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9 octobre 2018 2 09 /10 /octobre /2018 14:36

            Résultat de recherche d'images pour "bd espaces vides francisco"

           Je m’étais offert cette BD il y a quelque temps déjà, j’ai profité de l’été pour la découvrir enfin.

            Un soir de ratatouille, un père dessinateur raconte son passé à son fils de cinq ans et surtout l’histoire de sa famille : celle de son père, celle de son grand-père, son propre exil en Finlande. Il est question de guerre civile espagnole, d’anarchisme, de fuite vers l’Argentine. San cesse, le narrateur a voulu fouiller le passé combler ces « espaces vides » creusés par les oublis et les non-dits. Dessinateur de canards qui attaquent des chiens verts, il n’aime pas sa vie et sa conscience personnifiée par un gaillard costaud et tatoué, lui rend souvent visite pour mettre les points sur les i.

           J’ai bien aimé les dessins, le personnage –attachant- dans sa quête quasi obsessionnelle de son passé et de ses ancêtres mais les va-et-vient trop fréquents entre les différentes époques ont rendu la narration confuse et ne m’ont pas permis de m’accrocher à cette histoire où père, grand-père et fils se confondent. Bons points : une vision intéressante de la guerre d’Espagne, un traitement du passé assez juste (le comprendre sans forcément en faire une fixation). Un bilan un peu trop mitigé pour un album qui manque un peu d’élan et de force.

Je découvre le billet de Mo’ et, par la même occasion, que nous sommes d’accord sur cet ouvrage !

 

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6 octobre 2018 6 06 /10 /octobre /2018 16:32

Résultat de recherche d'images pour "a son image de jérôme ferrari actes sud"

             Antonia est une jeune photographe qui, après avoir couvert un mariage, se promène dans les rues de Calvi et tombe sur une ancienne connaissance, Dragan, rencontré pendant la guerre en ex-Yougoslavie. Ils discutent jusque tard dans la nuit avant qu’elle prenne le volant. Ce sont les dernières heures de vie d’Antonia qui meurt dans un accident de voiture. Retour sur son enfance, son adolescence pétrie de nationalisme corse, de sa passion pour la photographie qui l’a poussée à immortaliser autre chose que des banquets, des poupons et des fêtes de famille. Partie en ex-Yougoslavie, elle n’en reviendra pas indemne. Son parrain, curé, sera toujours là pour elle, empli d’un amour sincère, pur et profond ; c’est d’ailleurs lui qui orchestrera son triste enterrement.

             Le livre ne m’a pas déplu, cette virée en Corse, ce thème de la photo, cette confrontation avec la guerre, la liberté s’octroie cette femme, cette magnifique relation filleule-parrain. Pourtant, j’ai l’impression d’être passée à côté de certains passages, comme quand on regarde un film et qu’on sort de la pièce deux minutes et qu’on tente après vainement de reprendre le fil de l’histoire. C’est un roman qui demande du temps et de l’attention, qui ne veut pas être bringuebalé dans une valise ou un train (c’est du vécu).  Chaque chapitre décrit une photographie, sans donner une seule image autre que celle évoquée par les mots. Je n’y ai pas été sensible. Par contre, j’ai aimé le style et la langue de Ferrari, l’écriture est subtile et efficace, élégante et travaillée. J’y reviendrai.

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2 octobre 2018 2 02 /10 /octobre /2018 15:31

Résultat de recherche d'images pour "helena fel blog"

            Hayley, 17 ans, part s’entraîner pour un tournoi de golf à quelques centaines de kilomètres de chez elle. Elle a le cœur en vrac parce qu’elle a surpris son petit ami dans les bras d’une autre la veille, lors d’une soirée alcoolisée. En panne dans le Kansas, elle trouve refuge dans une grande maison où la mère de famille, Norma, l’accueille bien volontiers. La voiture met du temps à être réparée, les deux femmes vont bien s’entendre, l’aîné de la famille, Graham, semble équilibré et désireux de prendre son envol. Tommy reluque ouvertement les jolies formes de Hayley. Et Cindy, la petite dernière aime bien jouer avec l’invitée. Tout ça va très vite tourner au cauchemar, Tommy ne pouvant retenir ses pulsions sexuelles et sa soif de sang (avec ce qu’il a vécu gamin, on pourrait presque lui pardonner !), Norma souhaitant protéger son fils avant tout… Se rajoutent à ces rencontres explosives des passés torturés, des amis qui n’en sont pas, de la drogue et de l’alcool. Cindy est là, au milieu de tous ces monstres, fillette muette et victime silencieuse.

