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22 octobre 2019 2 22 /10 /octobre /2019 19:31

Résultat de recherche d'images pour "cole gibsen blacklistée hugo roman"

            Regan est une lycéenne américaine qui bavarde avec ses copines, se nourrit des ragots des autres, essaie de se faire une place, finalement comme la plupart des ados. Entichée d’une mère politicienne aux dents longues, elle se doit d’autant plus d’être parfaite et cette pression lui vaut des crises d’anxiété. Un jour, elle découvre avec horreur que des insultes recouvrent les casiers du lycée accompagnées de messages privés révélés au grand jour. Commence la descente aux Enfers : ses copines la fuient, les profs ne la comprennent plus et elle est exclue de toutes les associations. Seul Nolan, un type un peu marginal et lourdaud, la colle contre son gré. Il va finalement se rapprocher de Regan, l’aider, la porter, la stimuler…

             Ce roman pour ado, je comptais le lire entre les lignes, rapidement, pour trouver des passages sur le harcèlement des jeunes… et finalement, je me suis laissé happer par cette histoire d’ado rejetée par tout le monde, je suis revenue dans ce monde cruel de l’adolescence, et l’ensemble m’a beaucoup plu. Ce qu’on peut surtout retenir et qui est bien explicité et mis en valeur dans cette fiction, c’est que l’ado n’est jamais vraiment lui-même, toujours en train de se mettre en scène, de fanfaronner, de jouer des coudes ou de broyer du noir. De cette comédie des apparences, il n’en ressort souvent que manipulations et mensonges, or, ici, l’issue est productive et optimiste tout en restant réaliste.

Nolan aime filmer les gens à leur insu : « Tu savais qu’à l’origine du documentaire, on appelait ça en anglais des « life caught unawares » ? Des prises de vie en toute inconscience ? J’adore cette expression. Tellement que je voulais appeler mon propre documentaire La vie en toute inconscience. Rien n’est aussi prenant qu’un film bien réalisé et convaincant sur la vie. Si pour moi les docus sont tellement supérieurs aux films, c’est justement parce qu’ils sont vrais. C’est ça qui les rend si géniaux. Les films essaient de se rapprocher de la réalité, et en s’approchent parfois de très près, mais on ne peut pas fabriquer du réel. »

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19 octobre 2019 6 19 /10 /octobre /2019 20:12

Résultat de recherche d'images pour "laferriere chronique de dérive douce grasset"

 

             Cela faisait longtemps que je voulais lire cet auteur, je l’avais vu et entendu à la télé, j’ai lu certains de ses poèmes et extraits de ses romans.

             Dany Laferrière raconte son arrivée à Montréal, en été 1976, lui qui a dû fuir Haïti à 23 ans parce que ses jours étaient en danger, un de ses amis a été tué, un autre est en prison. Il arrive donc, les mains dans les poches et le cœur presque léger, se laisse apprivoiser par cette ville, s’habitue au rythme citadin et au rude climat. Il va travailler à l’usine mais ce qu’il aime, c’est la littérature, et de grands auteurs semblent rendre son acclimatation plus facile. Dany ne paraît avoir aucune difficulté à rencontrer des filles et à les mettre dans son lit. Vorace, nomade, épicurien, il découvre la ville avec émerveillement et candeur à la manière d’un Persan dans l’univers de Montesquieu.

            D’abord un peu surprise par cette présentation qui hésite entre le vers libre et le poème en prose, je me suis finalement plu à accompagner ce jeune homme de 23 ans, dans toute sa naïveté, son désir ardent des femmes - cet être entre deux pays, deux cultures, deux climats, sa difficulté à se faire une place. Son intégration m’a cependant paru relativement aisée. L’écriture douce et savoureuse semble couler naturellement et cette lecture ressemble fort à la suave tombée de la première neige, cotonneuse, tranquille et rassurante, ce qui est paradoxal pour le récit d’un expatrié.

