La catastrophe de Marcinelle est survenue en Belgique le 8 août 1956 et a tué 262 mineurs. Le procès qui nous occupe en 1958 concerne deux survivants, Donato Renzini et Francesco Ercoli, accusés du meurtre de leur supérieur, un homme cruel et despotique. Après l’avoir assommé, ils l’auraient étouffé au cœur même de la mine, peu avant l’arrivée des secours. Contre toute attente, c’est Katarzyna, une jeune journaliste d’origine polonaise que le rédacteur en chef du Soir va envoyer pour couvrir l’affaire. Quoi, une femme qui ne s’occupe pas de mode ou de cuisine !? Katarzyna fait de son mieux pour raconter le défilé des différents témoins lors des trois journées de procès, évoquer l’avocat de la défense, le procureur général, les jurés ... tous des hommes, évidemment. Quand sa collègue et amie Hortense lui avoue que si elle a été choisie pour ce procès, c’est dans l’espoir qu’elle se casse la figure et qu’on refile le dossier à un confrère homme, Katarzyna s’efforce encore davantage d’exceller... elle y réussira en trouvant un témoin qu’on a préféré ne pas faire venir à la barre.
C’est la première fois que je lis cet auteur belge dont l’œuvre a été maintes fois récompensée. Et j’ai adoré son écriture pour sa fluidité, sa limpidité, sa clarté (alors que le sujet n’a -d’apparence- rien de simple ni de très gai). On est immédiatement projetés dans les années 50, et ce personnage principal féminin va devoir affronter un univers machiste en puissance. Sa détermination et sa combattivité sont remarquables alors qu’elle n’échappe pas aux clichés de l’époque (elle rêve d’avoir un enfant, son mari est un gros paresseux qui dit ne pouvoir se passer d’elle une demi-journée, etc). Le déroulé du procès est raconté de manière passionnante, les protagonistes sont croqués de manière très juste comme le ferait le dessinateur judiciaire qui se lie d’amitié avec Katarzyna. Mais... mais... on dirait bien que c’est le premier COUP DE CŒUR de l’année ! Un seul minuscule bémol qui n’est qu’une broutille : le titre que je ne trouve pas assez parlant ni attrayant. La couverture est très belle et éloquente à la lecture de l'excellente postface qui nous apprendre, entre autres, que le roman était d'abord une pièce de théâtre.
Si vous avez d’autres titres de cet auteur à me conseiller, je prends volontiers !
L’accueil au tribunal par les autres journalistes : « Pardonnez-moi, chère madame, le public, c'est par là. Cet accès est réservé aux représentants de la presse. Sauf si madame travaille pour Femmes d'aujourd'hui. (...)Je pense que Madame est envoyée par Mon ouvrage pour réaliser un reportage sur les robes des hommes au tribunal. »
« Quand une femme pourrait-elle se déplacer librement sans être importunée, sifflée, insultée ou harcelée ? Combien de décennies faudrait-il pour qu'elle ne soit plus considérée comme un amusement sexuel, un trophée de chasse ou un trésor de guerre ? »