Encore du théâtre !
Un homme et une femme. Le 17 mars 2020, au premier jour du confinement en France. Ils se déchirent, s’insultent, se crachent leur haine au visage et se demandent comment ils vont pouvoir vivre dans cette proximité forcée. Leur garçon, Arthur, assiste à ces scènes terribles et, lui-même un peu étrange, ne dit rien. Les jours passent, les secrets se révèlent, les mensonges s’avouent et ceux qui se haïssaient finissent par se rapprocher à l’heure où le monde entier se disloque. La grand-mère est à l’hôpital, en fin de vie, mais aucun de ses proches ne pourra assister à sa mort. Chacun peut doucement sortir de la maison, reprendre une vie sociale mais le couple poursuit ce duo sordide, parfois plus tendre, souvent sadique.
C’est une pièce que je ne voulais pas voir parce que je n’ai pas bien vécu cette période Covid que j’ai envie d’oublier (et j’y arrive plutôt bien) et pourtant, elle est devenue un de mes coups de cœur de ces derniers mois. Si ce couple s’exprime avec violence, il n’en demeure pas moins que cette longue cohabitation et cette situation pandémique ont, partout, modifié les relations entre les humains ; ce n’est finalement que l’image d’un homme et d’une femme ordinaires. Au début de la pièce, la femme paraît beaucoup plus défendable et morale que son homme, la tendance se renverse astucieusement lorsqu’elle révèle des souvenirs atroces dont elle a été responsable. Failles, erreurs, incompréhensions et doutes sont exacerbées. Le jeu des acteurs, absolument excellent, a parfaitement su exprimer cette attirance-répulsion par le biais d’une dimension politique intéressante (la femme, de gauche, est une fausse gentille, l’homme, de droite est ouvertement méchant), grâce également à un dispositif de mise en scène original puisque les spectateurs sont sur la scène, dans une proximité qui permet d'être complètement plongés dans l'intimité du couple. On ne ressort pas indemnes de cette représentation d’une tension brutale, d’une émotion grandissante. Bravo au metteur en scène, Arnaud Anckaert, et aux deux comédiens.
La Cie du Théâtre du Prisme vient du Nord mais elle tourne dans la France entière, les prochaines dates sont ici.