 

« Affolés, ils regardent

sans cesse leur montre

comme s’il était possible,

à force de volonté,

de ralentir la course

du temps. Je reste

immobile

au milieu de cette tempête. »

« Chaque fois que

je tiens un livre

dans ma main

je me sens rassuré

sachant

qu’à tout moment

je peux m’asseoir

sur un banc et

l’ouvrir »

« On a tous nos angoisses.

Il faut savoir

avec lesquelles

on accepte de passer

la nuit. »

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16 octobre 2019 3 16 /10 /octobre /2019 16:22

Résultat de recherche d'images pour "sauveur murail 4"

-Saison 4-

Lecture en duo, encore une fois. Sans plus tarder, je passe le clavier à Danaé, ma fille de 10 ans ½ :

 

              Une salle d’attente remplie de nouveaux patients pour Sauveur Saint-Yves : Des grands comme Jean-Jacques Luciani (surnommé J-J) qui passe ses journées devant l’écran de son ordinateur, Solo et sa mère qui s’inquiète pour Kamil, mais aussi des petits comme Maïlys qui s’est vu devenir une voleuse professionnelle mais aussi une petite fille en quête d’amour et qui adore jouer avec les petits animaux en plastique de son psychologue clinicien. Mais bien d’autres encore sont revenus : Ella qui veut participer à un concours de lecture et que son père va soutenir même s’il a le cancer, Samuel Cahen qui a toujours sa mère sur le dos, Margot et Blandine Carré qui en ont marre de leurs parents et qui n’arrêtent pas de se chamailler même si au fond elles ne peuvent compter que sur elles-mêmes. Sinon à part tout ça, Sauveur et Louise essayent tant bien que mal de créer une famille recomposée. Mais sont déjà dans la maison : Gabin Poupard, qui passe ses nuits devant The Walking Dead, Jovo Jovanovic qui est de plus en plus vieux…, Lazare qui est à fond dans l’idée de construire une famille recomposée et bien sûr Sauveur Saint-Yves qui va tout faire pour que cette idée de famille recomposée devienne réelle !

Avis :

             J’ai beaucoup aimé ce livre (comme tous les autres tomes d’ailleurs) et surtout avec cette histoire de famille recomposée, Alice fait semblant de ne pas être d’accord mais en fait, elle ne voulait que ça. Et puis surtout que je puisse passer un peu de temps avec maman pour lire (même si ce n’était pas régulier) !

             Je n’ai rien touché à ce qu’elle a écrit, hormis quelques rares fautes d’orthographe. La demoiselle persiste dans son idée de devenir psychologue à son tour malgré les aléas, les inquiétudes et les doutes bien présents dans ce tome pour Sauveur. Je suis toujours extrêmement ravie de partager ce temps de lecture et de discussion avec ma fille ! A bientôt pour le tome 5 !

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13 octobre 2019 7 13 /10 /octobre /2019 09:21

Résultat de recherche d'images pour "Montana 1948 de Nicolas Pitz et Larry Watson sarbacane"

                 Au nord-ouest des Etats-Unis, à quelques kilomètres du Canada, une petite ville suit son cours paisible en apparence, au lendemain de la deuxième Guerre mondiale. Le narrateur, David, est le fils du shérif de la ville, Wes. Il assiste, impuissant et malheureux, à la maladie qui cloue au lit sa nurse, Marie, une jeune Indienne. Le père de David a un frère, Frank, qui, en plus d’être médecin, s’est brillamment distingué pendant la guerre. C’est lui qui vient examiner Marie mais elle hurle qu’elle ne veut pas de lui ; on met cette peur sur le compte des superstitions indiennes… Ce que la famille de David va découvrir, c’est que Frank a l’habitude d’abuser des jeunes filles indiennes, comme le confirme le grand-père de David : « Frank a toujours eu un faible pour la viande rouge. »…  Wes est partagé entre sa fonction de shérif, son devoir de rendre justice et l’honneur familial à préserver.

