, ce qui impliquait tout de même qu’une personne pouvait se procurer douze armes par an, et même cela n’a pas été voté. Les propres élus de DeKalb ont voté contre. »

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7 juin 2019 5 07 /06 /juin /2019 08:55

Résultat de recherche d'images pour "Changer le sens des rivières de Murielle Magellan julliard"

             Le Havre. Marie est une serveuse de vingt-trois ans qui, financièrement, a du mal à joindre les deux bouts entre son maigre salaire, son hypocondriaque de père qu’elle doit régulièrement « sauvé » et son statut de célibataire. Lorsqu’elle réussit à séduire Alexandre, un client féru de cinéma, elle pense que sa vie va changer. Alors que les deux sont physiquement compatibles, Alexandre est contrarié que sa maîtresse ne sache même pas qui est François Truffaut. Il la plaque brutalement, chose que Marie ne va pas accepter ; elle se vengera physiquement contre Alexandre ce qui lui vaudra une comparution devant le juge et une amende de quelques centaines d’euros. Oui mais pour elle, impossible de trouver cette somme. Elle a l’audace de solliciter la clémence du juge qui lui propose un étrange pacte : il la conduira où il voudra, quand il en aura besoin et il lui donnera la somme due. Entre les trois personnages, des liens inattendus vont se tisser.

            J’ai beaucoup aimé cette histoire, ce gouffre qu’il peut y avoir entre deux êtres séparés par une éducation différente, une ignorance qui peut cependant être contrebalancée par une motivation et une combativité admirables. Comme souvent chez Magellan, c’est doux et optimiste. Sans être un feel good abêtissant, c’est un roman qui donne le sourire et l’envie d’espérer, qui nous amène à croire que des ponts peuvent être faits entre différentes classes sociales, qu’il n’y a ni fatalité ni pessimisme. Alors oui, c’est un peu facile et les personnages sont décidément bien versatiles mais c’est vraiment une belle histoire servie par une écriture séduisante et efficace. J’aime décidément beaucoup cette autrice dont j’avais déjà lu Un refrain sur les murs et les excellents Indociles.

« Truffaut et Verlaine se fendent la poire et lui rappellent la foule des géants dont elle ne fait pas partie. Elle ne sait rien des siècles ; Elle ne sait rien des poètes que son écran affiche en recherches associées, Hugo, Rimbaud, Baudelaire, aux noms de rues ou de médiathèques, si familiers pourtant, comme les paroles de ce tube mille fois chanté en phonétique mais toujours aussi incompréhensibles : Welcome to the Hotel California, seutche eu lôôve lypleice ! seutche eu lôôve lypleice… »

« Ce soir, les possibles sont comme les perles multicolores d’un collier pour enfant à fabriquer. Si l’un se perd, le sac est encore plein, et on ne se penche même pas pour la retrouver. »

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31 mai 2019 5 31 /05 /mai /2019 17:51

Résultat de recherche d'images pour "fante pleins de vie 10 18"

                John Fante, écrivain qui vient de connaître ses premiers succès, gagne désormais assez pour s’acheter une petite maison à Los Angeles. Il y vit avec sa femme Joyce, qui, en fin de grossesse, a totalement changé d’attitude. Tantôt exigeante, tantôt maniaque, elle se passionne pour la religion. La petite monotonie de leur vie est brisée quand… le sol se brise sous les pieds de Joyce ! Les termites ont grignoté le plancher qui s’est effondré dans la cuisine. Plus de peur que de mal mais il faut rapidement trouver une solution pour réparer les dégâts. John va voir son père - d’origine italienne - à San Juan pour le convaincre de venir avec lui restaurer ce plancher mais l’autre génération ne voit pas les choses du même œil, le père avait même envisagé de faire construire la maison de son petit-fils à côté de la leur. Après quelques heurts et tergiversations, il va suivre son fils à Los Angeles. Le narrateur devra essuyer les récriminations de sa femme et son père, complices dans les prises de décisions plus stupides les unes que les autres.

              J’ai découvert John Fante avec le grand Demande à la poussière. Ce roman-là est plus doux, moins impressionnant et moins sulfureux que Demande à la poussière mais il n’en demeure pas moins intéressant, drôle et agréable à lire. On ne saura jamais qui est véritablement ce narrateur : un sombre salaud qui n’aime pas son père, qui ne supporte plus sa femme parce qu’elle est enceinte ? Une pauvre victime ballottée entre l’ivrognerie d’un père donneur de leçons et les caprices d’une femme devenue bigote ? Sans donner une réponse tranchée, John Fante se moque du couple, de la relation père-fils (entre respect, concession et agacement, le narrateur commet bien des maladresses) et laisse une belle place à cette maison qui symbolise la réussite sociale de Fante mais aussi un échec puisqu’elle tombe vite en morceaux. Peut-être un peu moins indispensable que Demande à la poussière, ce petit récit distraie, fait sourire, donne à voir un héros qui n’en est pas vraiment un.

