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2 avril 2019 2 02 /04 /avril /2019 18:11

Résultat de recherche d'images pour "malaterre gomont"

        

          Gabriel est un Français qui possède un domaine vaste et luxuriant, quelque part en Afrique équatoriale. L’album débute sur sa mort, une attaque violente et brève qui le laisse inerte devant sa jeep. Par de captivants retours en arrière, le lecteur découvre le passé du bonhomme qui, avec son profil à la Gainsbourg, s’est bousillé la vie à grands renforts de cigarettes et d’alcool. Marié à Paris, père de trois enfants qu’il abandonne momentanément pour vivre dans la débauche et les petites escroqueries, il récupère ses deux aînés et les emmène en Afrique, espérant faire prospérer son domaine. Mais, non seulement il est incapable de s’occuper de ses enfants mais il ne fait que s’endetter faisant de mauvais choix, rencontrant de mauvaises personnes. Les enfants vont grandir entre Afrique et Paris, tantôt vénérant un père hors du commun, tantôt détestant cet homme qui les abandonne si souvent.

            L’auteur de Peirera prétend nous surprend encore une fois. Formidable conteur, ce dessinateur hors pair nous emmène dans une nature verdoyante, abondante et sauvage où vont grandir deux adolescents déboussolés et pourtant très vite amoureux des paysages qui les entourent. Cumulant les défauts, le père est à la fois agaçant et attachant. Peu fiable, alcoolique, fumeur, menteur, trompeur, violent, colérique, il aime ses enfants à sa manière mais fait passer son domaine avant eux. J’ai beaucoup aimé la fin qui appelle à faire preuve d’indulgence et de tolérance. Absolument pas manichéen, l’album (inspiré de la vie de l’auteur) met en valeur la particularité d’une famille pas plus mauvaise ni meilleure qu’une autre. Tout y est, le plaisir de la lecture pour un texte bien écrit, le plaisir des yeux devant des planches de toute beauté. Bravo Monsieur Gomont !

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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 10:38

Romain Gary s'en va-t-en guerre par Seksik

              Wilno, 1925. Roman Kacew vit seul avec sa mère Nina. Son père, Arieh, a déjà déserté le foyer familial, tombant amoureux d’une jeune Frida. L’espoir qu’il revienne au foyer n’a pas tout à fait quitté Roman et sa mère surtout qu’Arieh ne parvient pas à avouer à son fils que Frida est enceinte. Nina, même si elle s’avère toujours être la championne de la débrouillardise, a du mal à joindre financièrement les deux bouts dans ce ghetto de Wilno où l’antisémitisme prend de plus en plus d’ampleur. Roman rêve devenir fourreur, comme son père, car « n’était-ce pas le rôle des fils de réaliser les rêves des pères ?» 

            Mon tort a sans doute été de lire ce livre peu après la relecture de La Promesse de l’aube. Toujours est-il qu’après le brillant, le triomphal, le monumental, ce livre m’a paru bien plat ! J’ai franchement été déçue par les personnages qui avaient perdu toutes leurs saveurs depuis Gary, par le contexte qui finalement ne m’a pas appris grand-chose que je ne savais déjà (peut-être que l’antisémitisme est plus présent que dans l’autobiographie de Gary ?... et puis le demi-frère de Roman – mort à vingt ans - est évoqué quelques fois.) Heureusement, heureusement qu’il y a les trente dernières pages qui sauvent le tout : Roman surprend par hasard le couple Frida-Arieh, comprend aussitôt que la jeune femme est enceinte et que son père est au comble du bonheur. L’image de héros flamboyant qu’il s’était bâti s’effondre aussitôt et on comprend mieux le silence dont il entoure la présence puis l’absence du père dans ses écrits. S’ensuit un épilogue poignant qui décrit les quelques instants d’Arieh en 1943. Interrogé par un officier allemand qui a déjà participé au génocide de dizaines de milliers de Juifs dans la ville, il nous montre qu’il pense encore avec fierté de son fils devenu soldat français.