            La BD est une adaptation du roman de Larry Watson que je n’ai pas lu. Elle pointe habilement du doigt la discrimination faite envers les Indiens et l’hypocrisie des Blancs. J’ai bien aimé que le narrateur soit ce petit garçon qui découvre à la fois l’horreur dont est capable un membre de sa famille mais aussi le danger imminent de l’éclatement de cette même famille qui constituait son repère. Les couleurs sont généralement chaudes et les dessins mettent en valeur l’immensité des plaines, la rudesse de ce paysage américain agrémenté de ranchs, de rivières et d’animaux à chasser. J’ai beaucoup aimé cette lecture et l’atmosphère de plus en plus pesante qui règne dans cette ville divisée.

Résultat de recherche d'images pour "Montana 1948 de Nicolas Pitz et Larry Watson"

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10 octobre 2019 4 10 /10 /octobre /2019 08:13

Résultat de recherche d'images pour "Cent millions d’années et un jour de Jean-Baptiste Andrea"

          Plébiscité par de nombreux lecteurs, ce roman m’a fait de l’œil à moi aussi et je suis ravie d’avoir succombé.

          Stan est un paléontologue d’une cinquantaine d’années, complètement passionné par son boulot. Un certain Leucio lui raconte un jour qu’enfant, il est tombé nez à nez avec un dragon dans une grotte perchée à quelques centaines de mètres d’altitude. Stan, célibataire et proche de la retraite, n’a plus rien à perdre ; il est persuadé qu’un squelette de dinosaure l’attend dans cette grotte. Il dépense ses dernières économies et embrigade trois hommes : Umberto, son ancien assistant, un Italien géant et très doux, le guide Gio et Peter, un jeune Allemand extravagant. Ensemble, ils vont gravir la montagne, affronter les intempéries, creuser la glace, faire face aux disputes et aux moments de découragement.

          Ce n’est pas tant l’intrigue qui m’a plu, même si le suspens nous fait tourner les pages à vitesse grand V, surtout à partir du moment où Stan se retrouve seul, même si on doit reconnaître que le personnage principal est attachant - son passé nous est dévoilé avec une lente et délicieuse subtilité – que les personnages secondaires sont tout aussi intéressants et originaux. Et puis, le final est une apothéose parfaitement réussie. Non, ces nombreuses qualités sont largement devancées par l’écriture imagée, sensuelle, parlante, sensible, d’un indéfinissable charme qui fait qu’on resterait bien plus longtemps dans le froid et la neige de ces montagnes hostiles. Je crois bien que je suis tombée amoureuse de cette plume qui parle, mieux que personne, des ruisseaux, par exemple, mais aussi de cet amour d’un fils pour sa mère perdue trop tôt, de ce rêve de gosse qui s’épanouit et s’envole... Allons-y : c’est un coup de cœur !

 

Stan a le vertige et n’a jamais fait de via ferrata : « Un miracle est arrivé. J’ai trouvé mes jambes d’alpiniste. Elles étaient là qui m’attendaient sur le bord du sentier, je les ai chaussées sans m’en rendre compte. Ce sont des jambes merveilleuses, pleines de puissance contenue, de ressort, de technique pour appréhender les trahisons du chemin. Je marche soudain d’un pas léger, je me colle bientôt à Umberto qui m’adresse un sourire en coin, l’air entendu. Je suis des leurs. »

« On l’entend – une chanson molle de laine, une mélodie de sabots. On la sent – une haleine d’ardoise mouillée. Mais on ne la voit pas, la frontière est invisible. Celle d’une nation vaste comme le vent, dont les habitants rares parlent le langage des bêtes. Nous sommes entrés à midi au pays des bergers. »