          Bon bon bon… Dire que je n’ai pas pris de plaisir à cette lecture serait mentir, elle est réellement addictive et prenante. Le style m’a tout de suite surprise, pas dans le bon sens, c’est assez plat et sans intérêt majeur. Les personnages sont bien décrits et tout à fait cohérents mais emplis d’une telle violence qu’elle constitue la marque de fabrique de l’auteur, semble-t-il. J’ai bien aimé cette immersion dans un Kansas monotone, clos et torride. Ni subtil ni raffiné, ce roman bestial, glauque et haletant pourra combler les non-lecteurs et les amateurs de sensations fortes. On pourrait même rajouter qu’une réflexion sur la résilience et une autre sur l’amour maternel enrichissent cette intrigue finalement parfaitement maîtrisée. J'ai évoqué Vann récemment, s'il fallait comparer, c'est tout de même -et de loin- Vann que je préfère. 

 

La jeune femme se retrouve séquestrée par Norma : « Hayley tira sur la chaîne des menottes le plus fort qu’elle put, en dépit de la douleur insoutenable qu’elle ressentait aux poignets, avec l’impression que le métal commençait à cisailler sa chair. La chaîne ne cèderait pas. Et, bientôt, Hayley n’aurait plus assez de force pour simplement lever les bras. Mais elle réessaierait plus tard. Elle ne pouvait faire autrement, réessayer, encore et encore. » (un passage d’une douceur incroyable comparé à d’autres !)

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29 septembre 2018 6 29 /09 /septembre /2018 08:21

Résultat de recherche d'images pour "Les gens honnêtes - quatrième partie - de Durieux et Gibrat"

Suite et fin de cette série très sympathique.

           Le village enterre le père de Ducousso, un homme peu apprécié. Alors que la mère de Philippe rencontre une adoratrice de Mitterrand, Philippe se prend un pain par un défenseur de la chasse. Il accompagne Ducousso à Paris rencontrer un photographe avec qui il fera le voyage en Transcapie. Une violente tempête ravage la région et noie les livres de la librairie qui se retrouvent disséminés un peu partout dans le village. Si Philippe pense encore et toujours à sa chère Camille partie à l’autre bout du monde, il apprécie aussi la compagnie d’Isabelle. A 57 ans, sa vie est encore faite de surprises et de retournements de situations.

          Cette série est délicieuse ! Prônant la simplicité de la vie, le droit à une deuxième chance (et  même une troisième, une quatrième, …), elle promeut aussi la fidélité dans les relations amicales et familiales. Une image absolument charmante : les villageois, après l’orage, rassemblent les livres éparpillés dans les rues et lisent dans une joyeuse cacophonie des extraits de Flaubert, Quignard, Montaigne, Hornby…  Je le répète, si vous avez aimé Les Beaux étés, jetez un œil aux Gens honnêtes qui appartiennent, de près ou de loin à la famille Faldérault. Durieux a fait le boulot tout seul pour ce dernier opus et il ne s’est pas mal débrouillé même si mon tome préféré reste le 2ème

« Je vois les chahuts et les belles choses de ma vie. J’ai circulé à travers tout avec ma démarche de guingois. J’ai fait comme j’ai pu avec ce que j’étais. »

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26 septembre 2018 3 26 /09 /septembre /2018 18:38

             Caitlin est une pré-ado de douze ans qui n’a qu’une seule passion : les poissons. Alors que sa mère qui bosse dur pour un salaire de misère ne peut la chercher que tard après l’école, que de papa, il n’y en a pas, Caitlin passe son temps libre à l’aquarium de Seattle. Elle y rencontre un vieux monsieur avec qui elle partage sa passion. Un lien particulier va s’établir entre ces deux-là, à tel point que la mère de Caitlin va appeler la police de crainte qu’on abuse de sa fille… avant de découvrir l’identité de cet homme. Je n’en dirai pas plus mais la mère fait revivre certains moments douloureux de son passé à sa fille qu’elle aime tant, ces petits jeux macabres constituent l’acmé qui sera suivie, ensuite, de moments plus doux.