« On lui reprochait parfois de ne pas avoir des préoccupations de son âge. Mais quand on a connu l’exil à six mois, la séparation de ses parents et la mort d’un frère, l’enfance était une terre inconnue, un continent lointain. Si Nina voulait qu’il s’exprime autrement, elle n’avait qu’à lui faire lire des contes pour enfants au lieu de lui glisser dès ses huit ans des romans de Tolstoï, Dostoëvski et Flaubert. »

« Le garçon ne savait plus à qui se vouer maintenant que son père l’avait trahi, qu’il était le père d’un autre enfant, le mari d’une autre femme. Son père s’apparentait à un Golem, le plus froid des monstres avait pris ses traits. »

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27 mars 2019 3 27 /03 /mars /2019 22:28

Résultat de recherche d'images pour "romain gary la promesse de l'aube folio"

           J’ai relu ce roman (que j’avais déjà lu... hum, peut-être deux, trois fois ?) parce que je voulais enfin visionner son adaptation cinématographique signée Éric Barbier.

           La mère du petit Romain met sur les épaules de son fils, dès son plus jeune âge, des poids déjà très lourds. Sommé d’être un héros, un général,  «Gabriele D'Annunzio,  Ambassadeur de France », elle lui fait tout essayer avec plus ou moins de succès : danse, violon, équitation, escrime, tir au pistolet, chant. Il jongle avec six balles. Entre l’enfance et l’adolescence, Romain connaît ses premières amours, ses grandes déceptions, tombe malade, séjourne brièvement en Italie ce qui entraînera la faillite du petit commerce de sa mère. Ils quittent la Russie puis la Pologne pour rejoindre Nice, destination tant convoitée par la mère. Dès lors, elle n’aura de cesse de lutter pour que son fils devienne un héros, démonstrative, grandiloquente, adoratrice. Lui fera tout pour lui plaire, la convaincre qu’elle avait raison.

           Même si je connaissais bien le roman, parfaitement certains passages, je me suis fait avoir, encore une fois, par le talent inégalable de Gary. Son écriture est absolument jouissive, parfait équilibre entre humour et délicatesse, entre finesse d’esprit et auto-dérision, entre mauvaise foi et sincérité. Même si le film remanie certains détails, s’il bouscule un peu la chronologie du livre, s’il cède inévitablement à quelques effets spectaculaires à l’image, il reste très fidèle à l’histoire de Gary et surtout à cette omniprésence de la mère, à la confiance aveugle et surpuissante en son fils, à cette abnégation filiale qui n’est qu’un cadeau empoisonné. J’ai trouvé Charlotte Gainsbourg plutôt convaincante dans ce rôle de mère exubérante et exclusive et Pierre Niney très juste. Malgré tous les sarcasmes de la plupart des critiques.

« tout ce que ma mère voulait, j’allais le lui donner. »

« j’avais toujours fait pour elle tout ce que j’ai pu. »

« On regarde, on espère, on attend. Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. »On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. »

 

« Tous les jours, je me livre à des exercices d'assouplissement et deux fois par semaine, je fais de la course à pied. Je cours, je cours, oh, comme je cours! Je fais également de l'escrime, du tir à l'arc et au pistolet, du saut en hauteur, du saut de carpe, des poids et haltères, et je sais encore jongler avec trois balles. Évidemment, dans votre quarante-cinquième année, il est un peu naïf de croire à tout ce que votre mère vous a dit, mais je ne peux pas m'en empêcher. Je n'ai pas réussi à redresser le monde, à vaincre la bêtise et la méchanceté, à rendre la dignité et la justice aux hommes, mais j'ai tout de même gagné le tournoi de ping-pong à Nice, en 1932, et je fais encore, chaque matin, mes douze tractions, couché, alors, il n'y a pas lieu de se décourager. »

 