« Je suis parfois maladroit. Blessant, bourru, bête même. Réservé, froid, méfiant. Empoté et désespérant. Mais je ne suis pas un mauvais bougre. J’ai la gentillesse des abeilles, je pique parfois sans m’en rendre compte la main qui m’approche, parce que je crois par habitude qu’elle va m’écraser. »

« …le destin d’un homme est de partir. […] ceux qui ne partent pas ne trouvent jamais de trésor. »

« J’ai été sage toute ma vie. Crois-moi, ça ne sert à rien. »

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7 octobre 2019 1 07 /10 /octobre /2019 09:25

Résultat de recherche d'images pour "Les victorieuses de Laetitia Colombani"

             Solène, avocate d’une quarantaine d’années est en dépression : son compagnon l’a quittée et son client s’est suicidé. Son psy lui propose d’œuvrer pour une association caritative afin de sortir de son burn-out. Solène, peu enthousiaste, choisit d’être « écrivain public » au Palais de la Femme, ce foyer gigantesque qui peut accueillir 743 femmes en détresse. Si les débuts sont rudes et l’intégration dans ce microcosme compliqué, Solène finit par se rendre utile : ici écrire une lettre pour le fils resté au pays, là réclamer quelques euros… En parallèle, on rencontre Blanche Peyron, officière de l’Armée du Salut, qui, au début du XXème siècle, consacre sa vie aux pauvres. Soutenue par son mari Albin, elle veut acheter cet immense immeuble pour y loger des femmes en situation de précarité. A plusieurs millions d’euros, le projet est insensé mais Blanche s’accroche.

           Comme pour La Tresse, on pourrait reprocher à l’autrice un style assez plat noyé dans une surabondance de bons sentiments, pourtant j’ai été moins agacée par ce roman que par le précédent. L’histoire de Blanche Peyron et de ce Palais de la Femme, je l’ignorais totalement et elle m’a vraiment intéressée, digne d’être connue et reconnue. Le parcours de Solène n’est pas tant caricatural que cela et le regard porté sur les sans-abris et les femmes en détresse sans doute fécond. Alors si le roman de Laetitia Colombani peut changer quelques idées préconçues, ouvrir les yeux sur la misère qui nous entoure, je suis d’accord. Il est comme une pommade qui embaume et camoufle une plaie… sans la guérir pour autant. En tous cas, cette lecture est tombée à un bon moment pour moi et je l’ai appréciée.

 

Salma a été recrutée par la directrice du Palais parce qu’elle y a vécu, dormi, connu un destin chaotique elle aussi : « Son vécu a de la valeur. »

« Au Palais, on l’appelle « la Renée », du nom que ses compagnes de rue lui ont donné. Elle a passé quinze ans sur le pavé. Quinze ans sans toit, sans foyer. Quinze ans sans dormir dans un lit. Depuis, la Renée n’y arrive plus. Pas moyen de trouver le sommeil dans sa chambre, elle s’y sent enfermée. Elle préfère dormir dans les parties communes, entourée de ses cabas. Ses affaires, elle ne peut se résoudre à les ranger dans les placards. Elle a l’impression qu’on va les lui voler. Elle a besoin de les sentir autour d’elle, constamment, comme si toute sa vie tenait là, dans ces grands sacs qu’elle trimballe jour et nuit sur son dos, telle une femme-escargot. » Plus tard, on apprend que des femmes sans-abri, comme elle, se font souvent violer la nuit et que marcher, bouger sans cesse lui permet de survivre… On regardera peut-être différemment une vagabonde profondément endormie en plein jour…

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4 octobre 2019 5 04 /10 /octobre /2019 20:19

Résultat de recherche d'images pour "Le goût d’Emma de Takahama, Maisonneuve et Pavlowitch arenes bd"

