Une fois n’est pas coutume : c’est le bandeau accrocheur qui m’a attirée. J’avais tellement adoré Le Comte de Monte-Cristo que j’ai craqué sur cette réécriture moderne.
1993. Erwan le Dantec, pilote d’avion d’environ 25 ans, se fait arrêter. Avant de comprendre de quoi il en retourne, il est emmené manu militari à plusieurs de vol de Toulouse. Emprisonné dans une sombre geôle perdue dans la jungle guyanaise, il va mettre des années à comprendre qu’il a été la victime d’une machination des plus viles. En prison, il rencontre celui qui va devenir son mentor, son unique ami, son guide : Vargas, jadis un proche de Pablo Escobar, qui lui révèle l’existence d’un trésor caché en Colombie. Le vieil homme va éduquer et instruire le jeune pendant des années avant de lui permettre de s’évader, seul. Au bout de quinze ans, Erwan prend effectivement la fuite avec panache et brio, il rejoint la Colombie et… la suite, il faut la lire. Quelques très belles jeunes femmes, une intelligence acérée, l’omnipotence de l’argent, un mystère entourant celui qui se fera appeler Lord Gwynplaine vont l’aider à se venger, en très digne descendant d’Edmond Dantès.
Le pari est totalement réussi : nous avons bien affaire à une réécriture moderne du roman de Dumas avec, à la clé, injustices, vengeances, retour triomphant, millions, pléthore de personnages ! J’ai trouvé la première moitié du roman absolument passionnante ! Les pages se dévorent, c’est bien écrit, on s’attache à cette victime devenue héros, on rumine avec lui toute la colère ressentie contre les nantis qui l’ont tout simplement fait passer pour mort. La seconde moitié devient un peu moins excitante parce qu’on se retrouve à Paris (oui, j’ai préféré l’exotisme sudaméricain), que les personnages principaux, au bout de quinze ans, ont fait des enfants, qu’il y a beaucoup de monde dans la pièce, et qu’il faut suivre. Certains hasards sont un peu trop gros pour être crédibles mais j’ai lu très rapidement ces 569 pages, les auteurs maîtrisant parfaitement suspense, romanesque, rythme et action, ils ont également brillamment su doser la part de modernité dans ce fascinant récit d’aventure. Excellent moment de lecture !
Lorsque Vargas pénètre pour la première fois dans la cellule de Dantec : « Erwan, dans un état voisin de l’adoration, contempla un instant l’apparition avant de se décider à la prendre dans ses bras. Il était grand, maigre, voûté et, bien qu’il semblât n’avoir que la peau sur les os, étonnamment musclé. Ses cheveux et sa barbe formaient comme une forêt grise autour de son nez droit et fin et de ses yeux noirs où brillait une intelligence sardonique, dont la faible lueur de la chandelle accentuait le côté un peu maléfique. […] Il accueillit les effusions d’Erwan avec une certaine froideur bienveillante, comme si sa vieille âme glacée et endurcie par la détention éprouvait quelque méfiance à se voir ainsi frottée à cette jeune âme. »