« Je mentirais aussi si je n'avouais pas que, malgré mes quatorze ans, je croyais encore un peu au merveilleux. Je croyais à la baguette magique et, en me risquant sur le court, je n'étais pas du tout sûr que quelque force entièrement juste et indulgente n'allait pas intervenir en notre faveur, qu'une main toute-puissante et invisible n'allait pas guider ma raquette et que les balles n'allaient pas obéir à son ordre mystérieux. Ce ne fut pas le cas. Je suis obligé de reconnaître que cette défaillance du miracle a laissé en moi une marque profonde, au point que j'en viens parfois à me demander si l'histoire du Chat botté n'a pas été inventée de toutes pièces, et si les souris venaient vraiment, la nuit, coudre les boutons sur le surtout du tailleur de Gloucester. Bref, à quarante-quatre ans, je commence à me poser certaines questions. Mais j'ai beaucoup vécu et il ne faut pas prêter trop d'attention à mes défaillances passagères. »

 

« Je sentis qu’il fallait me dépêcher, qu’il me fallait en toute hâte écrire le chef-d’œuvre immortel, lequel, en faisant de moi le plus jeune Tolstoï de tous les temps, me permettrait d’apporter immédiatement à ma mère la récompense de ses peines et le couronnement de sa vie. »

 

« je ne faisais que m’incliner devant son rêve, devant ce qui était son unique raison de vivre et de lutter. »

   

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24 mars 2019 7 24 /03 /mars /2019 19:54

Résultat de recherche d'images pour "Idéal standard d’Aude Picault"

              Claire, une infirmière travaillant dans un service de néonatologie, multiplie les liaisons éphémères, désespérant de trouver le « bon ». A plus de trente ans, elle aimerait fonder une famille. Alors qu’elle pense vraiment avoir mis une croix sur la gente masculine, un certain Franck insiste et, finalement, les deux se retrouvent rapidement en couple. Plutôt heureuse, Claire fait des concessions devant son compagnon plutôt mesquin, individualiste et nombriliste. Les années passent jusqu’au jour où, par accident, Claire tombe enceinte et remet son couple en question.

             Cette BD se lit bien et, malgré ses 149 pages, se dévore avec plaisir. L’autrice (une femme, je pense qu’il n’en aurait pu être autrement, … hélas !) traite assez bien de cette difficulté à associer liberté personnelle et vie de couple/ vie de famille. C’est une jolie leçon de vie qu’elle nous offre : il vaut mieux « ne plus être en attente », être en accord avec soi-même qu’être mal accompagnée. Evidemment, c’est une évidence, mais ça fait du bien de se l’entendre dire encore une fois par le biais de cette histoire de vie gentillette, assez drôle et bien sympathique. Le problème de l’âge n’est pas vraiment résolu à la fin (on a beau ne pas se montrer pressée, l’horloge biologique ne connaît pas le bouton « Veille »). Qu'il est difficile d'être femme quand même - je me le dis tous les jours… Quelques inévitables clichés (le type paresseux, la femme qui veut tout contrôler) côtoient des personnages plutôt attachants (la mère de Claire et son beau « Jamais je n’aurais osé faire ce que tu fais » ; le père d’un petit prématuré qui aide avec délicatesse sa femme à accepter de toucher le bébé si fragile). Les dessins pastel, doux, tout en rondeur et en simplicité font de cette lecture une jolie découverte bien agréable.

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21 mars 2019 4 21 /03 /mars /2019 11:23

 

 

                Depuis Ouragan que je n’ai pas beaucoup aimé, je me disais que cet auteur n’était pas vraiment pour moi. Et c’est dans le cadre de mon boulot, par le biais du thème de l’immigration clandestine que je suis contrainte à lire ce court roman.

               En Sicile, à Catane, le commandant Piracci recueille les immigrants tentant de rejoindre l’Europe, souvent il les sauve de la noyade, souvent aussi il contribue à les ramener dans leur pays d’origine, confirmant ainsi l’échec de leur tentative. Un jour, il reçoit la visite d’une Libanaise qui, elle, a réussi à faire la traversée, à s’intégrer en Italie, à parler italien et à mettre de côté quelques sous. Oui mais à quel prix ? Le bateau sur lequel elle partait était empli de centaines de clandestins et, en pleine mer, l’équipage a abandonné le bateau, les laissant mourir de faim et de soif, perdus dans une mer hostile. Parmi les morts, le bébé de la jeune femme dont le cadavre, comme tant d’autres, a dû être jeté par-dessus bord. Pour cela, la Libanaise veut se venger et demande une arme au commandant. C’est sa détermination mais aussi la crasse de son quotidien qui pousse Piracci à changer de vie, à partir lui aussi sur une barque de fortune, là où le courant voudra bien le porter.