Emmanuelle Maisonneuve a toujours été passionnée par la gastronomie, la cuisine, la bonne chère, le goût, les saveurs et les parfums. Collectionneuse de vinaigres (c’est original), elle postule au poste d’inspectrice pour Le Guide Michelin. Et c’est un jour béni par les dieux quand enfin on l’appelle pour lui dire que sa candidature a été retenue. Après trois semaines de formation intense, Emma entre dans le club très fermé des inspecteurs. Le métier s’avère plus exigeant et plus chronophage que ce qu’elle pensait. Parcourant les villes et villages de France, Emma doit soit manger incognito midi et soir dans les restaurants (et ne prendre que le menu du jour, le petit livre rouge économise aussi), soit se présenter en tant qu’inspectrice Michelin et questionner, contrôler, épier et tester en une demi-heure les chambres d’hôtel. Après ce parcours du combattant où le foie gras et la riche cuisine grasse et roborative deviennent sa hantise, elle doit encore s’atteler à rédiger les rapports – de mémoire. Son couple en pâtit, les responsabilités aussi – elle est « un ange ou un démon » pour les chefs. Celle qui est la première inspectrice femme annonce qu’elle ne le sera que quatre ans. Un voyage au Japon la convainc qu’elle préfère la simplicité et la pureté des aliments à l’exubérance des plats français.

            J’ai adoré ce voyage gustatif autant surprenant qu’instructif. Emma est douée, cet ouvrage embaume une appétissant effluve, la douce folie de notre inspectrice est contagieuse et j’ai pris un très grand plaisir à découvrir ce métier un peu sadique (manger du foie gras deux fois par jour !!) mais tellement noble. Gourmande comme je suis, j’hésite à mettre un coup de cœur car la plupart des dessins m’ont plu, certains se rapprochent du photoréalisme mais d’autres « à la japonaise », montrent des personnages s’esclaffant trois cases sur quatre. Je me suis régalée, presque rassasiée et je salue le travail de ces trois femmes artistes et créatrices, passionnées, on le sent. Ah je n’avais rien senti de similaire depuis Le Gourmet solitaire !

L’incomparable gastronomie japonaise … : « Les légumes ont un goût pur, naturel. Comme s’ils sortaient tout juste de terre. Tofu frit, enrobé de sésame, konnyaku – surprenant, ce tubercule – champignons, haricots, yuba – délicieuse, cette peau de tofu – une plante aquatique incroyable ! et légumes en tempura. C’est beau et c’est bon. Le tofu est souple et crémeux. Il est si différent de celui que je connais. »

Quand Emma compare la cuisine et sa relation avec son compagnon : « C’est comme un mauvais accord mets et vin. Même si indépendamment le plat est bon et le vin aussi, ils peuvent ne pas aller ensemble. Et ce ne sera ni la faute du plat ni celle du vin. Mais le résultat sera mauvais. On aura beau essayer d’arranger ensemble avec des épices, ou un trait de sauce, rien n’y fera, le mariage de la carpe et du lapin… »

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30 septembre 2019 1 30 /09 /septembre /2019 11:11

Résultat de recherche d'images pour "Impasse Verlaine de Dalie Farah grasset"

 

            En Algérie, dans les montagnes, Vendredi joue avec son père adoré. Elle prend l’habitude de fuir cette mère qui la déteste et recherche insolemment le réconfort auprès de son père qui lui cède tous les caprices … jusqu’au jour où il se fait sauvagement assassiner. La mère n’a qu’une hâte : se débarrasser au plus vite de cette fille encombrante qu’elle marie au premier venu qui emmène Vendredi en France. Là-bas, dans l’impasse Verlaine, Vendredi se pâme devant le carrelage blanc, le chauffage central et l’évier en aluminium. Elle tente de se glisser dans cet univers de Blancs, va faire des enfants avec son incapable de mari. Sa fille, la narratrice, dès son plus jeune âge, va devenir le nègre de sa mère, la seule sachant lire et écrire dans la famille. En constant rejet de celle qui ne lui exprime aucune affection mais qu’elle se doit d’obéir, elle va grandir malgré les coups et les interdictions et trouve un réconfort dans la littérature.