             De David Vann, je n’avais lu que le terrible et terrifiant Sukkwan Island et Désolations qui se passe en Alaska. J’ai été étonnée de lire une histoire citadine, dans un environnement quasi « normal ». Les poissons ont bien évidemment une grande importance dans ce roman mais je ne crois pas qu’on peut qualifier le texte de « nature writing », c’est bien de rapports humains et familiaux dont il s’agit, d’une petite fille seule et perdue, de sa maman qui fait l’effet d’une boxeuse qui a dû lutter toute sa vie pour finalement n’avoir qu’une existence minable et qui voit son passé douloureux lui balancer une énième claque et simultanément un beau cadeau. La ville et le climat de Seattle semblent presque aussi hostiles qu’une cabane en Alaska. Si les métaphores ichthyennes m’ont un peu noyée parce qu’elles sont très présentes, ces rencontres dans un aquarium entre un enfant et un vieillard m’ont charmée et, à partir de la révélation de leur lien familial, tout s’intensifie. On retrouve la violence propre à Vann, ces moments-chocs qui acculent le lecteur, le laissant transi et essoufflé. Et il faut dire que j’aime ça ! Si on rajoute quelques thèmes traités avec justesse : les relations familiales, le pardon, l’amour entre les enfants, la résilience… on obtient un roman très fort et marquant.

« Bienvenue dans le monde adulte, tu y entreras bientôt. Je travaille pour pouvoir travailler davantage. J’essaie de ne rien désirer dans l’espoir d’obtenir quelque chose. Je m’affame pour être moins et plus. J’essaie d’être libre pour pouvoir être seule. Et tout ça n’a aucun intérêt. Cette partie-là, ils ont oublié de la préciser. »

« J’aurais pu m’inscrire à une activité périscolaire, mais je choisissais délibérément d’aller voir les poissons. Ils étaient les émissaires d’un univers plus vaste. Ils représentaient le possibles, une sorte de promesse. »

 

Manou l’a lu et l’aimé aussi !

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23 septembre 2018 7 23 /09 /septembre /2018 08:10

 

Résultat de recherche d'images pour "Qui a tué mon père d’Edouard Louis"

           Dans ce très court roman, l’auteur évoque son père, les carences affectives qu’il a subies pendant son enfance et son adolescence, la misère et la pauvreté culturelle de son milieu, la dureté de son père. A travers des souvenirs datés, il revient sur ses frustrations, ses manques, l’absence de reconnaissance paternelle. Ainsi, quand il avait improvisé un spectacle avec quelques autres enfants à même pas dix ans, il a vu son père tourner la tête pour ne pas le voir. Un père qui avait honte des attitudes féminines de son fils, qui a provoqué la violence dans un univers déjà violent. Un père qui, finalement, se retrouve seul et infirme après une vie pénible d’ouvrier.

           On peut nettement diviser cette harangue en deux parties : la première, pas vraiment étonnante ou novatrice  pour celui qui a lu Pour en finir avec Eddy Bellegueule, une sorte d’attaque en règle contre un père peu présent, incapable de faire preuve d’affection ou de soutien. La seconde partie fustige les politiciens au pouvoir, ceux qui ont, successivement, supprimé les aides sociales et, par conséquent, l’estime de soi du père d’Edouard Louis (Sarkozy, Chirac, Hirsch, Macron, etc.) Ces deux parties m’ont paru trop contradictoires pour être crédibles : la défense après l’attaque, la soi-disant reconversion du père, l’apitoiement du fils, je n’y ai pas adhéré. Je veux bien croire en la souffrance du fils, à qui on n’a jamais donné suffisamment d’amour mais ce virage politique des dernières pages m’a laissée pantoise. En outre, il faut bien admettre que ce discours de 85 pages, lu en même pas une heure, manque finalement de consistance. J’espère au moins qu’il aura eu ses vertus thérapeutiques pour l’auteur.