             Soleiman et Jamal sont deux frères Soudanais qui rêvent aussi de cette Europe Eldorado, un endroit merveilleux qu’il faut atteindre à tout prix. Si Jamal fait faux bond à son frère à qui il confie toutes ses économies, Soleiman est confiant jusqu’au moment où les hommes du camion qui devaient l’emmener au port l’abandonnent avec les autres clandestins, au milieu de nulle part, dépouillant et frappant les pauvres hères. Contraint de voler, au gré des rencontres heureuses ou malheureuses, Soleiman ne perdra pas son Eldorado de vue, risquant sa vie tant de fois pour rejoindre l’Espagne.

           Les deux récits dénoncent la brutalité d’une odyssée qui finit si souvent mal mais aussi le miroir aux alouettes que contemplent les pauvres avec un entêtement désespéré. La tension dramatique qui lie les personnages ne fait que renforcer l’émotion du lecteur. Ça laisse sans voix, désarmés et impuissants que nous sommes face à cette terrible tragédie qui n’est pas près de s’arrêter. Une lecture indispensable.

« L'herbe sera grasse, dit-il, et les arbres chargés de fruits. De l'or coulera au fond des ruisseaux, et des carrières de diamants à ciel ouvert réverbéreront les rayons du soleil. Les forêts frémiront de gibier les lacs seront poissonneux. Tout sera doux là-bas. Et la vie passera comme une caresse. L'Eldorado, commandant. Ils l'avaient au fond des yeux. Ils l'ont voulu jusqu'à ce que leur embarcation se retourne. En cela, ils ont été plus riches que vous et moi. Nous avons le fond de l'œil sec, nous autres. Et nos vies sont lentes. »

Piracci et son ami discutent de la demande insolite de la Libanaise : « Elle le voulait. De tout son être. Combien de fois dans ta vie, Salvatore, as-tu vraiment demandé quelque chose à quelqu'un ? Nous n'osons plus. Nous espérons. Nous rêvons que ceux qui nous entourent devinent nos désirs, que ce ne soit même pas la peine de les exprimer. Nous nous taisons. Par pudeur. Par crainte. Par habitude. Ou nous demandons mille choses que nous ne voulons pas mais qu'il nous faut, de façon urgente et vaine, pour remplir je ne sais quel vide. Combien de fois as-tu vraiment demandé à quelqu'un ce que tu voulais ?
- Je ne suis pas sûr de l'avoir jamais fait, répondit Salvatore Piracci en souriant.
- Et si tu l'avais fait, continua Angelo, crois-tu vraiment que l'on aurait pu te dire non ? »

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17 mars 2019 7 17 /03 /mars /2019 12:03

 

Résultat de recherche d'images pour "Rivière tremblante d’Andrée A. Michaud"

                  En 1979, Mike a douze ans et il joue avec sa meilleure amie, Marnie, dans un petit bois où les enfants avaient l’habitude de s’inventer des histoires. Brutalement, Michael disparaît après avoir fait d’étranges signes à son amie. Parce qu’elle tenait tant à son compagnon, parce qu’on l’a traitée de sorcière, l’accusant à tort évidemment de la disparition, Marnie ne s’en remettra jamais vraiment. Après avoir fui à travers le monde, elle reviendra au village de Rivière-aux-Trembles à la mort de son père, trente ans plus tard.

                Bill Richard est également un homme en souffrance. Il a perdu sa fille, Billie, disparue elle aussi sans laisser ni trace, ni coupable. Trois ans plus tard, séparé de sa femme, il quitte la ville pour se réfugier dans ce même village de Rivière-aux-Trembles… où une tragédie survient, encore une fois, non loin de là où Mike a été vu pour la dernière fois. Bill et Marnie, ces deux âmes meurtries que pourtant tout accuse,  vont-elles se rencontrer ?

