La nostalgie des sentiments de Hanni Münzer
Un jeune couple d’amoureux, Laurenz et Anne-Marie Sadler, a dû reprendre la ferme familiale dans un village allemand, Petersdorf, près de la frontière polonaise. Nous sommes dans les années 20, Laurenz aurait préféré vivre de sa passion, la musique, sa femme se distingue aussi par son originalité, elle est intelligente, cultivée et cache un secret. Les ragots vont bon train dans ce village où tout le monde se connaît. Kathi naît en 1929, fillette vive, précoce et curieuse qui se met à adorer la nouvelle institutrice, Mlle Liebig, qui fait parler d’elle parce qu’elle est célibataire, porte un pantalon et se déplace à moto. Le national-socialisme prend de plus en plus d’ampleur, et... est-ce lié ? la maîtresse d’école si intéressante qui enseignait la physique en cachette à Kathi disparaît du jour au lendemain, laissant la place à un adorateur du Führer, autoritaire et stupide. Aux sept ans de Kathi, une petite sœur, Franzi, vient égayer le quotidien de sa soeur. Mais Franzi souffre d’une maladie invalidante : la sclérodermie, caractérisée par un durcissement des tissus externes et internes. Si Franzi bourdonne plus qu’elle ne parle, qu’elle chaparde des objets convoités, qu’elle aime fuguer, elle a un don avec les animaux et un sixième sens avec les humains. L’Allemagne déclare la guerre à la Pologne et la Seconde guerre mondiale se fera durement ressentir, même dans ce petit village allemand perdu.
Dans un roman dense et bavard, nous accompagnons cette famille très sympathique où Dorota, la cuisinière occupe une place importante, la grand-mère Charlotte acariâtre mais juste, une autre. Les parents s’aiment d’un amour fort et fusionnel même si Anne-Marie cache ce secret qui ne sera dévoilé que dans les dernières pages. Et puis il y a cette petite fée, Kathi, intelligence, perspicace, généreuse, combative. Avec un contexte spatio-temporel passionnant, (on n’est pas souvent du côté des Allemands dans les récits sur la 2e Guerre Mondiale), les ingrédients étaient réunis pour que j’apprécie ce gros roman (plus de 560 pages...), j'ai apprécié l'effort de recherches de l'autrice qui s'est également inspirée de l'histoire de sa propre famille, mais j’ai trouvé que l’intrigue patinait un peu trop souvent, que les acmés tombaient à plat alors qu’un suspens prenant aurait pu maintenir le lecteur pleinement éveillé. En outre, une traduction un peu maladroite m’a fait parfois lever les yeux au ciel. Avec certaines invraisemblances à la fin du roman, j’en suis arrivée à regretter cette lecture. Les lecteurs de Babelio qui ont mis la note de 4/5 liront la suite de cette saga... pas moi.
« Mlle Liebig lui offrit une autre règle importante pour sa vie future : il est parfois intelligent de cacher son intelligence. Seul l’idiot montre ce dont il est capable... »
« Écoute-moi, Franz, le coup Laurenz. Hitler n’oserait jamais ! S’il attaque la Pologne, les autres pays ne pourront plus se taire. L’Angleterre devra lui déclarer la guerre ! La France suivra. Et derrière ces deux pays, il y a les Etats-Unis d’Amérique. Sans oublier la Russie, qui s’intéresse aussi à la Pologne. Non, conclut-il avec force, Hitler n’osera pas. »
Je participe au challenge de Moka, Quatre saisons de pavés.