         Entre amour et haine pour une mère qui ne s’exprime qu’avec des coups, la narratrice trace sa route, lutte contre les moqueries et les préjugés, apprend à vivre avec cette situation d’apatride. Pendant « cette saleté de puberté », elle sera encore plus surveillée par cette mère traumatisante. Ce qui la sauve ? Les écrivains russes, une adorable infirmière, une amie et un concours d’écriture. Je résume mal ce très beau roman et ne rends pas suffisamment justice au talent de cette jeune autrice qui publie là son premier livre. Avec sobriété, elle mêle élégance et humour et prouve noir sur blanc que le pouvoir des mots est plus fort que la violence. La retenue poétique dont elle use est vraiment touchante et l’hommage à ces souvenirs qu’elle ne renie pas mais où elle puise une belle énergie force le respect. Oui, je retiendrai surtout l’image de cette battante de fille, portée par les mots, bousculée par ce contexte familial difficile, qui s’en sort la tête haute. Un très beau roman.

L’école : « Quand j’y vais, j’ai envie de voler au-dessus du monde pour apercevoir les rêves qui traînent par terre. Quand j’y vais, j’ai le coeur poétique et lyrique, je me fiche des moqueries et j’aime le mélodrame. Je cherche la sensiblerie, je veux m’émouvoir d’être vivante pour ne pas oublier que je vis. »

« Je hais Vendredi parce que cela m’est insupportable, à la fin, de ne pas être aimée. »

La fille quitte enfin sa famille : « Je crois que le monde est bon et prévoit mon arrivée, j’ai l’illusion qu’en dehors de l’impasse la justice et la République font leur boulot et me réservent le meilleur du miel humaniste. En sus, je compte bien obtenir un remboursement parce que cela fait dix-huit ans et demi que je fais crédit à l’existence. Assise dans la Renault, j’’abandonne ma sœur car le malheur est un égoïsme imbécile qui n’envisage pas d’être partagé. »

 

 

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27 septembre 2019 5 27 /09 /septembre /2019 07:35

Résultat de recherche d'images pour "Le coffre de Jacky Schwartzmann et Lucian-Dragos Bogdan"

           Lyon. Gendron pense savourer pépère ses dernières semaines de boulot de gendarme avant une retraite bien méritée, mais un cadavre de femme est retrouvé dans un coffre de toit de voiture. La sexagénaire y est allongée comme dans un cercueil, en robe blanche avec petit bouquet sur la poitrine. On colle à Gendron une associée femme (Joëlle Losfeld… hum, oui) et, parce que la victime aurait des origines roumaines, on le contraint à bosser avec un collègue roumain, Marian. L’enquête avance parallèlement dans les deux pays même si la communication s’avère parfois difficile.

          Quand on a goûté au style de Schwartzmann, on ne le lâche plus de sitôt… Ici, roman un peu particulier puisque deux écrivains se sont partagé le boulot : un roumain s’est occupé des chapitres consacrés à l’Europe de l’Est et notre Schwartzmann national est resté à Lyon. Polar de facture classique, il nous emmène voyager en Roumanie et côtoyer les réseaux mafieux des deux pays. Les textes des deux écrivains se complètent harmonieusement, le Français est toujours aussi drôle (ses personnages se retrouvent avec des noms d’auteurs français) même si j’ai l’impression que cette collaboration l’a quand même un peu freiné, je l’ai connu plus fou et plus irrévérencieux dans Demain c’est loin par exemple. Mais on passe un excellent moment pour un livre qu’on aurait pu souhaiter un peu plus touffu !

Le billet de Jérôme.