                 L’histoire (les deux histoires en fait) est absolument glaçante et éprouvante à lire, surtout quand on a soi-même des enfants. Tout n’est que tension, suspense et noirceur. Les personnages sont à la fois attachants et repoussants parce que tellement empêtrés dans leur malheur qu’on a envie de les fuir. En quatrième de couverture, l’appellation de « roman noir très littéraire » m’a fait sourire mais ce n’est pas erroné : l’autrice se distingue par son style flamboyant, ses phrases très bien écrites comportant souvent une petite part de parler local québécois absolument délicieux ! J’ai beaucoup aimé cette lecture cependant ternie par quelques longueurs qui n’ont fait qu’accentuer la lourdeur de l’intrigue macabre et oppressante. Je reviendrai lire cette autrice mais à dose modérée, il faut vraiment avoir le moral pour entrer dans ce village.

 

L’incipit : «  La nuit tombait sur Rivière-aux-Trembles. Dans le cimetière planté d’érables, mon père dormait dans le brouillard soulevé par le redoux des derniers jours, au terme duquel février couvrirait de nouveau le sol d’une couche de glace où se figeraient les cailloux et les bouts de branches sectionnés par le gel. Derrière le cimetière, sur la colline des Loups, stagnait un nuage dont la densité laissait croire qu’il pleuvait sur la colline, seulement là, au milieu des sapins noirs. Les derniers oiseaux du jour finissant lançaient des notes solitaires dans l’air saturé de silence, et moi, je demeurais immobile, à me demander que faire de cette sombre beauté coincée entre la mort et la proche obscurité. »

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10 mars 2019 7 10 /03 /mars /2019 21:38

Résultat de recherche d'images pour "L’Arbre-Monde  Richard Powers cherche midi"

           Dans une première partie intitulée « Racines », nous faisons la connaissance des neufs personnages principaux, tous associés de près ou de loin aux arbres et à la nature. Nicholas Hoel est le descendant d’une famille dont l’homme prenait systématiquement en photo un châtaigner grand, beau et résistant du domaine. Adam déjà enfant, adorait étudier les fourmis. Un couple se promet de planter un arbre à chaque anniversaire de mariage. Un banian de trois cents amortit la chute d’un rescapé d’un crash qui passera sa vie à replanter des arbres… Olivia, elle, ne laisse aucune place pour la nature dans sa vie, en tant que jeune adulte, elle se morfond dans la drogue et la solitude jusqu’au jour où elle s’électrocute.

         Dans le grand chapitre nommé « Tronc », nous retrouvons les personnages et certains se rencontrent pour ne plus se quitter ; d’autres vivent pleinement leurs convictions écologistes. La plupart vont organiser une sorte de putsch écolo qui va mettre en danger leur vie mais également dissoudre ce groupe.

       « Cime » raccompagne nos personnages dans une vie plus ordinaire même s’ils gardent de loin ou de près cet amour des arbres dans leur existence. « Graine » pense à l’après et cueille les personnages à la fin de leur vie.

 

          Bon sang, qu’il m’en a fallu du temps pour lire ce livre de 530 pages ! Quel roman tout à fait original et marquant ! Je commence par le négatif : c’était trop long et certains passages m’ont complètement perdue, notamment dans la 2è moitié. Certaines invraisemblances aussi m’ont dérangée. Je dirais qu’il faut mettre de côté tous ces inconforts parce que le roman mérite vraiment d’être lu pour son souffle écologique. Le moment-clé du livre est peut-être celui où Nick et Olivia ont élu domicile dans la canopée d’un séquoia géant nommé Mimas d’abord pour le protéger (éviter qu’on l’abatte) et au bout de quelques semaines, pour y vivre les plus doux moments. La place que prend l’arbre dans nos sociétés est totalement négligée et sous-estimée. Alors que les arbres sont présentés ici comme des êtres vivants qui communiquent, qui se protègent l’un l’autre, qui savent se montrer sociables. On ressort de cette lecture d’abord réconfortés d’être entourés de ces êtres rassurants et protecteurs mais également horrifiés par l’abattage massif que dénonce le livre. Ce sont surtout les arbres les plus anciens qu’il faudrait sauvegarder. La suprématie de l'homme en prend un coup également, son hypothétique surpuissance est réduite en miettes très justement, en quelques pages.  Je regrette tout à fait sincèrement de ne pas mieux connaître les végétaux qui nous entourent mais, ce qui est certain, c’est que je ne regarde plus un arbre de la même manière depuis ce roman !