Si le père a droit à son portrait au vitriol, la mère n’est pas en reste, elle s’évanouit à la moindre émotion : « A chacun de mes retours à la maison, saluer maman a toujours été le plus difficile. Car ma mère était une spécialiste de l’évanouissement, surtout si je ne l’avais pas vue depuis plus de trois mois. Quand moins de trois mois s’étaient écoulés, je pouvais encore contrôler la situation. Car elle se contentait alors de vaciller dangereusement, prête à s’écrouler, ce qui nous donnait le temps de la rattraper avant la chute. »

« Au bout de deux semaines, papa a décidé de se mettre au travail. Ce n’était pas trop tôt. Nous ne supportions plus les planches grossières qui couvraient le trou du plancher de la cuisine. Des miasmes macabres filtraient à travers les fissures, tout le monde trébuchait sur l’obstacle. »

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27 mai 2019 1 27 /05 /mai /2019 11:34

Résultat de recherche d'images pour "Lord Gwynplaine de Jean-Bernard Pouy et Patrick Raynal"

             Une fois n’est pas coutume : c’est le bandeau accrocheur qui m’a attirée. J’avais tellement adoré Le Comte de Monte-Cristo que j’ai craqué sur cette réécriture moderne.

             1993. Erwan le Dantec, pilote d’avion d’environ 25 ans, se fait arrêter. Avant de comprendre de quoi il en retourne, il est emmené manu militari à plusieurs de vol de Toulouse. Emprisonné dans une sombre geôle perdue dans la jungle guyanaise, il va mettre des années à comprendre qu’il a été la victime d’une machination des plus viles. En prison, il rencontre celui qui va devenir son mentor, son unique ami, son guide : Vargas, jadis un proche de Pablo Escobar, qui lui révèle l’existence d’un trésor caché en Colombie. Le vieil homme va éduquer et instruire le jeune pendant des années avant de lui permettre de s’évader, seul. Au bout de quinze ans, Erwan prend effectivement la fuite avec panache et brio, il rejoint la Colombie et… la suite, il faut la lire. Quelques très belles jeunes femmes, une intelligence acérée, l’omnipotence de l’argent, un mystère entourant celui qui se fera appeler Lord Gwynplaine vont l’aider à se venger, en très digne descendant d’Edmond Dantès.

Le pari est totalement réussi : nous avons bien affaire à une réécriture moderne du roman de Dumas avec, à la clé, injustices, vengeances, retour triomphant, millions, pléthore de personnages ! J’ai trouvé la première moitié du roman absolument passionnante ! Les pages se dévorent, c’est bien écrit, on s’attache à cette victime devenue héros, on rumine avec lui toute la colère ressentie contre les nantis qui l’ont tout simplement fait passer pour mort. La seconde moitié devient un peu moins excitante parce qu’on se retrouve à Paris (oui, j’ai préféré l’exotisme sudaméricain), que les personnages principaux, au bout de quinze ans, ont fait des enfants, qu’il y a beaucoup de monde dans la pièce, et qu’il faut suivre. Certains hasards sont un peu trop gros pour être crédibles mais j’ai lu très rapidement ces 569 pages, les auteurs maîtrisant parfaitement suspense, romanesque, rythme et action, ils ont également brillamment su doser la part de modernité dans ce fascinant récit d’aventure. Excellent moment de lecture !

Lorsque Vargas pénètre pour la première fois dans la cellule de Dantec : « Erwan, dans un état voisin de l’adoration, contempla un instant l’apparition avant de se décider à la prendre dans ses bras. Il était grand, maigre, voûté et, bien qu’il semblât n’avoir que la peau sur les os, étonnamment musclé. Ses cheveux et sa barbe formaient comme une forêt grise autour de son nez droit et fin et de ses yeux noirs où brillait une intelligence sardonique, dont la faible lueur de la chandelle accentuait le côté un peu maléfique. […] Il accueillit les effusions d’Erwan avec une certaine froideur bienveillante, comme si sa vieille âme glacée et endurcie par la détention éprouvait quelque méfiance à se voir ainsi frottée à cette jeune âme. »