« Je voudrais essayer de formuler quelque chose : quand j'y pense aujourd'hui, j'ai le sentiment que ton existence a été, malgré toi, et justement contre toi, une existence négative. Tu n'as pas eu d'argent, tu n'as pas pu étudier, tu n'as pas pu voyager, tu n'as pas pu réaliser tes rêves. Il n'y a dans le langage presque que des négations pour exprimer ta vie. »

Absolument d'accord avec cette remarque et pourtant ce sont eux qui ne vont pas voter :

Une année, la prime de rentrée augmente de presque cent euros : « Chez ceux qui ont tout, je n’ai jamais vu de famille aller voir la mer pour fêter une décision politique, parce que pour eux la politique ne change presque rien. Je m’en suis rendu compte, quand je suis allé vivre à Paris, loin de toi : les dominants peuvent se plaindre d’un gouvernement de gauche, ils peuvent se plaindre d’un gouvernement de droite, mais un gouvernement ne leur cause jamais de problèmes de digestion, un gouvernement ne leur broie jamais le dos, un gouvernement ne les pousse jamais vers la mer. La politique ne change pas leur vie, ou si peu. Ça aussi c’est étrange, c’est eux qui font la politique alors que la politique n’a presque aucun effet sur leur vie. Pour les dominants, le plus souvent, la politique est une question esthétique : une manière de se penser, une manière de voir le monde, de construire sa personne. Pour nous, c’était vivre ou mourir. »

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20 septembre 2018 4 20 /09 /septembre /2018 14:16

 

Résultat de recherche d'images pour "Les gens honnêtes - troisième partie - de Durieux et Gibrat"

           Hum… est-ce que je vous dis que j’ai relu le 1er tome de cette série avant de tomber, sur internet, sur mon propre billet de blog pour constater que j’avais déjà lu les deux premiers tomes ? J’avais totalement oublié ! Au bout de 5 ans, ne même pas se souvenir de la moindre case, d’un seul personnage, c’est grave, non ? En 2013, je croyais que la série était un diptyque, en fait elle totalise 4 tomes.

           A 57 ans, Philippe a hérité de la librairie un peu spéciale de son défunt copain : on y lit des livres mais on y boit aussi du vin (personnellement, ce programme-là me convient très bien) ! Philippe passe pas mal de temps à pêcher et à lire des histoires à son ami maçon, c’est un peu pour ça que sa maman vient l’assister à la librairie. C’était sans compter un coup de foudre avec le maire du village. Le fiston jadis désœuvré se trouve être un fameux cuistot et la belle Camille, l’amoureuse de Philippe, débarque pour finalement repartir aussitôt. Entre une apparition d’Elvis, un sanglier porte-bonheur, la Transcapie, un feu d’artifice et la neige (toujours la neige chez Durieux !?), Philippe passe du chagrin au bonheur, aux bonheurs, et apprend à grandir à son âge encore.

         Au fil des tomes, la série a gagné en vivacité même si, ici, c’est plutôt une agréable langueur qui prédomine. Ce petit village ensoleillé aurait pu figurer dans Les Beaux étés, plongé dans la douceur de vivre, la nonchalance et le carpe diem quotidien. Je me suis vite attachée aux personnages, la mamie optimiste, la jeune révoltée de la société, le maçon et son secret, …  et j’ai hâte de lire la suite.

Résultat de recherche d'images pour "Les gens honnêtes - troisième partie - de Durieux et Gibrat"

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16 septembre 2018 7 16 /09 /septembre /2018 13:07


Paul Auster - Brooklyn Follies.

