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15 mars 2024 5 15 /03 /mars /2024 14:36

Son odeur après la pluie - Cédric Sapin-Defour - LIBRAIRES DU SUD

Je suis clairement plus chats que chiens. J’ai toujours eu des chats et j’ai longtemps eu une peur bleue des chiens. Puis, à force de côtoyer des chiens souvent énormes qui m’ont paru plutôt très sympas, mon opinion et mes ressentis ont changé. J’en arrive aujourd’hui à me dire que j’aurai un chien, un jour. Donc, ce roman n’était pas forcément une partie gagnée d’avance pour moi.

Une petite annonce dans le journal de sa région, 74, décide le narrateur, Cédric, à adopter un chien. Il va d’abord rencontrer ce petit bouvier bernois (oui c’est un oxymore) et le coup de foudre est instantané. Il lui faudra cependant attendre un mois avant de l’adopter définitivement. La vie avec ce chien appelé Ubac est tout de suite une évidence, un bonheur du quotidien. Cédric emmène Ubac partout, sans laisse, l’aime et le gâte comme un enfant, apprend auprès de lui et s’épanouit un peu plus chaque jour. Il va rencontrer Mathilde qui va aimer Ubac à son tour et deux autres chiens vont s’ajouter à cette famille particulière. Evidemment, la vie d’un chien est courte et, après les immenses randonnées, les visites de routine chez le vétérinaire, les joies de tous les jours, vient le temps des inquiétudes, des maladies, et bientôt sonne la trompette de la mort.

Le pari est réussi, me faire adorer un roman qui ne parle que de chiens(s) ! Dès les premières pages, on s’identifie au narrateur et sa plume, magnifique, élégante, un brin ampoulée, nous emporte dans cette histoire d’amour entre deux êtres vivants. Tout paraît simple, évident et naturel. Pas un instant on ne doute de l’authenticité de cette relation si exceptionnelle entre un homme et son chien, ou entre un chien et son homme. L’écriture est d’une si grande beauté que les thématiques rebattues de fidélité de l’animal, d’enthousiasme, de fiabilité prennent de nouvelles couleurs chez cet auteur fou amoureux de la nature. Car il est aussi question de nature, celle qui est si intimement liée au chien, celle qui émerveille tellement Ubac ; celle qu’il va révéler, transcender et sublimer auprès Cédric. L’arrivée de deux autres chiens ne semble que compléter une osmose déjà lumineuse entre les êtres vivants de cette maison perdue dans les montagnes. Quelle déclaration d’amour, clamée avec des mots nouveaux, avec une vision optimiste sans être mièvre, d’une beauté à couper le souffle ! C’est un COUP DE CŒUR évidemment !

« Surfiler son existence de la présence d'un chien, c'est entendre que le bonheur façonne la tristesse, c'est mesurer comme le manque est mal soluble dans les mémoires aussi vastes et heureuses soient-elles, c’est accepter que chaque minute volatile soit vécue sept fois plus intensément qu’à l’habitude, c'est se cogner à ce séduisant et vertigineux projet de ne saboter aucun instant et de célébrer la vie de manière forcenée. »

« Nous nous regardons, aimantés, sans cligner, et ce jeu d’enfants où le premier baissant les yeux perd la partie, prétexte à tant d’idylles naissantes, débute pour ne s’achever qu’à la seconde où l’un d’entre nous les fermera pour toujours. »

« Ubac s’émerveille de tout, d’une chenille, du vent dans les arbres, de ce qu'on ne voit plus. Il ne laisse rien passer de ce qui pourrait lui animer la vie. Sa faculté à s'émerveiller est un antidote au désenchantement, elle n'exige aucun strass, c'est assez vital en somme, tous les grognons devraient passer une heure avec un chien. Il joue du matin au soir, avec tout et n'importe quoi, un lézard, un bouchon, un être imaginaire. »

« Vivre lui suffit. Un rien lui tient de lieu, d'instant, la constance ne lui rouille pas la vie car elle n'a pas lieu. Ubac porte ce don de faire de toute routine assommante vue de mes yeux capricieux, une expérience aimable et qui rend disponible. Refaire me lasse et lui le convainc. C'est quelque chose que de bien peindre le quotidien flairant çà et là ses menues variations, c'est une élégante attention portée à l'habitude et qui semble rendre le bonheur plus attrapable. Une vie que la tyrannie de l'insolite pourrait juger comme rabaissée aux ambitions petites, Ubac m'apprend qu'elle est en définitive la plus subtile de toutes et que s'acharner à fuir la banalité en est au final la forme la plus aboutie ; alors va pour le tour et le retour des trois rivières, ce traité d'impermanence et le grand bal des vies communes ! »