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20 mai 2019 1 20 /05 /mai /2019 17:41

Résultat de recherche d'images pour "Les larmes noires sur la terre de Sandrine Collette"

         Je ne sais pas si vous saviez que Sandrine Collette a écrit autre chose que des polars, je l’ignorais. J’ai acheté ce livre à ma maman en pensant lui offrir un roman policier, genre qu’elle adore. Finalement, elle me l’a chaudement recommandé même si c’est d’un autre genre…

         Moe est une jeune Tahitienne un peu naïve qui s’est laissé séduire par les beaux discours d’un Parisien de vingt ans son aîné. Rodolphe lui promet monts et merveilles dans la capitale et elle le suit avant de déchanter. Non seulement, elle est loin de Paris mais en plus elle doit jouer à la petite Cendrillon en s’occupant de celui qui la méprise déjà, gérer sa vieille mère malade, cumuler ménage et cuisine, mettre une croix sur sa liberté. Quand Moe accouche d’un petit garçon qui n’est même pas de Rodolphe, elle décide de se rebeller, de s’enfuir et de se débrouiller par elle-même. Ses espoirs seront de courte durée puisqu’elle sera placée dans le Centre d’Accueil du Haut-Barrage, une Casse immense où les indigents survivent dans des carcasses de voitures. A Moe revient une 306 où elle devra vivre avec son bébé. Dans ce dénuement, elle a la chance de rencontrer les cinq femmes de sa ruelle ; chacune a vécu des événements tragiques, un passé épouvantable fait de rejets, de mauvais choix et de malchances. Elles vont s’entraider, se soutenir mais Moe n’a qu’une idée : retourner sur son île, sauver son fils de cette misère sans nom.

         Sandrine Collette situe son histoire dans un avenir proche, dans les années 2030, où l’on parquerait les pauvres dans une prison à ciel ouvert, livrés à eux-mêmes, affamés et délinquants par la force des choses. Réduites à travailler dans les champs toute la journée pour quelques euros, les femmes doivent parfois trouver d’autres solutions pour espérer se nourrir à peu près correctement. Heureusement, la vieille Ada est là, moitié guérisseuse, moitié faiseuse d’anges, elle se fait respecter dans cette Casse immonde. Différentes mais unies par une même détermination, ces femmes sont à la fois bouleversantes et attachantes. Le roman, d’une force incroyable, se rapproche de la puissance de Grâce et dénuement. J’ai été d’autant plus touchée d’apprendre que l’autrice a reproduit cinq mini-biographies de femmes ayant réellement existé. C’est évidemment très noir, dur et violent mais le style de Collette élève au sommet les destins de ces femmes merveilleuses qui gravitent autour d’un bébé, être joyeux, fragile et sans défense dans cet enfer. Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or …

A lire !!!

Troisième découverte de l'autrice après Un vent de cendres et Six fourmis blanches

Moe a mis du temps à se décider à appeler son enfant par son prénom : « Elle ne sait pas si l’enfant, lui, reconnaît son nom. Veut croire que oui, au moment où elle rentre des champs le soir et que, disant son nom, elle le voit tourner la tête vers elle, l’entend pousser ce petit cri de joie, et peut-être n’est-ce que le son de sa voix à elle, qu’importe, l’enfant n’a jamais été si réel, si incarné que dans cette ville-poubelle où cinq femmes ont demandé un jour comment il s’appelait. »

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16 mai 2019 4 16 /05 /mai /2019 19:05

Résultat de recherche d'images pour "le discours fabrice caro cygne"

               Pour ceux qui commencent à me connaître, je suis une trouillarde dans l’avion (quel euphémisme !) et j’ai des lectures spéciales phobie-de-l’avion. De tous les romans légers, polars faciles, feel good (que je fuis en général), Le discours remporte la palme puisque j’ai dévoré la moitié du livre pendant le vol !

              Adrien, la quarantaine, assiste à un énième repas familial : ses parents, sa sœur, son futur beauf. Adrien vient de se faire plaquer par Sonia, sa compagne… pas exactement « plaquer » d’ailleurs mais elle a dit qu’elle avait besoin d’une pause … qui dure déjà 38 jours. Et puis Ludo, le futur mari de sa sœur, lui demande en passant d’écrire un « petit discours » pour le jour du mariage. Oui mais Adrien n’est pas n’importe qui, il réfléchit à tout ce qu’il fait/dit/peut être dit, il a autant d’assurance qu’une moule de bouchot, il ne connaît ni naturel ni spontanéité, c’est un éternel gaffeur qui est capable de faire une liste de discussions possibles pour un premier rendez-vous (et surtout de la donner par inadvertance à la très chère !!) Présentement, il a donc deux problèmes majeurs à régler : trouver le courage de dire non à Ludo et savoir comment astucieusement écrire un sms à Sonia pour la reconquérir. Tout ça entre un gratin dauphinois et des parents archi ploucs, une sœur qui ne lui a toujours offert que des encyclopédies et un environnement familial fait de mensonges poisseux et de faux-semblants gluants. Va-t-il s’en sortir ?