           Nathan Glass est un pré-retraité de soixante ans qui vient de divorcer et de se remettre d’un cancer. Il décide de quitter la banlieue pour s’installer à Brooklyn. Un peu amoureux de la très jolie serveuse du restaurant où il a ses habitudes, il s’occupe en rassemblant et notant ses souvenirs, des histoires à la fois cocasses et divertissantes. Par hasard, il retrouve son neveu Tom qu’il appréciait tant pour son intelligence et sa culture. Tom est en passe de rater sa vie ou en tous cas de mettre une croix sur des perspectives d’avenir florissantes. C’est sans compter Harry le bouquiniste, patron de Tom et personnage haut en couleur, au passé tourmenté et sulfureux. Les trois hommes rêvent d’un endroit qui serait un refuge, l’hôtel Existence où tout serait possible encore… De mésaventures en belles rencontres, Nathan va réussir à mener un (dernier) bout d’existence tout à fait satisfaisant, entouré de sa fille Rachel avec qui il se réconcilie, la fille de sa nièce qui apparaît du jour au lendemain ou encore la JMS, la Jeune Mère Séduisante qui a su charmer Tom.

          J’ai tout simplement adoré ce roman ! De petits chapitres aussi courts que charmants où le narrateur intervient souvent, une certaine légèreté doublée d’une belle réflexion sur la vie quand elle arrive à son dernier quart, des personnages très attachants, un réalisme assez optimiste au final et empreint d’une sagesse qui m’a plu … j’ai pensé à Jean-Paul Dubois qui affectionne lui aussi ces types vieillissants un peu sarcastiques mais aussi aux Chroniques de San Francisco de Maupin pour l’esprit fantasque, hétérogène et bariolé des habitants (de Brooklyn). Je ne connaissais que Cité de verre de Paul Auster que j’avais apprécié aussi. Brooklyn follies est de facture plus classique mais ô combien jouissif !

 

« La lecture était ma liberté et mon réconfort, ma consolation, mon stimulant favori : lire pour le pur plaisir de lire, pour ce beau calme qui vous entoure quand vous entendez dans votre tête résonner les mots d’un auteur. »

« Christopher Marlowe. Mort à vingt-neuf ans. Keats à vingt-cinq. Georg Büchner à vingt-trois. Imagine. Le plus grand dramaturge allemand du dix-neuvième siècle, mort à vingt-trois ans. Lord Byron à trente-six. Emily Brontë à trente. Charlotte Brontë à trente-neuf. Shelley, juste un mois avant ses trente ans. Sir Philip Sidney à trente-et-un ans. Nathanael West à trente-sept. Wilfred Owen à trente-cinq. Georg Trakl à vingt-sept. Leopardi, Garcia Lorca et Apollinaire, tous à trente-huit. Pascal à trente-neuf. Flannery O'Connor à trente-neuf. Rimbaud à trente-sept. Les deux Crane, Stephen et Hart, à vingt-huit et trente-deux. Et Heinrich von Kleist - l'écrivain préféré de Kafka - mort à trente-quatre ans dans un double suicide avec sa maîtresse. »

« Elle a l'histoire, et quand quelqu'un a la chance de vivre dans une histoire, de vivre dans un monde imaginaire, les peines de ce monde-ci disparaissent. Tant que l'histoire continue, la réalité n'existe plus. »

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13 septembre 2018 4 13 /09 /septembre /2018 09:12

 

Smith & Wesson par Baricco


          Fan de théâtre (je sais, ça ne se ressent pas forcément sur ce blog…), amoureuse de Mr Gwyn, je ne pouvais pas ne pas lire cette pièce écrite par le grand Baricco !


            Wesson est un pêcheur étrange, il ne pêche que les cadavres souvent des suicidés jetés dans les chutes du Niagara. Smith, qu’il rencontre dans sa cabane de fortune en 1902, n’est pas moins insolite : il est météorologue. Il passe son temps à interroger les gens sur les grands événements de leur vie, et surtout au temps qu’il faisait ce jour-là pour établir des statistiques, infaillibles selon lui. Alors qu’on apprend que Smith est recherché et que Wesson fait régulièrement des cures d’oisiveté, débarque Rachel. Jolie jeune femme, journaliste à la recherche du scoop, Rachel a trouvé une idée extraordinaire : se jeter dans les chutes du Niagara et en sortir vivante. Elle veut associer les deux hommes à l’aventure. Après l’avoir traité de folle, Smith et Wesson songent à l’enfermer dans tonneau sophistiqué, capitonné où elle aurait une petite musique qui lui permet de savoir combien de temps elle peut respirer. Le décompte est lancé, le grand saut aura lieu le 21 juin, la tension monte, les derniers détails sont peaufinés, Rachel a de plus en plus peur… 