« un enterrement en drive »

Dans le véhicule de planque : « Le soum’, c’est long. Je n’avais pas de sujet de conversation à balancer, avec Joëlle. Le prêt-à-parler, avec elle, vous oubliez. Avec ses airs de Caroline Proust, dans la série Engrenages, elle avait une propension à me gonfler en deux battements de cils. Et je fais la gueule, et je réfléchis à un truc dingue, et je pédale tellement vite dans ma tête que j’ai tout le temps le cerveau en danseuse. Une chieuse, quoi. »

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24 septembre 2019 2 24 /09 /septembre /2019 09:38

Résultat de recherche d'images pour "a crier dans les ruines vulcain"

                 Léna et Ivan sont deux enfants qu’une forte amitié réunit tous les jours. Ils grandissent dans cette ville toute proche de Tchernobyl et leur amitié se transforme peu à peu en amour. La tragédie du 26 avril 1986 va les séparer : le père de Léna comprend vite l’ampleur de la catastrophe et, dès le lendemain, la petite famille, avec Zenka la grand-mère, fuit vers Paris où l’attendent des cousins. Léna pense revenir dans son pays quelques semaines plus tard mais ses parents lui expliquent que c’est impossible, qu’Ivan est sans doute déjà mort et qu’à treize ans, elle doit se reconstruire une nouvelle vie. Elle va la réussir cette nouvelle vie, s’intégrant assez aisément, se glissant dans la langue française avec facilité, réussissant brillamment ses études. Mais la ville de Pripiat reste toujours dans un coin de la tête de la jeune fille et le souvenir d’Ivan reste gravé durablement, lui laissant un sentiment d’inachevé…

              Avec quelle impatience et quel plaisir j’ai lu ce roman d’une blogueuse que je suis depuis des années ! Je lui tire mon chapeau, elle réalise tout haut ce rêve que nous sommes nombreux à faire tout bas, je crois. Son écriture est réellement très belle et élégante, parfois sophistiquée, parfois lyrique ; j’ai noté la somptuosité de certains passages. Entre le thème de Tchernobyl que j’ai beaucoup apprécié, celui de la résilience, celui de l’exil et de l’attachement à une terre et cette histoire d’amour à travers les années qui défilent, le livre est riche et foisonnant. C’est cette image d’une ville à l’abandon, envahie par la végétation et des animaux sauvages que j’ai le plus appréciée. La vie malgré tout, la vie au-delà de la bêtise humaine, voilà qui a forcément une résonnance très actuelle. Pourtant, je suis restée un peu en dehors de l’histoire d’amour entre les deux ados qui m’avait l’air de se prolonger indéfiniment, de traîner un peu laborieusement même si le retour au pays pour Lena (je ne pense pas trop spoiler) reste tout à fait justifié. Les phrases sont si belles qu’elles m’ont paru parfois trop travaillées et donc artificielles, emportant avec elles une émotion qu’on aurait préféré voir grandir dans un peu plus de simplicité. Malgré ce petit bémol, les références mythologiques et littéraires, les magnifiques images m’ont enthousiasmée et je souhaite une belle carrière d’écrivain à Alexandra !

« Dans la forêt, la nature souffre. Elle économise ses souffles : elle amasse ses dernières forces pour se battre contre la bêtise de l’homme. Les particules malignes, torrent de boue invisible à l’œil nu, se déversent. Les radiations sont là, elles ont la force d’une armée de l’ombre insidieuse : aucun radar militaire ne peut les détecter. »

Pendant le voyage vers la France : « Zenka pleura silencieusement sa terre meurtrie qu’elle délaissait à l’heure où les corps ne voyagent plus. A jamais une étrangère de son pays qu’elle quitte. Sa vie bien entamée devait trouver une embarcation sur laquelle se fixer. Il ne lui restait alors que cette femme en devenir, sa fragile Léna, calée tout contre elle : une ingénue aux bras encore blancs d’innocence. Elle, elle n’était plus qu’une Vénus de Milo aux bras arrachés. Sa petite-fille deviendrait sa proue, sa poupe et son ancre. Zenka se faisait l’effet d’une muse déchue au corps cubiste : tête à l’envers, regard en arrière mais pieds en avant. »

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