           Si vous avez vous aussi un moment douloureux ou rasoir à passer, une heure dans la salle d’attente d’un médecin, un repas soporifique orchestré tambour battant par un hôte logorrhéique, emportez ce petit livre avec vous. On peut même envisager, hommage suprême, de le glisser discrètement sous une nappe d’une table trop garnie. Ne vous y trompez pas, à côté d’une légèreté à peine feinte, de délicieux néologismes, d’une satire loufoque de la société, se cachent quelques réflexions hautement intellectuelles puisqu’on nous parle de Musil et de Pessoa (bon, un tout petit peu), de Géricault et de son radeau (un peu plus quand même). Et surtout, vous sortirez de cette lecture grandi, supérieur, un brin arrogant et, osons le dire, à quelques encablures de vous sentir tout-puissant, voire superhéros. Ouais, il peut tout ça, ce livre, … attention tout de même : un disgracieux gloussement peut inopinément jaillir de votre gorge à peine déployée, si ce n’est un bon gros éclat de rire.

            Je propose de sacrer Fabcaro gourou suprême du rire, de l’irrévérence si bien accouplée à la lucidité !

« Pour ma mère, le monde se divise en trois catégories : : ceux qui ont le cancer, ceux qui font construire et ceux qui n’ont pas d’actualité particulière. Entre ces deux stades, la construction et le cancer, pas grand-chose, une espèce de flottement, une parenthèse, un vide existentiel. Et chaque fois qu’elle cite quelqu’un qui a fait construire, c’est une façon de me dire de manière détournée : Toi Adrien tu n’as pas fait construire, tu es en location, qu’est-ce qu’on a raté avec toi, Adrien ? »

 

« Depuis trente-huit jours, je soupçonne la pause d’avoir un prénom, je la soupçonne de s’appeler Romain. C’était il y a quelques mois, nous nous étions retrouvés dans une soirée d’anniversaire et il y avait ce type, ce grand brun un peu ombrageux. Il avait attrapé une guitare qui traînait dans le salon, comme ça, nonchalamment, s’était accroupi dans un coin et avait commencé à égrener quelques arpèges mélancoliques, des accords mineurs, de ceux qui pénètrent le cœur sans sommation, on n’a pas le droit d’enchaîner un la mineur et un ré mineur dans une soirée où les filles sont accompagnées de leur conjoint, c’est formellement interdit par les accords de Genève, on ne peut pas. »

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30 avril 2019 2 30 /04 /avril /2019 18:58

Chien-Loup

           Eté 1914 : A Orcières, dans un village escarpé du Lot, le tocsin sonne le début de la guerre, les hommes s’en vont et les femmes se retrouvent à accomplir toutes les tâches aux champs. Joséphine, la femme du médecin, est la première à se savoir veuve. Un dompteur allemand (et ses huit fauves) est de passage et, pour fuir l’enrôlement et l’arrestation, il se réfugie au sommet de la montagne. Mais cette guerre qui devrait être brève, dure… et la nourriture vient à manquer.

          Eté 2017 : Franck, poussé par sa femme Lise, accepte de passer quelques semaines dans cette maison à louer, perdue dans le Lot. Producteur de cinéma, il aurait préféré rester joignable, dans un endroit civilisé et peuplé. Or, sur le Mont d’Orcières, c’est tout le contraire qui l’attend : dans cette maison isolée, haut perchée, il n’y a ni voisins, ni commerces, ni réseau, ni âme qui vive… Si, un énorme chien vient accueillir le couple. Il faut bien admettre que le paysage est à couper le souffle, il faut bien admettre que ce chien qui semble sauvage, apprivoise très vite Franck à qui il obéit au doigt et à l’œil… Franck se laisse charmer mais il doit résoudre des problèmes de contrat avec ses associés, deux jeunes requins qu’il compte bien faire venir faire un peu de randonnée insolite sous un soleil de plomb.