                 Si j’ai beaucoup aimé cette pièce à la fois drôle, légère, profonde, un brin absurde et plutôt loufoque, si j’ai adoré certains passages où j’ai bien retrouvé la subtilité poétique de Mr Gwyn, il m’a tout de même manqué un petit quelque chose pour être totalement conquise. La pièce n’est pas découpée en scènes mais en mouvements musicaux dont l’enchaînement ne m’a paru tellement justifié. Les personnages hauts en couleur sont attachants, fantaisistes et pimpants, la réflexion sur la vie associée à celle de la mort nous emmène aussi à réfléchir sur la part de risque qu’on peut prendre ou refuser. Cette Rachel s’apparente à une fée, une sorte de Peter Pan au féminin coincée dans ses idéaux où elle a réussi à embarquer Smith et Wesson, leur offrant ainsi un nouveau parfum de vie.
 

Avant le grand jour, Rachel a confié ses angoisses à son hôtelière - ce qui la préoccupe le plus -c’est de rester enfermée dans ce tonneau. Mme Higgins : « J’aurais dû lui dire que tous [prennent des risques] enfermés dans leurs peurs, enfermés dans le tonneau maléfique de leurs peurs. Un endroit minuscule, très noir, où on est seul, où on respire difficilement. Il n’y a rien à faire pour changer les choses et on a déjà de la chance si quelqu’un a eu pour nous l’attention de mettre un peu de musique, à l’intérieur ; ou si par hasard un ami nous attend au détour d’une rivière pour nous ramener à la maison. »


« On sème, on récolte, et les deux choses ne sont pas liées. »
 

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10 septembre 2018 1 10 /09 /septembre /2018 16:24

Résultat de recherche d'images pour "gold star mothers grive"

               Pour une fois, je vais faire ma paresseuse en vous livrant la quatrième de couverture de cette BD que je trouve suffisamment explicite : « Au cours de la Première Guerre mondiale, plus de 116 000 soldats américains perdent la vie sur le Vieux Continent. Seuls les corps de la moitié d'entre eux sont rapatriés. Les autres sont inhumés en France.Entre 1930 et 1933, le Congrès américain organise les pèlerinages dits « des Gold Star Mothers ». Ces mères et ces épouses - 6 654 au total - se voient offrir une traversée en paquebot vers la France afin de se recueillir sur la tombe de leur fils, de leur mari. La principale inquiétude du gouvernement est que ces femmes, soumises à la fatigue du voyage, au bouleversement de leur quotidien et à de trop fortes émotions, ne s'affaiblissent et tombent malades. Un important budget est donc provisionné pour les soins de santé. Mais, à l'étonnement général, il sera à peine entamé. Portées par la cohésion du groupe, unies dans la souffrance comme l'avaient été leurs fils ou leurs maris, les Gold Star Mothers tiennent bon... »

             En 1930, le lecteur accompagne une des traversées : la petite semaine sur l’America est agrémentée de concerts, de dîners fastueux, de thés dansants, de conférences, de baignades. La jeune Jane Smith accompagne sa mère, elle a perdu son grand frère adoré, venu vivre en France au début des années 10 pour développer son talent de poète. Elle rencontre, sur le grand paquebot, la frivole Clara. Le passage éclair au cimetière de Verdun est précédé de visites touristiques, de nuitées au Ritz, de soirées à l’Opéra, d’excursions à Versailles. Si Mrs Smith pleure encore son mari, il faut bien admettre que les plus jeunes profitent des agréments de ce voyage de luxe.

           Ces dessins à la Sempé et ces couleurs pastel participent à cette atmosphère faite de douceur et de mélancolie.  Il m’a manqué un grain de folie pour adhérer complètement à ces choix graphiques et scénaristiques un peu trop fades à mon goût, vaporeux, légers, délicats mais manquant de caractère. Néanmoins, j’ai découvert une Histoire que j’ignorais, cet hommage rendu aux victimes américaines et à leurs compagnes et mères.

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