Margaret, jeune femme aristocrate élégante et posée, accueille, aux côtés de son mari Alec, sa jeune sœur, Elspeth. La cadette vient d’Ecosse, leur pays natal, et s’installe dans la grande ferme de sa sœur, dans l’Iowa. Guillerette et enjouée, Elspeth s’émerveille devant les animaux, la flore et les changements de saison de sa terre d’adoption. Alec, moins austère que son épouse, trouve un bon public pour les blagues qu’il a l’habitude de faire. L’impensable se produit lorsqu’Alec et Elspeth se rapprochent… Le drame irréparable s’étend sur les années qui passent, brisant les relations entre sœurs, entre mari et femme. Nous retrouvons les personnages des années plus tard.
On note un nom d’auteur, on emprunte un de ses romans à la bibliothèque, on démarre la lecture un pluvieux après-midi de mai et on lit, on lit, on lit. La justesse, la concision et le romanesque de cette longue nouvelle (le livre fait un peu moins de 150 pages) m’ont complètement conquise. Une écriture efficace permet d’emblée de se plonger dans un univers campagnard, désuet, à cheval sur les convenances. Et la nature est toujours présente, changeante d’un mois à l’autre, témoin des mésaventures humaines. J’ai dévoré et adoré, sans bémol ni restriction. A noter, la quatrième de couverture qui évoque un « triangle amoureux » que je conteste formellement (ou alors, on n’a pas la même définition de l’expression). Il me faudra en lire davantage de ce Monsieur Stegner, écrivain américain écolo.
« Il s’employa donc à instruire Elspeth pendant tout le reste du trajet. Il commença par lui raconter que, dans la vallée du Mississippi, les vers de terre étaient si longs que les poules mettaient une journée entière à en avaler un. La poule, expliqua-t-il, devait commencer par tirer le ver de son trou ; ensuite, elle en attrapait une extrémité avec le bec, puis reculait, reculait. Un ver adulte pouvait lui prendre de 8 heures de matin à 3 heures de l’après-midi, avec une petite pause d’une heure à midi. Quand enfin la queue du ver sortait du trou, elle se détendait comme un élastique avec une force capable d’abattre les arbres à des kilomètres à la ronde. »