Regan est une lycéenne américaine qui bavarde avec ses copines, se nourrit des ragots des autres, essaie de se faire une place, finalement comme la plupart des ados. Entichée d’une mère politicienne aux dents longues, elle se doit d’autant plus d’être parfaite et cette pression lui vaut des crises d’anxiété. Un jour, elle découvre avec horreur que des insultes recouvrent les casiers du lycée accompagnées de messages privés révélés au grand jour. Commence la descente aux Enfers : ses copines la fuient, les profs ne la comprennent plus et elle est exclue de toutes les associations. Seul Nolan, un type un peu marginal et lourdaud, la colle contre son gré. Il va finalement se rapprocher de Regan, l’aider, la porter, la stimuler…
Ce roman pour ado, je comptais le lire entre les lignes, rapidement, pour trouver des passages sur le harcèlement des jeunes… et finalement, je me suis laissé happer par cette histoire d’ado rejetée par tout le monde, je suis revenue dans ce monde cruel de l’adolescence, et l’ensemble m’a beaucoup plu. Ce qu’on peut surtout retenir et qui est bien explicité et mis en valeur dans cette fiction, c’est que l’ado n’est jamais vraiment lui-même, toujours en train de se mettre en scène, de fanfaronner, de jouer des coudes ou de broyer du noir. De cette comédie des apparences, il n’en ressort souvent que manipulations et mensonges, or, ici, l’issue est productive et optimiste tout en restant réaliste.
Nolan aime filmer les gens à leur insu : « Tu savais qu’à l’origine du documentaire, on appelait ça en anglais des « life caught unawares » ? Des prises de vie en toute inconscience ? J’adore cette expression. Tellement que je voulais appeler mon propre documentaire La vie en toute inconscience. Rien n’est aussi prenant qu’un film bien réalisé et convaincant sur la vie. Si pour moi les docus sont tellement supérieurs aux films, c’est justement parce qu’ils sont vrais. C’est ça qui les rend si géniaux. Les films essaient de se rapprocher de la réalité, et en s’approchent parfois de très près, mais on ne peut pas fabriquer du réel. »