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26 février 2024 1 26 /02 /février /2024 09:51

La Femme qui fuit, Anais Barbeau-Lavalette | Livre de Poche

Le challenge Les classiques c’est fantastique du mois de février s’attaque à la « pile francophone », l’occasion pour moi de découvrir une autrice (et cinéaste) québécoise, nommée « Artiste pour la paix » en 2012. Ce roman, La femme qui fuit, a remporté de nombreuses récompenses en 2015 (mais je ne suis pas sûre que ce soit un « classique » oups)

La narratrice évoque sa grand-mère maternelle, Suzanne Meloche, née en 1926, au parcours particulier puisqu’elle a abandonné ses deux enfants, François et Manon dite « Mousse », respectivement âgés de un et 3 ans. Elle s’est séparée de leur père, Marcel, pour vivre sa liberté qu’elle a voulu totale. Elle a multiplié les conquêtes et les voyages : née au Canada, elle a très vite rejoint Montréal, puis l’Angleterre, puis New-York. Elle a participé au mouvement automatiste avant de se détacher de ce groupe d’artistes pour prendre part à la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis, son statut de « nigger lover » lui vaudra un court séjour en prison.

Lorsqu’on démarre la lecture de ce livre, on sent immédiatement une aversion pour cette mère qui, non seulement a abandonné ses enfants mais a refusé de les revoir une fois adultes. Pourtant, lorsqu’on avance dans cette lecture écrite à la 2e personne du singulier, on se rend compte que ce n’est pas tout blanc ou tout noir et que cette femme extra-ordinaire a eu une vie riche et complexe. D’autant plus qu’il est à signaler que, si elle a abandonné ses enfants, le père, Marcel Barbeau, les a abandonnés aussi (évidemment, pour un homme, c’est plus courant). La personnalité de cette femme a toujours été à part, marginale dans un groupe de marginaux, elle s’est attelée à ne s’attacher ni à un homme ni à des principes ni à une terre. Elle a continué, malgré tout, à aimer ses enfants et ce déchirement la rend évidemment plus humaine, presque attachante. L’écriture est absolument sublime, l’autrice magnifie de petits instants de vie, exalte cette relation fille/grand-mère de manière unique et cisèle son texte à la manière d’un orfèvre. Le résultat est assez déroutant, original, les chapitres sont très courts, la poésie s’infiltre partout dans le récit, les références à l’art sont omniprésentes et le tout contribue à garder le lecteur en alerte, happé par cette existence hors du commun axée sur une liberté ... tabou.

COUP DE CŒUR pour cette lecture hypnotique et enivrante !

Dans l’autobus, au moment d’abandonner sa fille, Suzanne observe deux vieillards : « Ils ont traversé la vie sans faire de bruit, en se tenant par la main. Ils ont souri quand il fallait. Ils ont peu pleuré et jamais crié. Ils s'assoient côte à côte comme d'habitude. Leur odeur se confond et ils pensent en choeur à des choses qui ne dérangent personne. Tu ne veux pas mourir comme eux. Ordinaire. Tu prends enfin la main de Mousse dans la tienne et y déposes la promesse brûlante de ton envol. En espérant qu'un jour, elle s'y abreuvera. Mais Mousse a trois ans et c'est dans tes jupes et tes chansons qu'elle existe. C'est dans les fleuves rassurants de ton cou et l'antre de tes bras refermés sur elle qu'elle trouve son souffle. Ce matin-là, sur une route de terre sans fin, tu lui passes la corde au coeur, tu lacères ce qui la relie au monde. »

 

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commentaires

V
Classique ou pas, il m'intéresse bien !
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V
Tant mieux :)
F
Que toi et Nath (québécoise) soyez aussi enthousiastes me fait noter ce livre au plus vite!
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V
La surprise fut totale et si bonne pour moi!!
A
Ton billet me donne envie de découvrir cette plume.
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V
Tant mieux !
S
Ton enthousiasme et l'extrait proposé donnent vraiment envie de découvrir cette romancière.
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V
J'ai vraiment craqué, tant pour le contenu que pour la forme si originale.
F
Ooh un roman québécois disponible dans le livre de poche, c'est assez rare pour que je ne le note pas ! Si c'est un coup de coeur en plus...:)
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V
J'aimerais lire d'autres avis, j'ai vraiment succombé, ça c'est sûr...
P
Classique ou pas, ça n'a pas d'importance. L'important , c'est que tu as aimé et donc passé un bon moment de lecture. <br /> Je ne connais pas du tout...
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V
Merci Philippe ! ça deviendra un classique, j'en suis sûre :)
M
J'ai adoré cette lecture... Il a été très populaire au Québec comme la plupart des livres de cette autrices. Par contre, il est trop récent pour être considéré comme étant un classique. Mais, il le deviendra! ;) Merci de l'avoir choisi dans le cadre du mois pour le défi. Chaque lecture québécoise est toujours importante pour moi...
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V
Je suis un peu avant-gardiste alors :) J'ai pris un grand plaisir à découvrir cette autrice. Merci à toi !
T
ça titille ma curiosité.
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V
Emprunt bibli, je ne pourrais te le passer mais j'ai vraiment aimé.
M
Comme ton enthousiasme donne envie d'être partagé ! Je note immédiatement ce titre.
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V
C'est vraiment original, pour le fond comme pour la forme.
E
voilà qui donne très envie de découvrir!
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V
tant mieux !
A
J'ai lu ce qui est présenté comme une sorte de suite à ce livre "Femme-Forêt". J'en retiens surtout une écriture formidable et des fulgurances poétiques. Je crois qu'il aurait été mieux que je lise d'abord "la femme qui fuit" j'aurais mieux compris les personnages. http://legoutdeslivres.hautetfort.com/archive/2023/09/04/femme-foret-6459651.html
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V
Je viens te lire !
L
j'aimerais lire le récit de ses enfants; Et est ce un roman ou un témoignage ?
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V
Il me semble que ça reste un roman, l'autrice s'est fait aider par un détective pour recoller les morceaux de son récit.
A
Euh... pour moi, ce n'est pas du tout un classique, Anaïs Barbeau-Lavalette est bien contemporaine ?? Cela dit, j'ai adoré ce livre.
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V
c'est bien ce qui me semblait :) Mais un contemporain ne peut-il pas devenir un classique?
S
Comme Keisha, la "tu" me gêne souvent. Le portrait de cette femme qui s'affranchit d'une des plus grandes attentes envers les femmes (faire passer leurs enfants avant elles-memzs) est intéressant par contre.
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V
Le "tu" passe vraiment très bien ici -je ne suis pas fan fan non plus.
K
Les livres écrits avec 'tu', j'ai du mal.<br /> Sinon, oui, l'histoire a l'air fascinante. l'auteure a connu sa grand mère?
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V
Oui, très brièvement ou plutôt de manière épisodique, comme elle le raconte.

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