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commentaires

H
Je l'ai acheté en version audio, j'ai hâte de le commencer. :)
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V
ah, je viendrai lire ton billet !
G
Comme toi, je suis plus chat que chien, mais j'ai très envie de lire ce livre qui parle de l'attachement à un animal, quel qu'il soit
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V
Oh oui, c'est tellement touchant ! et si bien écrit !
E
Je n'ai pas trop lu d'avis mais ils ne sont pas tous enthousiastes. J'espère le lire un jour, j'ai toujours eu des chiens, j'adore mais mon chien ayant 10 ans et étant malade, je vais attendre, ce n'est pas la peine que je m'en rajoute, j'essaie plutôt en ce moment de lire du facile et distrayant.
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V
Oui, tu as raison... même si le livre évoque aussi tous les bons moments, pas que les mauvais !
C
Je l'ai vu un peu partout en librairie mais je n'avais pas l'intention de le lire. Après avoir lu ton billet, je me dis que je le lirai à l'occasion ! J'aime les chiens et les chats. J'ai eu les deux dans mon enfance à la campagne mais en ville, en appartement, j'y ai renoncé.
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V
Je ne pensais pas le lire non plus mais on m'en a dit tellement de bien ! En revanche, attention, c'est très émouvant.
S
Je veux le lire depuis sa sortie (son auteur est passionnant à écouter) et je suis curieuse de voir si j'accrocherai. Pas pour les chiens que j'adore, mais pour le style un peu ampoulé. Je tenterai en tous cas!
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V
C'est un brin "trop" parfois, ai-je trouvé mais c'est si bien écrit, on ne va pas bouder son plaisir !
P
Je pense que c'est un coup de coeur pour beaucoup. Je l'ai vu souvent passer celui-là ! Un jour peut-être...
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V
Il est formidablement bien écrit, très juste et émouvant.
M
J'ai lu pas mal de critiques positives sur ce roman et je le lirai à l'occasion. L'amour pour les animaux est toujours très fort. Enfant à la maison il y avait des chats et un chien, et que de larmes versées lors de leur disparition. Pareil chez mes grands-parents en plus de poules et de lapins !! Mais je n'ai toujours eu que des chattes mon mari détestant les animaux (il est tout de même tombé amoureux de nos chattes...). Nous n'en avons plus en ce moment et n'en voulons plus puisque nous partons souvent et puis qui s'en occupera s'il nous arrive quelque chose en vieillissant nos enfants sont trop loin il faut aussi y penser. Alors je me contente des chattes de mes voisins et du chien de mon fils qui sont adorables :) Je comprends qu'un tel livre puisse être un coup de coeur !
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V
:) Merci pour ces confidences. Je pense aussi souvent à la disparition de mes chats et au drame que ça créerait. Mon premier chat a fait un bien fou à mon aîné pendant le confinement. Mais vraiment, il faut réfléchir avant une adoption, et tu as sans doute fait le bon choix...
G
A la base, j'étais plus chien que chat... Et comme je n'ai pas la vie et le logement qui va avec le chien, je suis arrivée aux chats, donc maintenant, je suis les deux !!! La chose qui me manque avec les chats... La possibilité de grande balade avec eux, surtout quand on en a 3 !<br /> J'ai lu ce livre et l'ai adoré aussi, pour tout ce qu'il dit sur le rapport homme/animal/nature. Et j'ai été très surprise par son excellente qualité littéraire, ce qui est rare dans ce genre de récit !
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V
Je suis d'accord avec toi, quelle plume magnifique ! Le plus grand de mes chats nous accompagnait parfois sur 500-700 mètres, c'était rigolo, mais ça ne vaut pas un chien.
A
Comme toi, je suis plus chats que chiens, surtout après avoir été mordu par un beauceron.
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V
oh quelle horreur ! J'en ai toujours encore un peu peur, surtout des chiens que je ne connais pas.
S
Si je le vois à la bibli, je le prends ;-) Moi, je suis bi mais plus chien :-D
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V
;))
A
Trop chat pour être tentée ^-^ Et puis, si le chien meurt à la fin, je vais pleurer !
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V
Oui, il y a de quoi chialer !! Je suis plus chats aussi (de loin) mais le roman est très touchant.
L
contente de voir que ce livre peut plaire, moi je suis mal à l'aise avec les chiens et les parents des chiens, je dis parents parce que je les entends eux-mêmes dire "ramène la balle à papa ou à maman" ....
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V
^^ Je suis aussi la maman de mes deux chats, on est gaga, ça c'est sûr... (je te comprends cependant, certains maîtres de chien pensent leur molosse tellement inoffensif......)
A
Je ne suis ni chat, ni chien, j'ai d'ailleurs un habitat pas fait pour eux. A l'occasion, je prendrai le livre à la bibliothèque, je verrai bien si j'accroche.
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V
Je serais curieuse d'avoir ton avis !
F
Ah il en a séduit des fans des chiens, ce livre, et pas que, tu en es la preuve vivante.:) Je suis plus chat que chien aussi, mais j'aime beaucoup les deux (et les animaux en général^^), donc je pourrais tomber sous le charme moi aussi.
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V
ah oui, tu le pourrais sans problème. Cerise sur le gâteau, c'est bien écrit !
M
J'ai rédigé une chronique sur ce beau roman sur mon blogue... Je l'ai beaucoup aimé. Je suis à la fois chien et chat! J'ai deux chien dont un gros berger anglais et 3 chats. Ce livre m'a fait vivre une gamme d'émotions.... dont de la tristesse.
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V
J'imagine que ça a dû être plus fort pour toi encore...
K
Les bouviers bernois sont grands quand même et très sympathiques. Il a ses fans absolus! <br /> Ceci étant je n'ai pas vraiment accroché avec l'écriture de l'auteur, chacun son ressenti, ce n'est pas grave. ^_^ Je voulais l'aimer, ce bouquin, pourtant...
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V
Mon beau-frère m'a habituée aux bouviers bernois et il n'y a, effectivement, pas plus adorables. Dommage pour ta "non-rencontre" avec l'auteur...
J
Ce roman semble très émouvant. Je l'ai vu passer sur un autre blog avec également un commentaire très positif. J'aime autant les chiens que les chats mais la vie citadine est plus facile avec des matous.
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V
Les matous aiment pourtant aussi sortir (point négatif, j'en ai un qui a dégommé tous les écureuils du quartier !)

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