         Soyons clair, net et précis : j’ai adoré ce roman et l’élève au COUP DE CŒUR. La distance temporelle qui sépare mais surtout lie ces deux histoires absolument fabuleuses, la tension qui règne dans ce roman, les descriptions sublimes de cette nature sauvage quasi surnaturelle, ce personnage citadin vite converti à la rudesse montagnarde, cette image de la Première guerre vue du côté paysan, l’omniprésence des animaux, … j’ai tout aimé ! Frais, puissant, enchanteur, ce roman mêle les genres et les tonalités : suspense, contemplation, Histoire, nature writing, fable, aventure. Hybride est un chien-loup, hybride est ce roman où le manichéisme n’a pas sa place.

        De l’auteur, j’avais lu L’Amour sans le faire que j’avais aussi grandement apprécié. On trouve quelques ingrédients communs aux deux livres : la canicule, le prénom du personnage principal, l’isolement à la campagne, … Hâte d’en lire d’autres de Joncour !

« Il y a des paysages qui sont comme des visages, à peine on les découvre qu’on s’y reconnaît. »

« La forêt est un espace de combat, la paix semble y régner mais dès lors qu'on s'y arrête un instant, on sent bien que s'active tout un royaume de vigilances, on pressent des milliers d'oreilles qui écoutent, de regards qui surveillent, la tension est palpable. »

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26 avril 2019 5 26 /04 /avril /2019 10:51

Résultat de recherche d'images pour "cécile coulon le coeur du pélican"

            Anthime et sa sœur Héléna arrivent dans un nouveau collège. Fusionnels et solitaires, ils doivent cependant se trouver une place. Anthime a choisi le sport pour se démarquer, après avoir gagné les cross et les courses du secteur, il se laisse guider par Brice, un ancien athlète devenu ivrogne et se spécialise dans le huit cents mètres. Il devient très vite une vedette mais un jour, tout s’arrête : il se blesse et reste immobile. Meurtri par cet échec, décidé à tout arrêter, il met également une croix sur la fille qu’il souhaitait tant éblouir, Béatrice, et se contente de son admiratrice, Joanna. Les années défilent, Joanna et Anthime fondent une famille, le bonhomme prend du poids, se rabat sur la graisse et le sucre, devient sédentaire et veule. Lors de l’enterrement de Brice, alors qu’Anthime avoisine les quarante ans, il se fait moucher par un gars qui prétend qu’il n’est plus capable de rien. Anthime prépare en secret son retour dans le sport, et, à force de diète et de pédalage sur son vélo d’appartement, il se sculpte un nouveau corps. Il abandonne femme, enfants et maison pour s’astreindre à un objectif dément : traverser le pays en courant. Héléna l’accompagne, l’épaule, le soigne dans ce combat qu’on sait perdu d’avance.

          Très agréable à lire, ce roman oscille entre polar et tragédie. Une tension parcourt le livre, on devine que cet être pourtant lumineux et doué, a fait les mauvais choix et que la fin s’annonce cataclysmique.  J’ai beaucoup aimé la relation entre frère et sœur, ambiguë et respectueuse. Le portrait de ces adolescents secrets, fragiles et forts à la fois est également juste et réussi. Ce thème du sport est intelligemment développé – entre jouissance et torture, entre dépassement de soi et aveuglement. Mais je n’ai pas tout aimé dans le livre, la fin m’a paru incohérente, Anthime revient pour courir à travers tout le pays, bof bof, son road trip sur les chemins escarpés, à travers les hameaux abandonnés frise parfois le ridicule. Son absence d’amour pour Joanna qui se transforme en haine et son amour éternel pour Béatrice sont là aussi peu crédibles. Mais on passe un bon moment même si Cécile Coulon a écrit mieux : j’ai préféré Le roi n’a pas sommeil et beaucoup aimé Trois saisons d’orage

 

Anthime ado : 

« Un animal, jusqu’ici paisiblement endormi dans les ornières de sa chair, se réveillait, étirait ses pattes, ébrouait son pelage. Son squelette grandit aussi vite que ses muscles s’allongeaient. »

« Il voulait sentir ce vent caresser les poils clairs de ses avant-bras pour le reste de ses jours, il voulait gagner des coupes, des médailles, monter sur des podiums jusqu’à ne plus sentir l’attrait de la terre sous ses pieds, cette terre noire qu’il écorchait de ses chaussures, cette terre qu’il se mit à haïr le jour de sa victoire, parce qu’elle l’empêchait à présent de monter vers le ciel, de s’élever au-dessus de cette masse adolescente dont il ne comprenait ni les codes, ni le langage, ni les gestes. »

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