 « L’espèce humaine est profondément malade. Elle n’en a plus pour longtemps. C’était une expérience aberrante. Bientôt le monde sera rendu aux intelligences saines, les intelligences collectives. Les colonies et les ruches. »

« Si vous avez un jeune arbre à la main quand le Messie viendra, plantez d’abord cet arbre avant d’accueillir le Messie. »

« La sagesse humaine compte moins que le chatoiement des hêtres dans la brise. »

« Les forêts se réparent et se refaçonnent par des synapses souterraines. Et en se façonnant, elles façonnent aussi les dizaines de milliers d’autres créatures interdépendantes qui du dedans forment la forêt. Peut-être devrait-on concevoir les forêts comme des super-arbres souterrains, énormes, proliférants, arborescents. »

« Un pour cent des forêts mondiales disparaît tous les dix ans. Et tous les ans une zone plus grande que le Connecticut. »

 

 

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7 mars 2019 4 07 /03 /mars /2019 20:43

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Découvert en livre audio.

               Mila Vasquez travaille désormais aux Limbes, un département spécialisé dans la recherche des personnes disparues. Lorsqu’on découvre que le coupable d’un crime sordide est l’un de ces mystérieux disparus surgi de l’ombre des années après sa disparition, Mila est sollicitée. Mais Mila n’est pas comme les autres, c’est elle qui a résolu l’enquête du Chuchoteur sept ans auparavant… c’est elle qui n’éprouve aucun sentiment autre que le besoin de se faire physiquement souffrir… c’est elle qui a une fille dont elle est incapable de s’occuper. De crimes macabres en course-poursuite dans un océan de déchets, Mila va s’associer à Berish, "l'homme à qui vous avez envie de parler".

              Pour la petite histoire, j’avais lu Le Chuchoteur en 2011, considéré comme le tome 1 précédant L’Écorchée et cette lecture m’a valu un arrêt de plusieurs mois de la lecture des polars, j’avais été complètement écœurée par les atrocités faites aux enfants. Ce coup-ci, j’ai moins été traumatisée mais j’ai compris que cette atmosphère délétère et moribonde n’était pas ma tasse de thé ! Il faut cependant admettre que l’intrigue est bien ficelée, que l’atmosphère, dans toute sa noirceur, est absolument harmonieuse de cohérence et que le suspens est omniprésent. On est à la fois très attiré par Mila qui parvient tout aussi bien à nous répugner. A noter : l’excellente prestation du lecteur Antoine Tomé qui interprète parfaitement tous les personnages.

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4 mars 2019 1 04 /03 /mars /2019 16:50

Résultat de recherche d'images pour "BD planete BD C’est aujourd’hui que je vous aime de François Morel & Pascal Rabaté"

Avec de tels auteurs, je ne pouvais qu’être appâtée !

              Le personnage principal, qui n’est autre que François Morel ado, est amoureux. D’Isabelle Samain. Cette fille qui l’ignore le hante jour et nuit. Il se met à faire du tennis comme elle, à nager parce qu’elle va souvent à la piscine. Il la suit, la vénère, l’épie, la guette, l’admire, l'adule. Se convainc de lui parler, il écoute les copains et essaye de faire de l’humour ; et puis échoue à chaque fois. Il se maudit d’être aussi pleutre et timide, se détend en appelant la boucherie du quartier en faisant des blagues de potache. Il grave son nom sur l’abribus, tente très brièvement de mettre fin à ses jours quand il voit Isabelle avec un autre garçon. Il est obsédé par le sexe et par la « première fois » parce qu’il n’a pas encore franchi le cap. Et puis, un jour enfin, Isabelle s’intéresse à lui…

               Je ne suis ni dans sa tête ni dans son corps mais je sens bien pour mon fils de 13 ans qu’une révolution s’opère en lui, entre les hormones qui déferlent, le changement de voix, les relations de plus en plus ambiguës avec les filles, c’est une période compliquée. Cet album a donc beaucoup résonné et m’a rappelé des souvenirs également. L’amour -à l’adolescence surtout- prend vite des allures d’obsession, de monomanie, de montagne à dimension hyperbolique. François Morel traite le sujet avec simplicité, humour mais aussi beaucoup de tendresse et de délicatesse. Rabaté nous plonge complètement dans ces années Giscard avec ses couleurs rétro te dédouble très justement ce personnage en proie au mal-être, entortillé dans un corps en mutation. Une jolie adaptation d’un récit autobiographique de François Morel.

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28 février 2019 4 28 /02 /février /2019 15:59

La petite et le vieux par Lavoie

                 La petite Hélène, 10 ans, vite avec ses parents et ses trois sœurs dans un quartier assez misérable, au Québec. Elle se fait appeler Joe, souhaitant ressembler à un garçon comme son héroïne de dessin animé, Lady Oscar. Pour gagner quelques sous, elle se lève avant le soleil pour distribuer des journaux… jusqu’au jour où elle se fait agresser, sauvée par ce vieux monsieur, un voisin étrange, M. Roger. Elle va ensuite faire la serveuse lors de soirées de loto bingo. Elle garnit souvent le portefeuille de sa mère en douce. Tiraillée entre la fiction, ses désirs d’aventure et la réalité parfois bien morose, Joe va grandir en essayant de faire de son mieux. Courageuse, rêveuse, pétrie de bonnes intentions, ingénue, elle va se laisse porter par les événements du quartier, à peine guidée par M. Roger, ses rares paroles et son roman préféré, Le Vieil homme et la mer.

                   Quel bouquin formidable ! Si ce roman d’apprentissage a pour fil directeur la figure de Lady Oscar, il est surtout empreint d’une tendresse incroyable pour ses personnages. La petite Joe titube dans cette vie au bonheur si fragile, elle croise des êtres qui parfois ne vivent pas très longtemps, elle se confronte à la brusquerie de certains, à l’affection maladroite des autres. Ce père professeur alcoolique qui tente de mener sa barque très gauchement, cette mère autoritaire capable de pardonner tout de même une insolence à l’école, ce M. Roger et ses jurons typiquement québécois qui veille de loin sur la petite fille. C’est bourré d’émotions, tantôt drôle, tantôt légèrement corrosif sans jamais être méchant ; l’écriture,  parfaitement maîtrisée, distille savamment ces mots fleuris venus des « cousins », et nous emmène dans cet univers parfois digne des Misérables. De nombreux passages ont illuminé mes journées d’hiver. Dignité, endurance, bienveillance, force et ténacité.

                Joualvaire, que j’ai aimé !

C’est  ma copine Tiphanie qui m’a fait découvrir ce roman, je la remercie beaucoup ! Aifelle, A_girl_from_earth et Nad ont, elles aussi, beaucoup aimé.

 

La mère refuse que l’une de ses filles saute une classe « Un an de moins pour jouer à l’élastique. C’est pas une bonne idée. »

« Le vernis de l’enfance s’étoilait doucement, craquait de partout, me laissant voir, derrière sa lumière aveuglante, les filaments de ténèbres qu’elle s’applique tant à cacher. »

A propos des bonnes sœurs : « Roger m’avait expliqué que les sœurs étaient toutes mariées au même homme et qu’elles devaient prier très fort pour ne pas mourir d’ennui. »

« J’avais depuis,  longtemps compris que maman C’est-Toute, ce n’était pas pour moi ni pour mes sœurs, mais pour elle, une façon de tenir le coup et de ne pas ramollir ses enfants, une façon de se convaincre qu’elle était dure, alors qu’en réalité, c’était tout friable en dedans. Ma mère était une gaufrette. »

 

Lady Oscar... pour ceux qui s'en souviennent encore (moi, oui!) : 

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